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n°60 MAI 2019 Actualités
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N°60 Mai 2019 - Les Chartreux

Oct 15, 2021

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Actualités

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SOMMAIRE

P. 2-4 ÉDITO

P. 5-9 VIE CHRÉTIENNE

Week-end pastoral des élèves de Terminale à Briançon1ère édition du week-end au Grand Saint-Bernard pour les prépas CPE Lyon

P. 10-20 ACTUALITÉS & VIE DE LA MAISON

Sup Alta, un nouveau campus pour les études supérieuresQuand la philosophie monte sur les planchesLes élèves de Terminale se mobilisent pour l’environnementLe concours d’éloquence des lycées sur les droits des enfantsÉchange du collège Sainte-Famille avec l’AllemagneProjet « Europe » aux Chartreux Sainte-Blandine Quand le cirque s’invite à l’écoleÀ l’école Saint-Joseph, les contes font grandir Le Bistrot du Père, lieu unique et atypique

P. 21-39 ARTS & CULTURE

Des sœurs du Sacré-Cœur à Sup AltaDictionnaire amoureux des saintsÉmerveillements. Réflexions sur la Grèce antiqueTroisième Nuit de la théologieConférence d’Herman van RompuyColloque Etienne Gilson5 ans de concerts publics Une femme, une exposition, un concours photographiqueDes anniversaires et un concert

P. 40-41 L’AGORA DES CHARTREUX

Ancien. Et pour la vie Le réseau Chartreux Alumni

P. 42-48 EN BREF

La cour rénovée de l’école Les Chartreux Saint-JosephLe concours général de théologie 2019Le concours d’écriture de nouvelles 2019Des élèves des Chartreux à l’ENSRésultats ATS3 et DSCGCarnet

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Jean-Bernard Plessy

RÉDACTEUR EN CHEF : David Camus

SECRÉTARIAT DE RÉDACTION : Christelle Tallaron

CRÉATION ET MISE EN PAGE : Aïtao - Chloé Lantero Garet

PHOTOGRAPHIES : Gérard Balayn - Jean-Claude Bruet Lætitia Chalandon - Vincent Couturier Gonzague de Sallmard - Myriam de Santis Photos Georges - P. Muradian Stéphane Nys ( Air Tech Photo ) Henriette Ponchon de Saint André Jacqueline Salmon

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Plusieurs parents d’élèves actuels reconnaîtront ici leur propre baccalauréat. Nos élèves actuels de maternelle et de l’école primaire ont des parents qui n’ont pas connu ces filières mais dû choisir entre les voies L, ES ou S, ou parmi les baccalauréats technologiques ou professionnels.

Une autre réalité a changé dans le même temps : celui du taux d’accès et de réussite au baccalauréat, conduit par les filières nouvelles. En 1965, il était de 58%. Il est aujourd’hui, tous baccalauréats confondus, de 84,5%. Je laisse à chacun ses commentaires et ses appréciations.

Là n’est pas le sujet. Une réforme, une réforme profonde du lycée arrive pour septembre prochain. Celle du baccalauréat suivra par voie de conséquence, en 2021, pour nos élèves qui se préparent dans quelques mois à entrer en première.

Beaucoup de parents nous interrogent, au hasard des rencontres, quant à ce qu’il convient d’en penser. Nous n’avons jusqu’à maintenant pas vraiment eu le temps de leur répondre, consacrant notre temps aux élèves, et notamment ceux de seconde, quant au choix de la classe de première.

En quoi consiste cette réforme ? Que semble-t-elle valoir ? Comment se transforme le baccalauréat ? Cette réforme préparera-t-elle mieux à l’enseignement supérieur ?

Le premier trait, le plus marquant de ce nouveau lycée, est la disparition des séries littéraire, économique et scientifique. Avec elle, une doxa qui, depuis plusieurs années, ne correspondait plus à grand-chose mais très ancrée dans l’esprit des géniteurs : la suprématie de la série scientifique, le lot de consolation pour les moins doués en maths avec la série économique, et l’ultime recours de la série

ÉDITO

P. Jean-Bernard Plessy Supérieur du groupe scolaire des Chartreux

Tout passe et subit la loi de l’universelle transformation. Le lycée que les parents de nos élèves ont connu comme le baccalauréat qu’ils ont passé s’éloignent dans la mémoire de l’Histoire. Il rejoint celui de nos grands-parents, de nos grands-pères surtout, lesquels parlaient de leur « Bac Maths’ Elem, ou Bac Sciences Ex, ou encore Bac philo ». Lycée et baccalauréat furent réformés en 1965. Les jeunes filles étaient moins nombreuses à y accéder. Les filières très cloisonnées. Les sciences humaines, dont l’économie, y avaient la portion congrue. C’est en 1969 que sont mises en place les filières A B C D E F puis G. Le fameux bac G2.

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littéraire pour les disqualifiés au verdict des coefficients, « l’honneur » étant sauf d’échapper à un baccalauréat technologique.

Le mal semblait sans remède ou presque, tant l’adage prononcé du père à son fils : « Choisis la section S, tu pourras tout faire ! » était dogmatique, pas moins que n’était désolant aux yeux des professeurs de lettres, de langues et d’histoire, le triste sort de la série littéraire, incapable de préparer, en dehors d’une « prépa » littéraire, à l’avenir d’études supérieures et de métiers futurs. Le mérite de cette réforme qui s’attache à décloisonner ces parcours aura aussi pour effet second de supprimer cette hiérarchisation des séries entre elles.

Il s’agit désormais, pour l’élève de seconde, de choisir trois spécialités qu’il désirera suivre durant son année de première, à raison de 4h chacune. Elles viendront compléter un tronc commun d’enseignement, relativement classique, mêlant un enseignement scientifique général à l’étude du français, des langues et de l’histoire. Classiquement aussi, l’élève de première aura la possibilité de choisir des options, comme les langues anciennes (latin ou grec), options artistiques, ou encore une troisième langue vivante.

Plus le lycée est important par sa taille, plus le nombre de spécialités offertes est large. C’est ainsi qu’aux Chartreux, les élèves disposeront d’un choix étendu. Parmi les spécialités scientifiques, on retrouve ici les mathématiques, la science physique ou les sciences de la Vie et de la Terre, mais aussi une même variété de choix parmi les spécialités plus littéraires. Des enseignements nouveaux apparaissent comme l’histoire-géographie, couplée à la géo-politique et les sciences politiques, l’étude de la littérature, liée

à la philosophie et aux humanités, ou encore une spécialité de langue étrangère liée à la culture et la civilisation qui la sous-tendent.

Certes, la tentation pourrait être grande de reconstituer la série scientifique, en choisissant une possible triade faite des mathématiques, de la physique et de la biologie. Ce serait une mauvaise stratégie dans bien des cas. En dehors des élèves qui veulent intégrer une préparatoire scientifique après le baccalauréat et pour lesquels ce choix sera parfaitement légitime, il n’est plus judicieux pour ceux d’entre eux qui se prépareront aux filières commerciales par exemple. Ils mêleront au contraire avec profit l’étude des mathématiques à celles de la littérature étrangère, ou de la philosophie et des humanités. De la même manière, sera-t-il recommandé aux futurs médecins de coupler à la biologie une spécialité de culture générale en vue de la préparation à la SSH (sciences sociales et humanités) qui est désormais fortement coefficientée dans la réforme des études de médecine (PACES).

On voit donc que les mathématiques ne seront pas nécessairement utiles pour accéder à certaines formations supérieures. Ainsi des études de sciences politiques par exemple. Il convient d’ailleurs de préciser que le programme de la spécialité « mathématiques » est dense, complexe et s’adresse plus spécifiquement à des élèves doués pour l’outil mathématique. Ainsi de la physique et de la biologie.

Les classes de lycée auront un visage nouveau. Les élèves ne seront pas nécessairement regroupés en effet par les spécialités qu’ils auront choisies. On pourra trouver dans une même classe des élèves rassemblés plutôt sur le principe de l’emploi du temps, et suivant possiblement, dans cet emploi du temps, des spécialités différentes.

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À l’issue de la première, une spécialité sur les trois « tombe », faisant sans nul doute l’objet d’un examen comptant pour le baccalauréat, et l’enseignement spécial se resserre sur deux disciplines de la triade initiale. L’horaire augmente pour les deux contenus d’enseignement, passant de 4 à 6h.

Tandis que le baccalauréat se transforme pour une large part en contrôle continu, depuis la classe de première, ces deux spécialités de terminale seront l’objet d’un oral final important, que les élèves prépareront en même temps que la dissertation de philosophie, au mois de juin.

On peut dire que cette réforme est structurelle en ce qu’elle renouvelle en profondeur et les contenus de savoir, et la manière de les enseigner. Comme dans plusieurs pays étrangers, elle invite au co-enseignement (deux professeurs pourront associer leur discipline sur une même heure de cours), à la bi-disciplinarité : avancer un enseignement sous la forme d’un parcours associé entre deux voire trois disciplines. En même temps que le lycée se transforme, de nouveaux programmes sont en train d’être constitués. C’est fait pour la classe de première. C’est à venir pour celle de terminale. Mais force est de constater là encore que ces programmes sont moins fantaisistes et nettement plus classiques que ces dernières années. Reviennent dans les manuels d’histoire des périodes ou des personnages illustres qui avaient complètement disparu. En lettres, ils semblent aussi satisfaire les professeurs de français. Retour à une histoire de la littérature, à l’étude des genres littéraires, etc.

Enfin, on ne peut douter que, par l’élargissement des spécialités proposées comme des méthodes d’enseignement qui vont évoluer, ce nouveau lycée semble correspondre davantage aux attentes de l’enseignement supérieur, et

notamment des filières sélectives. Ne serait-ce que par la plus grande place accordée à l’oral ! Nous avons d’ailleurs prévu l’année prochaine aux Chartreux une vaste campagne d’oraux pour tous les élèves du lycée, sur plusieurs disciplines, afin d’entraîner nos élèves, et à l’oral du baccalauréat, et aux nombreux oraux qu’ils auront dans l’enseignement supérieur.

Les Chartreux sont attachés à proposer à leurs élèves plusieurs modules de formation préparatoire aux filières sélectives qu’ils s’apprêtent à choisir à l’issue du bac : prépa sciences po, module médecine, module CPGE, module Accès, module maths plus. Le futur lycée les conforte réellement dans ces propositions.

On peut évidemment souligner la difficulté d’orienter dès la classe de seconde les élèves dans le choix qu’ils auront à faire de leurs spécialités qui, d’une manière ou d’une autre, les « met sur les rails » très tôt des études supérieures. Sait-on vraiment à 15 ans ce que l’on va vouloir faire plus tard ? Nous comptons sur le corps enseignant pour aider tous nos élèves à repérer leurs vraies capacités et à choisir des combinaisons de spécialités qui leur permettent la garantie d’un vrai choix en classe de terminale.

Vous le voyez. Nous accueillons pour notre part avec satisfaction cette réforme. Deux craintes cependant restent d’actualité : le devenir des langues anciennes que pourtant le ministre souhaitait préserver. Nos élèves auront-ils la vertu de poursuivre l’étude du latin ou du grec, malgré le peu de rentabilité que cela présentera désormais ? L’autre crainte tient au déséquilibre entre l’exigence de ce nouveau lycée et la réduction des moyens alloués pour l’honorer. Comment enseigner bien une langue étrangère sans pouvoir dédoubler, faute de moyens, des classes de plus de 35 élèves ?

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VIE CHRÉTIENNE

élevés à Dieu sans détour. La marche silencieuse du mercredi après-midi y a par exemple contribué. Introduite par le Père Wehrlé sur les bienfaits de notre baptême, relayée par le silence de la vallée, elle était pour nous, comme l’œil d’un ouragan, une pause dans le temps. Les deux traditionnels enseignements ont eux aussi été des temps forts de ce séjour. Notre mentor nous a appelés à être des « âmes de feu » qui, par leur magnanimité et leur humilité, attirent plus qu’elles ne poussent et inspirent un monde qui souffre. Cet appel à la prudence, cette ode à la liberté du corps, de l’âme et de l’esprit a sonné comme un glas pour nos penchants pusillanimes et nos travers de jeunes orgueilleux manipulateurs. La grande conclusion de ce cours testamentaire a été de « savoir aspirer avant d’expirer », aspirer à l’excellence personnelle, à l’amour vrai, à la confiance, à la joie en Dieu. Le silence absolu de l’assistance a témoigné pour nombre d’entre nous de l’incroyable qualité et de l’inoubliable témoignage qu’a été cet enseignement. Nous remercions le Père Plessy de son engagement et le prions de ne jamais cesser de transmettre ces valeurs à nous, jeunes, qui en avons si soif.

Enfin à l’apogée de notre retraite, il y a eu le Christ qui s’est donné à nous, bien sûr à travers le Père Plessy mais aussi dans la messe quotidienne, l’adoration et enfin dans la confession. Ce face à face a été frontal, sans faux-semblants et nous a fortifiés en vue des études supérieures et de nos futurs engagements. La grande diversité du groupe a de plus vraiment été une richesse et a permis à chacun de grandir à son rythme dans la foi. Nous ne mesurons sûrement pas notre chance d’être à ce point guidés et gâtés. Gageons que nos successeurs seront aussi sensibles à cette retraite et qu’elle conservera sa qualité.

Cette retraite blanche a d’abord été pour nous, à proprement dire, un isolement du monde. Après une semaine intensive de bacs blancs précédée de longs mois de révisions et après deux années d’orientation, nous avons enfin pu retrouver « l’essentiel ». Le Père Plessy et notre directeur spirituel, le Père Wehrlé, ont en effet réussi avec brio leur mission : nous questionner sur ce que nous garderons de ces années de lycée aux Chartreux.

Cette dernière retraite « Chartreux » était pour beaucoup d’entre nous une immanquable évidence. D’autant plus que les montagnes, phares de la Création, nous ont permis d’être

WEEK-END PASTORAL DES ÉLÈVES DE TERMINALE À BRIANÇON

« Grandir à son rythme dans la foi »

Tanguy GuillaudÉlève de Terminale S2

… / …

« Le Christ s’est donné à nous. »

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Le premier jour, Monsieur Beugras rassembla un groupe de Terminale sur-motivé et vit que cela était bon ou presque… Déjà il anticipait les nombreuses péripéties et imprévus qui allaient secouer cette ô tant attendue et préparée « retraite blanche » ou week-end « ski/spi » pour les initiés.

Après un long voyage, notre récit commence dans le massif des Alpes du Sud à mille milles de toutes terres industrialisées. Déjà la vallée de Serre-Chevalier nous accueille de son soleil radieux et de sa neige immaculée et pour le premier après-midi : balade. En chemin, l’inévitable appel de la poudreuse provoque donc les inévitables boules

de neige et sauts dans la poudreuse chez nos petits lycéens à moitié fous depuis la fin de leur bac blanc. L’occasion également de profiter d’un instant de silence dans l’immensité de la vallée, un moment qui nous rappelle notre infinie petitesse face à la merveille de ce lieu, un moment où les bouches se ferment pour laisser à l’esprit l’occasion d’entrer en introspection. Hélas nous retrouvons nos cars qui nous transportent à l’autre bout de cette vallée.

Nous arrivons donc dans un petit chalet de vallée placé à côté du doux clapotis de la Guisane où, sans perdre un instant, l’installation commence : choix du matériel de ski, découverte du dédale de couloirs menant aux chambres, préparation de la messe, etc. Deux heures plus tard, lors du dîner : surprise ! Le thème de la soirée est révélé : une veillée de sketchs à préparer par nos bons

Henri HumeauÉlève de Terminale ES2

Le Supérieur et le groupe de Terminale

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caractéristique de ce week-end « ski/spi », la dernière matinée passe trop vite. Se suivent donc : la suite du topo du Père (dont les mots font encore écho dans nos mémoires), la messe, et… et quoi donc ? Eh bien le prix du sketch gagnant de la première veillée : un sketch imposé à nos chers professeurs. Et pas n’importe lequel, nous avons donc pu assister à l’hilarante session de bac des professeurs obligés de repasser l’épreuve.

Enfin, nos petits Chartreux quittent ce lieu. Ils emportent avec eux le souvenir d’un week-end riche en sensations et enseignements, poussant même certains jusqu’à l’idée de redoubler dans le seul but de revivre ces moments (bon là j’exagère un peu !). Bref, je vous laisse sur ces quelques mots de Nicolas Helmbacher : « La montagne nous offre le décor... à nous d’inventer l’histoire qui va avec ! »

soins allant des « vacances de Jésus à la plage » aux « professeurs passant The Voice ». Et bien sûr la soirée fut rythmée par les rires de tous et les imitations plus ou moins inspirées des personnages bibliques, ainsi que de nos professeurs (et juges) gentiment passés sous le crible de nos imaginations débordantes d’un humour plus ou moins fiable.

Il y eut un soir, il y eut un matin, deuxième jour. Ce matin-là, messe, petit déjeuner et enfin LE MOMENT : roulements de tambour… l’activité ski (ou raquettes pour les pauvres hères ne pratiquant pas le ski alpin). Mais voilà LA petite touche d’imprévue du week-end qui pointe son nez ! La veille nous avions transvasé une grande partie des skis dans la soute du premier car et manque de chance ce car ne veut plus démarrer ni ouvrir sa soute. Ah les joies du froid... Nous voici donc divisés : la première moitié avec Monsieur Beugras à l’endroit de la panne et l’autre moitié attendant au chalet. Heureusement, notre sauveur, le Père Plessy nous ramène un garagiste à même de faire redémarrer le bus. Et avec « seulement » 2h de retard, nous nous sommes bien rendus à la fameuse station de Montgenèvre.

J’en étais donc (je crois) à la randonnée en raquette. Que vous dire... Un guide entraînant, chevronné et sympathique, un tracé sportif mais abordable, des paysages grandioses, un silence troublant que seul le timide chant d’un oiseau peut venir troubler.

De fait, peu à peu, les secrets de la montagne se dévoilent et on apprend à faire sienne cette nature quasiment immaculée. Hors des sentiers battus, c’est une expérience riche et belle avec un groupe toujours de bonne humeur.

Il y eut un soir, il y eut un matin, dernier jour. Toujours placé sous le signe de l’ambiance

Le groupe de Terminale en marche sous un soleil radieux

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1ÈRE ÉDITION DU WEEK-END AU GRAND SAINT-BERNARD

Classes préparatoires scientifiques CPE Lyon - Les Chartreux

19-21 janvier 2019

Isabelle Boulay Jean-Luc Lacosteprofesseurs de mathématiques,accompagnateurs du week-end

Après un assez rapide voyage en voiture et quelques péripéties, par Lausanne pour certains, par les cols des Montets et de la Forclaz pour d’autres (déjà la montagne !), le groupe arrive le vendredi soir pour dormir à Bourg-Saint-Pierre, en Suisse, altitude 1600 m, déjà -12° sur la place du village. Après une nuit bien au chaud façon refuge de montagne, les choses sérieuses débutent le lendemain matin, avec un briefing de notre guide, Bernard, et les préparatifs en tous genres avant l’ascension. Beaucoup mettent les peaux de phoque pour la première fois, et découvrent le fonctionnement d’un ARVA (appareil de recherche de victimes d’avalanches).

Enfin nous partons du parking, à ski ou en raquettes, altitude de départ 1950 m, pour une montée de 7 km et de 500 mètres de dénivelé pour arriver jusqu’à l’hospice, qui est situé à 2473 m d’altitude. Les plus rapides en ont pour 1h30, et les plus lents mettront 4h… Il fait froid mais grand soleil.

L’environnement n’est pas magnifique, il est sublime, et cette marche nous permet de nous déconnecter du monde bruyant d’où nous venons. Nous savourons le silence de la montagne et la beauté de la Création. Nous vivons l’entraide et la fraternité dans les groupes, les plus rapides ont allumé un feu dans le refuge pour permettre aux autres de manger au chaud, d’autres reviennent prendre des sacs trop lourds pour les plus fatigués. Nous ne sommes déjà plus tout à fait les mêmes que lorsque nous sommes partis du parking.

Nous apercevons l’hospice en surplomb lorsque nous pénétrons dans la Combe des Morts. Il ne faut pas traîner, en montagne, une avalanche est toujours possible. Mais tout se passe bien, nous sommes entre de bonnes mains, et l’arrivée est proche.

Lorsque saint Bernard de Menthon a créé cette maison en 1050, c’était pour pouvoir secourir les

Vous vous demandez peut-être ce qui motive un groupe d’étudiants de prépa et d’accompagnateurs à renoncer au WE ski organisé par le BDE pour choisir d’aller faire un petit séjour montagne et prière au Grand Saint Bernard ? C’est ce que nous allons tenter de vous expliquer !

Les ingrédients : des étudiants prêts à tout, beaucoup de neige et de soleil, de la bonne cuisine, un guide de haute montagne et un chanoine du Grand Saint Bernard pour veiller au bien-être matériel, sportif et spirituel de chacun ! Sans oublier l’équipe de choc des accompagnateurs (vivent les maths et l’internat !)

Col du Grand-Saint-Bernard

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voyageurs égarés dans la montagne. Depuis, les chanoines de Saint Augustin, présents là-haut, ont gardé cette tradition d’accueil de l’autre. « Ici le Christ est adoré et nourri ». Telle est la devise de cette maison. C’est le visage du Christ que la communauté voit dans chacun des visiteurs. Chacun doit se sentir attendu, accueilli, aimé pour ce qu’il est.

À l’arrivée, c’est l’inscription « Heureux ceux qui ont persévéré » que nous apercevons en premier !

Inutile de vous dire qu’après ces quelques heures d’effort, nous trouvons que le thé qui nous est servi à l’arrivée a un goût extraordinaire !

Nous sommes dans des bâtiments très anciens : 10 siècles ! Ici tout est beau, noble, et élève notre âme. Le bois et la pierre sont chargés d’années, ce qui n’empêche pas le confort moderne de nous envelopper de sa chaleur et de sa douceur. Nous comprenons l’impression de sécurité que pouvaient avoir les voyageurs recueillis ici. La tempête peut souffler, la maison est bâtie sur le roc ! Elle a vu le passage d’illustres visiteurs, comme Napoléon.

Au programme de l’après-midi, un enseignement du père Yvon, qui fut chanoine à l’hospice de 1990 à 2007, à partir de la question « Y a-t-il quelque chose après la mort ? », et aussi la visite du musée (superbe !), du trésor (magnifique collection de reliques depuis le 11ème siècle), et un concert d’orgue improvisé par deux de nos étudiants. Nous avons la très agréable surprise de découvrir de nombreux talents de musiciens dans le groupe.

Chanteurs, guitaristes, flûtistes, organistes vont se succéder pour une soirée musicale ce samedi-là. Encore un cadeau du Grand-Saint-Bernard !

Le lendemain, dimanche, après une excellente nuit et sous un soleil radieux, nous décidons de monter au col de Fenêtre, sur le versant italien, à 2900 m d’altitude. Départ par une légère descente, puis

nous « chaussons » les peaux de phoque (soyez rassurés, elles sont en matière synthétique depuis longtemps) ou les raquettes, et, à l’assaut de la montagne. Qui arrivera le premier : les skieurs ou les raquetteurs ? Match nul en haut du col, nous arrivons ensemble pour admirer le magnifique panorama sur le Mont-Blanc, les Grandes Jorasses, et le Mont Dolent, alt. 3820 m, qui présente la particularité d’être le point (unique !) où les frontières franco-italienne, franco-suisse et italo-suisse se rencontrent ! Préparez votre théorème (des 4 couleurs…) !

Puis c’est l’heure du pique-nique, fourni par l’hospice, saucisson et fromage helvétiques ! Succulent ! Et enfin, la descente et le retour, pour un repos bien mérité.

Notre petite communauté célèbre la messe à l’intention de Kyle, décédé au mois de novembre, dans la crypte éclairée par les constellations.

Le soir, c’est ciné-club : projection de deux documentaires sur le Grand-St-Bernard, l’un de 1993, l’autre de 1936. Passionnant, et étonnant de voir l’aisance des chanoines en train de skier avec leur soutane (courte pour les « anciens », mais longue pour les novices).

La soirée se termine par des chansons autour de l’orgue de la chapelle, puis d’une guitare.

Enfin le lendemain, lundi, c’est le retour. A 11h00, après un dernier petit déjeuner et les préparatifs du départ, nous disons au revoir à nos hôtes, enfourchons nos skis ou nos raquettes pour la descente qui nous permettra de retrouver les voitures là où nous les avions laissées deux jours auparavant. 45 mn de descente pour les skieurs, un peu plus pour les raquetteurs, toujours sous un soleil radieux, et c’est remplis de joie et d’excellents souvenirs que nous prenons la route de Lyon.

À l’année prochaine !

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Situé sur la colline de la Croix-Rousse, au 38 rue Pierre Dupont, le site du Sacré-Cœur a eu de nombreuses vocations. Tout d’abord, il est le lieu de fondation, en 1820, de la Congrégation des Sœurs de l’Adoration Perpétuelle du Sacré-Cœur de Jésus dont la fondatrice est enterrée dans l’une des chapelles du site. Puis il est devenu une école et enfin un lycée qui a fermé ses portes il y a quelques années.

Quatre établissements, animés par un projet d’éducation intégrale et approfondie, ont décidé de créer un campus unique et singulier. Ainsi, en septembre 2019, Sup Alta, Campus Sacré-Cœur des Chartreux, ouvrira ses portes aux élèves des formations diplômantes de l’Institution des Chartreux, des lycées Saint-Louis Saint-Bruno et Chevreul Lestonnac ainsi qu’aussi aux élèves en licence Humanités et Science Politique de l’Ircom d’Angers. Ce sont près de 700 étudiants qui pourront à terme être accueillis.

La volonté de ces établissements est de proposer, en unissant leurs savoir-faire et leurs valeurs, des formations universitaires et techniques de grande qualité au sein d’un projet global qui donne toute sa place aux dimensions humaine, morale et spirituelle.

Ce campus proposera, en septembre 2020, dans son enceinte, une résidence étudiante d’une capacité de 120 lits permettant ainsi aux étudiants de vivre leur formation sur un seul et même lieu.

Depuis de nombreux mois, les architectes travaillent pour proposer un campus où il fera bon vivre et étudier, et toutes les équipes sont

SUP ALTA, UN NOUVEAU CAMPUS POUR LES ÉTUDES SUPÉRIEURES

Alexis VanotDirecteur de Sup Alta, Campus Sacré-Cœur des Chartreux

ACTUALITÉS & VIE DE LA MAISON

Vue du campus depuis la grande terrasse

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non seulement un savoir-faire, mais aussi de développer des qualités humaines indispensables à sa bonne insertion professionnelle.

Ce campus est pour tous les étudiants, enseignants et encadrants un formidable défi dont la première tâche consistera à créer une communauté dans laquelle chaque étudiant, tout en développant ses propres charismes, aura sa place pleine et entière.

Enfin, les étudiants et les enseignants pourront vivre pleinement leur foi chrétienne. Les personnes éloignées de l’Eglise, ou en questionnement, seront, elles, encouragées à grandir dans la connaissance et l’amitié avec Dieu.

fortement mobilisées pour accueillir les étudiants à la rentrée.

La mission de ces établissements est d’accueillir, faire vivre ensemble, faire grandir et former des élèves, aux aspirations et horizons divers, afin qu’ils deviennent des adultes engagés et responsables.

La diversité de l’offre de formations du campus permettra aux étudiants de suivre, en plus de leur cursus, des enseignements transversaux complémentaires.

Les enseignants et les encadrants auront pour préoccupation majeure de dispenser à chaque étudiant un enseignement lui permettant d’acquérir

Chapelle dans laquelle est enterrée la fondatrice la congrégation

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ne parlent pas à partir du même « lieu ».

Descartes : « Nous ne voyons Dieu, je crois, avec les mêmes yeux ».

Pascal : « Je crois que vous le déduisez, Monsieur ; vous ne le voyez pas. Il est en vous comme un principe, en moi comme une chaleur. Vous le pensez, moi, je le sens : voilà toute la différence ».

Certes, il serait simpliste de se contenter d’opposer le rationaliste au fidéiste, tant il est vrai que les deux approches ont toute leur place en philosophie.

Restera à la postérité la cruelle déception du jeune Pascal venu chercher chez le maître quelque encouragement :

« Je ne puis pardonner à Descartes : il aurait bien voulu dans toute sa philosophie pouvoir se passer de Dieu ; mais il n’a pu s’empêcher de lui faire donner une chiquenaude pour mettre le monde en mouvement ; après cela, il n’a plus que faire de Dieu. » (194)

« Descartes, inutile et incertain. » (195)

« Descartes … Nous n’estimons pas que toute sa philosophie vaille une heure de peine. » (192)

La raison ne saurait seule calmer l’angoisse existentielle de celui qui se comprend comme égaré dans un monde en mouvement, incertain, baroque, sans limite et que « le silence de ces espaces éternels [m’] effraie ». Désaveu de la raison qui se prive orgueilleusement des lumières de la foi.

Point d’orgue, Dominique Touzé ajoute en voix off — voix qui jaillit des profondeur de l’intime, une enceinte JBL posée comme un cierge — le cœur fulgurant de l’expérience pascalienne, ce texte dit du Mémorial, que Pascal avait cousu dans la poche intérieure de sa veste :

« Feu. Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants. Certitude, certitude, sentiment, joie, paix. Dieu de Jésus-Christ… Joie, joie, joie, pleurs de joie. »

Il fallait une certaine audace pour oser imaginer ce que ces deux géants de l’esprit, incarnant chacun pour sa part quelque chose du génie français, ont pu se dire lors d’un entretien historiquement plausible, mais dont nous ne savons rien.

Magie du théâtre, deux tempéraments philosophiques que tout oppose s’affrontent et disputent devant nos yeux : le jeune et fougueux Pascal, instable, fragile, taraudé par cette inquiétude existentielle qui nous rappelle l’Augustin des Confessions, face au monument Descartes, qui est déjà une légende, installé dans la sérénité du sage qui a mis sa confiance dans la raison humaine.

Pascal le libertin génial, converti au mystère insondable de ce Dieu caché, pourtant venu à sa rencontre, est aussi un grand savant, à l’intelligence foudroyante, mais conscient que la raison doit se savoir limitée quand il s’agit des réalités ultimes : « c’est le cœur qui sent Dieu, non la raison ».

Descartes, « ce cavalier français parti d’un si bon pas » selon la formule de Péguy, prêt à sortir l’épée et à croiser le fer, a su reconstruire l’édifice des savoirs sur des fondement solides : le sujet pensant, la raison, et ultimement le concept d’un « Dieu tout parfait ».

Tous deux parlent de Dieu et pourtant ces deux grands esprits ne parviennent pas à s’entendre car ils

QUAND LA PHILOSOPHIE MONTE SUR LES PLANCHES…

Jean-Claude Brisville, L’entretien de M. Descartes avec M. Pascal le jeuneMise en scène de Dominique TouzéClasses de Terminale

François de MuizonProfesseur de phisosophie

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Vendredi 15 mars, les élèves de Terminale, après avoir demandé l’accord de leur directeur de division, se sont rassemblés en amphithéâtre Hyvrier afin d’entamer une réflexion sur les actions concrètes à mettre en œuvre pour s’engager dans une démarche écologique. Plusieurs actions ont été proposées au Supérieur de l’Institution qui a donné son accord, dans un premier temps, pour la mise en place d’un sac en toile pour le transport des denrées alimentaires au Bistrot du Père et au Croq, en remplacement d’emballages jetables.

L’Institution des Chartreux soutient cette démarche volontaire de ses élèves, et leur rappelle, à cette occasion, que le respect de l’environnement commence par un respect des lieux partagés par tous, à savoir, les cours de récréation, les couloirs, les sanitaires et les salles de classe. Chacun doit avoir le respect des infrastructures, le souci de la propreté et la conscience du travail de ceux qui entretiennent ces lieux de vie en commun.

Nous publions ici l’appel d’un des délégués de Terminale à ses camarades pour la mise en place des sacs en toile.

LES ÉLÈVES DE TERMINALE SE MOBILISENT POUR L’ENVIRONNEMENT

Arnaud AttenciaÉlève de Terminale S3

« Chers élèves,

À l’issue de la réunion solidaire pour l’environnement du vendredi 15 mars 2019, de nombreuses propositions de projets écologiques ont été présentées par l’ensemble des élèves de terminale. Parmi ces idées, une a été retenue dans la plupart des classes : le tote-bag. En effet, l’utilisation récurrente de ce dernier permettrait de réduire la production de sacs plastiques et cartonnés tout en réduisant la quantité de déchets dans nos rues. Nous vous proposons alors d’acheter un tote-bag personnalisé à l’effigie de l’Institution, au prix de 5€. Présentez-le au Bistrot du Père, à la boulangerie, au croq et agissez localement pour sauver la planète !

Nous vous proposons de faire partie d’un projet dont l’objectif principal sera de changer nos habitudes, notre mode de consommation et notre regard sur la cause écologique. Il est important que tout le monde se sente concerné par cette initiative dans la mesure où la question écologique est le problème de tous ! Pour reprendre les mots de Monsieur Dutel, professeur des Sciences de la Vie et de la Terre à l’Institution des Chartreux, « ce sont les petites gouttes qui font les grands océans », de la même manière, ce sont les petits gestes qui amorcent les grandes avancées. Bien évidemment, ce tournant écologique ne sera pas immédiat, il prendra du temps, c’est pourquoi nous venons vers vous, chers élèves, avec ce projet du tote-bag.

Commençons petit mais voyons grand ! Je vous invite alors à sensibiliser les gens autour de vous, à transmettre ce message, et à participer à cette grande aventure qui tient tant à cœur à la Maison. Nous sommes convaincus que vous saurez répondre présents à cet appel. Ne laissons pas une terre dévastée à nos enfants, agissons maintenant ! »

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comment bien placer, des paires d’yeux qui vous épient, des oreilles qui n’attendent que votre prise de parole, je fus stoïque un instant. Avec dans les mains mon discours sur l’abolition du travail et du droit à l’éducation, mon cerveau me criait alors : “tu n’y arriveras pas”, tandis que mon cœur me chuchotait doucement : “pense aux enfants.”

Une grande inspiration et j’étais lancée.

J’appris l’après-midi même que je représenterais l’Institution aux demi-finales départementales du concours d’éloquence. Alors, un flot de joie et de fierté m’envahit d’autant plus que ce plaidoyer me tenait réellement à cœur. La question des enfants et des injustices qu’ils peuvent rencontrer est un sujet primordial, et bien heureusement, chaque élève de l’Institution se voit offrir la chance d’aider chacun d’entre eux à travers l’action Mokattam qui perdure au fil des années. Bien que cette belle expérience prît fin aux portes de la finale, j’ai gagné bien plus qu’un trophée. J’ai gagné l’envie de croire un peu plus en moi, l’envie d’aider davantage les autres, l’envie de m’engager dans cette voie-là, celle de défendre les causes qui me font vibrer tels que le droit des enfants, des femmes et des animaux. Enfin, j’ai osé. Osé pour ces enfants, mais aussi pour moi, et c’est bien la plus belle des victoires !

Plaidoyer d’Estelle pour le concours :

« Michelle vit aux Philippines, tout comme Albert, et depuis leur plus jeune âge ils doivent travailler dans les mines d’or afin de pouvoir se nourrir. Chaque matin ils se réveillent pour refaire ces mêmes tâches pénibles, côtoyer ces mêmes dangers qui hantent leurs journées mais qui, au final, deviennent banalité. Forcés de quitter l’école pour subvenir aux besoins de leur

J’étais en salle Hyvrier lorsque deux de mes camarades de 1ère S1 nous invitèrent à participer au concours d’éloquence visant à défendre les droits fondamentaux des enfants. Je m’aventurais à émettre l’hypothèse que je pourrais participer à ce concours. Après tout, je n’avais rien à perdre. Pourquoi pas moi ? Je dois avouer que mon discours changea quelque peu une fois dans la salle Hyvrier, la boule au ventre, entourée de camarades tous brillants, ambitieux et motivés. Arrivée sur l’estrade avec un micro que l’on ne sait

LE CONCOURS D’ÉLOQUENCE DES LYCÉES SUR LES DROITS DES ENFANTS

Estelle Weingand Élève de 1ère L

L’événement qui s’est tenu en février dernier était organisé par le Rectorat de l’Académie de Lyon et le comité UNICEF Rhône Loire Ain.

Estelle Weingand, élève de 1ère L, a représenté le lycée des Chartreux suite à une présélection qui a préalablement eu lieu à l’Institution en salle Hyvrier.

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famille sans pourtant abandonner l’idée d’un brillant avenir, plus prospère et prometteur, mais qui, malheureusement, s’estompe au fil des heures.

À 11 000 km des Philippines, il y a Brice, treize ans, qui travaille dans la récolte des fèves de cacao. Il méprise ces journées éprouvantes, rythmées par le chahut des lames saillantes des machettes et des cris silencieux de tous ces enfants qui ne veulent que fuir.

Des portraits comme celui de Michelle, Albert ou Brice, il y en a près de 168 millions autour du globe. En effet près d’un dixième des enfants dans le monde est contraint à travailler afin de vivre enfin, survivre.

En travaillant, non seulement la voix des enfants est rendue muette, mais l’idée de pouvoir accéder un jour à l’éducation ne devient plus qu’un rêve lointain. Leur liberté de faire est réduite au néant. Parce que tous les enfants ont le droit à la protection, à la participation et à l’éducation, il semble évident que chacun d’entre eux, quels que soient ses origines, sa religion ou son sexe, puisse avoir accès au savoir pour élargir leur champ des possibles et devenir les individus formidables qu’ils promettent d’être. Il semble évident pour nous que chaque enfant puisse se libérer ne serait-ce que quelques heures par jour de ces travaux harassants. Évident qu’ils puissent grandir dans un milieu serein. Évident qu’ils puissent vivre épanouis. Et pourtant ce n’est pas le cas en dehors de nos frontières, de nos maisons.

Epictète aurait dit un jour :

- Mais le tyran enchaînera…

- Quoi ? ta jambe.

- Mais il tranchera…

- Quoi ? ta tête. Qu’est-ce qu’il ne peut ni enchaîner et ni retrancher ? Ta volonté.

Et chacun de ces enfants, j’en suis persuadée, a la volonté de se libérer de ces chaînes ; alors donnons-leur en le pouvoir. J’ai la chance d’être une adolescente à qui furent offertes de multiples opportunités, qui a grandi autour d’une famille aimante m’offrant l’accès à un excellent établissement. Il me semble être un devoir de parler pour ces jeunes, car j’ai comme l’impression d’entendre leur appel et de n’avoir d’autre choix que d’agir à ma manière en faisant résonner leur voix par la mienne, aussi discrète soit-elle.

Bien que l’idée d’un monde utopique soit complètement fantaisiste, chacun d’entre nous doit viser la lune pour, au pire des cas, atteindre les étoiles. Des inégalités, il en a toujours existé et il en existera toujours. Mais, qu’est ce qui est plus fort, plus vibrant, plus grand que ces injustices ? L’espoir. Et l’espoir il y en a, sinon nous ne serions pas ici, tous réunis, à défendre la question des enfants dans la société mais nous serions, à ce jour, emportés par une ignorance sourde. C’est même par les actions les plus minimes et insignifiantes mises en œuvre que nous pouvons ensemble réduire ce fossé.

Une vie meilleure pour les enfants d’aujourd’hui, c’est un monde meilleur pour ceux de demain. »

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Cette année, 13 élèves ont reçu leurs correspon-dants allemands du 12 au 19 mars et sont partis à Rottweil du 9 au 16 mai. Cette ville de 25 000 habitants est située dans le Bade-Wurtemberg, à égale distance de Friburg, Constance et Stuttgart.

Durant leur séjour à Saint-Étienne, les élèves allemands ont pu découvrir le quotidien de leurs camarades français. Au programme, une immersion en classe, les visites de Saint-Étienne et de Lyon, Escape game et restaurant, mais également la visite des ateliers Weiss.

Ce premier contact a permis de mettre en place des liens d’amitié entre les jeunes des deux établissements.

La deuxième rencontre a eu lieu avec un programme chargé et diversifié : visite de la ville de Stuttgart et du musée Mercedes, randonnée et feu de camp, participation aux cours, visite de la chocolaterie Rittersport. Séjour inoubliable pour les élèves français !

ÉCHANGE DU COLLÈGE SAINTE-FAMILLE AVEC L’ALLEMAGNE

Schöne Reise nach Rottweil ![Bon voyage à Rottweil !]

Anne-Cécile JasseProfesseur d’allemand au collège Sainte-Famille

En 2014, à l’initiative de Madame Jasse, professeur d’allemand, un partenariat entre le collège Les Chartreux Sainte-Famille et le Droste-Hülshoff-Gymnasium a été mis en place.

Depuis, les germanistes des classes de 4ème et de 3ème ont la possibilité de participer à cet échange scolaire.

PROJET « EUROPE » AUX CHARTREUX SAINTE-BLANDINE

Sandra Giraud Directrice de l’école Les Chartreux Sainte-Blandine

Cette année l’équipe enseignante des Chartreux Sainte-Blandine a déployé un projet autour de la découverte de l’Europe. Quatre pays sont ainsi mis en lumière tout au long de l’année scolaire : l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie et la Grande Bretagne.

Ainsi, le vendredi 8 février 2019, dans le cadre de ce projet culturel et linguistique, tous les élèves de l’école ont voyagé depuis les salles de classe en Allemagne. Répartis en différents ateliers, les enfants ont découvert la géographie, la littérature, l’art et le folklore sans oublier la gastronomie de nos voisins allemands.

Chacune des enseignantes a proposé différents supports pour amener les enfants à créer ou recréer des œuvres artistiques s’inspirant de peintres qui ont vécu en Allemagne tel que Paul Klee. Les œuvres étaient dessinées par les uns et coloriées par les autres.

Paul Klee s’invite en arts plastiques !

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Toujours en arts plastiques, les élèves ont réalisé le drapeau allemand en utilisant toutes sortes de papiers (crépons, glacés, cartonnés..). Ensemble, ils les ont déchirés en petits morceaux avant de créer une mosaïque de couleur noire, rouge et jaune. Un beau travail d’équipe !

D’autres maîtresses ont fait découvrir de nouvelles saveurs aux enfants avec l’atelier cuisine dans lequel ils ont confectionné plus de 200 « plätzchen » [gâteaux].

Quoi de mieux qu’un quizz interactif pour découvrir ou redécouvrir les plus célèbres contes des frères Grimm. Dans une bataille acharnée, les plus grands ont soufflé les réponses aux plus petits et tous sont repartis enchantés d’avoir participé à ce jeu.

Entraide, sourire, créativité, bonne humeur, enthousiasme ont été les maîtres mots de ces ateliers multi-âges !

A l’issue de ces quatre journées à thème, parents et enfants auront le plaisir de découvrir les productions réalisées lors d’une exposition en salle Notre-Dame.

Voilà maintenant plusieurs mois que les élèves et l’équipe enseignante de Saint-Romain se mobilisent autour d’un projet qui fait rêver plus d’un : le cirque.

L’aventure fut lancée par une sortie au cirque Medrano qui a réuni les 228 élèves de l’école, les plus grands veillant sur les plus petits, remplissant de leur joie une bonne partie du chapiteau !

QUAND LE CIRQUE S’INVITE À L’ÉCOLE

Charlotte Colcombetdirectrice de l’école Les Chartreux Saint-Romain

Après avoir été spectateur, l’heure d’être acteur approche. Le chapiteau qui accueillera le spectacle de fin d’année nous incite à aborder les différents arts du cirque avec sérieux et entrain ! Jeux de mime, numéros d’adresse, chants… la diversité des techniques permet aux élèves de développer des compétences qui leur sont propres, de révéler leurs talents !

Aussi, chaque élève à son niveau découvre les arts du cirque, guidé par les professionnels du cirque Romano. Ceux-ci viennent à l’école une fois par semaine pour enseigner aux maternelles différents numéros.

Les artistes du cirque Romano ont également accueilli les CE1 au cours d’une journée d’initiation intensive.

Les CP et CE2, quant à eux, vivront deux jours de classe découverte autour de ce thème.

La mi-carême, jour festif choisi, sera également l’occasion de vivre une journée autour du cirque. Une nouvelle fois, les classes seront regroupées pour travailler en petits groupes : cuisine, balles de jonglage, masques… les ateliers sont nombreux et rendus possibles grâce à la mobilisation des parents.

L’école devient le théâtre d’une mobilisation joyeuse : les préparatifs vont bon train, les écoliers sont stimulés dans leur créativité et leurs esprits curieux nourris !

Dessin de Manon Tassin, élève de CM1 à l’école Les Chartreux Saint-Romain

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contes de Perrault, des frères Grimm, d’Andersen et qui ont traversé les époques, façonné notre imaginaire.

Cette année est donc l’occasion de transmettre à nos élèves ce patrimoine littéraire. Notre priorité : raconter les contes traditionnels. En effet, raconter permet de créer un lien et de faire grandir le désir de lire. Cela favorise également, chez l’enfant, le développement de l’écoute et déploie le travail de l’imagination. Au sein de la classe ou à la médiathèque, c’est un moment privilégié et chaque enseignante, depuis la rentrée, s’applique à donner aux enfants de la petite section de maternelle au CM2, une véritable « culture des contes ». Chaque nouvel univers est l’occasion d’enrichir considérablement le vocabulaire des enfants et beaucoup ont découvert ce qu’était un page, un rouet, du velours, une chaumière ou être vaillant !

Toutes ces découvertes ont trouvé un aboutissement, le 7 mai, au cours d’un rallye-contes, une journée entière dédiée aux contes de fées, au sein de l’école. En équipes, les enfants ont tenté de résoudre des énigmes, ont réalisé un décor en arts plastiques, joué au jeu de l’oie des contes de fées et ont écouté une histoire dans une classe transformée en forêt inquiétante !

Enfin, depuis le mois de janvier, tous les enfants apprennent à mettre en scène et préparent un spectacle à partir du conte Peter Pan qu’ils présenteront à leurs parents à la fin de l’année.

Les thèmes abordés dans les contes, loin d’être désuets, sont toujours d’actualité : cruauté de l’exclusion, homme et femme, amour, rivalité, faiblesse, réussite, courage, persévérance… Aucun doute : les contes apprennent tout simplement à grandir, à quitter, se mettre en route. Racontés « au bord du lit », ils aident à traverser la nuit sans se perdre. Ils ne cessent de révéler la dimension spirituelle de l’être. Apprenons aux enfants la douceur de dire à leur tour : « Il était une fois… ».

ll était une fois... Ces seuls mots nous emmènent immédiatement vers l’imaginaire, dans un autre monde, un univers invisible. La première phrase du conte, c’est avant tout, l’invitation à tous les possibles.

En début d’année scolaire, l’équipe enseignante de l’école Les Chartreux Saint-Joseph est partie une journée à Moulins, au Centre National du Costume de Scène, où avait lieu l’exposition sur les contes de fées. Cette journée fut l’occasion pour l’équipe de bâtir un projet commun pour cette année, mais aussi de se replonger dans les contes de notre enfance. Quelle joie de se retrouver dans le château assoupi de la Belle au Bois dormant, au milieu de la salle de bal de Cendrillon, à la table des noces de Riquet à la houppe !

Mis en valeur par l’exposition, de splendides costumes de scènes d’opéra ou de théâtre nous ont permis de retrouver les vêtements maintes fois imaginés tels que la robe couleur du temps et la peau d’âne, les bottes de sept lieues, la pantoufle de vair, le manteau rouge confectionné par la grand-mère… Tous ces détails qui font l’identité des

À L’ÉCOLE SAINT-JOSEPH, LES CONTES FONT GRANDIR !

Frédérique GaucherDirectrice de l’école Les Chartreux – Saint Joseph

La classe de CE1/CE2 à la médiathèque de Champagne-au-Mont-d’Or

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de bleu aux noix, mayonnaises maison et ses incontournables appareils à tacos (galettes de blé farcies au bœuf, au poulet ou au porc, recettes de mijotés avec de la crème et du fromage)… chaque jour, des recettes différentes pour les quatre-vingts repas à emporter que Hakli aura soin d’assembler et de mettre en sac. Le reste de la matinée sera consacré au dessert et à l’entrée, réalisés conjointement avec le Chef. Il est 6h30 mais Marcilla est déjà partie, laissant derrière elle une salle accueillante.

Premier tour de clé pour la porte principale, élégance de la cuisine française, le Chef de cuisine, Gérard. Sa mallette de couteaux et les journaux du jour, son sourire chaleureux et son port de tête, toujours droit et fier. Réunion au sommet devant le percolateur. En fonction des réservations et des spécificités de la journée nous organisons dans les premières effluves des grains torréfiés, la mise en place du service. Broyage du café, clac sonore des doses du moulin dans les perco, infusion douce et crémeuse d’un café que j’ai choisi fruité, aux notes boisées et à la tenue noisette, presque caramel. Dans une vapeur bruyante, la mousse de lait se forme, les théières se remplissent. Les croissants pur beurre scintillent sur leur plateau, une belle odeur de chocolat et de praline se dégage. Chaque matin, servir.

Servir…

En restauration, le service va bien au delà de servir un article à un client. Cette vision désincarnée n’a pour moi pas de sens humain. Or, s’asseoir à la table d’un bistrot, interroger ses envies ou son besoin, se projeter dans l’attente d’un mets agréable, tout humble soit-il, est une démarche de confiance envers son hôte.

Servir est avant tout une question de respect de cette attente. Chaque jour, je dois faire mentir l’adage en servant autrui aussi bien qu’il l’aurait

Laetitia ChalandonManager Bistrot du Père

LE BISTROT DU PÈRE,LIEU UNIQUE ET ATYPIQUE

Le 6 novembre 2016, le Bistrot du Père notait ses premières réservations, allumait les feux de son piano, dressait ses quatre-vingts couverts et ouvrait ses portes pour son premier service. Imaginé et insufflé par le Supérieur, ce lieu totalement unique et atypique se construit, se développe et se modèle autour de la gastronomie, de la convivialité et de l’élégance. Le Bistrot consolide son existence et son identité dans cette troisième année de fonctionnement, sous l’effigie Chartreux.

Troisième tour de clé de la matinée pour la porte côté cour, j’entre. Je passe la tête en cuisine pour saluer Jean-Michel, il fait encore nuit dehors et la chaleur du four illumine les viennoiseries qu’il dépose délicatement sur leurs plateaux.

Ensuite, il attaquera ses préparations pour les comptoirs, rillettes de poisson maison, crème

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fait pour lui-même. Se souvenir des habitudes de chacun, sans en faire étalage mais discrètement afin de rendre cette confiance accordée. Accueillir et imposer ce soin aux autres, instaurer du respect.

Servir donc… Servir au sens d’apporter quelque chose à quelqu’un et, de ce fait, de l’enrichir. Et le Bistrot du Père ne pouvait pas mieux incarner cette idée. Car sur le temps de midi, tout l’enjeu sera d’éduquer au goût et au savoir vivre. Avec son menu unique et différent chaque jour, j’affiche la volonté de partager une cuisine. Je demande à ce que l’on se rende disponible et curieux, à sortir de ses habitudes culinaires afin de se laisser surprendre par l’interprétation d’un plat.

Chaque journée démarre avec un fond. Le fond, cette base qui servira tant aux sauces qu’aux cuissons, est la marque, le style, la signature du Chef. Tout est là. Enfin presque… ! Je me souviens d’une phrase qu’il a prononcé un jour : tant que j’aurai envie de cuisiner, je serai heureux. Pourquoi ? En quoi passer son temps aux mêmes gestes pourrait procurer du bonheur ? Chaque matin, choisir ses légumes, les laver, les préparer. Chaque matin, s’interroger sur la recette du jour. Chaque

matin, sortir sa planche, ouvrir sa mallette de couteau, sélectionner les opportuns. Entrecoupé par les allées et venues des fournisseurs, vérifier les marchandises, se laisser inspirer par la qualité des produits, discuter avec les producteurs fiers de déposer leur récolte, leur bétail, leur marée. Et chaque matin, travailler de beaux produits, transformer, façonner, donner du corps à une matière vulgaire pour en faire une composition subtile et incarnée. Plonger son cœur dans les saveurs et les odeurs de beurre, d’herbes fraîches, d’ail et de viandes saisies. Être heureux de créer, de transformer et de donner aux autres le fruit de son travail. C’est cela être cuisinier.

Et c’est cette générosité que, chaque jour, nous nous devons avec Sylvie, dans la frénésie du service, de transmettre à ceux qui auront passé la porte. Maîtriser sa salle, réagir en conséquence, Sylvie jongle entre le dressage, les prises de commandes, les réservations. L’annonce d’un plat, ce n’est pas seulement redire ce qu’il y a d’inscrit sur un tableau noir. C’est mettre en appétit, c’est déclencher une petite étincelle d’impatience. C’est, pour mieux la préparer, retarder l’agitation des papilles. C’est aussi créer une interrogation et pouvoir y répondre. Souvent, nous annonçons une bousculade avec les habitudes culinaires. Il ne s’agit pas de tout aimer mais de comprendre pourquoi et, surtout, d’avoir l’opportunité, la chance, d’évoluer, de changer d’avis. Avant de saisir sa fourchette avec frénésie, d’abord écouter, imaginer les mets concoctés, être attentif aux réactions de la table, échanger ensuite entre convives puis faire un retour. Apprendre à reconnaître des saveurs, apprendre à les classer, à les isoler pour réussir ensuite à faire des liens et engranger de nouvelles sensations gustatives, là est tout l’intérêt de se rendre au restaurant.

Et parce que toute la matinée n’aura été que préparation, soin, effort et inspiration que les assiettes pourront faire sourire les estomacs.

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La période de la Révolution et de l’Empire a été riche en personnages pittoresques et en destins exceptionnels. Et c’est bien pour le coup une figure peu banale que celle de ce M. Furnion qui était venu rejoindre, en août 1816, le premier groupe des prêtres des Chartreux.

Fils d’ouvriers en soie, né en 1781 rue Grôlée, à deux pas de Saint-Bonaventure, orphelin très tôt, Léonard Furnion n’avait pas treize ans lorsqu’il s’enrôla aux côtés du général de Précy dans l’armée des défenseurs de Lyon au moment du siège de la ville révoltée contre la Convention, de mai à septembre 1793. On peut imaginer le gamin en mascotte de l’armée rebelle : c’est lui qui était le porte-drapeau du comte de Précy. Il s’enfuit à temps pour échapper à la répression qui suivit la

DES SŒURS DU SACRÉ-CŒUR À SUP ALTA

Bruno MartinSupérieur de la Maison des Chartreux

chute de la ville (« Lyon a fait la guerre à la liberté, Lyon n’est plus », aurait-on pu lire sur le monument que les vainqueurs républicains voulaient ériger) – et nous retrouvons notre Léonard, qui avait dû fuir en direction du sud, engagé comme mousse dans la marine marchande en Méditerranée. En 1802, il était de retour à Lyon, au moment où les églises commencent à être rouvertes. Il y entendit un abbé Souzy, qui le convertit. Notre jeune homme, qui avait fait sa scolarité derrière les canons ou les cordages, n’était guère instruit. Il voulait pourtant être religieux, fit un essai chez les frères hospitaliers de Saint-Jean de Dieu, puis entra chez les frères des écoles chrétiennes que le cardinal Fesch venait de réinstaller au Petit-Collège. Frère Léonard se retrouva même à enseigner (on se demande bien quoi ?) un an à Saint-Étienne, mais il voulait être prêtre. Qu’à cela ne tienne, M. Souzy qui suivait toujours son pupille l’envoya à Bourg se frotter de latin pendant deux ans ; en 1812-1813 il rejoignait à Verrières, près de Montbrison, puis au Grand Séminaire (alors place Croix-Paquet) un groupe où se retrouvaient Jean-Marie Vianney et Marcellin Champagnat – presque aussi vieux et guère plus doués que lui. A Saint Irénée il trouvait aussi, parmi ses formateurs les futurs fondateurs

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Père Léonard Furnion, fondateur de la congrégation du Sacré-Cœur des Chartreux

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des prêtres de Saint-Irénée, MM. de La Croix d’Azolette ou Mioland. La pénurie faisait que l’on n’était pas trop regardant, et que la formation était, en ce temps, assez sommaire. Prêtre en 1814, Léonard Furnion était nommé provisoirement, en août, vicaire à Lagnieu. Il n’y resta que quelques mois mais y fit une rencontre décisive, celle d’une jeune veuve, Charlotte Choussy de Grandpré, qui venait de perdre, à trente ans, un mari très aimé. La jeune femme, très éprouvée, ne trouvait de consolation que dans une vive piété envers le Cœur de Jésus, et le vicaire, après l’avoir un peu rabrouée, se mit à encourager Charlotte de Grandpré dans ses projets religieux, pour l’heure encore confus. En novembre 1814 Léonard Furnion était envoyé à Corcelles, sans doute par mesure de rétorsion de l’autorité diocésaine qui s’alarmait de cette situation ; il n’y resta qu’un an, et était curé de Cerdon depuis octobre 1815 lorsqu’il prit la décision de rejoindre le groupe des premiers « Chartreux ».

Charlotte de Choussy, qui continuait d’entretenir avec M. Furnion une active correspondance, avait réuni autour d’elle, à Lagnieu, deux, puis quatre jeunes filles qui avaient comme elle un projet de vie religieuse. D’autres les rejoignirent encore et en mai 1820 – il y aura donc, l’an prochain, deux cent ans – le groupe venait s’installer de l’autre côté du cloître des Chartreux, dans l’ancienne cellule portant la lettre H : quatre petites pièces pour neuf personnes. Le 14 septembre les sœurs prenaient un habit noir, et Charlotte Choussy de Granpré devenait leur supérieure, sous le nom religieux de mère Jeanne-Françoise – réminiscence évidente de François de Sales et de Jeanne-Françoise de Chantal. En avril 1821, pendant que le P. Furnion participait avec ses confrères à la grande Mission de Saint-Etienne, le groupe qui s’était encore accru s’installait dans l’ancienne cellule du Prieur,

plus spacieuse et pourvue d’une chapelle1. Dans le même temps on sollicitait toutes les approbations nécessaires auprès de l’administration diocésaine. Mgr Gaston de Pins, qui venait d’arriver à Lyon en février 18242 et qui était assez favorable aux « communautés nouvelles » du temps, donna son approbation aux statuts de la nouvelle congrégation, qui prenait le nom de Sœurs de l’Adoration Perpétuelle du Sacré-Cœur de Jésus, plus communément dites sœurs du Sacré Cœur « des Chartreux ». Il y avait quelques divergences de vues entre la fondatrice et son conseiller spirituel. Mme de Grandpré avait, semble-t-il, une visée résolument contemplative, et sa fondation devait beaucoup à l’exemple de la restauration du monastère bénédictin de Pradines (1814), que venait d’accomplir Thérèse de Bavoz, elle-même ancienne moniale de Saint-Pierre des Terreaux. Le P. Furnion, missionnaire par tempérament, avait peut-être des vues plus « catéchétiques » ; il insista pour que les religieuses joignent à leur vocation contemplative une activité éducative – qui leur ferait accessoirement une modeste source de revenus. Voyant grand, il réussit à acheter tout le terrain et l’ensemble des cellules à l’ouest du grand cloître, où s’élevèrent bientôt d’imposants bâtiments (qui ont laissé subsister la totalité de la galerie ouest du cloître de la Chartreuse) ; le P. Furnion posa lui-même la première pierre de la chapelle, restée intacte – il réussit à acquérir et

1. Sur l’emplacement de l’actuelle Bibliothèque des Missionnaires. L’emplacement de la chapelle existe toujours, à cheval sur un passage qui conduit vers des terrains de sport, au début de l’impasse des Chartreux.

2. Le pape Léon XII, qui venait d’être élu (septembre 1823) n’avait pas voulu revenir sur la décision de son prédécesseur Pie VII de ne pas demander la démission du cardinal Fesch, en exil à Rome. Les vicaires généraux (MM. Courbon, M. Bochard) administrèrent donc le diocèse de 1815 à 1823 ; en décembre 1823 Gaston de Pins, aux sentiments royalistes très affirmés, fut transféré de Limoges à la fonction d’administrateur apostolique du diocèse ; il le resta jusqu’à la mort du cardinal Fesch (1839).

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comment ne pas remarquer que lorsque les sœurs, en novembre 1824, quittèrent la cellule du prieur pour s’installer de l’autre côté de la place des Chartreux, M. Pousset, curé de Saint-Bruno depuis l’année précédente (1823) s’empressait d’occuper les lieux pour y installer, à la rentrée 1825, l’« Ecole cléricale de Jésus-Adolescent », c’est-à-dire l’embryon de la future Institution des Chartreux ; l’un des élèves de cette première rentrée s’appelait François Hyvrier, et devait devenir le premier supérieur de l’Institution transférée en 1837 dans les bâtiments actuels4. Sœurs du Sacré Cœur et Institution des Chartreux sont nées, si l’on peut dire, dans le même berceau. L’ouverture attendue sur le site de l’ancienne école du Sacré Cœur d’un Centre d’Etudes Supérieures (SupAlta) – dans lequel les Sœurs du Sacré Cœur auront leur place – n’est donc qu’un retour de l’histoire : Si dans un passé récent des incompatibilités de personnes avaient créé une distance insurmontable entre les deux ailes du cloître de Saint-Bruno, cette distance est désormais comblée.

4. Sœurs du Sacré Cœur ou curé de Saint Bruno n’étaient alors que locataires (pour 900 francs par an) de Benoîte Ursule Sicard, fille de cet Antoine Sicard qui avait été, avec le ci-devant capucin François Perret, l’acquéreur d’une partie de la Chartreuse lors de la vente des biens nationaux. M. Pousset n’acheta le bâtiment, alors totalement séparé de la Maison des Missionnaires, que par la suite.

à y faire transférer ce qui restait des somptueuses stalles de l’abbaye Saint-Pierre : elles y sont toujours.

Mme Charlotte de Grandpré devenue mère Jeanne-Françoise ne vit pas l’achèvement de la construction : elle devait mourir en 1827, et ses restes reposent toujours dans la chapelle. Léonard Furnion lui survécut vingt ans, continuant à prodiguer ses conseils spirituels à ses « petites saines » du Sacré-Cœur des Chartreux, dans l’intervalle des missions qu’il prêchait. J’ai raconté dans un bulletin de 2009 comment M. Vianney avait obtenu de son ancien condisciple qu’il vienne prêcher une journée de retraite à Ars, en 1829 ; encouragé par le succès le curé d’Ars avait alors demandé au supérieur des Chartreux, M. Mioland, une mission de plusieurs jours – qui, à notre grande honte, lui fut refusée3. Léonard Furnion mourut en 1846, frappé d’une attaque dans le parc des sœurs, à l’endroit que marque encore une croix. Raconter la suite de l’histoire de la congrégation n’est pas notre propos, mais

3. La lettre du curé d’Ars existe toujours - si peu honorable qu’elle soit pour nous, elle est dans une des chapelles de la Maison :A M. Mioland, Supérieur des Missionnaires, aux Chartreux, à Lyon

Ars, 24 septembre 1829 Cher respectable Monsieur Vous aviez eu la bonté de me dire de vous écrire, au sujet de ma mission, dans le mois d’octobre. Je m’y prends un peu d’avance, pour que vous ayez la bonté de ne pas me laisser de côté. Vous pouvez choisir, depuis la Toussaint jusqu’à Pâques, le moment que vous voudrez. Si vous ne pouviez pas m’envoyer deux missionnaires, j’en prendrai tout de même un, avec un curé voisin. Mais si vous avez la bonté de m’en envoyer deux, je vous serai bien reconnaissant. Monsieur et digne ministre, en attendant votre réponse, qui avec votre grande charité sera bonne pour moi, je vous prie d’agréer mes très humbles respects et mes sentiments de très vive reconnaissance. Souffrez s. v. p. que M. Furnion, ce bon missionnaire qui a bien fait du bien pour un jour qu’il a eu la bonté de rester à Ars (ce qui me donne grande espérance que vous convertirez mes gens), trouve mes très humbles remerciements.Vianney, curé d’ArsEt au dos, de la main de M. Mioland : Ars. Refusé.

Mère Jeanne Françoise de Jésus, fondatrice de la congrégation

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le premier effet est que son dictionnaire devient un dictionnaire d’elle-même par elle-même : par jeu de miroir une sorte d’autoportrait. Elle nous dit pourquoi tel saint, où et comment elle l’a rencontré (deux de leur vivant, Mère Teresa et Jean-Paul II), le bon usage qu’elle en recommande. Ainsi apprenons-nous ses pèlerinages, voyages, lectures, œuvres d’art, de Fra Angelico à Goudji ; ses amis, dont le grand Lucien Jerphagnon. D’une page à l’autre ces confidences gagnent l’amitié du lecteur qui les découvre. Le lecteur plus averti retrouve avec bonheur une suite des Cahiers spirituels que C. Rancé a publiés sous le titre En pleine lumière (2016). On apprend ainsi que son lointain aïeul est le frère de l’abbé de Rancé, le réformateur de la Trappe. Cette vénération avunculaire explique l’une des deux épigraphes : « Vivre sans vivre en saint, c’est vivre en insensé. » Rancé, l’abbé Tempête.

Effet plus subtil encore : la formule amoureuse amorce un troisième dictionnaire, qui est celui du lecteur. Dis-moi ce que tu aimes, ce qui te manque, les citations que tu retiens, les articles que tu voudrais ajouter – je te connaîtrai mieux. Bref ! Difficile de concevoir un ouvrage intellectuellement et spirituellement plus propre à une lecture active et réactive.

*

Donnons une idée plus précise de ces 700 pages, qui vont par ordre alphabétique (d’Aelred à Zélie), comme le veut un «vrai» dictionnaire. On peut classer les «entrées» en trois familles. D’abord les saints et saintes. J’en compte 92, et la parité est loin d’être acquise : 29 saintes pour 63 saints. Le chiffre réel est plus élevé avec les noms rencontrés dans les articles. D’autre part C. Rancé opère des regroupements souvent savoureux ou pittoresques : cénobites, fols-en-Christ, travesties (saintes habillées en homme), saintes savantes… Les saints retenus sont « les figures majeures et toujours

La littérature française commence avec des vies de saints. Elle balbutie la Séquence de sainte Eulalie (vers 881-882), son premier chef d’œuvre est La vie de saint Alexis (XIe siècle) et son premier best-seller est La Légende dorée de Jacques de Voragine (XIIIe siècle). Tartuffe déchire un mouchoir qu’il a trouvé comme marque-page dans une Fleur des saints, scandale qui mêle « avec la sainteté les parures du diable. » Titre complet : Les Fleurs des vies des saints. L’entreprise des Bollandistes fut de combattre cette hagiographie candide et melliflue, et peu à peu ces fioretti firent place à la méthode scientifique. Les calendriers liturgiques devinrent plus fiables et apparurent les dictionnaires, historiques ou iconographiques.

Or voici que Christiane Rancé publie un dictionnaire des saints dit amoureux. La collection est bien rodée (118 titres). Il n’empêche : brève réflexion préalable. La notion de dictionnaire amoureux a quelque chose d’oxymorique. Un «vrai» dictionnaire est objectif et exhaustif. Amoureux, il devient subjectif et sélectif. D’impersonnel personnel. C. Rancé a toute liberté de dire : je. Et

DICTIONNAIRE AMOUREUX DES SAINTS

Christiane Rancé Dictionnaire amoureux des saints, 720 pages, Ed. Plon

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« Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. » La présence de beaucoup d’autres n’a pour seule pertinence que C. Rancé voulait qu’ils fussent là. Ainsi, pour moi, je regrette l’absence d’Henri Pourrat (rien de plus beau que ses Saints de France, 1951) et de Marie Noël, qui avait quelques idées sur la sainteté et dont la cause de béatification est à l’instruction.

Cette description superficielle est loin de donner l’idée du travail que suppose un tel livre et de son résultat. On ne saurait le lire passivement tant il est riche de textes rares, de citations lumineuses, de prières, pourvus d’un commentaire incisif. J’ai cité les auteurs majeurs, mais je dois signaler que, comme basse continue, ce sont Ernest Hello et André Suarès (ils ont tous deux leur entrée) qui accompagnent Christiane Rancé.

*

Un « vrai » dictionnaire, on le consulte et on le ferme. Le Dictionnaire amoureux de C. Rancé, on l’ouvre, on y entre, on s’y installe, on n’en sort plus, et on lui demande beaucoup. Trop ? Il est inévitable qu’il y ait ici ou là frustration, mais compensée par quelque joie inespérée. C’est la loi d’un tel ouvrage. Je veux finir par là.

J’écris à quelques pas romains de l’amphithéâtre des Trois Gaules : j’aurais aimé la présence de Blandine et de ses sœurs de Carthage, Félicité et Perpétue, qui traversent les siècles au canon de la messe. Et l’apôtre des Cévennes, Jean-François Régis, qui repose à La Louvesc. J’attendais l’entrée Litanies. Cette prière « sanctorale » est une des plus belles de l’Église. Ce cortège, ce relais, parti du fond des siècles, emmené par Pierre et Paul, mêlant les martyrs, les confesseurs, les vierges, les docteurs, pour assister sur la place Saint-Pierre à la canonisation de Bakhita ou à Santa Cruz à

fécondes de la sainteté en Europe et dans le monde » des origines à nos jours, et singulièrement « les hautes figures françaises auxquelles, écrit C. Rancé, je me suis tendrement attachée depuis mon enfance. » Une autre famille est celle des notions relatives à la sainteté : auréole, odeur de sainteté, reliques, miracles, Congrégation pour la cause des saints… Tels de ces articles sont difficiles à écrire en un temps rationaliste. Comment traiter ces saints et saintes «invalidés » par le Vatican parce que non documentés, apocryphes, voire légendaires, alors même que leur culte était «efficace» ? Saintes Catherine d’Alexandrie et Marguerite d’Antioche, disparues : elles étaient les voix de Jeanne d’Arc. Et Philomène, la petite sainte du curé d’Ars, disparue. On imagine les sarcasmes d’un Voltaire. Eh bien sur cette difficulté, C. Rancé fait merveille : « Les anciens n’étaient pas plus crédules que nous ne le sommes. Ils pensaient selon les moyens d’images dont le symbolisme merveilleux a beaucoup fait pour enchanter les siècles. Et donné un écho prophétique à l’action des hommes. »

La troisième famille est celle des écrivains (une bonne trentaine), parce que, dit C. Rancé, « j’ai confondu mon existence avec l’écriture ». Il y a certes les grands auteurs qui apportent un regard pénétrant et toujours renouvelé sur la sainteté. Au premier rang Bernanos (C. Rancé cite la page fulgurante : « Notre Église est l’Église des saints » dernières pages de Jeanne relapse et sainte), Bloy, Claudel, Chesterton, Mauriac, Jean Guitton, et Pascal (avec cette chute superbe sur le Grand Siècle des âmes : « Si la France est le pays de Corneille et de Molière, elle est à égalité, et selon les mêmes chiffres, le pays de Saint-Cyran et d’Angélique Arnauld, de Rancé et de Pascal, des contemporains – tous emportés par la même force »), Simone Weil et Thibon. Rimbaud ? Oui… mais j’aurais aimé les dernières lignes de la Saison :

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Oran à la béatification de Christian de Chergé et de ses frères de Tibhirine, c’est un des visages les plus lumineux de l’Église. Les litanies dans nos campagnes au temps des Rogations : certains noms s’accordaient au blé encore en herbe ou aux labours de printemps, d’autres évoquaient des pays lointains, Rome, la Grèce, l’Orient, mais tous étaient rangés derrière la bannière du saint patron du village. Les litanies chantées sur les ordinands prostrés aux pieds de l’évêque : expérience presque sensible de la communion des saints, tous là présents, appelés comme témoins et auxiliaires de ceux qui viennent de répondre à l’Appel – moment mystique qui transforme l’article du Credo en « une Église une, sainte, catholique, apostolique » en une évidence – sauf aveuglement surnaturel.

Une joie. Il est une page de Daniel-Rops, au dernier chapitre d’un beau livre sur Monsieur Vincent (1959) qui me semble capitale. Elle établit que la sainteté est en relation dialectique avec l’histoire du monde. Dieu a toujours accordé le saint qu’il fallait au moment où il le fallait. Il l’illustre aussitôt à grands traits, de saint Paul à Monsieur Vincent, en passant par Augustin, Benoît, Bernard, le Pauvre d’Assise. Cette vision des choses, dans la droite ligne de l’histoire providentielle de Bossuet, fonde notre Espérance dans les temps douloureux qui sont les nôtres. Ma joie, c’est de la trouver bien inscrite en ce dictionnaire. Doublement. Elle en fait le fond, et de temps à autre elle éclate en surface. Bernanos et Simone Weil sont là, avec des lignes irrécusables. Mais le mérite de Christiane Rancé est tel que les dernières lignes de cet article lui reviennent : « Les bienheureux ont toujours partie liée avec l’histoire qu’ils vivent et avec leur temps, et leur sainteté est l’émanation d’une attente partout diffuse qu’ils comblent par leur existence, et la formule qu’ils inventent pour la vivre. » C’est exactement cela, et tout son dictionnaire plein d’amour est là pour le prouver.

ÉMERVEILLEMENTS

Réflexions sur la Grèce antique

Jacqueline de Romilly nous a quittés le 18 décembre 2010. On sait que cette grande dame a voué toute sa vie à l’étude de la littérature grecque ancienne, à son enseignement et à la défense des lettres classiques devant le danger de leur disparition dans l’enseignement secondaire. Son œuvre est considérable : plus de 50 ouvrages, d’innombrables articles, communications et conférences.

C’est une belle initiative que d’en publier un choix dans la puissante collection Bouquins, où J. de Romilly est déjà présente avec une édition de La guerre du Péloponnèse, de Thucydide, traduite par elle et suivie d’un Dictionnaire de Thucydide. Dans ce nouveau volume, le choix des œuvres répond à une autre préoccupation.

Toute la première partie des travaux de l’helléniste est «savante» : thèse (Thucydide et

Jacqueline de Romilly ÉmerveillementsRéflexions sur la Grèce antique, 1376 pages, 32 € coll. Bouquins, Robert Laffont

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l’impérialisme athénien, 1947), recherches sur la naissance de la démocratie, sur l’épopée, sur le théâtre. Peu à peu, J. de Romilly se rendit compte qu’il serait bien de mettre les trésors de la littérature grecque à la portée d’un public plus large, en proposant des ouvrages moins « pointus ». Sa rencontre avec l’éditeur Bernard de Fallois, avec qui elle lia amitié, lui en donna l’occasion. À partir de 1989, elle publia une dizaine de livres chez cet éditeur, le dernier étant La grandeur de l’homme au siècle de Périclès, l’année même de sa mort. Auxquels il faut ajouter l’œuvre de fiction, contes et romans à tendance autobiographique, et un beau livre sur sa mère, Jeanne.

Dans ce vaste ensemble, les hellénistes qui ont établi cette édition ont choisi cinq ouvrages. Le plus important en volume, et peut-être le plus représentatif de la réflexion sans cesse reprise de J. de Romilly sur les secrets qui ont fait le « miracle grec », c’est La douceur dans la pensée grecque (Les Belles Lettres, 1979). Nous sommes encore là dans l’œuvre savante. Mais cette douceur, cette humanité J. de Romilly la montre dans un livre beaucoup plus accessible chez Homère (Hector, de Fallois, 1997). Dans La Source grecque (1953) Simone Weil dit et montre que l’Iliade c’est le poème de la force. J. de Romilly ne le nie pas, mais elle répond qu’au cœur de la violence il y a l’humanité d’Hector, héros à la mesure de l’homme. Tout son livre est tendu vers la scène finale où Priam et Achille, assis face à face, pleurent l’un et l’autre, Priam sur son fils, Achille sur son ami Patrocle : la guerre transcendée dans la découverte – et somme toute le partage – d’une souffrance commune. « C’est peut-être le plus beau message de l’Iliade » - et de la Grèce, ajoute J. de Romilly. Cette scène, commente-telle, est « le point de départ de tout ce que la pensée grecque unira sous le nom de lois non écrites, ou de lois des Grecs. »

Ces « lois » on les découvre dans les autres textes retenus, qu’il m’est bien impossible de citer tous et de commenter. Au moins faut-il savoir que chacun d’eux est pourvu d’une introduction qui en facilite la lecture, annoté et suivi d’une bibliographie. Double fonction : livre de lecture et outil de travail. C’est la vocation de cette admirable collection. Tant par son titre, si juste, Emerveillements, que par son contenu ce grand livre y est éminemment à sa place.

Priam suppliant Achille de lui rendre le corps d’Hector, Alexandre Ivanov (1824)

« Va, respecte les dieux, Achille, et, songeant à ton père, prends pitié de

moi. Plus que lui, j’ai droit à la pitié car j’ai osé, moi, ce que jamais encore n’a osé mortel : j’ai porté à mes lèvres les mains

de l’homme qui a tué mes enfants. » Homère, Iliade, XXIX

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1. CONTINUER A LIRE, le retour aux textes

Le thème est vaste et porte dans son énoncé même le paradoxe de nos traditions. Leili Anvar1, David Lemler2 et Mickaël Langlois3 se sont interrogés sur les attraits et les écueils des différents rapports que nous entretenons avec le texte.

La forme finie de l’œuvre écrite, par l’effet de multiples relectures, nous invite à éprouver la qualité infinie des expériences du texte que nous faisons individuellement et collectivement. La relecture serait la condition même de la continuité et de la transmission entre générations. Comme objet historique, le texte pose la question de la version originelle. Mais sommes-nous prêts à questionner le texte qui nous fédère par un nouveau texte aux trop nombreuses différences

1. Leili Anvar, traductrice et maître de conférence en langues et littérature persane à l’INALCO, spécialiste de la poésie persane, notamment du poête Rûmi.

2. David Lemler, maître de conférence au département d’études hébraïques et juives de l’Université de Strasbourg. Il a été directeur de publication de l’ouvrage André Neher, figure des études juives françaises et fondateur du département d’études hébraïques à Strasbourg (Hermann, 2017).Auteur d’une thèse sur la Création du monde et de l’Art d’écrire dans la philosophie juive médiévale.

3. Mickael Langlois, maître de conférence à l’Université de Strasbourg – Faculté de théologie protestante. Docteur en Sciences historiques et philologiques, épigraphiste, spécialiste des textes de la Mer Morte (auteur d’un ouvrage sur les manuscrits du livre de Josué et celui d’Hénoch). Actuellement en mission de recherche à Jérusalem au Centre français de la Recherche (CNRS).

Marion ReinertChargée de la communication aux Chartreux

TROISIÈME NUIT DE LA THÉOLOGIE

Un événement qui rassemble et fait raisonner notre actualité

Pour la troisième année consécutive, l’Institution des Chartreux accueillait

fin janvier La Nuit de la Théologie. Cet événement organisé en

collaboration avec la Villa Gillet est ouvert à tous et rassemble

de plus en plus d’auditeurs curieux de comprendre les correspondances,

les filiations et les enjeux à venir des 3 monothéismes.

Il est particulièrement enthousiasmant de voir le nombre

de nos auditeurs augmenter et les habitudes se prendre.

De 18h à minuit, trois tables-rondes se succèdent et pour ceux qui

n’auraient pu assister à cette édition, l’intégralité de La Nuit est accessible

en podcast sur notre site internet.

Pour assister à la prochaine édition, consultez l’agenda des événements

de l’Institution sur www.leschartreux.com

dès le début du mois de janvier 2020 !

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d’avec l’original ? Le récit des manuscrits de la Mer Morte apporte un éclairage percutant sur ce sujet à aborder avec sciences et précautions. Arrêter la tradition dans une écriture peut conduire à une forme de « fétichisme ». D’aucuns parlera de fondamentalisme. Chaque strate écrite relance une interprétation et échappe donc à l’autorité de ce qui est fixé définitivement. C’est précisément là que se niche ce magnifique paradoxe d’un texte à la fois unique et polysémique. Un texte qui fait foi.

2. DE LA FRAGILITÉ À LA FATIGUE. L’homme, un être vulnérable

De quelle manière les trois monothéismes s’emparent-ils de la question de la fragilité humaine ? À la fois créatrice du bien et du mal, la fragilité est cette brisure par laquelle nous accueillons l’altérité mais aussi celle par laquelle nous sommes capables du pire. Les trois religions se rassemblent autour de cette tension, de cette ontologie flottante entre la grandeur et la faiblesse.

Marc Leboucher4, Pauline Bebe5 et Meryem Sebti6 invoqueront tout à tour ce que leurs religions ont hérité des philosophes grecs. Cette tradition antique qui exalta la force a progressivement laissé place aux monothéismes, et avec eux, à la question de la Révélation qui amène les notions de chute,

4. Marc Leboucher, éditeur et écrivain. Auteur d’une série de livres d’entretiens avec de grandes personnalités, notamment 3 livres avec René Raymond. Auteur du livre intitulé Le souffle et le roseau, variation sur la fragilité – 2017, Éditions Salvator.

5. Pauline Bebe, première femme ordonnée rabbin en 1990. A créé la première communauté juive libérale. A suivi des études rabbiniques ainsi que de littérature hébraïque. A écrit des ouvrages sur l’éthique du langage dans le judaïsme. Dernier ouvrage paru : Le cœur au bout des doigts – 2018, Éditions Actes Sud.

6. Meryem Sebti, chercheuse au CNRS, spécialiste de philosophie arabe. A consacré sa thèse de doctorat à la Doctrine de l’âme chez le philosophe du XIe siècle connu en occident sous le nom d’Avicenne. Auteur d’Avicenne, l’âme humaine – 2000, PUF.

de faute et de responsabilité. Fragilité et force. Comment ces mots résonnent-ils aujourd’hui face à notre histoire alors même que nous sortons d’un siècle qui a fortement posé la question de notre culpabilité ? Si notre fragilité nous permet d’être touché, ne pourrait-il pas être dangereux de la valoriser au point d’oublier qu’elle peut également nous mener au mal absolu, au repli, ou à des solutions trans-humanistes ou addictives qui nous en protégeraient ?

3. LA PLACE DES FEMMES DANS LES ÉCRITURES

Où sont les femmes dans les Écritures, qui sont-elles, peuvent-elles exister en tant que personnages principaux dans ces récits et le monde patriarcal dans lequel elles évoluent ? Quels sont dans ces textes leurs rapports aux hommes, à Dieu, à l’étude, à la loi, à la révélation et à la prophétie ? Peuvent-elles être des héroïnes, des juges, des reines ?… Quelles sont leurs places ?

Tour à tour, Asma Lamrabet7, Christine Pedotti8 et Yeshaya Dalsace9 ont évoqué les figures féminines dans les Écritures au regard des trois traditions, de leur propre foi, dans une démarche personnelle qui témoigne d’une posture féminine en forte évolution. Un sujet délicat abordé avec humour, émotion et une grande sincérité. Merci.

7. Asma Lamrabet, médecin, biologiste, essayiste. A coordonné un groupe de recherche sur les femmes et le dialogue interculturel ; présidé le groupe international d’études et de réflexion sur les femmes et l’islam à Barcelone, dirigé le Centre d’Études féminines en Islam au Maroc au sein de l’Institution religieuse des Oulama.

8. Christine Pedotti, écrivain, journaliste et éditrice. A publié récemment un ouvrage intitulé Jésus, l’homme qui préférait les femmes – 2018, Albin Michel. A coordonné l’ouvrage collectif Jésus - L’Encyclopédie – 2017, Albin Michel.

9. Yeshaya Dalsace est rabbin de la communauté juive Massorti. Il est le créateur et le rédacteur du site Massorti.com.

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Mardi 5 février 2019, l’Institution des Chartreux accueillait Monsieur Herman van Rompuy, ancien Premier ministre de Belgique et Président du Conseil européen de janvier 2010 à décembre 2014. Organisée avec le soutien du Fonds de dotation des Chartreux, cette rencontre avec plus de 500 élèves et étudiants (premières, terminales, ATS3, classes préparatoires) fut l’occasion d’une réflexion sur la construction et sur l’actualité de l’Union Européenne. Nous reproduisons ici le texte de l’intervention de M. van Rompuy, intervention suivie d’un moment riche de questions et réponses.

I. Pourquoi l’UE en vaut-elle encore la peine ?

a. La paix

Tout dans l’aventure européenne a commencé avec la paix. Depuis maintenant 74 ans, jamais vu dans l’histoire européenne.

Nous ne pouvons pas oublier. Pensez à la résurgence récente de l’antisémitisme. Comment l’expliquer après l’Holocauste ? L’histoire est-elle le professeur de la vie ?

Là où il n’y a pas d’UE, il peut y avoir une guerre. (Ukraine ; Balkans occidentaux). Sans l’UE, il y aurait eu de la violence ou une guerre pendant la crise des réfugiés.

L’UE est la réconciliation, la plus difficile mais aussi la plus belle des vertus.

b. Démocratie

La fondation et l’élargissement de l’Union ont toujours été liés à l’ancrage de la démocratie.

Il y a aussi des dangers récents ici :

- Le plus grand ennemi est le populisme, mais il vient de la peur de la perte de sa prospérité et de son identité. Il vient du manque de protection contre des menaces réelles ou considérées comme telles. La peur est l’ennemie des valeurs. La peur est toujours la peur de l’autre mais les gens ont toujours à voir avec l’autre. Au nom du peuple, la démocratie est alors refusée au peuple parce qu’il est supposé nécessaire de nous protéger contre les ennemis du peuple (propre).

- En Pologne et en Hongrie, la démocratie est déjà menacée. Des procédures ont été engagées au niveau européen contre ces pays, mais l’unanimité est requise pour imposer des sanctions.

CONFÉRENCE D’HERMAN VAN ROMPUY

Conférence de Monsieur Herman Van Rompuy en salle Hyvrier

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Heureusement, il y a une résistance interne. S’il y a un retournement de tendance en Pologne, la Hongrie est isolée.

- En Occident, le soutien à la démocratie en tant qu’idée diminue. Pourtant, nous le vivons toujours dans des sociétés très vivantes. Comparez avec la Russie et la Chine.

c. La prospérité pour tous

La croissance économique seule ne suffit plus. La question est de savoir comment cette croissance est répartie.

Le modèle européen est heureusement beaucoup plus équitable que le modèle américain, mais les gens ne se comparent pas à d’autres continents mais à leurs voisins.

L’UE a apporté prospérité et consacre des ressources à la solidarité entre régions et pays. Mais la redistribution interne relève avant tout de la responsabilité des États membres. Ils doivent corriger le fonctionnement de l’économie de marché (mondialisation et numérisation).

La croissance économique n’est plus le résultat du capitalisme sauvage. Observez les réglementations sur les conditions de travail, la sécurité alimentaire, l’environnement et la santé. Le libre-échange n’est plus libre.

L’UE est même accusée de trop réglementer ! Toutefois, toutes les décisions de l’UE ont été adoptées par les États membres.

Mais sans ces trois motifs, l’UE vaut aussi la peine parce qu’elle est fondée sur la coopération. Les décisions sont prises après dialogue. Dans un dialogue, il faut se respecter les uns les autres.

Bref, travailler ensemble suppose une image positive de l’homme et de la société. Chacun

d’entre nous en vaut la peine.

L’Europe est loin de ‘l’enfer, c’est les autres’ (Sartre).

II. La question est aussi : que serions-nous sans l’UE ? Quel est le coût du non-Europe ? Que manquerions-nous ?

Dans un monde qui se mondialise, on reviendrait à la petite échelle, au repli sur soi. Dans l’interdépendance, comment peut-on encore ‘contrôler’ son propre argent, ses propres frontières, son économie ? Brexit est un slogan qui chaque jour rencontre de plus en plus la réalité.

Les grands problèmes de notre époque exigent une approche internationale ou européenne. Pensez à l’immigration irrégulière , au terrorisme, à la concurrence avec les États-Unis et la Chine, à la menace russe, au climat. La paix est le plus vieil argument en faveur de l’Union. Si les problèmes sont internationaux, la gouvernance devrait en être autant. Sinon, le droit au plus fort domine.

Les citoyens se sentent « insuffisamment protégés », mais le niveau le moins à même de les protéger à long terme est le niveau national.

Telle est l’idée de l’ « Europe de la nécessité » : il ne faut pas aimer l’UE ! On a juste besoin d’elle.

Sans l’UE, nous n’aurions pas cet espace libre pour voyager, travailler, étudier, investir à faible coût. La zone euro, l’espace Schengen et le marché unique sont devenus une évidence pour la jeune génération. Tout le reste, c’est le retour au monde d’hier (Zweig) ou au monde d’avant-hier.

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Pourquoi l’Europe en vaut-elle encore la peine ? Telle fut la question à laquelle Herman Van Rompuy a répondu lors de sa conférence du 5 février.

L’article suivant est composé des éléments principaux que les élèves ont retenu de l’intervention et qui ont été interviewés à la suite de celle-ci.

“M. Van Rompuy a voulu aborder le fait que l’UE en valait toujours la peine” en s’appuyant sur “trois valeurs clés et fondatrices de la construction européenne que sont la paix, la démocratie et la prospérité” (Oriane BARBIER, 1èreES1).

Pourquoi pensez-vous que l’appartenance à l’UE empêche ou du moins diminue les risques d’un conflit armé ?

“L’Europe est une terre qui a connu beaucoup de conflits au cours du XXe siècle. Et c’est pour cela qu’une volonté d’unité s’est concrétisée en 1957, et depuis, une longue période de paix - de plus de 50 ans - est en train de perdurer. Pour moi, l’UE, c’est une force culturelle, c’est une force qui est capable de communiquer, de parler [...]. L’UE, c’est justement une union de pays qui permet une seule voix [...] de paix.” (Clémentine Meunier-Bréal, 1ère ES3)

“L’Union est fondée sur les valeurs de respect [...] de la démocratie” (Article 2 de la constitution européenne). Dans quelle mesure peut-on dire que l’Union Européenne s’inscrit dans un processus démocratique ?

“L’UE s’inscrit dans un processus démocratique dès sa création, puisque quatre sur six des pays fondateurs sont de tradition démocratique :

la France, les Pays-Bas, le Luxembourg, et la Belgique [...]. Deux pays dérogent à cette tradition : l’Italie et l’Allemagne. L’UE sauvegarde la démocratie notamment grâce au fonctionnement des institutions qui sont faites pour éviter la réinstallation d’un régime totalitaire. L’Italie et l’Allemagne ont donc eu la motivation d’adhérer à l’UE pour empêcher qu’une régime autoritaire dirige de nouveau leurs pays. Et ce fut la même chose pour les pays du bloc soviétique après la Guerre Froide. L’UE préserve ainsi la liberté et la démocratie.” (Agathe Chamoux, 1ère ES3)

En quoi peut-on dire que la prospérité est un élément indispensable à la paix et au maintien d’une situation politique stable au sein de l’UE ?

“Le maintien d’une situation stable se base sur une prospérité collective fondée sur l’interdépendance économique des pays, notamment commerciale. Plus qu’une croissance économique, l’UE cherche un impact social au travers de cette prospérité, contrairement à la frustration américaine. Enfin, le dialogue et la coopération sont à la base des valeurs humaines et européennes du XXIe siècle et permettent une situation stable.” (Margaux de Gestas, 1ère ES3)

Herman Van Rompuy termine sa conférence par cette citation : “Le pessimisme est une humeur, l’optimisme est une volonté” (Emile-Auguste Chartier, philosophe français). De quel optimisme parle-t-il et en quoi est-il crucial pour “l’Europe de demain” ?

“L’Europe traverse actuellement une période de doute, contestée et fragilisée de l’intérieur. À peine trois mois nous séparent des élections européennes et l’ancien président européen est en faveur d’une Europe plus soudée, encore plus unie. La paix entre les peuples et la prospérité économique ont besoin d’Europe et il revient aux générations actuelles et futures de la renforcer tout en la protégeant.” (Armèle Jamain, 1ère ES1)

Arthur LamyÉlève de 1ère E1

CONFÉRENCE D’HERMAN VAN ROMPUY : RETOURS D’ÉLÈVES

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Un public hétéroclite fait de khâgneux d’ici et d’ailleurs, de normaliens, de religieux en habit, et même de cadres ayant pris leur journée pour l’occasion ; à la tribune un éminent dominicain et le vice-recteur de l’UCLy accompagnés de professeurs de khâgne des Maristes et des Chartreux. Il fallait bien la figure d’Etienne Gilson pour rassembler en ce matin de novembre tout ce petit monde. Gratitude et transmission, tels étaient les maîtres mots de cette journée d’étude à l’occasion du quarantième anniversaire de la mort du grand historien et philosophe français.

De Bergson à Thomas d’AquinNé en 1884, Etienne Gilson réunit en sa personne les deux France d’alors. Formé aux humanités classiques par les bons Pères, il découvre la philosophie dans la nouvelle Sorbonne où règnent Durkheim, Lévy-Bruhl et Brunschvicg. Mais c’est au Collège de France, avec Bergson, qu’il comprend que, malgré Kant et Comte, la métaphysique n’est pas morte. Avant Sartre, Bergson affirme que l’existence réelle précède l’essence possible. Gilson s’en souviendra, nous dit Frédéric Crouslé dans sa conférence, quand il soulignera l’importance chez Thomas d’Aquin de l’acte d’être et de son irréductibilité par rapport à l’essence. De son côté, le père Thierry-Dominique Humbrecht nous dresse le portrait d’un Gilson léonin et incandescent, foncièrement réaliste, mais devenu thomiste sur le tard, explorant cette terra incognita qu’était encore à cette époque la philosophie médiévale. Gilson découvre chez Thomas, plus que chez tout autre depuis saint Augustin, comment la théologie produit de la philosophie, l’envahit pour la porter plus loin qu’elle-même. Mais Gilson n’entend pas être un thomiste de plus. Il mesure combien cette position de théologien officiel a desservi la pensée authentique de saint Thomas et, en historien, il entreprend d’en restituer la vérité historique, en distinguant ce qui est de Thomas et ce qui lui a été ajouté.

La philosophie et son histoireSa pratique de l’histoire de la philosophie n’a pourtant rien d’historiciste. L’un des grands services qu’elle peut nous rendre, écrit-il en 1937 dans L’unité de l’expérience philosophique, « c’est précisément qu’elle nous fournit une démonstration expérimentale ». L’histoire de la philosophie est au philosophe ce que le laboratoire est au scientifique, elle montre comment les philosophes ne pensent pas comme ils le veulent mais comme

COLLOQUE ÉTIENNE GILSON

Une figure majeure de la philosophie chrétienne

Michel ColinProfesseur de philosophie

… / …

Père Thierry-Dominique Humbrecht

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ils le peuvent, car les relations mutuelles entre les idées philosophiques sont aussi indépendantes de nous que le sont les lois physiques. L’histoire de la philosophie nous montre ainsi comment la métaphysique se fourvoie en prenant pour modèle de sa connaissance du réel une science particulière, que ce soit la logique, les mathématiques, la physique ou la sociologie. Pourtant ces échecs répétés n’étaient pas ceux de la métaphysique mais des tentatives philosophiques qui en manquaient l’objet véritable, l’être en tant qu’être. Que l’histoire de la philosophie puisse servir de propédeutique à la métaphysique, Gilson en fait la démonstration dans L’être et l’essence, publié en 1948 en pleine vogue existentialiste. « Tout se passe comme si l’histoire de la métaphysique était celle d’une science qui se trompe continuellement d’objet », affirme-t-il, parce que l’intelligence humaine, qui aime à appréhender conceptuellement le réel, tend à manquer l’irréductibilité de l’existence par rapport à l’essence. Ainsi les philosophies essentialistes escamotent l’existence en la pensant comme « une sorte d’appendice ou de concomitant de l’essence », entraînant la réaction existentialiste, c’est-à-dire « l’affirmation passionnée du sujet existant ». Réaction saine en elle-même mais qui peut aboutir à penser l’existence, coupée de l’essence qu’elle actualise, comme absurde.

Étienne Gilson et la philosophie chrétienneY-a-t-il une philosophie chrétienne ? Cette question suscita une grande querelle intellectuelle dans les années 30. Pour Emile Bréhier, historien de la philosophie antique et rationaliste de stricte observance, il n’y a pas plus de philosophie chrétienne que de mathématiques ou de physiques chrétiennes. De même que la philosophie grecque commença par se détacher de la religion grecque, l’acte de naissance de la philosophie moderne

consista en une déclaration d’indépendance à l’égard de la foi. Comme nous l’explique Emmanuel Gabellieri, Gilson répondit à Bréhier sur le terrain de l’histoire. Il fit valoir qu’on ne comprend rien aux principales thèses de Descartes sur la toute puissance de Dieu, la création des vérités éternelles ou la liberté comme image de Dieu en l’homme, si on ne les rapporte à la théologie médiévale. « Si quelque chose de la Bible et de l’Évangile, écrit Gilson en 1932 dans L’esprit de la philosophie médiévale, a passé dans la métaphysique ; d’un mot, si l’on ne peut concevoir que les systèmes de Descartes, de Malebranche ou de Leibniz eussent pu se constituer tels qu’ils sont si l’influence de la religion chrétienne ne s’était exercée sur eux, il devient infiniment probable que la notion de philosophie chrétienne a un sens, parce que l’influence du Christianisme sur la philosophie est une réalité ». Et cette influence consiste, à rebours du préjugé rationaliste, en ce que la foi est génératrice de raison. Ainsi un seul verset de l’Exode conduit le croyant à des profondeurs de sagesse méconnues des Grecs. Quand Dieu dit « Ego sum qui sum », le croyant connaît le nom de Dieu et, s’il est philosophe, il comprend que le mot être désigne l’essence de Dieu, que Dieu est le seul en qui l’essence et l’existence sont identiques et qu’« au lieu d’être suspendu à la nécessité d’une pensée qui se pense, l’univers est suspendu à la liberté d’une volonté qui le veut ».

Ces lignes profondes, nourries d’érudition, ne sont chez Gilson que l’approfondissement intellectuel d’une gratitude qu’il éprouvait déjà enfant devant les plus modestes choses de l’univers qui sont là et font « comme dans une humble victoire sur le néant, le miracle d’exister ». Par cette journée d’étude à l’école de Gilson, il nous a ainsi été donné de comprendre comment la philosophie, de fille de l’étonnement, peut devenir maîtresse de gratitude.

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La Maîtrise des Chartreux voit le jour en novembre 2013 suite à ma nomination par le Supérieur comme chef de chœur, mais c’est le 16 mai 2014, dans le cadre des 150 ans de la Chapelle, que la Maîtrise, alors composée d’une vingtaine de garçons, donne son premier concert en interprétant quelques chants devant un public à la fois curieux et très heureux de cette renaissance d’un chœur au sein de l’Institution.

Cinq ans après, ce chœur de garçons est constitué de 40 chanteurs. Il est devenu un chœur à voix mixtes grâce aux jeunes voix d’hommes – ces jeunes garçons présents depuis le début et qui sont aujourd’hui en classe de troisième ou seconde - qui enchante un public toujours plus nombreux aussi bien à Lyon dans le cadre de la Saison musicale des Chartreux, qu’en dehors de l’Institution. Ces « Ambassadeurs de l’Institution des Chartreux » ont voyagé à travers la France, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, la Caroline du Sud, la Caroline du

Nord et la Floride. Ils ont eu l’occasion de chanter devant le Pape François en décembre 2015 lors du congrès international des Pueri Cantores dont la Maîtrise est membre.

Le répertoire de la Maîtrise, en dehors de la musique liturgique, va du chant grégorien jusqu’à la musique contemporaine. La Maîtrise a donné en concert de grandes œuvres comme le « Gloria » d’Antonio Vivaldi, le « Requiem » de Gabriel Fauré et également celui de Wolfgang Amadeus Mozart, le « Stabat Mater » de Pergolesi et, pour fêter dignement les cinq ans depuis la première apparition en public :

5 ANS DE CONCERTS PUBLICS !

Robert HillebrandChef de chœur de la Maîtrise des Chartreux

la Maîtrise des Chartreux interprétera la « Messe de couronnement »

KV 317 de Mozart et le « Magnificat en Ré majeur » de Johann Sebastian Bach.

Les concerts auront lieu les vendredi 28 juin et samedi 29 juin 2019

à la Grande Chapelle de l’Institution.

Le dimanche 30 juin, la fête se prolongera par une journée

de rassemblement des Petits Chanteurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes

avec, en point d’orgue, un concert avec les 300 petits chanteurs.

Depuis l’été 2017, la Maîtrise est jumelée avec le « Münchener Knabenchor » (chœur de garçons de Munich), un jumelage avec les Petits Chanteurs du Mont-Royal (Montréal, Canada) et le Petits Chanteurs de Vienne (Autriche) est en élaboration.

Ad multos annos !

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Lorsque nous avons eu la chance de rencontrer Henriette Ponchon de Saint André, presque par hasard, nous avons immédiatement imaginé la valeur que pourrait avoir la rencontre entre les élèves et étudiants de l’Institution et cette femme hors du commun, avec son parcours de vie, sa maîtrise des techniques photographiques, son talent artistique et cet œil vif qui semble déjà être en train de cadrer son sujet dans l’objectif…

Et quand Vincent Couturier, le préfet d’internat des classes préparatoires, passionné lui-même par l’image, est venu nous trouver en exprimant sa volonté de mettre un place un concours de photographie autour du thème de culture générale des secondes années de classes préparatoires, « la mémoire », l’évidence nous saisit qu’il fallait appuyer sur le déclencheur !

Tout prit ensuite forme assez vite. Henriette Ponchon de Saint André, en voisine qui habite la Maison Brunet1 vint à l’Institution et accepta très vite de présider le jury du concours de photographies. En femme de goût, elle choisit la bibliothèque des Missionnaires comme écrin à son exposition.

1. Cet immeuble baptisé « maison aux 365 fenêtres » par les Lyonnais et qui entretient avec l’Institution des Chartreux un lien historique indéfectible ; en effet, lors de la révolte de 1834, les ouvriers Canuts s’étaient réfugiés dans la Maison Brunet et la troupe rassemblée sur l’esplanade des Chartreux, allait réprimer cette révolte à coups de canons. Les Canuts ne durent ce jour-là leur salut qu’à l’intervention du curé de Saint-Bruno, membre de la communauté des prêtres des Chartreux.

Le jeudi 28 mars, le Supérieur de l’Institution accueillit donc Madame Ponchon de Saint André lors du vernissage officiel de l’exposition « 50 ans de photographie ». Cette soirée fut également l’occasion pour le jury présidé par Henriette Ponchon de Saint André et composé de Messieurs Couturier et Camus ainsi que des trois élèves déléguées « Vie culturelle » des classes préparatoires, Célia Le Noé, Flore Sigorel et Rose Hartwig-Peillon, de remettre les prix aux gagnants du concours, dont vous retrouvez les photographies en illustration de cet article. Toutes nos félicitations à Eve Maudoux (Grand Prix), Damien Nguyen (Prix Spécial) et Charlotte Desachy (Prix du Public).

UNE FEMME, UNE EXPOSITION, UN CONCOURS PHOTOGRAPHIQUE

David CamusDirecteur du Fonds de dotation des Chartreux

Jeune fille dans la lumière © Henriette Ponchon de Saint André

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Née à Saint-Didier-au-Mont-d’Or le 24 décembre 1929, Henriette Ponchon de Saint André fut Conseiller Technique et Pédagogique « photographie, image et son » dans le secteur de l’éducation populaire, 25 années d’enseignement qui ont été pour elle l’occasion de rencontrer un public varié : « des jeunes, des moins jeunes, des chômeurs, des responsables, des juges, des prêtres, des grands délinquants ». Henriette Ponchon de Saint André prolongea cette expérience par une série de voyages – Roumanie, Portugal, Turquie… – qui la mèneront, toujours plus loin et toujours seule (Henriette pense qu’« on ne peut bien photographier que seul ») sur les rives du Gange ou au sommet des pyramides aztèques…

Prix Ilford en 1977 pour ses images noir & blanc aux Iles Hébrides (Écosse), Henriette Ponchon de Saint André commença de montrer régulièrement ses photographies en enchaînant les expositions : Hôtel de Ville de Lyon (1984), Ambassade de l’Inde à Paris (1990), Maison de l’Image à Mexico (1997), etc.

En 1992 elle intègre les Collections du département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque Nationale de France.

Aujourd’hui, Henriette Ponchon de Saint André continue de voyager – elle s’est rendue récemment au Burkina Faso pour faire des images – réalise des tirages de négatifs qui attendent patiemment dans les coffres de son laboratoire et organise des stages pour transmettre son savoir et sa passion.

GRAND PRIX, Eve Maudoux (classe prépa Sciences Po) - Mémorial de Shoah

Henriette Ponchon de Saint André entourée du jury et des heureux lauréats

PRIX SPÉCIAL, Damien Nguyen (classe prépa Sciences Po) - Mémoire épisodique

PRIX du PUBLIC, Charlotte Desachy (classe prépa BL) - Le Cachet de l’ange

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DES ANNIVERSAIRES ET UN CONCERT

Alain Di FolcoConservateur de l’orgue de la chapelle des Chartreux

L’illustre organiste titulaire de Notre Dame de Paris, Olivier Latry, donnera un récital à la Chapelle des Chartreux samedi 28 septembre prochain à 17 h.

La venue de cet interprète mondialement connu est motivée par l’occasion de fêter plusieurs anniversaires.

• L’orgue de la Chapelle a été réalisé en 1864 par les Ets Merklin et Schütze à la demande du Supérieur, l’abbé Hyvrier. Son inauguration eut lieu en mai de cette année-là avec trois concerts auxquels a participé un jeune organiste lyonnais de 20 ans, Charles-Marie Widor, futur compositeur, professeur au Conservatoire de Paris, Secrétaire perpétuel de l’Institut de France et organiste titulaire de l’Eglise Saint Sulpice durant 63 ans… à titre provisoire !

Après plus de 80 ans de service, notre orgue a été remanié par le facteur lyonnais Edouard Ruche, mais malheureusement doté de transmissions peu fiables. En 1992, un incendie criminel mettait un point final à cette réalisation et une reconstruction à neuf fut entreprise par le facteur Georges Valentin. Les travaux ont été terminés en 1994, il y a donc 25 ans. L’orgue est passé de 18 jeux sur 2 claviers à 36 jeux sur 3 claviers. 2019 est donc un anniversaire à fêter.

Un événement à ne pas manquer en septembre 2019

aux Chartreux25 ans de la très brillante

restauration du grand orgue,20 ans à la tribune de Carine Clément,

notre organiste titulaire.

Je souhaite que la présence d’un grand nombre de parents, d’élèves et d’enseignants manifeste l’attachement à notre communauté

éducative au grand orgue de la chapelle qui aura l’honneur de recevoir à sa tribune :

Olivier Latry,organiste titulaire

de Notre-Dame de Paris

Ce sera également une belle occasion de remercier Carine Clément pour tant

de musique donnée.

P. Jean-Bernard Plessy

L’orgue de la chapelle des Chartreux

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• Avec les encouragements du P. Blanchon, supérieur général, et du P. Babolat, supérieur de l’Institution, prit naissance l’Association des Amis de l’Orgue des Chartreux, cette même année 1994. L’association finança l’entretien annuel de l’orgue depuis lors. 2019 est donc un 2e anniversaire à fêter. En 2005, des travaux importants de nettoyage, de rectification de plusieurs malfaçons et de ré-harmonisation complète ont été confiés à une des plus prestigieuses manufactures allemandes, W. Sauer Orgelbau, qui, depuis, assure l’entretien régulier de l’orgue. En 2017, elle effectua une vérification générale, contrôle de l’accord … et cirage du buffet.

• En 1999, se posa la question d’engager un organiste titulaire, les PP. Blanchon et Achard ne pouvant plus assurer le service. Le choix de l’Institution s’est porté sur Carine Clément, 27 ans, possédant la totalité des diplômes français possibles : 4 Premiers prix du Conservatoire de Région, le Premier Prix du Conservatoire supérieur et le Certificat d’aptitude à l’enseignement de l’orgue.

Voici donc 20 ans que Carine Clément est présente à ses claviers. Elle accompagne toutes les messes, les Premières communions et Professions de foi, ainsi que des mariages. Depuis peu, elle assure également l’accompagnement de la Maîtrise, tant pour ses prestations aux Chartreux que pour des concerts à l’extérieur.

20 ans de présence assidue et souriante se fêtent également.

Nul doute que parents, professeurs, élèves et mélomanes lyonnais auront à cœur de se retrouver dans notre Chapelle pour célébrer ces anniversaires en écoutant Olivier Latry.

Retenez bien la date : samedi 28 septembre à 17 h.

Vente des Billets Tarif unique : 20 €

Par correspondance à :Alain Di Folco

8 rue du Signal 69510 MESSIMY

ou en ligne sur : www.leschartreux.net ; rubrique « Actualités »

Olivier Latry, organiste titulaire de Notre-Dame de Paris

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Madame Tallaron, chargée de la communication à l’Institution, me demande un article pour la rubrique « Anciens ». Soit ! Mais qu’est-ce qu’un ancien ? Telle est la question… Je précise : un ancien élève de l’Institution, id est (j’élargis) un ancien élève d’un collège catholique, comme s’il en existait un modèle bien défini déposé à côté du mètre-étalon, au pavillon de Breteuil, à Sèvres. Vous excuserez mon ironie…

Et pourtant, dernièrement, entendu à la télévision, une journaliste faisant remarquer que le pape était un jésuite, réaction immédiate d’un autre journaliste revendiquant sa qualité d’ancien élève des jésuites et les défendant comme éducateurs et intellectuels !

Mais nous sommes face à un paradoxe : vous êtes fraîchement bachelier, même pas majeur, vous franchissez (peut-être pour la dernière fois) la grille du 58, rue Pierre-Dupont, et vous êtes automatiquement, ipso facto, un Ancien. Et pour la vie ! Qu’avez-vous fait ? Peut-être tout simplement avez-vous suivi une année de classe terminale à l’Institution ! Et vous obtenez cet état, cette qualité, cette grâce, comme un titre de courtoisie : « Ancien élève de l’Institution de Chartreux ». D’autres ont plus de mérite : du jardin d’enfants aux classes préparatoires. À vous de juger de l’authenticité de cette ancienneté…

Aussi, le président de l’Association des anciens élèves devrait-il créer une commission pour

« ANCIEN. ET POUR LA VIE ! »

Alain Gérente Professeur de lettres émérite

L’AGORA DES CHARTREUX

examiner les titres des candidats à la qualité d’Ancien. Mais à quoi servent-ils ces Anciens ? Forment-ils un lobby, une sorte de franc-maçonnerie, s’entraident-ils ? Pensent-ils parfois aux jeunes élèves de l’Institution ? Sont-ils solidaires de l’avenir de leur ancien collège ? Être Ancien, est-ce rejoindre un entre soi confiné et suffisant ou aider (par des bourses…) les jeunes élèves d’aujourd’hui à réaliser leurs projets ?

Quelques chiffres pour terminer sérieusement cet articulat : actuellement 4 436 anciens reçoivent cette revue. Mais selon un recensement pointu et méticuleux effectué par le « bureau des statistiques », il y aurait 20 337 anciens de par le monde… dont Monsieur Bernard Yvert (promo bac 1945) que je salue très respectueusement : c’est le seul véritable et authentique ancien, « l’archi-ancien ».

Dernière nouvelle : à mon grand étonnement, l’Association des anciens élèves ne réclame pas de cotisation, profitez-en ! Suggestion : exigez des anciens une cotisation qui renforcera le mécénat d’étude qui accompagne des élèves méritants.

Le Père Bonnetain et sa classe en 1930

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David CamusDirecteur du Fonds de dotation des Chartreux

LE RÉSEAU CHARTREUX ALUMNI

Avis de recherche !

Près de 4 500 membres sont déjà recensés sur la plateforme internet du réseau Chartreux alumni. 4 500 membres qui vont s’investir dans la vie de cette communauté de valeurs. Chacun ayant le souci de rendre à l’Institution des Chartreux un peu de ce qu’il y a reçu, dans un esprit d’entraide professionnelle et d’émulation culturelle et spirituelle.

Bien entendu, les jeunes promotions sont pour le moment surreprésentées au sein de notre réseau, ce dont nous nous réjouissons, mais manquent encore à l’appel de nombreux « vieux » anciens (bien relativement, nous parlons ici des promotions allant des périodes les plus lointaines jusqu’au début des années 2000), dont on peut estimer qu’ils sont plus de 20 000 en activité aujourd’hui.

Sans compter les « vrais » anciens, dont un certain nombre sont membres de l’Association des Anciens fondée en 1929 et précurseur, jadis extrêmement actif, de notre réseau des Chartreux.

Afin que ce réseau puisse encore davantage agir au service des valeurs portées par l’Institution, au service de l’entraide professionnelle et au service des actions portées par la Fonds de dotation (Patrimoine, Culture, Solidarité), aidez-nous à mobiliser les anciens.

Rappelons ici que l’adhésion à la plateforme www.chartreuxalumni.net est gratuite et qu’elle permet d’être tenu informé de la vie du réseau et de l’Institution. Chacun s’implique comme il l’entend dans cette vie de réseau, en s’informant, en s’impliquant dans les événements proposés, en mettant à la disposition du réseau les opportunités professionnelles qu’il connaît, en contribuant financièrement au Fonds de dotation. Il s’agit d’un espace de liberté autour de valeurs et de fidélité à une Institution.

Nous encourageons également les élèves de terminale et du post bac qui quittent l’Institution à la fin de cette année scolaire à activer leur compte, s’ils ne l’ont pas déjà fait, ce réseau est le leur !

Anciens élèves, activez votre compte

et aidez-nous à retrouver d’autres anciens Chartreux en leur faisant

suivre le lien vers le réseau : www.chartreuxalumni.net

Le bâtiment principal en 1931 Le même en 2011

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Depuis l’été dernier qui a vu la reprise de l’école Saint-Joseph à Champagne-au-Mont-d’Or par notre groupe scolaire, plusieurs entreprises coordonnées par notre architecte Monsieur Thierry Binachon, ont participé à la complète rénovation de la cour de récréation.

Vendredi 29 mars, le Père Plessy et Monsieur de Bailliencourt, Directeur diocésain de l’Enseignement catholique, ont rappelé le contexte de la reprise de l’école. Madame Virginie Ryon, conseillère municipale déléguée à Champagne-au-Mont d’Or, s’est réjouie de cette belle réalisation. Tous, avec

LA COUR RÉNOVÉE DE L’ÉCOLE LES CHARTREUX SAINT-JOSEPH

Frédérique GaucherDirectrice de l’école Les Chartreux Saint-Joseph

les membres du Conseil de direction du groupe, les prêtres de la paroisse, enseignants, membres du Club Olympique de Chartreux, représentants des parents d’élèves, personnel de l’école, ont pu se rendre compte des changements importants de ce lieu de vie pour les écoliers.

Dans un second temps, le vendredi 5 avril a vu le Père Plessy qui coupait le ruban rouge devant les élèves et leurs parents, instant préparé pour marquer concrètement cette inauguration.

Adaptée aux plus jeunes avec son espace coloré pour les classes maternelles, idéale pour les jeux de ballons et le sport dans sa zone goudronnée pour les élèves du primaire, et offrant de nombreuses possibilités d’apprentissages innovants avec son petit jardin, la cour est à présent un cadre agréable pour tous et dont les enfants se réjouissent pleinement.

Avec à l’appui du groupe, c’est aussi un nouvel élan pour l’école et le signe fort de confiance en son avenir, donnée à toute la communauté.

EN BREF

Le Supérieur coupant le ruban rouge pour l’inauguration de la cour de l’école

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LE CONCOURS GÉNÉRAL DE THÉOLOGIE 2019

Comme chaque année, Michel Collin, professeur de philosophie en BL, a proposé aux étudiants de classe préparatoire de participer au Concours général de théologie organisé par le collège des Bernardins. Le thème de cette année était « Un Dieu qui appelle ».

Les étudiants ont suivi une dizaine d’heures de cours donnés par divers intervenants entre octobre et janvier et ont passé l’épreuve écrite le samedi 2 février au matin.

Séverine Cambier Directrice des CPGE

Trois d’entre eux, Hélène Gauchon (HkBL), Théodore

Lazarus (HkBL) et Noé Leduc (HkBL) ont obtenu une note supérieure à 15.

Un grand bravo à eux et à tous les participants.

LE CONCOURS D’ÉCRITURE DE NOUVELLES 2019

Martin Fontaine Professeur de sciences physiques

Depuis 13 ans, plusieurs professeurs des Chartreux (et pas uniquement des professeurs de français) organisent un concours d’écriture de nouvelles, avec deux catégories : celle des CM2/6èmes et celle des 5èmes/4èmes/3èmes.

Cette année, les élèves devaient décrire un concours de magie ayant lieu aux Chartreux ! Bien entendu le Père Plessy est devenu de nombreuses fois Albus Dumbledore (personnage fictif créé par la romancière britannique J. K. Rowling) !

Record de participants cette année avec 59 écrivains dont 3 élèves de l’école Les Chartreux Saint-Joseph. Nous sommes heureux de féliciter les vainqueurs de ce concours :

CM2/6ème :Grand prix : Justine Bourriquen (CM2 A)Prix spécial : Léonie Polge (CM2 B)

5ème/4ème /3ème :Grand prix : Titouan Pontiggia (3ème C)Prix spécial : Martin Berrucaz (3ème E)Prix spécial : Adélie Mongrand (5ème D)Prix spécial : Eugénie Philippe (2nde 6)

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À l’occasion des 1/2 finales des championnats de France des Jeux Mathématiques 2019, 11 élèves ont répondu présent le samedi 16 mars après-midi, dans les locaux de l’Ecole Normale Supérieur de Lyon, à Gerland.

Jusqu’à 16 problèmes de mathématiques étaient à résoudre. Par exemple, dans la question 6, il fallait déterminer le chiffre « a » de tel sorte que 6 x aaa + 7 x a = 2019.

Un peu plus dur, la question 14 traitait des nombres et de leur retourné (par exemple, le retourné de 123 est 321) : il fallait trouver tous les nombres à 3 chiffres de telle sorte que le carré de son retourné soit égal au retourné de son carré.

Parmi les élèves de 6ème (qui se sont entraînés dans le cadre d’un club d’énigmes aux Chartreux

DES ÉLÈVES DES CHARTREUX À L’ENS

Martin Fontaine Professeur de sciences physiques

Réponses :

Question 6 : a = 3

Question 14 : 10 solu-tions (102, 103, 112,

113, 122, 201, 211, 221, 301, 311)

Saint-Charles), Henri Everhart (6ème A SC) termine à une belle 4ème place sur 19 participants. À noter que la seule fille présente, Louise Evrat (6ème A SC), se classe 6ème ! Chez les lycéens, Grégoire Dhimoila (1ère S3) arrive en 6ème position (9 bonnes réponses) sur 15 participants, tandis qu’Enguerrand Chastenet de Castaing (2nde 1) est 7ème. Côté professeurs, Martin Fontaine (physique-chimie et informatique) frôle la finale avec une belle 4ème place (13 bonnes réponses alors qu’il en fallait une de plus pour se qualifier), tandis que Bruno Allezina (histoire-géographie) est 15ème. Tous les participants ont gagné des cadeaux, notamment des livres avec des défis mathématiques.

Un professeur de mathématiques osera-t-il défier la physique-chimie et l’histoire-géographie en 2020 ?

Les participants au Championnat de France des Jeux Mathématiques

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Les chiffres l’attestent, le DCG/DSCG Chartreux est la meilleure formation régionale à l’Expertise Comptable. Durant les cinq années de formation, les lycéens sont devenus des étudiants, ils sont parfaitement armés pour obtenir leur Doctorat.

Nous notons une transformation plus lente pour les étudiants entrés en DSCG en 2017, l’épreuve reine de « comptabilité - audit » ayant été difficile. Nous les soutenons afin qu’ils puissent mieux s’adapter à l’intensité du Master.

Pour la Prépa ATS3 – Licence MSH, après trois années d’existence, les résultats sont remarquables avec 93%. Les poursuites d’études ou les intégrations dans les grandes écoles supérieures de commerce sont intéressantes et méritées.

Félicitations aux lauréats. Merci aux professeurs, éducateurs pour le travail accompli. Merci aux familles pour la confiance accordée. Merci à nos partenaires, l’IAE de Lyon et l’UCLY. Faire le choix des formations diplômantes de l’Institution des Chartreux après le baccalauréat et faire confiance à l’Institution, c’est choisir un parcours alternatif d’excellence.

RÉSULTATS DSCG DÉCEMBRE 2018UCLY / Institution des Chartreux

RÉSULTATS ATS3 LICENCE MSH OCTOBRE 2018IAE de Lyon / Institution des Chartreux

Mickaël ChavandDirecteur des formations diplômantesDCG / DSCG - BTS - Prépa ATS - Licence MSH - Diplôme d’Ingénieur Informatique et Cyber-sécurité

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PRÉPA ATS3 - LICENCE MSHSESSION 2018

Nom et prénom Licence MSH Intégration post Licence

ALLOIN Elise Admise IAE Master Contrôle de gestion

BADIANE Adja Admise IAE Master finances

BENSAFI Sara Admise IAE Master finances

BOLDI Marine Admise Toulouse Business school PGE

BORY Karl Ajourné IAE MSH L3

BUSSIERE Victoire Admise EM Lyon PGE

CARRETERO Clémence Admise IAE Master gestion de patrimoine

CLEMARON Jennifer Admise IAE Master gestion de patrimoine

DEVULDER Coralie Admise IAE Master entrepreunariat

DIALLO Paolo Admis Néoma PGE

DOCHE Mallaury Admise Vie active

FERRAGE Paul Admis Audencia PGE

FONDER Océane Admise EM Lyon PGE

GRATALOUP Antoine Admis EM Lyon PGE

JACQUIN Sixtine Admise IAE Master marketing

KONTIS Bastien Admis IAE Master finances

LE COUR GRANDMAISON Paul Admis Skéma PGE

LE FLOCH Dorian Admis IAE Master RH

LEON Maxence Admis IAE Master finances

MAGNE Elvina Admise Néoma PGE

MANIN Shana Admise IAE Master finances

MESTRALLET Alexis Admis Audencia PGE

MONIN VEYRET Simon Admis Edhec PGE

MORIZE Arthur Admis Skéma PGE

MULLER Cécile Admise IAE Master marketing

NIVON Margot Admise IAE Master entrepreunariat

NORMAND Sébastien Admis IAE Master finances

NORY Hadrien Admis EM Lyon PGE

PEUCELLE Alix Ajourné Semestre 5 redoublé et réussit

VANBAELINGHEM Aurélie Admise IAE Master finances

VERNEAU Maud Admise Toulouse Business school PGE

ÉTUDIANTS ADMIS 29 sur 31

TAUX DE RÉUSSITE 93%Pour mémoire : en 2017 : 20 sur 22 soit 91%en 2016 : 13 sur 13 soit 100%

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DSCG - ÉTUDIANTS ENTRÉS EN FORMATION EN 2017

UNITÉS D’ENSEIGNEMENT

DISCIPLINE

UCLY/CHARTREUXDont étudiants DCG L3 Chartreux 2016/2017

ÉTUDIANTSADMIS % ÉTUDIANTS

ADMIS %

1Gestion juridique, fiscale et sociale

19/26 73% 14/18 78%

4 Comptabilité et Audit 6/26 23% 5/18 28%

6Épreuve orale d’économiepartiellement en anglais

17/25 68% 13/17 76%

8 Épreuve facultative Aucun étudiant a souhaité préparer cette UE

DSCG - ÉTUDIANTS ENTRÉS EN FORMATION EN 2016

UNITÉS D’ENSEIGNEMENT

DISCIPLINE

UCLY/CHARTREUXDont étudiants DCG L3 Chartreux 2015/2016

ÉTUDIANTSADMIS % ÉTUDIANTS

ADMIS %

1Gestion juridique, fiscale et sociale

11/24 46% 7/13 54%

4 Comptabilité et Audit 11/24 46% 8/13 62%

6Épreuve orale d’économie partiellement en Anglais

15/24 63% 11/13 77%

8 Épreuve facultative 3/3 100% 3/3 100%

2 Finance 10/19 53% 9/14 64%

3Contrôle de gestion

et Management13/19 68% 12/14 86%

5 Systèmes d’information 15/19 79% 14/14 100%

7 Relations professionnelles 13/19 68% 11/14 79%

Taux de réussite 2018 : 15/19 soit 79%Taux de réussite 2018 des DCG Chartreux 2016 : 12/14 soit 86%

Pour mémoire :Taux de réussite 2017 : 25/28 soit 89% - Taux de réussite 2017 des DCG Chartreux 2015 : 18/20 soit 90%Taux de réussite 2016 : 25/35 soit 71% - Taux de réussite 2016 des DCG Chartreux 2014 : 19/23 soit 83%

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EN

BR

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CARNET

MARIAGESSe sont unis ou s’uniront par le mariage :

• Lucie Vieillard (promo Bac 2006) et Benjamin Baltesar, le 26 août 2017

• Marie Emilie Folléas (promo Bac 2004) et Julien Pobeau, le 6 avril 2019

• Blandine Ménager (promo Bac 2013) et Philémon Pascal, le 4 mai 2019

• Marie-Amélie Dubos (promo Bac 2004) et Jacques-Damien Arnaud, le 11 mai 2019

• Mathilde Parois, fille de Damien Parois, préfet et directeur de la Maison Les Chartreux Saint-Irénée, et Léonard Allemandou-Berger, le 25 mai 2019

• Sophie de la Tour d’Artaise (promo Bac 2008) et Quentin Rollandin, le 22 juin 2019

• Aurélie Ballandras (promo Bac 2011), fille de Murielle Ballandras, enseignante à l’école Les Chartreux Croix-Rousse, et Florian Le Guen, le 31 juillet 2019

• Matys, 2ème enfant de Brice et Marie-Emeline Orliange, née Hugot (promo Bac 2000), le 21 novembre 2018

• Jean-Baptiste, 2ème enfant de Laurent et Alix Deveaux, née Rudigoz (promo Bac 2004), le 29 novembre 2018

• Noémie, 2ème enfant de Stéphanie Accary, professeur des écoles aux Chartreux Sainte-Blandine, le 15 décembre 2018

• Astrid, petite sœur de Jan (†), Clotilde (Terminale L), Camille, Armance (Première S), Théobald, Ludovic et Christian Laarman, le 23 janvier 2019

• Jacques, 4ème enfant de Pierre et Anne Jaubert, née d’Ussel (promo Bac 2003), le 29 janvier 2019

• Blandine, 4ème enfant d’Edouard et Aurélie Barennes, née Bosio (promo Bac 2000), le 1er février 2019

• Gaspard, 3ème enfant de Clémence et Geoffroy d’Estreux de Beaugrenier (promo Bac 1999), le 1er février 2019

• Malo, au foyer de Flore et Augustin Rudigoz (promo Bac 2007), le 7 février 2019

• Oscar, au foyer d’Alice Gèze, professeur des écoles à l’école Les Chartreux Saint-Romain, le 20 février 2019

• Léo, au foyer d’Anne-Sophie Geoffroy, directrice des classes de 4ème/3ème au collège Les Chartreux Sainte-Famille, le 8 mars 2019

• Gabrielle, au foyer de Madame Charlotte Marnotte, professeur d’anglais, le 21 mars 2019

• Adèle, 4ème enfant de Raphaël Vinsu, professeur de mathématiques, le 3 avril 2019

NAISSANCESNous avons la joie de vous annoncer la venue au monde de :

• Arthur, 3ème enfant de Rémi et Aurélie Tricaud, née de la Salle (promo Bac 1999), le 5 juillet 2018

• Timothée, 4ème enfant d’Alexandre et Domitille Corte, ancienne professeur de mathématiques, le 15 octobre 2018

• Félicie, 5ème enfant de Clémentine Pontvianne-Desfemmes (promo Bac 1996), le 31 octobre 2018

• Arthur, au foyer de Marina Michel, professeur d’espagnol, le 10 novembre 2018

• Gaspard, 3ème enfant d’Anthony et Françoise Rosain, née Gergelé (promo Bac 2000), le 12 novembre 2018

• Adriel, au foyer de Bertrand et Marie-Astrid Grenier, née de Boissieu (promo Bac 2006), le 15 novembre 2018

• Calixte, 3ème enfant d’Alexandre et Nathalie van Robais, née Rival (promo Bac 2002), le 16 novembre 2019

• Honoré, au foyer d’Alexia et Jean-Christophe Tisserand, professeur de sciences physiques en prépa CPE Lyon, le 17 novembre 2018

• Basile, au foyer de Benjamin et Julia Denizeau, née Bernard (promo Bac 2005), le 17 novembre 2018

DÉCÈSNous ont quittés :

• Pierre Faye (promo Bac 1951), le 10 novembre 2018

• Le père de Jacqueline Massot-Pellet, ancienne professeur d’espagnol, le 2 décembre 2018

• Jean Meilhaud (promo Bac 1960), le 5 décembre 2018

• André Louat, professeur d’histoire et géographie en classe préparatoire de 1980 à 2001, parti à la retraite en 2001 et membre actif de l’APCR, le 11 décembre 218

• La mère de Guillaume Lepissier Simon, élève de 2nde 4, le 5 janvier 2019

• François Casanova, ancien gendarme, premier agent de sécurité à l’Institution des Chartreux

• Charles André (promo Bac 1947), président émérite de l’Amicale des anciens élèves des Chartreux

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58 Rue Pierre Dupont69283 LYON Cedex 01Tél. : 04 72 00 75 50Fax : 04 72 07 02 [email protected]

Pour plus d’informations, consultez notre site internet :www.leschartreux.net

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