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Joseph Staline « Staline » redirige ici. Pour les autres significations, voir Staline (homonymie). Joseph (Iossif) Vissarionovitch Djougachvili (en russe : Иосиф Виссарионович Джугашвили prononciation ; en géorgien : იოსებ ბესარიონის ძე ჯუღაშვილი, Iosseb Bessarionis dze Djoughachvili), connu sous le nom de Jo- seph Staline (Иосиф Сталин), également surnommé par sa propre propagande le Vojd (“Guide”) ou Le Génial père des peuples, né à Gori le 18 décembre 1878 — of- ficiellement le 21 décembre 1879 [1] — et mort à Moscou le 5 mars 1953, est un révolutionnaire communiste et homme d'État soviétique d'origine géorgienne. Secrétaire général du Parti communiste soviétique à par- tir de 1922, il dirige l'Union des républiques socia- listes soviétiques (URSS) à partir de la fin des années 1920 jusqu'à sa mort. Il établit un régime de dictature personnelle [2] : les historiens lui attribuent, à des degrés divers, la responsabilité de la mort de trois à plus de vingt millions de personnes [3] . Surnommé Sosso (diminutif de Iossef ou de Iosseb) pen- dant son enfance, il se fait ensuite appeler Koba (d'après un héros populaire géorgien) dans ses premières années de militantisme clandestin et par ses amis proches. Il uti- lise ensuite le pseudonyme de Staline, formé sur le mot russe сталь (stal), qui signifie acier. Par un jeu patient d'intrigues souterraines et d'alliances successives avec les diverses factions du parti unique bolchevik, et en s’appuyant sur la toute-puissante police politique et sur la bureaucratisation croissante du régime, il impose progressivement un pouvoir personnel absolu et transforme l'URSS en un régime de type totalitaire dont le culte obligatoire rendu à sa propre personne est un des traits les plus marquants. Il fait nationaliser intégralement les terres, et industrialise l'Union soviétique à marche for- cée par des plans quinquennaux, au prix d'un lourd coût humain et social. Son long règne est marqué par un ré- gime de terreur et de délation paroxystique et par la mise à mort ou l'envoi aux camps de travail du Goulag de mil- lions de personnes, notamment au cours de la collectivisa- tion des campagnes et des Grandes Purges de 1937. Il pra- tique aussi bien des déplacements de population massifs, dont la déportation intégrale d'une quinzaine de minorités nationales, que la sédentarisation forcée non moins désas- treuse de nomades d'Asie centrale. Il nie aussi l'existence des famines meurtrières de 1932-1933 (Holodomor) et de 1946-1947 après les avoir en partie provoquées par sa politique brutale. Le secret et la propagande systéma- tiquement entretenus autour de ses actes font du traves- tissement de la réalité et de la réécriture du passé une caractéristique permanente de son pouvoir absolu. Son souvenir est aussi associé à la victoire militaire des Alliés sur l'Allemagne nazie dont l'Union soviétique est un des principaux artisans, après la rupture en juin 1941 du pacte de non-agression mutuelle conclu entre les deux dictatures, pacte dont la signature en août 1939 a été le prélude au déclenchement de la Seconde Guerre mon- diale. Ce conflit, après avoir mis l'URSS au bord du gouffre, apporte ensuite à Staline un très grand prestige dans le monde entier, et lui permet d'affirmer son emprise sur un empire s’étendant de la frontière occidentale de la RDA à l'océan Pacifique. Joseph Staline est également l'auteur de textes exposant ses conceptions du marxisme et du léninisme, qui contri- buent à fixer pour des décennies, au sein du mouvement communiste, l'orthodoxie marxiste-léniniste. Sa pratique politique et ses conceptions idéologiques sont désignées sous le terme de stalinisme. Après la mort de Staline, ces pratiques sont dénon- cées par Nikita Khrouchtchev au cours du XX e congrès du Parti communiste de l'Union soviétique de 1956 : la déstalinisation et la relative détente qui s’ensuivent n'entraînent cependant pas une démocratisation en pro- fondeur du bloc de l'Est. Ce n'est qu'à l'époque de la perestroïka mise en place par Mikhaïl Gorbatchev que les crimes de Staline peuvent être dénoncés en URSS dans toute leur ampleur [4] , [5] . 1 Biographie 1.1 Jeunesse et formation Iossif Vissarionovitch Djougachvili est né dans la ville géorgienne de Gori, alors dans le gouvernement de Tiflis (Empire russe), le 18 décembre 1878 — officiellement le 21 décembre 1879 [1] —, troisième enfant et seul survi- vant de sa fratrie. Le père [6] de Staline, Vissarion Djougachvili, était un cor- donnier gagnant bien sa vie, mais qui devint rapidement alcoolique. Il était originaire d'un village du nord de la Géorgie, Djougha (d'où son nom) ; on dit qu'il avait des origines ossètes. Sa mère, Ekaterina Gavrilovna Guelad- , était une couturière d'Ossétie. Fervente orthodoxe, abandonnée par son mari, elle pousse son fils vers la prêtrise et finance difficilement ses études. 1
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Joseph Staline

Feb 01, 2016

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Joseph Staline

« Staline » redirige ici. Pour les autres significations,voir Staline (homonymie).

Joseph (Iossif) Vissarionovitch Djougachvili (enrusse : Иосиф Виссарионович Джугашвилиprononciation ;en géorgien : იოსებ ბესარიონის ძე ჯუღაშვილი, IossebBessarionis dze Djoughachvili), connu sous le nom de Jo-seph Staline (Иосиф Сталин), également surnommé parsa propre propagande le Vojd (“Guide”) ou Le Génialpère des peuples, né à Gori le 18 décembre 1878 — of-ficiellement le 21 décembre 1879[1] — et mort à Moscoule 5 mars 1953, est un révolutionnaire communiste ethomme d'État soviétique d'origine géorgienne.Secrétaire général du Parti communiste soviétique à par-tir de 1922, il dirige l'Union des républiques socia-listes soviétiques (URSS) à partir de la fin des années1920 jusqu'à sa mort. Il établit un régime de dictaturepersonnelle[2] : les historiens lui attribuent, à des degrésdivers, la responsabilité de la mort de trois à plus de vingtmillions de personnes[3].Surnommé Sosso (diminutif de Iossef ou de Iosseb) pen-dant son enfance, il se fait ensuite appeler Koba (d'aprèsun héros populaire géorgien) dans ses premières annéesde militantisme clandestin et par ses amis proches. Il uti-lise ensuite le pseudonyme de Staline, formé sur le motrusse сталь (stal), qui signifie acier.Par un jeu patient d'intrigues souterraines et d'alliancessuccessives avec les diverses factions du parti uniquebolchevik, et en s’appuyant sur la toute-puissante policepolitique et sur la bureaucratisation croissante du régime,il impose progressivement un pouvoir personnel absolu ettransforme l'URSS en un régime de type totalitaire dontle culte obligatoire rendu à sa propre personne est un destraits les plus marquants. Il fait nationaliser intégralementles terres, et industrialise l'Union soviétique à marche for-cée par des plans quinquennaux, au prix d'un lourd coûthumain et social. Son long règne est marqué par un ré-gime de terreur et de délation paroxystique et par la miseà mort ou l'envoi aux camps de travail du Goulag de mil-lions de personnes, notamment au cours de la collectivisa-tion des campagnes et des Grandes Purges de 1937. Il pra-tique aussi bien des déplacements de population massifs,dont la déportation intégrale d'une quinzaine de minoritésnationales, que la sédentarisation forcée non moins désas-treuse de nomades d'Asie centrale. Il nie aussi l'existencedes famines meurtrières de 1932-1933 (Holodomor) etde 1946-1947 après les avoir en partie provoquées parsa politique brutale. Le secret et la propagande systéma-

tiquement entretenus autour de ses actes font du traves-tissement de la réalité et de la réécriture du passé unecaractéristique permanente de son pouvoir absolu.Son souvenir est aussi associé à la victoire militaire desAlliés sur l'Allemagne nazie dont l'Union soviétique estun des principaux artisans, après la rupture en juin 1941du pacte de non-agression mutuelle conclu entre les deuxdictatures, pacte dont la signature en août 1939 a été leprélude au déclenchement de la Seconde Guerre mon-diale. Ce conflit, après avoir mis l'URSS au bord dugouffre, apporte ensuite à Staline un très grand prestigedans le monde entier, et lui permet d'affirmer son emprisesur un empire s’étendant de la frontière occidentale de laRDA à l'océan Pacifique.Joseph Staline est également l'auteur de textes exposantses conceptions du marxisme et du léninisme, qui contri-buent à fixer pour des décennies, au sein du mouvementcommuniste, l'orthodoxie marxiste-léniniste. Sa pratiquepolitique et ses conceptions idéologiques sont désignéessous le terme de stalinisme.Après la mort de Staline, ces pratiques sont dénon-cées par Nikita Khrouchtchev au cours du XXe congrèsdu Parti communiste de l'Union soviétique de 1956 :la déstalinisation et la relative détente qui s’ensuiventn'entraînent cependant pas une démocratisation en pro-fondeur du bloc de l'Est. Ce n'est qu'à l'époque de laperestroïka mise en place par Mikhaïl Gorbatchev que lescrimes de Staline peuvent être dénoncés en URSS danstoute leur ampleur[4],[5].

1 Biographie

1.1 Jeunesse et formation

Iossif Vissarionovitch Djougachvili est né dans la villegéorgienne de Gori, alors dans le gouvernement de Tiflis(Empire russe), le 18 décembre 1878 — officiellement le21 décembre 1879[1] —, troisième enfant et seul survi-vant de sa fratrie.Le père[6] de Staline, Vissarion Djougachvili, était un cor-donnier gagnant bien sa vie, mais qui devint rapidementalcoolique. Il était originaire d'un village du nord de laGéorgie, Djougha (d'où son nom) ; on dit qu'il avait desorigines ossètes. Sa mère, Ekaterina Gavrilovna Guelad-zé, était une couturière d'Ossétie. Fervente orthodoxe,abandonnée par son mari, elle pousse son fils vers laprêtrise et finance difficilement ses études.

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2 1 BIOGRAPHIE

Joseph Staline, en 1894.

Après avoir brillamment réussi ses examens, Iossif entreen 1894[7] au séminaire de Tiflis et y reste jusqu'à vingtans. Il y suit un enseignement secondaire général avecune forte connotation religieuse. Surnommée le « Sacde pierre », l'école a sinistre réputation[8]. Rapidement,le jeune Djougachvili devient athée[9] et commence à semontrer rebelle à l'autorité du séminaire. Il reçoit de nom-breuses punitions pour lecture de livres interdits (entreautres, Les Travailleurs de la Mer de Victor Hugo[10]) eten août 1898 s’inscrit à la branche locale du Parti ou-vrier social-démocrate de Russie (POSDR)[11]. Malgréles faveurs que lui accorde le recteur du séminaire, il enest expulsé en mai 1899, officiellement pour absence àl'examen de lectures bibliques. « Je fus renvoyé pour pro-pagande marxiste[12] », se vanta ensuite l'ex-séminariste.

1.2 Révolution et clandestinité

Iossif Djougachvili commence alors sa carrière de révo-lutionnaire sous le surnom de Koba[13]. Il se fait arrêterà de nombreuses reprises. En 1907, il est impliqué dansdes braquages de banques sanglants[14] servant à financerle Parti[15],[16], comme le hold-up commis à Tbilissi, enjuin, qui rapporte 250 000 ou 350 000 roubles[17].Il est déporté plusieurs fois en Sibérie et s’évade à chaquefois. Il s’évade notamment en 1904 et adhère alors à la

faction bolchevique du P.O.S.D.R.. C'est à cette époquequ'il rencontre pour la première fois Lénine. Il fait un récitélogieux de cette rencontre en 1924, une semaine après lamort de ce dernier :

Pavel Axelrod (à gauche), Julius Martov et Alexandre Martynovà Stockholm

« Lorsque je le comparais aux autres di-rigeants de notre Parti, il me semble tou-jours que les compagnons de lutte de Lénine –Plekhanov, Martov, Axelrod et d’autres encore– étaient moins grands que lui d’une tête ; queLénine comparé à eux, n’était pas simplementun des dirigeants, mais un dirigeant de type su-périeur, un aigle des montagnes, sans peur dansla lutte et menant hardiment le Parti en avant,dans les chemins inexplorés du mouvement ré-volutionnaire russe […] »

En 1911, Lénine parle de lui comme du « merveilleuxGéorgien », mais en 1915, dans une lettre à Maxime Gor-ki, il a oublié son nom[18].

1.3 L'accès au pouvoir suprême (1917-1929)

1.3.1 Le communisme de guerre (1917-1922)

Après la chute du tsarisme et l'abdication de Nicolas IIlors de la Révolution de février 1917, Staline, à peinede retour d'une longue déportation en Sibérie, prend enmain la direction du Parti à Pétrograd. Il prône alors lapolitique du « soutien critique » au gouvernement provi-soire réformiste bourgeois d'Alexandre Kerensky. Néan-moins, dès le retour d'exil de Lénine, il se range trèsrapidement aux Thèses d'avril. Celles-ci avancent l'idéeque la tâche des bolcheviks est de préparer la révolutionsocialiste, seule à même, selon Lénine, de donner le pou-voir au peuple et d'arrêter la guerre. À l'été 1917, il estmembre fondateur du Politburo.Exécutant dévoué, Staline ne joue aucun rôle de premierplan dans la Révolution d'Octobre mais il a l'habileté,

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1.3 L'accès au pouvoir suprême (1917-1929) 3

Staline en exil, 1915

comme toujours depuis qu'il est membre du Parti, de s’ali-gner systématiquement sur les positions de Lénine. Ce-la lui permettra bien plus tard de reprocher comme descrimes à ses camarades la moindre divergence antérieureavec le défunt Lénine.Staline, d'origine géorgienne, est nommé commissaire auxNationalités dans le Conseil des commissaires du Peupleissu de la révolution.Pendant la guerre civile russe, il est commissaire bolche-vique à Tsaritsyne (future Stalingrad). Il s’y fait remar-quer par sa propension à attribuer à des « saboteurs »tous les problèmes rencontrés, par sa méfiance viscéraledes « experts » et autres « spécialistes bourgeois » recy-clés par le nouveau régime, méfiance qui ne le quittera ja-mais, et par son absence complète de sentiment lorsqu'ilprend des mesures radicales et ordonne des exécutions ennombre. Il s’y heurte déjà à Léon Trotski, chef suprêmede l'Armée rouge[19].C'est aussi à Tsaritsyne qu'il se forge un clan de fidèles quil'aideront vers la marche au pouvoir : les chefs de la ca-valerie rouge Kliment Vorochilov et Semion Boudiennyen premier lieu, bientôt rejoints par des compatriotes duCaucase (Grigory Ordjonikidze) puis des hommes unispar la détestation de Trotski. C'est aussi pendant la guerrecivile que Staline noue des relations étroites avec la policepolitique, la redoutable Tcheka, et son fondateur et chefsuprême Félix Dzerjinski. Cette alliance avec la police,qui sera la clé du futur régime stalinien, ira en se renfor-çant d'année en année, au point que Staline confiera auxtchékistes la gestion et l'éducation de sa propre famille[20].

Staline, commissaire bolchevique à Tsaritsyne à l’été 1918, audébut de la guerre civile russe.

Staline (au centre) lors du VIIIe congrès du Parti communiste,mars 1919.

En 1920, une désobéissance de Staline aux ordres du gé-néral Toukhatchevski est une des causes importantes del'échec de la bataille de Varsovie et de la défaite dans laguerre russo-polonaise.Bureaucrate laborieux et discret, Staline gravit silencieu-sement les échelons et devient Secrétaire général du partile 3 avril 1922, fonction qu'il transforme rapidement enposte le plus important du pays.La même année, avec son compatriote Grigory Ordjoni-kidze, Staline planifie l'invasion de leur pays d'origine, laGéorgie, dont le gouvernement menchevik était régulière-ment élu et l'indépendance internationalement reconnue,

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4 1 BIOGRAPHIE

y compris par Moscou. Les violences qui accompagnentce rattachement forcé à l'Union soviétique provoquent lacolère impuissante de Lénine, déjà malade.

1.3.2 NEP, mort de Lénine et éviction de Trotski

Pour parvenir au pouvoir suprême, Staline s’appuie surla bureaucratie naissante, sur la police, sur son clan defidèles et sur un jeu habile d'alliances successives avec lesdiverses factions au sein du Parti. Pendant la guerre civile,Lénine apprécie Staline comme un exécutant efficace etdiscipliné, qui lui a assuré que « [sa] main ne tremble[rait]pas », mais leurs relations politiques et personnelles sedégradent sensiblement en 1922-1923.Avant la mort de Lénine en janvier 1924, Staline exercedéjà une autorité considérable. Sa fonction, apparemmenttechnique, de Secrétaire général du Comité central, saqualité de membre du Politburo et de l'Orgburo, lui per-mettent de maîtriser un nombre croissant de leviers depouvoirs, et notamment celui de nomination des cadresdu Parti : il peut ainsi placer ses fidèles aux postes-cléde l'appareil. Personnage en apparence terne et peu por-té aux discours théoriques brillants, c'est un génie del'intrigue souterraine. Il joue pendant des années au mo-déré, et laisse aux divers groupes le soin de s’invectiveret de se discréditer les uns les autres, tout en tissant satoile. Maints vétérans du Parti, mais plus encore les nou-veaux bureaucrates d'origine plébéienne qu'il promeut ennombre, se reconnaissent facilement en ce personnaged'apparence bonhomme, bon vulgarisateur, qui se tait à laplupart des réunions et fume tranquillement sa pipe entredeux paroles apaisantes[21]. Il leur convient mieux qu'unTrotski solitaire et trop brillant, qui les critique âprement,et qui n'a pas su se tisser de réseaux dans un Parti qu'il n'arejoint qu'en 1917. Cependant, Lénine redoute le clivageentre Staline et Trotski, qui pourrait mettre à mal le Parti.Après la mort de Lénine, Staline empêchera la publica-tion du « testament de Lénine », dans le post-scriptumcelui-ci affirmait son hostilité à son égard :

« Staline est trop brutal, et ce défaut parfai-tement tolérable dans notre milieu et dans lesrelations entre nous, communistes, ne l’est pasdans les fonctions de secrétaire général. Je pro-pose donc aux camarades d’étudier un moyenpour démettre Staline de ce poste et pour nom-mer à sa place une autre personne qui n’auraiten toutes choses sur le camarade Staline qu’unseul avantage, celui d’être plus tolérant, plusloyal, plus poli et plus attentif envers les cama-rades, d’humeur moins capricieuse, etc…[22] »

En 1924-1925, allié de Kamenev et de Zinoviev, Stalineévince Trotski du gouvernement.

1.3.3 Éviction des derniers opposants

En 1926, allié à la droite de Boukharine, il fait écarter duPolitburo et du Komintern Trotski, Zinoviev et Kamenev,réconciliés entre-temps.Ayant battu l'Opposition de gauche, il se retourne en1928-1929 contre l'opposition de droite de Boukharine etRykov, chassés respectivement de la tête du Kominternet du gouvernement. En 1929, Staline fait exiler Trots-ki d'URSS et achève d'installer ses hommes à tous lespostes-clés. La célébration en grande pompe de ses 50ans, le 21 décembre 1929, marque aussi les débuts duculte autour de sa personnalité.

1.4 Le stalinisme

Articles détaillés : Stalinisme et Histoire de l'URSS sousStaline.

1.4.1 La prise de pouvoir et le « Grand Tournant »

Staline ayant pris la succession de Lénine, il abandonnepeu à peu la direction collégiale pour progressivementimposer, en s’appuyant sur la bureaucratie née lors dela guerre civile, un régime totalitaire. Le pouvoir oligar-chique absolu est mis en place progressivement[23], pro-cessus achevé à la fin des années 1930.Peu porté à l'internationalisme inhérent au communisme,Staline désigne sa politique sous le nom de « marxisme-léninisme » et de « socialisme dans un seul pays ».Presque jamais sorti de Russie, méprisant envers leKomintern (« la boutique »[24]), il ne croit pas à une ré-volution mondiale qui n'en finit pas de se faire attendreet veut compter sur les seules forces de l'Union Sovié-tique. Il ne croit plus non plus à une NEP qui n'en finit pasd'agacer les planificateurs, tant à cause de ses externalités(la « crise des ciseaux ») que de son caractère non ortho-doxe au regard de l'idéologie marxiste. Hanté comme tousles bolcheviks par la possibilité d'une prochaine confron-tation avec les pays capitalistes, il veut accélérer à toutprix la modernisation industrielle pour s’y préparer. C'estle sens de son fameux discours au XVIe congrès du Parti(juin 1930) où il martèle que « chaque fois que la Rus-sie a été en retard, nous avons été battus ». D'où, à par-tir de fin 1928, la priorité absolue que Staline accordeà l'accumulation du capital par pressurisation de la pay-sannerie (jusque-là ménagée par la NEP), au développe-ment « à toute vapeur » des moyens de production et del'industrie lourde.De 1929 à 1933, Staline met en place la « collectivisa-tion » des terres. Il livre en fait ce qui est peut être consi-déré comme la dernière guerre paysanne de l'histoire eu-ropéenne. En 1934, l'objectif est atteint, mais à un prixexorbitant : la moitié du cheptel abattu sur place par les

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1.4 Le stalinisme 5

paysans, les riches terres à blé d'Ukraine et d'autres ré-gions ravagées par la famine de 1932-1933 (entre quatreet dix millions de morts selon les estimations[25],[26]) queStaline n'a rien fait pour empêcher même en admettantqu'il ne l'a pas délibérément provoquée, d'innombrablesviolences, morts ou destructions, fuite anarchique de 25millions de campagnards vers des villes vite surpeuplées,plus de deux millions de prétendus koulaks (paysans sup-posés « riches ») déportés par familles entières en Sibérieet abandonnés sur place à leur sort[27]... Le système deskolkhozes et des sovkhozes permet à l'État d'acheter à vilprix les récoltes et de financer l'industrialisation. Mais de-vant la résistance passive des paysans (sous-productivitésystématique), Staline leur concède un lopin privé de terreen 1935 : à la fin de la décennie, ces derniers produisent25 % des récoltes sur 3 % des terres, la majorité desfruits et légumes d'URSS ainsi que 72 % du lait et dela viande[28]. La Russie, premier exportateur de céréalesdu monde sous les tsars, devient définitivement pays im-portateur. À Winston Churchill, Staline dira que la col-lectivisation représenta pour lui une épreuve « pire quela guerre ». Selon Anne Applebaum, si Staline a briséla continuité de l'histoire russe, c'est bien dans les cam-pagnes.À partir de 1929, l'importance du GOSPLAN(Государственный плановый комитет, créé parLénine — décret du Conseil des Commissaires duPeuple en date du 21 février 1921) s’accroît en raisonde l'organisation de la planification économique sur unebase désormais quinquennale[29]. Cet organisme d'Étatrigide est chargé de la mise en place et de l'exécutionde cette planification impérative et très ambitieuse. Lepremier plan quinquennal (1929-1933) fait de l'URSSde Staline un pays productiviste vivant dans l'obsessiond'accomplir et de dépasser des normes de productiontoujours rehaussées. Staline rétablit le salaire aux pièceset le livret ouvrier, allonge la journée de travail, encou-rage la naissance d'une nouvelle aristocratie ouvrière enpatronnant le mouvement stakhanoviste (1935) et faitpunir d'envoi au Goulag tout retard répété de plus de 10minutes. En quelques années, le pays change radicale-ment d'aspect et se couvre de grands travaux en partieréalisés par la main-d'œuvre servile du Goulag : métrode Moscou, villes nouvelles, canaux, barrages, énormesusines… Mais le prix est tout autant démesuré : gouffrefinancier, inflation, gaspillages, travaux bâclés à l'originedu « mal-développement » dont l'URSS périra en 1991.Le sacrifice délibéré des industries de consommation etla pression exercée sur la classe ouvrière font que sous lePremier Plan, le niveau de vie des ouvriers soviétiquesbaisse de 40 %[30].À partir de 1934, un tournant réactionnaire est égalementeffectué dans le domaine des mœurs : culte de la « fa-mille socialiste », retour de l'interdiction de l'avortementet de la répression de l'homosexualité (alors que la Révo-lution avait apporté dans ces domaines une libéralisationtant par rapport à la situation antérieure que par rapport

aux pays occidentaux[réf. nécessaire]). Staline restaure aussile titre de maréchal, revient au nationalisme grand-russe,à l'académisme dans l'art, à la libre consommation de lavodka. Enfin, en 1935, Staline ramène l'âge limite pourla condamnation à mort à 12 ans.Certains marxistes se réclamant de Lénine s’opposentalors au « marxisme-léninisme » de Staline : lestrotskistes dénoncent la dictature à l'intérieur du Parti, lesbordiguistes dénoncent la politique économique de Sta-line comme une forme de capitalisme d'État (analyse par-tagée par les « décistes » du groupe Sapronov). Des orga-nisations communistes anti-staliniennes se créent à par-tir des années 1920. L’Opposition communiste interna-tionale est créée en 1930.Au XVIIe Congrès du PCUS, dit Congrès des Vainqueurs(février 1934), les pires difficultés du Grand Tournantsemblent passées. Le nom de Staline est acclamé et ci-té plusieurs dizaines de fois dans chaque discours. Lui-même multiplie les signes d'apaisement envers les anciensopposants et de libéralisation pour la société soviétique.Mais il mesure aussi la persistance sourde des critiques àson encontre : il n'est réélu au Comité Central qu'en der-nier de la liste, son nom étant rayé plus d'une centainede fois[31]. Le but des Grandes Purges sera notammentd'anéantir les dernières potentialités de résistance au seindu Parti et de la population. De 1936 à 1938, les Procèsde Moscou sont montés pour éliminer les vieux bolche-viks opposants ou s’étant opposés à Staline. Trostski serapar ailleurs assassiné par Ramon Mercader en 1940 auMexique.

1.4.2 Les Grandes Purges, refondation définitive dupouvoir de Staline

Article connexe : Grandes Purges.

En décembre 1934, Sergueï Kirov, chef du Parti à Lé-ningrad, est assassiné. Or Kirov était alors le plus popu-laire des dirigeants soviétiques et, élu avec le plus grandnombre de voix au Comité central, constituait dès lorsune alternative potentielle au poste de Secrétaire géné-ral occupé par Staline (le plus mal élu de tous les candi-dats). Par cette élimination, ce dernier faisait d'une pierredeux coups : il éliminait son concurrent le plus plausibleet pouvait se servir de la réprobation publique pour mon-ter une campagne de purges dans le Parti et à l'extérieurdans les années suivantes. La grande terreur staliniennecommence le soir même alors qu'il fait promulguer undécret suspendant toutes les garanties de droit et rendantsans appel les sentences de mort prononcées par les juri-dictions spéciales du NKVD. Il débarque en personne àLeningrad et en fait déporter des milliers d'habitants.En août 1936, le premier des trois procès de Moscou en-gage la liquidation physique de la vieille garde bolche-vique. Staline se débarrasse définitivement de ses anciensrivaux des années 1920, déjà vaincus politiquement de-

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puis longtemps.Au-delà, il entreprend de remplacer ceux qui l'ont sou-tenu et aidé dans les années 1920-1930 par une nouvellegénération de cadres. Les jeunes promus de la « généra-tion de 1937 » (Khrouchtchev, Beria, Malenkov, Jdanov,Brejnev, etc.) n'ont connu que Staline et lui doivent tout.Ils lui vouent un culte sans réserve, là où la précédentegénération voyait davantage en Staline son patron ou unprimus inter pares qu'un dieu vivant, et n'hésitait pas àle critiquer parfois avec loyauté mais franchise[32]. Entre1937 et 1939, Staline planifie l'élimination de la moitiédu Politburo, des trois quarts des membres du Parti ayantadhéré entre 1920 et 1935, etc. La Terreur n'épargne au-cun organisme : des coupes claires frappent les divers mi-nistères, Gosplan, Komintern, Armée rouge et même àterme l'encadrement du Goulag et les policiers du NKVD.Les Grandes Purges permettent également à Stalined'éliminer radicalement tous les éléments socialementsuspects et tous les mécontents suscités par sa politique.Alors que les tensions diplomatiques s’accumulent en Eu-rope depuis l'avènement d'Adolf Hitler, et que le dé-clenchement de la guerre d'Espagne en juillet 1936 faitcraindre l'irruption d'un nouveau conflit général, Stalineentend éliminer tout ce qui pourrait constituer une « cin-quième colonne » de l'ennemi en cas d'invasion. Une séried'opérations frappe par centaines de milliers les dékou-lakisés appauvris par la collectivisation, les vagabondset marginaux engendrés par cette dernière, les anciensmembres des classes dirigeantes et leurs enfants, tousles individus entretenant ou ayant entretenu des relationsavec l'étranger (corps diplomatique, anciens combattantsd'Espagne, agents du Komintern, et, ainsi que le montreRobert Conquest, jusqu'aux espérantistes[33], aux phila-télistes et aux astronomes ![réf. souhaitée]).À plus court terme, Staline fournit aussi à la populationdes boucs émissaires aux difficultés du quotidien, en reje-tant tout le mal sur une pléthore de « saboteurs ». Il règleses comptes avec les techniciens et les spécialistes compé-tents, qui ont souvent osé contredire ses directives et sesobjectifs irréalistes et dont il se méfie depuis toujours enraison de leur faible présence au Parti ; il les remplace parune génération de nouveaux spécialistes issus des couchespopulaires et qui, formés sous le Ier Plan, n'ont connuque la révolution et son régime. Il brise aussi les réseauxclientélistes et les fiefs géographiques ou ministériels quese sont constitués les membres du gouvernement et duPolitburo, ou bien, à tous les échelons, les responsablesdu Parti et les chefs de Goulag. Il entretient plus large-ment une atmosphère de suspicion généralisée qui briseles solidarités amicales, familiales ou professionnelles[34].Pareillement, Staline considère que les minorités natio-nales frontalières sont par définition suspectes : aussiordonne-t-il la déportation de centaines de milliers dePolonais et de Baltes, ou le transfert en Asie centrale de170 000 Coréens. Mais c'est aussi la sédentarisation for-cée des populations nomades, notamment au Kazakhstan,

qui se solde par un désastre démographique et la perte denombreuses traditions culturelles[35].Le principe totalitaire de la responsabilité collective dé-fendu par Staline fait que la « faute » d'un individu s’étendà son conjoint, à ses enfants, à sa famille entière, à toutson réseau d'amis et de relations. Par exemple, le 5 juillet1937, le Politburo ordonne au NKVD d'interner toutesles épouses de « traîtres » en camp pour 5 à 8 ans, et deplacer leurs enfants de moins de 15 ans « sous protectionde l’État ». Ordre qui conduit à arrêter 18 000 épouses et25 000 enfants, et à placer près d'un million d’enfants demoins de 3 ans dans des orphelinats[36].Par ailleurs, les familles des plus proches hommes deconfiance de Staline (Molotov, Kaganovitch, Kalinine,etc.) sont elles-mêmes frappées par les purges. Lemeilleur ami de Staline, Grigory Ordjonikidze, qui s’estmontré hostile devant lui à la purge des cadres del'industrie, voit son frère fusillé et se suicide en signe deprotestation (février 1937)[37]. La famille même de Sta-line n'est pas épargnée par la Terreur, avec la disparitionet l'exécution de ses proches parents Maria Svanidze, Pa-vel Allilouiev, Stanislas Redens[38]...En 1939, à l'arrêt des Grandes Purges — autrement ap-pelée la Grande Terreur d'autant que, selon les calculsde Nicolas Werth, elles ont frappé à 94 % des non-communistes — Staline a éliminé les dernières sphèresd'autonomie dans le parti et la société, et imposé défi-nitivement son culte et son pouvoir absolu. Il a pris cefaisant le risque de désorganiser gravement son armée etson pays, alors même que la guerre approche.

1.4.3 Politique extérieure

Dans les années 1930, la politique extérieure de Stalineest à géométrie variable.Tout d’abord, lors du VIIe congrès du Komintern en août1928, il impose la politique « classe contre classe »aux partis communistes. La social-démocratie, qu'il aqualifiée d'« aile modérée du fascisme », est considé-rée comme l'ennemi prioritaire, et toute entente mêmetactique avec elle est prohibée. Cette politique conduitle Parti communiste français à son pire isolement del'Entre-deux-guerres et à une chute électorale notable.Elle facilite surtout l'accès au pouvoir d'Adolf Hitleren Allemagne. En mars 1933, alors que la destructionde la République de Weimar est presque achevée etque les communistes allemands prennent en nombre lechemin des camps de concentration, le KPD clandes-tin et le Komintern répètent inlassablement que les évé-nements démontrent la justesse des attaques contre lasocial-démocratie et la nécessité de les poursuivre sanschangement[39].Staline pensait d'abord que l'expérience Hitler ne dure-rait pas : « Après lui, ce sera nous ». Mais le régimenazi se consolide, et une menace militaire réelle plane

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1.4 Le stalinisme 7

Molotov et Staline

100 korun célébrant le 70e anniversaire de Staline.

désormais sur l'URSS. Dès lors, à partir de juin 1934,Staline se ravise et lance une politique d’alliance des par-tis communistes avec des « partis bourgeois » pour ten-ter de faire reculer le fascisme et le nationalisme. Il rap-proche parallèlement l'Union soviétique des États occi-dentaux, ce qui a pour conséquence l’entrée tardive del’URSS dans la SDN (1934) ou la conclusion du pacted'assistance franco-soviétique lors de l'entrevue Laval-Staline (mai 1935). C’est ainsi que le Front populaire peutse constituer en France et en Espagne et qu’en Chine, le22 septembre 1937, Tchang Kaï-chek s’accorde avec MaoZedong contre l'impérialisme du Japon et signe un pactede non-agression avec l’URSS. Au niveau intérieur, Sta-line s’efforce de se montrer plus libéral en faisant pro-mulguer la « constitution stalinienne » de 1936, annon-cée comme « la plus démocratique du monde », en signed'ouverture envers l'Occident.Pendant la guerre d'Espagne Staline est à partir de finoctobre 1936 le seul chef d'État à intervenir officielle-ment aux côtés de la République espagnole, menacée parFranco aidé de Hitler et Mussolini. Mais s’il envoie des

chars, des avions et des conseillers, il en profite aussi pourfaire main basse sur l'or de la banque d'Espagne, freinersur place le mouvement révolutionnaire tout en satellisantle gouvernement espagnol, et faire liquider physiquementde nombreux anarchistes, trotskistes et marxistes dissi-dents du POUM[40].

Ribbentrop et Staline lors de la signature du Pacte de non-agression

Des documents du Komintern montrent cependant quemême dans ces années où il fait figure d'allié des dé-mocraties, Staline n'a pas renoncé à l'espoir secret d'unpacte avec Hitler, qui mettrait à l'abri l'URSS et lui ga-rantirait en outre des bénéfices territoriaux. Il fait régu-lièrement modérer les attaques de la presse contre le ré-gime nazi, ou tente quelques sondages secrets à Berlin[41].Les procès de Moscou et les purges qui meurtrissentl'Armée rouge troublent les démocraties occidentales, oùl'anticommunisme reste très fort, et les font douter descapacités militaires soviétiques.En 1938, Staline est furieux que son pays n'ait pas étéconvié à la conférence qui décide des accords de Munich(30 septembre) et craint une entente des Occidentauxavec Hitler contre l'URSS. Staline fait clairement savoir àBerlin, début 1939, que Moscou se liera au plus offrant.Mais persuadé que la guerre avec les nazis est inévitable,il décide le transfert des usines d'armement vers l'est (au-delà de Moscou) et arrête la stratégie de l'Armée rougepour cette confrontation. Ce sera une posture défensive,copie de celle de Mikhaïl Koutouzov devant Napoléon

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en 1812 et qui prend en compte la possibilité d'une in-vasion en profondeur. La prise des capitales, Moscou etLéningrad, qui seront protégées par des troupes d'élites,est, cette fois, exclue. Staline table sur l'usure des troupesd'élite allemandes qu'Hitler devra engager dès le début del'attaque, scénario qui se vérifiera complètement devantMoscou et partiellement devant Léningrad.Le 12 août 1939, les plénipotentiaires de la France etdu Royaume-Uni sont en visite en URSS afin de tenter– bien tardivement et sans conviction – de refonder l’al-liance de 1914, après avoir refusé à de nombreuses re-prises des propositions similaires faites auparavant parStaline[42]. Staline dénonce une absence de réelle volon-té des démocraties occidentales de combattre Hitler etsigne, le 23 août 1939, le pacte germano-soviétique. Unprotocole secret prévoit le partage de l'Europe centrale en« zones d'influences » et les relations économiques entrel'Union soviétique et l'Allemagne nazie sont très forte-ment accrues permettant à Berlin d'accumuler des stocksvitaux de matières premières. Il gagne alors de l'espaceet du temps, mais moins que prévu du fait de la rapidedéfaite de la France à l'Ouest, qu'il interprète commel'intégration de celle-ci à la puissance nazie.

1.4.4 La Seconde Guerre mondiale

Staline vers 1942.

Avant le début de la Seconde Guerre mondiale en Europe,l'URSS gagne deux batailles de frontières contre le Japon :la bataille du lac Khassan en 1938, puis la bataille de Hal-hin Gol en Mongolie en 1939. Le 17 septembre 1939, les

troupes de Staline entrent en Pologne — jusqu'à sa fron-tière Est actuelle — et prennent à revers l'armée de cepays qui se défend face à l’invasion nazie sur sa frontièreoccidentale, en cours depuis deux semaines. Le 30 no-vembre, l'armée soviétique attaque la Finlande et, aprèsdes échecs spectaculaires et inquiétants, parvient à la faireplier en mars 1940, sous le nombre des assaillants.Le 5 mars 1940, Staline fait contresigner par le Politburoson ordre d'exécuter sommairement plus de 20 000 offi-ciers et notables polonais capturés, qui seront en particu-lier enterrés près de Katyń.En juin 1940, Staline annexe les États baltes, puis enaoût la Bessarabie roumaine, érigée en République so-cialiste soviétique de Moldavie. La terreur et la soviétisa-tion accélérée s’abattent aussitôt sur ces territoires. Ellesse traduisent par la déportation de plusieurs centaines demilliers d'habitants et le meurtre d'une partie des éliteslocales[43].Staline respecte scrupuleusement le Pacte germano-soviétique. Jusqu'à la nuit du 21 au 22 juin 1941, il livreponctuellement et à crédit les céréales et des matières pre-mières dont le Reich a besoin. Il livre aussi à la Gestapoplusieurs dizaines de communistes allemands réfugiés àMoscou.Le pacte prend fin le 22 juin 1941 avec l'invasion del'URSS par la Wehrmacht.Contrairement à la légende longtemps répandue, Stalinene s’est pas effondré psychologiquement au constat dela trahison d'Hitler, ni n'est resté plusieurs jours prostréet incapable de réagir. Les archives et les témoignagesconcordent aujourd'hui pour prouver qu'il reste à sonposte nuit et jour pendant la première semaine d'invasion,et qu'il prend aussitôt des mesures radicales, avec un bon-heur très inégal[44]. Ce n'est que le 28 juin, après cinqjours et cinq nuits presque sans repos, et un heurt mémo-rable avec le général Joukov, que Staline part brusque-ment se retirer dans sa datcha pour préparer son discoursqui sera radiodiffusé le 3 juillet.Néanmoins, avant l’invasion nazie, Staline a refusé jus-qu'au dernier moment de réagir aux rapports — deTrepper, Sorge et même Churchill — qui le prévenaientdepuis de longs mois de l'imminence d'une invasion, al-lant même jusqu'à menacer de liquider ceux qui s’en fai-saient écho avec trop d'insistance. Il semble s’être lais-sé paralyser par la hantise d'une provocation allemande,jugeant qu'une réaction préventive serait politiquementcontre-productive : il se raccrochait désespérément àl'idée que l'année était trop avancée pour que Hitler com-mette la même erreur que Napoléon. De ce fait, lestroupes soviétiques n'ont été mises en alerte que très tard— le 22 juin à 0 h, à la suite de l'ultime désertion d'unsoldat allemand — et incomplètement, permettant parexemple que l'aviation allemande détruise partiellementl'aviation soviétique restée au sol. Le matin même du 22juin, une partie de l'Armée rouge n'ose toujours pas ou-vrir le feu, alors qu'une autre — à Brest-Litovsk — résiste

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1.4 Le stalinisme 9

âprement et parvient à tenir près de six semaines.Les purges de l'avant-guerre, en particulier celle de 1937,ont profondément affaibli l'Armée rouge, puisque laquasi-totalité des généraux modernisateurs et compétentsa disparu : environ 90 % des cadres supérieurs de l'arméeont été éliminés, tandis que 11 000 officiers sur 70 000ont été fusillés et 20 000 autres sont internés dans lescamps du Goulag. De même, sur cinq maréchaux, seulsont survécu les deux tenants inconditionnels de la cava-lerie, amis de toujours de Staline, mais ennemis jurés del'arme blindée. L'effort de modernisation tenté in extremisavant l'invasion, de même que la réintégration de milliersd'officiers purgés sortis en loques du Goulag — commele futur maréchal Rokossovki — ne peuvent empêcherles désastres initiaux.Dans les premiers mois, Staline perd des milliers de charset d'avions, et laisse encercler d'immenses armées. Ainsi,l'URSS perd un million de km² et plusieurs millions desoldats qui se retrouvent prisonniers : en outre, les nazisles laissent mourir de faim et d’épuisement lors d’inter-minables marches[réf. nécessaire].Cependant, en raison d’une invasion commencée troptard, la Wehrmacht n'atteint pas la totalité de ses objec-tifs, même si elle avance très loin et avec des pertes limi-tées. De l'avis de ses historiens même les plus critiques,Staline démontre son sang-froid et son génie politique ens’adressant, dès le 3 juillet 1941 à ses « frères-et-sœurs »soviétiques, pour proclamer l'union sacrée de la nationdans la « Grande Guerre patriotique » et, surtout, en dé-cidant de ne pas quitter Moscou menacée, à la surprise deses proches. Sa présence galvanise les énergies et enrayeun début de panique.D'autre part, l'armée japonaise a abandonné toute velléitéd'attaquer la Russie après ses défaites de 1939 : l'URSSen a eu confirmation par Richard Sorge. Ne craignantplus l'ouverture d'un second front en Extrême-Orient,les troupes sibériennes deviennent ainsi disponibles faceaux Allemands au moment crucial de l'hiver 1941. Le 6décembre 1941, l'Armée rouge stoppe des Allemands àbout de souffle parvenus à seulement 22 km de la capi-tale ; puis au cours de l'hiver, elle les repousse à plus de200 km à l'ouest.Après cet échec, l'armée nazie change d'objectif princi-pal pour sa campagne de 1942 : elle souhaite prendre lecontrôle du pétrole du Caucase, voire, ensuite, de celuidu Moyen-Orient. Après un court succès, la Wehrmachtsort vaincue de la bataille de Stalingrad. La ville, au nomsymbolique, devient l'objet de l'attention universelle. En-tièrement détruite sous les bombes et par les combats derue, 300 000 Allemands y périssent ou y sont faits pri-sonniers. La VIe Armée, encerclée, capitule début février1943.C'est le début du recul allemand. À la bataille de Koursken été 1943, au cours de la plus grande confrontation deblindés de l'histoire, 500 000 hommes et 1 500 chars sontmis hors de combat.

Après ses erreurs dramatiques de 1941, Staline a su faireprogressivement un réel apprentissage militaire, et sur-tout accepter de laisser une plus grande autonomie à sesgénéraux : il ne se rend jamais en personne au front.Par ailleurs, vis-à-vis de la société soviétique, il des-serre l'emprise du gouvernement, noue une trêve avecles Églises, met l'accent sur la défense de la patrie plu-tôt que sur la Révolution. Cependant, son pouvoir ab-solu reste intact et même renforcé : chef du gouverne-ment depuis mai 1941, Staline se fait nommer commis-saire à la Défense en août, « commandant en chef su-prême » en juillet 1942, maréchal en 1943, généralissimeen 1945. L'Internationale cesse d'être l'hymne soviétiquepour être remplacée par un chant patriotique qui men-tionne son nom. C'est aussi la nature totalitaire du gouver-nement qui lui permet d'imposer une stratégie d'offensiveà tout prix et d'attaque frontale de l'ennemi, très coûteuseen hommes, où les pertes humaines se dénombrent parmillions : ce type de stratégie n’a plus cours en Occidentdepuis la fin de la Grande Guerre.Pour obtenir « l'adhésion » totale de ses troupes, deséquipes spéciales du NKVD sont chargées de mitraillerles soldats qui refluent vers l'arrière : cette techniquea par exemple été expérimentée devant Moscou et àStalingrad[réf. souhaitée]. De même, les prisonniers et leursfamilles sont officiellement reniés et considérés commedes traîtres, tandis que des généraux et officiers de toutrang sont fusillés dès les premiers jours, boucs émissairesdes erreurs du chef suprême qui avait déjà gravement pur-gé les chefs de son armée à la fin des années 30[45]. Enpleine offensive allemande de 1941, Staline détourne aus-si des forces importantes du front pour faire déporter in-tégralement les Allemands de la Volga, descendants decolons installés au XVIIIe siècle. En 1944, il fait déporteren totalité une dizaine de peuples — soldats décorés etmilitants communistes compris — sous la fausse accusa-tion de collaboration avec les Allemands. Ainsi, en mars1944, 600 000 Tchétchènes, hommes, femmes, enfants etvieillards sont déportés en six jours seulement, un recordhistorique jamais égalé[46].

Les trois Grands Winston Churchill, Roosevelt et Staline à laConférence de Yalta

En 1944, Staline reconquiert le territoire national. Arrivédevant Varsovie, il laisse les Allemands, regroupés autour

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de la capitale polonaise après l'offensive soviétique, écra-ser l'insurrection de la capitale polonaise, entre le 1er aoûtet le 2 octobre 1944. S'il est vrai que l'offensive soviétiqueest à bout de souffle et que Staline n'a plus les moyens defranchir la Vistule, il refuse toutefois de parachuter desarmes ou bien de laisser les avions occidentaux atterrir surles aérodromes contrôlés par l'Armée rouge à proximitéde la capitale polonaise. Ainsi, des centaines d'aviateursalliés tentent désespérément de parachuter des armes auxinsurgés et périssent lors d'allers-retours longs et dange-reux entre l'Italie et la Pologne. De cette manière, Sta-line exprime sa volonté de laisser écraser une insurrectionnationaliste qu'il ne contrôle pas et qui pourrait contra-rier l'installation d'un gouvernement communiste allié deMoscou après la guerre[47].Alors que les Alliés débarquent en Normandie et s’ap-prochent des frontières occidentales de l'Allemagne, lesSoviétiques qui affrontent dix fois plus de divisions na-zies à l'Est[réf. nécessaire] continuent leur progression versle centre du Reich. Au total, la guerre à l'Est aura per-mis de mettre hors de combat 80 % des effectifs dela Wehrmacht : sur 783 divisions allemandes dissémi-nées sur tous les fronts, 607 sont anéanties sous les feuxsoviétiques[réf. nécessaire].Goebbels avait énoncé l'un des objectifs idéologiques dela guerre à l'Est : « La lutte contre le bolchevisme mon-dial est le but principal de la politique allemande ». Ilfaut ajouter à cela la volonté des Allemands de reconqué-rir ce qu'ils considèrent comme leur « espace vital » — leLebensraum— et celle de réduire en esclavage les peuplesslaves considérés comme des « sous-hommes » : des Un-termenschen. En pratiquant une politique d'exterminationcontre les populations slaves et surtout juives[48], les nazisse sont eux-mêmes privés de la possibilité de bénéficierd’un soutien de la population soviétique parmi laquelleles mécontents de la dictature stalinienne étaient pour-tant nombreux. Ils parviendront néanmoins à recruter uncertain nombre de partisans, par exemple l'armée Vlas-sov, une division SS ukrainienne ; ainsi, des maquis anti-communistes subsisteront en Ukraine jusqu'à l'été 1946et d’anciens SS ukrainiens rejoindront l'Armée insurrec-tionnelle ukrainienne — l'UPA — en lutte contre l'Arméerouge jusqu'en 1948, et dans une moindre mesure jus-qu'en 1954 pour ses derniers éléments.La victoire se paye au prix de millions de morts : environ21 000 000 morts — 13 millions de civils et 8 millions demilitaires[49] — ; le total de 27 millions sera même annon-cé à l'époque de la Perestroïka. Et ces millions de mortsdoivent être ajoutés aux autres millions tombés au coursdes catastrophes humaines qui ont précédé depuis le dé-but du XXe siècle : pertes de la Première Guerre mon-diale, guerre civile, élimination des opposants, déporta-tions dans des régions inhospitalières et famines, soit untotal de l'ordre de 20 % de la population soviétique, et 12% pour le seul second conflit mondial.En comparaison, sur la seule Seconde Guerre mondiale,

les États-Unis ne perdent que 0,2 % de leur population,et la France 1,5 % de la sienne.En outre, les destructions matérielles en URSS sont gi-gantesques, les pires subies par un belligérant dans ceconflit.

1.4.5 L'après-guerre

La conférence de Potsdam en juillet 1945

Joseph Staline en 1949, fumant sa fameuse pipe Dunhill[50].

Tous les témoignages concourent à montrer que lors dela victoire de 1945, la population espère conserver les es-paces de liberté concédés pendant la guerre et ne pas re-venir au système d'avant 1941. Mais au cours de l'été, Sta-line prend la décision de rétablir ce dernier à l'identique.Les pays d'Europe de l'Est traversés sont placés sous lecontrôle de l'URSS et y restent après la conférence de Yal-ta. Staline leur impose le modèle soviétique, notamment

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1.5 Mort 11

Позвольте нам бороться за мир -Wir kämpfen für das Friede- Nous luttons pour la paix - fresque sur toile (6 m x 3 m, 1951)illustrant le culte de la personnalité de Staline dans l'ensemble dubloc de l'Est.

par le coup de Prague en 1948 et par la mise en placede gouvernements pro-soviétiques. En Tchécoslovaquie,le seul pays de la sphère soviétique dotée d'une tradi-tion démocratique, le parti communiste prend le pou-voir avec la bénédiction de Staline. Il crée en 1947 leKominform, un rassemblement de partis communisteseuropéens à l'image de l'Internationale et dirigée parle PCUS. Impuissant à empêcher la rupture soviéto-yougoslave (1948), Staline développe une campagne in-tense contre Tito, qu'il avait épargné au moment desGrandes Purges, et multiplie les procès truqués de com-munistes disgraciés en Europe de l’Est, notamment àPrague où la plupart des accusés sont choisis parmi desJuifs (procès de Prague contre Rudolf Slánský et d'autreshauts dignitaires du parti communiste tchécoslovaque,1952). En 1949, il fait accéder son pays à l'arme ato-mique, en partie grâce à ses réseaux d'espionnage auxÉtats-Unis et aux prisonniers du Goulag et des charachka.En Asie, la politique stalinienne de l'après-guerre suitun cours sinueux : soutien au sionisme entre 1946 et1950, suivi d'un net revirement anti-israélien et mêmeantisémite[51], accueil très réservé fait à la révolution chi-noise, politique prudente en Corée.Article détaillé : Antisémitisme de Joseph Staline.

À l'intérieur, le culte de la personnalité du Vojd(« Guide ») atteint son ampleur maximale, culminant àson 70e anniversaire en 1949. Des dizaines de villes, desmilliers de rues, de fermes, d'usines, etc. portent le nomde Staline, qui refuse la proposition de renommer la capi-tale Moscou « Stalinodar ». Le point culminant de l'URSSreçoit le nom de « pic Staline ». Des « prix Staline » dé-cernés depuis 1941 deviennent les équivalents soviétiquesdes prix Nobel.Le système se reproduit dans certains partis commu-nistes des pays frères, dont les dirigeants sont qualifiés de« meilleurs staliniens » de France, d'Italie, etc. (MauriceThorez, Palmiro Togliatti, Georgi Dimitrov…). Proba-blement repris de l'appellation d'Abraham, le titre de« Père des peuples »[52] (Отец народов) ou encore de« Grand guide des peuples » (Великий вождь народов)signale que Staline a réussi à s’identifier non seulement

à la nation soviétique mais aussi à d'autres nations dumonde grâce à sa victoire sur le nazisme qui lui confère unréel prestige dans le monde bien au-delà des seuls cerclescommunistes.Le « second stalinisme » se caractérise aussi par un retourencore plus affirmé au nationalisme et au chauvinisme,un renforcement de la russification et de la répression desminorités, une campagne antisémite contre le « cosmo-politisme »[53].L'emprise de Staline sur le champ culturel et scientifiques’alourdit aussi considérablement. Il fit réécrire en per-manence l'histoire, notamment pour apparaître comme lecoauteur de la Révolution russe, pour gommer le rôle deses opposants et victimes, ou pour attribuer à des Russesla paternité de toutes les grandes inventions contem-poraines. Il accentua son soutien aux théories charlata-nesques du biologiste Trofim Lyssenko, et ravagea ain-si la génétique soviétique. Il se mêla même d'intervenirdans les débats linguistiques (Le Marxisme dans les ques-tions linguistiques, 1951) et prétendit que la manipulationdu langage permettrait l'avènement de « l'homme nou-veau », prétention qui inspira à George Orwell la satiredu novlangue. Quant aux écrivains, musiciens et artistes,leur création fut soumise étroitement au réalisme socia-liste, et Staline chargea son protégé Andreï Jdanov de lesremettre au pas par une violente campagne doctrinaire(Jdanovtchina).Accentuant une tendance autocratique déjà nette avant laguerre, Staline ne réunit pratiquement plus le Politburoet espace à l'extrême les congrès du Parti : cinq seule-ment de 1927 à 1953, dont aucun entre 1939 et 1952,alors qu'il s’en tenait un par an même en pleine guerre ci-vile russe. S'il ne pratique plus de grandes purges commeavant-guerre, il terrorise son propre entourage, humiliantsouvent en public ses plus fidèles serviteurs, les frappantà travers leurs épouses, leurs frères, etc. et leur faisantmiroiter à toute occasion la possibilité d'une disgrâce fa-tale. Il s’apprête notamment à éliminer le chef de la policeLavrenti Beria lorsque la mort le saisit[54].

1.5 Mort

Article détaillé : Funérailles de Joseph Staline.Souffrant depuis plusieurs années d'athérosclérose, il

avait déjà subi plusieurs attaques cardiaques qui l'avaientamené à arrêter de fumer et boire moins d'alcool au profitdu thé[55].Le soir du 28 février 1953, après avoir réuni au Kremlinun Præsidium de 25 membres au sujet du complotdes blouses blanches, Staline emprunte vers 23 heuresune des trois limousines ZIS 110 devant le mener àsa datcha de Kountsevo (ancienne résidence d'été desprinces d'Orlov[56]), près de Moscou, les deux autres étantdes leurres : chaque voiture prend un itinéraire diffé-rent chaque soir. Il prend son dîner dans le salon de ladatcha en compagnie de Beria, Malenkov, Boulganine et

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Masque mortuaire de Staline, musée Staline à Gori (Géorgie)

Krouchtchev puis monte se coucher dans une de ses septchambres, toutes fermées par une porte blindée[57].Staline ne se manifeste pas pendant toute la journée du1er mars et ne commande aucun de ses repas[58], contrai-rement à son habitude. L'arrivée du courrier du comitécentral du Kremlin donne le prétexte de déranger Sta-line malgré ses consignes. Selon le garde du corps de Sta-line Alexandre Rybine, c'est l'officier de sécurité PiotrLozgatchev qui force la porte et trouve Staline tout ha-billé (son pantalon de pyjama trempé d'urine[56]), allon-gé sur le tapis, inconscient, frappé par une attaque céré-brale, vraisemblablement peu de temps après le départde ses collaborateurs[59]. Les Mémoires de Khrouchtchevmentionnent que c'est la vieille gouvernante de StalineMatrena Boutouzova qui le découvre ainsi. Les gardesdéplacent Staline sur le canapé du salon avant de dé-cider ce qu'il convient de faire. Son plus proche colla-borateur Gueorgui Malenkov, averti de la situation, té-léphone à Beria seul habilité à autoriser un médecin às’approcher de Staline (il soupçonnait ses médecins devouloir le tuer) mais le chef de la police politique estintrouvable[60]. Dans la nuit du 1er au 2 mars, le chef dela garde convoque les principaux collaborateurs de Sta-line à la datcha, dont Khrouchtchev, Boulganine, Béria,Malenkov, qui découvrent alors Staline inconscient maispas encore mort. Ayant peur de son courroux s’ils lui fai-saient mal, ils attendent plusieurs heures avant d'appelerun médecin, alors que Staline avait déjà été frappé parcette attaque depuis plus de 24 heures. Selon certains té-moignages, Béria s’opposa à la convocation de médecins,sachant que Staline préparait une purge qui le concernait ;il avait donc tout intérêt à ce que Staline meure. Lorsquele médecin arrive, il est trop tard, Staline est déclaré mortle 5 mars à 6h du matin[61]. Selon le témoignage de safille Svetlana, Staline au cours de sa longue agonie auraitmanifesté des moments de conscience avant de mourir.Selon un memorandum de Beria publié conformément àses souhaits après sa mort, le décès de Staline est attribuéà un empoisonnement par l'un de ses rivaux, ViatcheslavMolotov, pour achever Staline : victime d'une attaque lorsde la discussion houleuse du Præsidium du 28 février, il

fut ramené dans sa datcha et Molotov aurait versé de lawarfarine dans son cognac[62].L'aura de Staline est telle que la Pravda passe sous si-lence, pendant près d'une semaine, la mort du composi-teur Sergueï Prokofiev, survenue le même jour, 50 mi-nutes avant celle du « génial père des peuples »[63].Les funérailles de Joseph Staline se tiennent le 9 mars1953 à Moscou. Elles sont marquées par une terriblebousculade qui fait des centaines de victimes. Dans lemonde socialiste, dans le mouvement communiste inter-national et chez les anciens Alliés de la Seconde Guerremondiale, le chagrin et la déférence semblent alors lessentiments dominants, au moins en public, ainsi que lapeur devant un avenir désormais incertain.Exposé aux côtés de Lénine dans le mausolée de la placeRouge, il en est déplacé en 1961 à la suite du XXIIe

Congrès du PCUS. Selon Hélène Carrère d'Encausse, àla suite de propos tenus par une vieille militante bol-chévique, Lazourkina, qui aurait rêvé de Lénine lui di-sant qu'il lui était pénible de reposer aux côtés de Sta-line, le Congrès vote l'expulsion du corps de Staline duMausolée[64]. On l'enterre entre le mausolée et le murdu Kremlin, dans ce qui deviendra un petit cimetière deshauts personnages de l'URSS.

1.6 « Legs politique »

Le décès de Staline marque la confirmation de la« coexistence pacifique » sur le plan international, toutcomme elle entraîne vite une vague d'événements enURSS et dans le bloc soviétique. En Union Soviétique,une direction collégiale se met en place, dominée untemps par Lavrenti Beria qui contrôle toujours l'appareilpolicier et certains ministères stratégiques. Beria se trans-forme paradoxalement en champion de la libéralisation :il relâche les accusés du « complot des blouses blanches »en reconnaissant que leurs « aveux » ont été extorqués parla torture, et amnistie dès le mois de mars près d'un mil-lion de condamnés de droit commun qui sortent alors duGoulag. Le stalinisme n'est pas pour autant renié encoreofficiellement.Dans le bloc de l'Est, la mort de Staline entraîne unsoulèvement contre le régime à Berlin-Est et en RDA àpartir du 16 juin, donnant l'espoir d'une réunification al-lemande rapide, mais le mouvement est sévèrement ré-primé.Après une longue période de flottement, qui se solde entreautres par l'exécution du chef du KGB Lavrenti Beria,Nikita Khrouchtchev arrive à la tête du pays. En 1956,l'URSS rompt officiellement avec le stalinisme au coursdu XXe congrès du Parti communiste de l'Union sovié-tique. En 1961, le corps embaumé de Staline est retirédu mausolée de Lénine et Stalingrad devient Volgograd.Les rescapés du régime stalinien sont libérés du Goulaget la réhabilitation globale des victimes de Staline, ini-

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tiée par Khrouchtchev, stoppée sous Brejnev, est relan-cée sous Gorbatchev et achevée après la dislocation del'URSS. Hélène Carrère d'Encausse a qualifié la déstali-nisation enclenchée en 1956 à la lecture du « rapport se-cret » de Khrouchtchev de « deuxième mort de Staline ».En revanche, les successeurs de Staline ne réformentpas le système économique et social hérité de sonrègne, malgré ses défauts de plus en plus évidents (bu-reaucratisme, pénuries chroniques, sous-productivité, ab-sence d'initiative personnelle, coût écologique, déséqui-libre des branches au profit d'une industrie lourde demoins en moins adaptée à l'évolution historique, etc.).L'effondrement des régimes d'Europe de l’Est (1989) etla désintégration de l'URSS (1991) achèveront l'agonie dela structure du système économique soviétique près de 35ans plus tard.

Mao Zedong et Staline, en 1949.

Après 1961, seules la République populaire de Chinede Mao Zedong, la Corée du Nord de Kim Il-sung etl'Albanie de Enver Hodja continuent à se réclamer ouver-tement de Staline, et ce jusqu'à la mort de Mao Zedong en1976. Même aujourd'hui, la critique de Staline n'est pasà l'ordre du jour en Chine populaire et encore moins enCorée du Nord, souvent considérée comme « le dernierrégime stalinien de la planète ».À l'heure actuelle, sur le plan international, plusieurspartis communistes de faible importance (PC de Grèce(KKE), Parti communiste bolchevik de Nina Andreeva,Russie laborieuse de Viktor Anpilov, Parti communisteouvrier de Russie de Viktor Tioulkine, Union des PCrusse/biélorusse de Chénine, Parti du travail de Belgique,entre autres) ont annoncé avoir réévalué positivementl'œuvre et les mérites de Staline. D'autres groupes parfoismaoïstes continuent à se réclamer plus ou moins direc-tement de Staline : Parti communiste du Népal, Sentierlumineux au Pérou, ou en France un groupuscule commel'Union des révolutionnaires-communistes de France. Cesorganisations affirment incarner le « marxisme-léninismevéritable ». Quelques rares auteurs staliniens très contro-versés développent également une vision encore très favo-rable de Staline et de son action, dont ils passent sous si-lence ou minimisent les nombreuses zones d'ombre : ainsile Belge Ludo Martens ou l'historienne française Annie

Lacroix-Riz, qui s’appuient surtout sur l'ouverture des ar-chives soviétiques et européennes pour relativiser la cri-tique antistalinienne, encore dominante, déclenchée parle rapport Kroutchev de 1956.En Russie, le culte de Staline n'est pas exclusivement lefait de nostalgiques du régime. Il est également propa-gé par des milieux ultra-nationalistes qui considèrent quele mérite essentiel de Staline a été de créer un État fortincarnant le destin de la nation russe. Ce culte est gé-néralement associé à l'antisémitisme. La plupart des sta-liniens considèrent que ce sont des Juifs qui ont incar-né les tendances les plus internationalistes du marxisme(Trotsky, Rosa Luxemburg, Zinoviev, Kamenev, etc.) —Karl Marx étant lui-même d'origine juive.Dans la Russie d'aujourd'hui 45 % de la population justi-fie les répressions staliniennes[65].

2 Controverses

De nombreuses interprétations contradictoires ont étésuscitées par l'ampleur des crimes de Staline, mais aussipar celle des mutations qu'il a fait connaître à la Russie.Selon le mot de Churchill, « Staline a hérité d'une Russieà la charrue, et l'a laissée avec l'arme atomique »[66].Pendant les Grandes Purges, de nombreux Soviétiques,dans les villes surtout, étaient sincèrement convaincus queStaline ignorait ce qui se passait dans le pays et qu'on luicachait la vérité. C'était là la reprise du très vieux thèmedu bon tsar victime de ses mauvais ministres.De même, de très nombreux communistes, envoyés brus-quement en prison ou au Goulag sans pouvoir com-prendre ce qu'on pouvait bien leur reprocher, persistaientde toutes leurs forces à défendre Staline et à lui faire ap-pel, croyant avoir en lui leur recours. Jusqu'au seuil deleur exécution, des condamnés à mort protestaient de leuramour pour lui et de leur dévouement total à sa personneet au Parti, écrivant et déclarant qu'ils mourraient avecle nom de Staline sur les lèvres. En réalité, Staline étaitparfaitement au courant et pilotait en personne toutes lesopérations de la Grande Terreur. Les archives de Mos-cou ont levé les derniers doutes, et mis au jour 383 listesde condamnations à mort signées de la main de Staline— soit 44 000 exécutions — ou les injures qu'il griffon-nait parfois sur les lettres de dévouement ultimes de sesvictimes[67].Du vivant même de Staline, on glosa sans fin à l'étranger etjusqu'au sein du Parti sur ses origines caucasiennes, et onfut tenté d'expliquer ses crimes comme une manifestationde « barbarie asiatique ». Ossip Mandelstam fut déportésans retour pour avoir stigmatisé dans une pièce de vers« le montagnard du Kremlin », « l'homme au large poitraild'Ossète ».Armés de leurs préjugés racistes, les nazis et leurs col-laborateurs poussèrent ad nauseam l'assimilation de Sta-

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14 3 BILAN DES ASSASSINATS DE MASSE ET DÉPORTATIONS COMMIS SOUS STALINE

line, russe ou caucasien, à l'Asiatique dégénéré et cruel— bien qu'Hitler n'ait jamais caché en privé son admira-tion pour Staline, seul homme à ses yeux à avoir su fairemarcher au pas les « sous-hommes » slaves, et dont il en-viait sa capacité de faire fusiller ses généraux contesta-taires. Les parentés, mais aussi les différences tout aussinotables des deux dictateurs totalitaires, restent un sujetde discussion inépuisable, notamment depuis les travauxde Hannah Arendt (Les Origines du totalitarisme, 1951)et la double biographie pionnière d'Alan Bullock (Hitleret Staline : vies parallèles, Paris, Albin Michel, 1993).D'autres voient Staline avant tout comme un chef d'Étatrusse, continuateur des tsars et incarnation des ambi-tions nationales de l'ancienne Russie. Il n'aurait conservéque pour la forme un vernis de discours révolutionnaire.C'était en gros la vision du général de Gaulle, ou celle desnationaux-bolcheviks allemands. Staline a lui-même in-vité à interroger sa place dans la continuité de l'histoirerusse, en se comparant volontiers aux despotes moderni-sateurs Ivan le Terrible et Pierre le Grand. Néanmoins,il reste difficile de concevoir, par exemple, pourquoi Sta-line aurait tant tenu à aligner les pays de l'Est, déjà soussa coupe, sur le modèle soviétique, si ses ambitions im-périales avaient été étrangères à toute adhésion profondeau projet révolutionnaire hérité du parti bolchevique.Le rapport de Staline à la Révolution russe est pareille-ment controversé. Pour Nikita Khrouchtchev en 1956,la dérive de Staline n'aurait commencé qu'en 1934, cequi permettait de ne pas remettre en cause la collectivi-sation désastreuse ni les choix d'industrialisation force-née, encore moins l'œuvre de Lénine. Les communistesfurent à ses yeux les principales victimes de Staline, et lesGrandes Purges, tombées sur un Parti présenté comme in-nocent, ne seraient dues qu'à sa « paranoïa » personnelle— explication intenable aujourd'hui, et au demeurant fortpeu marxiste. Pour Trotski et les trotskistes, Staline estd'abord le représentant de la bureaucratie, qui a « trahi larévolution » en la privant de sa dimension internationaleau profit du « socialisme dans un seul pays », et qui a li-quidé l'héritage de Lénine ainsi que la vieille garde. Auxyeux de Trotski, Staline représentait le « Thermidor » dela révolution russe (bien qu'au contraire du Thermidorfrançais, celui-ci ait relancé la transformation sociale etla terreur à un degré que nul n'aurait osé prévoir)[68].Pour de nombreux anarchistes ou sociaux-démocrates,ainsi que pour la plupart des historiens actuels, il n'y apas au contraire de discontinuité entre Lénine et Staline.Nul n'avance certes que Lénine aurait été du genre à pro-mouvoir la bureaucratie, le nationalisme, l'antisémitisme,l'académisme, les théories de Lyssenko ou un culte de sapersonnalité. Mais dans la lignée de la biographie pion-nière et toujours utilisable de Boris Souvarine[69], les his-toriens soulignent qu'il a laissé à Staline la dictature duparti-guide infaillible, le centralisme démocratique inter-disant les tendances, le culte du secret, l'apologie de laviolence « nécessaire » et de l'absence de scrupules mo-

raux au nom de la révolution, ainsi qu'un État policierdéjà tout-puissant ayant liquidé toutes les oppositions etemployant un certain nombre de pratiques perfection-nées ultérieurement par Staline (responsabilité collectivedes familles, stigmatisation-discrimination collective degroupes sociaux, procès truqués, censure, persécutions re-ligieuses, massacres, premiers camps de travail, etc.).En tout état de cause, Staline lui-même était militantbolchevique depuis trop longtemps pour qu'on puisseexonérer raisonnablement le Parti de toute responsabi-lité dans la formation de sa personnalité et de ses mé-thodes. La récente biographie de Simon Sebag Mon-tefiore, par exemple, met fréquemment en parallèle lescomportements et la sociabilité du Staline des années1930-1950 (et de ses amis) avec ceux hérités de laguerre civile. De très nombreux bolcheviks entrés au Par-ti dès l'adolescence, souvent bien avant la révolution, ontd’ailleurs servi la politique (et les crimes) de Staline sansétat d'âme (Molotov, Kliment Vorochilov, Boudienny,Grigory Ordjonikidze, Kirov, Iagoda, Iejov, etc.).Par ailleurs, s’il est certain aujourd'hui que Staline est res-ponsable de la mort de plus de communistes qu'aucun dic-tateur anticommuniste au monde (même Hitler a, compa-rativement, tué moins de dirigeants du KPD), la théma-tique faisant des communistes les « premières victimes deStaline » est relativisée fortement. Nicolas Werth montreainsi que 94 % des victimes des Grandes Purges de 1937-1939 n'étaient pas communistes.Enfin, aujourd'hui, le jugement du peuple russe, pour-tant parmi les premiers à avoir souffert des méfaits deStaline, est loin d'être unanime. Ainsi, un sondage[70]

réalisé par l'institut Youri Levada en mai 2006 révèleque les avis favorables et défavorables des Russes en-vers la personnalité de dirigeant de Joseph Staline s’équi-librent à peu près (différence des pourcentages favo-rables moins défavorables égale à −2). Si l'on compare aumême jugement porté par exemple sur Mikhaïl Gorbat-chev (−24), on constate une forte inversion par rapport aujugement généralement porté par l'Occident. L'écrivainAlexandre Zinoviev est passé d'une critique sans conces-sion du stalinisme à une critique non moins mordante del'antistalinisme.

3 Bilan des assassinats de masseet déportations commis sous Sta-line

La déportation continue de centaines de milliersd'opposants réels ou supposés, les emprisonnementsarbitraires, et l'interdiction de toute contestation de lapersonne de Staline sont emblématiques de la période1922-1953. L'historienne Anne Applebaum estime que18 millions de Soviétiques ont connu le Goulag sousStaline et six autres millions l'exil forcé au-delà de

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Les transferts de populations, les déportations et les génocides enEurope pendant et à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, alorsque l'URSS était dirigée par Joseph Staline.

l'Oural ; un à deux millions de personnes y décédèrent.En tout, un Soviétique adulte sur cinq connut le Goulagde par la politique stalinienne[71]. Des gens disparurentpour avoir mal orthographié le nom de Staline ou pouravoir enveloppé un pot de fleurs avec une page de journalcomprenant sa photo. On distingue cependant plusieursépisodes marquants :

• 1930-1932 : « déportation-abandon » (NicolasWerth) de deux millions de koulaks au-delà del'Oural, où ils sont laissés à eux-mêmes sans lesmoindres structures ni habitations pour les ac-cueillir. Beaucoup périrent de faim et de dénuement.

• 1932-1933 : résultante notamment de la collectivi-sation forcée des terres, la famine ravage les richesterres à blé ukrainiennes, et fait entre 6 et 8 millionsde morts, dont 2,6 à 6 en Ukraine, où elle est appe-lée holodomor (littéralement : meurtre par la faim).Si l'holodomor n'est pas le génocide que certains ontvoulu voir (les Ukrainiens sont même surreprésen-tés au Parti et dans l'entourage de Staline), Staline arefusé d'écouter les avertissements nombreux qui luiparvenaient, et qui démontraient que la poursuite descollectes forcées conduirait au désastre[72]. Il a niél'existence même de la famine[réf. souhaitée]. Cepen-dant, selon certains chercheurs (notamment MarkTauger ou Stephen Wheatcroft), les exportations so-viétiques en 1932 et 1933 étaient inférieures à deuxmillions de tonnes, soit moins que la moyenne desannées précédentes et suivantes. Pour eux, la famineest également due à une très mauvaise récolte en1932 et à l’abandon partiel des populations par lerégime. La famine était probablement évitable, maisStaline semble l'avoir laissé se produire plus qu'il nel'a délibérément organisée[réf. nécessaire].

• 1937-1938 : les Grandes Purges conduisent àl'exécution de 681 000 personnes et à l'envoi au

Goulag d'à peu près un million, aux dires du chefdu KGB sous Gorbatchev, Krjuckov en 1989[73]. Denombreuses minorités frontalières sont aussi dépla-cées de force, comme les 170 000 Coréens qui seretrouvent en Asie centrale, ou de très nombreuxBaltes et Polonais. À l'été 1937, Staline lève person-nellement l'interdiction de la torture dans les prisons,et ne la rétablit que fin 1938. Il a personnellement si-gné 383 listes de condamnations à mort collectivesreprésentant un total de 44 000 individus. Rayanttout au plus un nom de temps à autres, quelques motsen marge voire un simple signe d'approbation lui suf-fisait pour mettre fin en bloc et sans appel à plu-sieurs centaines d'existences. Dans la soirée du 25novembre 1938, il signe ainsi avec Molotov l'arrêtde mort de 3 173 personnes, un record.

• De septembre 1939 à juin 1941, dans la partie orien-tale de la Pologne (revenue à l'URSS à la suite dupacte germano-soviétique), deux millions de per-sonnes sont déportées par trains entiers. Des cen-taines de milliers de ces déportés périrent soit dansles trains, soit dans les camps de Russie septentrio-nale, de Sibérie ou du Kazakhstan, où beaucoup suc-combèrent au froid ou à la faim. En mars 1940 y alieu le massacre de Katyń : 14 736 officiers et fonc-tionnaires polonais ainsi que 10 685 de leurs conci-toyens déjà détenus par le NKVD sont exécutés dansla forêt de Katyń, près de Smolensk, sur ordre deStaline et en raison de leur statut social dans la so-ciété polonaise. Katyń ne fut d'ailleurs pas un lieud'exécution spécifiquement réservé aux Polonais[74].Des estimations plus récentes ont sensiblement ré-duit à la baisse les chiffres de cette répression :« Entre septembre 1939 et juin 1941, les Sovié-tiques assassinèrent ou déportèrent plus de 440000Polonais[75] ».

• En 1944, en six jours, l'ensemble du peuple tchét-chène est déporté, soit 600 000 personnes, en Sibé-rie orientale, ainsi que d'autres peuples Allemandsde la Volga (en 1941), Tatars de Crimée, Kalmouks,Coréens de Vladivostok (avant 1944) ; ou en partie :Ukrainiens, Estoniens, Lettons, Lituaniens).

Les archives soviétiques ouvertes après la dislocation del'Union soviétique, montrent qu'environ 800 000 prison-niers sont morts sous Staline (mais en 32 ans 1921-1953)pour des raisons politiques ou criminelles, qu'environ 1,7million de personnes sont mortes dans les goulags et envi-ron 390 000 dans les transferts de population pour un totald'environ 3 millions de morts officiellement recensés[76].Les historiens qui ont travaillé après la dislocation del'Union soviétique estiment quant à eux que le nombre desvictimes du régime en dehors des famines se situe entre 4et 10 millions[77]. Vadim Erlikman, donne les estimationssuivantes :

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16 4 FAMILLE

En incluant les victimes de la famine on arrive àdes chiffres de plus de 20 millions[79], [80],[81],[82],[83],[84],[85],[86].D'autres relèvent 963 766 décès - « ennemis du peuple »et droits communs confondus - dans les camps entrele 1er janvier 1934, jour officiel de la création del'administration pénale pénitentiaire, et le 31 décembre1947. « Ce dernier chiffre, ainsi que celui des personnesdécédées lors de la déportation des koulaks peut être ajou-té au “terrible prix” qui a été payé »[87].

4 Famille

La mère de Staline meurt en 1937. Staline ne vint pas auxfunérailles, mais envoya une couronne.Il a eu deux épouses : Ekaterina Svanidze et NadejdaAlliloueva-Staline. On lui a aussi parfois prêté une maî-tresse ou épouse nommée Rosa Kaganovitch, présentéecomme sœur de Lazare Kaganovitch[88]. Néanmoins, unetelle relation a été niée par Svetlana Allilouïeva[89]. Lafamille Kaganovitch a également démenti l’existence decette Rosa[90].

• La première femme de Staline, Ekaterina Svanidze,dite « Kato », meurt du typhus en 1907, quatre ansseulement après leur mariage. À ses funérailles, Sta-line aurait confié à un ami que tout sentiment cha-leureux qu'il avait eu pour le peuple était mort avecelle, car elle seule pouvait soigner son cœur. Pendantles Grandes Purges, la belle-famille de Staline, aprèsavoir partagé des années son quotidien au Kremlin,est arrêtée puis exécutée avec son accord : AliochaSvanidze et sa femme Maria Svanidze seront fusillésen 1941.

Kato avait eu un fils, Iakov Djougachvili, que Staline nevit pas avant son adolescence. L'attitude de Iakov étaitinsupportable aux yeux de Staline, qui n'éprouvait que dumépris et de la colère envers lui[91]. Iakov tenta même dese suicider avec une arme à feu à cause de l'incroyable du-reté de son père envers lui, mais il survécut. Après cet épi-sode, Staline se contenta de déclarer : « Il ne peut mêmepas tirer droit ». Iakov servit dans l'Armée rouge et futcapturé par les Allemands en juillet 1941. En vertu deses dispositions répressives contre les prisonniers, consi-dérés comme des traîtres et qui exposaient leurs familles àdes représailles, Staline fit arrêter quelque temps la jeunefemme de son fils. En 1943, Staline refusa de l'échangercontre le Maréchal Friedrich Paulus, capturé par l'Arméerouge lors de la bataille de Stalingrad : « un lieutenant nevaut pas un général », aurait-il dit ; selon d'autres sources,il aurait répondu à cette offre « je n'ai pas de fils ». Lerapport officiel indique que Iakov s’est suicidé en se je-tant contre une barrière électrique du camp de concen-tration de Sachsenhausen. Si les circonstances exactes de

sa mort n'ont pas été toutes élucidées, la thèse du suiciden'est cependant guère controversée.

• La seconde femme de Staline, Nadejda Alliloueva-Staline, meurt le 9 novembre 1932. Elle se suicidaau moyen d'une arme à feu (une balle dans le cœur)après une querelle avec Staline, laissant une lettrequi selon sa fille était « en partie personnelle, en par-tie politique ». Officiellement, elle mourut de ma-ladie. Le dossier médical de Nadia, disponible au-jourd'hui, révèle qu'elle souffrait de dépression etde solitude, son mari n'ayant plus guère de tempslibre à lui consacrer. Militante bolchévique fervente,et bien que des amis fréquentés à l'université l'aientmise au courant des horreurs de la dékoulakisationet de la famine sévissant en Ukraine, il n'est plus cer-tain aujourd'hui qu'une opposition à la politique deson mari ait été la raison principale de son suicide,comme on le supposait traditionnellement[92],[93].

Le couple avait deux enfants : un fils, Vassili, et une fille,Svetlana Allilouieva.Choqué par le suicide de sa mère (il avait 13 ans), etmarqué par son enfance très particulière dans un foyerfamilial que gardaient les agents du NKVD, Vassili futun adolescent dissolu et fugueur, travaillant mal à l'école,puis s’adonnant vite à l'alcoolisme. Il s’éleva dans les rangsde l'armée de l'air soviétique où son père l'avait poussé às’engager, bien que Vassili n'avait pas de réel intérêt à in-tégrer les forces aériennes de l'armée rouge[94]. Il se battit— plutôt bien — pendant la guerre et grâce à son pèreobtint d'importantes promotions. À la mort de son père,Vassili fut interné quelque temps par Beria[94]. Il mourutofficiellement d'alcoolisme en 1962 ; ce point est cepen-dant parfois débattu.Svetlana eut une relation privilégiée avec son père, celui-ci étant très attentionné vis-à-vis d'elle pendant son en-fance, au contraire des sentiments qu'il manifestait enversses fils. Les amis qu'eut Svetlana en grandissant étant pourcertains d'origine juive, ce qui put confirmer Staline dansson idée d'infiltration de son entourage par les milieuxsionistes. En 1943, il l'oblige à rompre sa relation avec uncinéaste juif, Alexis Kapler, de 24 ans plus âgé qu'elle,et envoie celui-ci au goulag. Conséquence de la dégra-dation croissante de leurs relations personnelles, Svetlanacritiquera durement la politique de l'État et donc de sonpropre père après la fin de l'ère stalinienne[95].Une descendance de Staline subsiste aujourd'hui[96]. Enmars 2001, la chaîne russe privée NTV découvrit unpetit-fils auparavant inconnu vivant à Novokouznetsk.Iouri Davydov raconta à la NTV que son père l'avait in-formé de son lignage, mais, parce que la campagne contrele culte de la personnalité de Staline était à son apogée, luiavait dit de se taire. L'écrivain dissident Alexandre Solje-nitsyne avait effectivement mentionné l'existence d'un filsde Staline né en 1918 durant l'exil de Staline en Sibériedu nord.

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5 Vie privée et personnalité

« Tout petit, cauteleux, peu sûr de lui, cruel, nocturneet d'une méfiance perpétuelle, Staline paraît tout droitsortir de la Vie des douze Césars de Suétone, plutôtqu'appartenir à la vie politique moderne. » C'est ainsi quel'historien Eric Hobsbawm présente Staline dans son livreconsacré à l'histoire du « court vingtième siècle »[97].Staline n'a quitté la Russie qu'exceptionnellement et neconnaissait que le géorgien et le russe Après 1929, il vitcloîtré au Kremlin, dirigeant invisible qu'on ne voit en pu-blic qu'à de rares occasions. Son temps s’écoule entre sonbureau et sa datcha de Kountsevo près de la capitale, avecl'été des vacances à Sotchi au bord de la mer Noire.Staline vit en décalage temporel, utilisant la soirée et lanuit pour travailler — puis festoyer avec ses courtisans[98]

— se couchant à l'aube et se levant l'après-midi. Il imposedès lors son rythme d'existence à ses proches collabora-teurs, et de là à d'innombrables fonctionnaires de Moscouet d'URSS, à tous les échelons.Soucieux de tout contrôler dans les moindres détails, ilpratique l'intervention directe dans des affaires de toutdegré d'importance. Le moindre général au front, lemoindre directeur d'usine ou de kolkhoze, le moindreécrivain pouvait un jour entendre son téléphone sonneravec Staline en personne au bout du fil. La moindre lettrede citoyen soviétique, la moindre demande d'aide — oula moindre dénonciation — pouvait obtenir une réponsemanuscrite de Staline en personne, ce qui contribuait àrenforcer l'image d'un dirigeant omnipotent et proche desgens, mais aussi à tenir en inquiétude les responsables detout ordre.Bourreau de travail, Staline avait conservé de son pas-sé de conspirateur une mémoire prodigieuse et travaillaitfréquemment jusqu'à 16 heures par jour. Dévoré de lapassion du pouvoir, il mène un train de vie spartiate etn'a jamais semblé intéressé par le luxe et l'argent que cepouvoir absolu pouvait lui offrir. S'il saoule fréquemmentson entourage au cours de nuits festives parfois quasi-orgiaques, lui-même reste en réalité fort sobre et se sert deces banquets comme moyen de contrôle politique, l'alcooldéliant les langues. Ainsi, en 1935, le diplomate fran-çais Alexis Leger, secrétaire général du Quai d'Orsay,alors présent à Moscou avec Pierre Laval, le présidentdu Conseil français, constate que Staline se fait verserde la vodka depuis un carafon personnel qui, en réalité,contient de l'eau.Des travaux récents ont contesté la représentation tradi-tionnelle d'un Staline grossier et inculte, terrorisant sesproches à coup de colères menaçantes. La synthèse ré-cente de Simon Sebag Montefiore[99], la « plus éminentemédiocrité du Parti » (dixit Trotski) décrit Staline commeétant, en réalité, un autodidacte passionné et un dévo-reur de livres. Sa bibliothèque comportait 20 000 volumesdont beaucoup soigneusement annotés et fichés. Il possé-dait tous les ouvrages de référence du marxisme, mais

aussi toutes les œuvres de ses ennemis tels Trotski ouSouvarine. Il connaissait tous les grands classiques géor-giens, russes et européens, appréciait le ballet et la mu-sique, allant revoir une vingtaine de fois incognito LeLac des Cygnes. Tel jadis le tsar Nicolas Ier censuranten personne Alexandre Pouchkine, il lisait lui-même denombreux manuscrits de poètes et romanciers, et vision-nait pratiquement tous les films (il raffolait des westernset des films policiers américains et était un admirateurde Spencer Tracy et Clark Gable[100] ) qui sortaient enURSS. S'il fit éliminer sans états d'âme tous les écrivainsqui avaient un jour pu le critiquer (Boris Pilniak, OssipMandelstam, Isaac Babel, etc.) il laissa vivre MikhaïlBoulgakov, ou Boris Pasternak qu'il jugeait un « doux rê-veur » inoffensif, et se limita à brimer Anna Akhmatova.L'ouvrage de Montefiore, appuyé sur une masse de nou-veaux documents et témoignages, souligne également lapart d'humanité troublante que l'un des pires despotes duXXe siècle pouvait conserver. Comme le décrit l'historienbritannique, le même homme qui détruisit froidement desmillions d'existences savait aussi être un très bon mari sin-cèrement accablé par l'énigmatique suicide de sa femme,un père attentionné et un ami chaleureux. Surtout jus-qu'aux Grandes Purges de 1937, il règne sur son entou-rage plus par ses capacités de charme que par ses colèresou la terreur qu'il inspirera surtout sur la fin. Pour Mon-tefiore, ni fou ni paranoïaque, Staline suit toujours uneréelle rationalité politique même dans ses plans répressifsou son appui aux théories les plus démentes (lyssenkisme,réalisme socialiste dans l'art) pour peu qu'ils puissent ren-forcer son pouvoir.

6 Notes et références[1] Quoiqu'il y ait des informations contradictoires dans les

sources au sujet de la date de naissance de Staline, le re-gistre des naissances de l'église Ouspensky à Gori men-tionne la naissance de Iossif Djougachvili le 18 décembre1878 (6 décembre en calendrier julien). Cette date est éga-lement mentionnée sur son diplôme scolaire, sa fiche si-gnalétique de la police tsariste, un procès-verbal d'une ar-restation datée du 18 avril 1902 où il affirme avoir 23 ans,ainsi que dans tous les documents pré-révolutionnairesexistants. Staline lui-même mentionne le 18 décembre1878 dans un curriculum vitæ rédigé de sa main en 1921.Cependant, à partir de 1922, cette date de naissanceest changée pour le 21 décembre 1879 (9 décembre encalendrier julien), date à laquelle sera fêté son anniver-saire en Union soviétique. Le dramaturge Edvard Rad-zinsky suggère que ce changement fut opéré afin que lacélébration du 50e anniversaire de Staline puisse se dérou-ler à travers tout le pays, et qu'en 1928 son pouvoir n'étaitpas encore suffisamment assis pour ce faire. Dans son ou-vrage Staline (éd.Fayard, 2001), l'historien Jean-JacquesMarie montre en revanche qu'il avait déjà modifié sa datede naissance bien avant 1914.

[2] Henry Rousso, Nicolas Werth, Stalinisme et nazisme, his-toire et mémoires comparées, Éditions Complexe, 1999, p.

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18 6 NOTES ET RÉFÉRENCES

61

[3] Voir le § Bilan des assassinats de masse et déportationscommis sous Staline.

[4] Archie Brown, The Rise and fall of communism, VintageBooks, 2009, pages 493-494

[5] Nicolas Werth, La Leçon d'histoire de Vladimir Poutine,L'Histoire, n°324, octobre 2007

[6] La paternité discutée de Vissarion est étudiée dans SimonSebag Montefiore, Le jeune Staline, p. 57.

[7] Son inscription remonterait aux alentours du 15 août 1894(>Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline,p. 86)

[8] Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline,p. 89

[9] Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, p. 100

[10] Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, p. 98

[11] Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, p. 103

[12] Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, p. 108

[13] Koba (Ours) : héros du Patricide, roman de de l'écrivaingéorgien Alexandre Kazebegui, qui a une forte influencesur Staline, qui l'avait découvert au séminaire (JS Monte-fiore, Le jeune Staline, p. 99).

[14] Le 13 juin 1907 (calendrier julien), plus de 40 personnessont tuées lors de l'attaque de la banque d'État de Tbilissi.(Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, p. 31, (en)« prologue : the bank-robbery », p. 10, et la recensiond'Andrew Nagorski, « (en) New Stalin, Old Stalin, SameStalin », Newsweek, 25 octobre 2007.

[15] Dominique Venner, Le Siècle de 1914 : utopies, guerres etrévolutions en Europe au XXe siècle, Pygmalion, 2006, 408pages, p. 125 (ISBN 978-2-85704-832-9).

[16] Stéphane Courtois, « Comment comprendre Staline »,Académie des sciences morales et politiques, séance dulundi 24 février 2003.

[17] Jean Benoît, Staline, Resma, 1969, 301 pages, p. 46, quiprécise qu'un « autre eut pour théâtre le vapeur Nicolas-II,ancré à Bakou » et que « le vrai rôle de Staline dans cescoups de force fut longtemps dissimulé ».

[18] Chronique de Joseph Staline, Éditions Chroniques, 1995.

[19] Pierre Broué, Trotski, Fayard, 1986, p. 260-261.

[20] Sur la naissance du groupe de Tsaritsyne et son impor-tance cruciale par la suite, Pierre Broué, ibidem, p. 261.Sur les liens personnels de Staline avec la police politique,Simon Sebag Montefiore, Staline, la cour du tsar rouge,Éd. des Syrtes, 2005, passim.

[21] Sur cette « plébéinaisation du Parti » et son rôle dansl'ascension de Staline, Marc Ferro, Naissance et effondre-ment du régime soviétique, Hachette Pluriel, 1997.

[22] Post-scriptum du Testament de Lénine (4 janvier 1923)

[23] Boris Souvarine, dans sa biographie pionnière de Staline,utilise longuement le concept d'« oligarchie » dirigeantepour décrire le régime bolchevique né dès la révolutiond'Octobre, auquel Staline substitue son pouvoir personnelen s’appuyant sur la bureaucratie née par la suite. Staline.Aperçu historique du bolchevisme, Plon, 1935.

[24] L'agent du NKVD Krivitsky, passé à l'Ouest à la fin desannées 1930, a appris à Boris Souvarine que telle était ladénomination méprisante dont Staline affublait en privé laIIIe Internationale. Cf. Sophie Cœuré, La Grande lueur àl'Est. Les Français et la révolution russe 1917-1939 Seuil,1998.

[25] Le chiffre de six millions de morts semble cependant êtreplus proche de la réalité.

[26] Sergueï Skliarov, « Grande Famine : un silence de mort àMoscou » dans Nezavissimaïa Gazeta, cité dans Courrierinternational du 23 novembre 2007, [lire en ligne]

[27] Nicolas Werth, « Un État contre son peuple », in Le LivreNoir du Communisme, Robert Laffont, 1997.

[28] Oleg Khlevniouk, Le Cercle du Kremlin, Seuil, 1996.

[29] Sur le GOSPLAN et les plans quinquennaux,voir la Grande Encyclopédie Soviétique, articlesГосударственный плановый комитет et Пятилетниепланы развития народного хозяйства, en ligne.

[30] Sur le Ier plan, Allessandro Monigli, Staline et le Stali-nisme, Casterman, 1995.

[31] Selon Jean-Jacques Marie, Staline, op. cit. Les vrais résul-tats furent dissimulés et Staline officiellement réélu avecseulement trois bulletins contre lui. La commission de dé-pouillement fut presque intégralement assassinée pendantles Grandes Purges.

[32] Nombreux exemples de la relative distanciation que sespremiers fidèles conservaient envers Staline et son cultedans Simon Sebag Montefiore, Staline. La Cour du TsarRouge, op. cit., ou encore Oleg Khlevniouk, Le Cercle duKremlin, op. cit.

[33] Voir l'étude historique La Danĝera Lingvo d'Ulrich Lins

[34] Ces mécanismes et objectifs de la Grande Terreur ont étéanalysés par Oleg Khlevniouk, Le Cercle du Kremlin, op.cit., ou encore par Nicolas Werth, La terreur et le désarroi.Staline et son système, Perrin, 2007.

[35] Anne Applebaum, Goulag, une histoire, Grasset, 2003.Voir aussi Robert Conquest, La Grande Terreur, RobertLaffont, 1977.

[36] Anne Applebaum, Goulag, Grasset, 2005.

[37] Oleg Khlevniouk, Le Cercle du Kremlin, op. cit., détaillelonguement le conflit Staline-Ordjonikidzé.

[38] Simon S. Montefiore, Staline. La Cour du Tsar Rouge, op.cit.

[39] Pierre Broué, Histoire de la IIIe Internationale, Paris,Fayard, 1999, en particulier le chapitre : « Ils ont livréla citadelle ».

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19

[40] Bartolomé Bennassar, La Guerre d'Espagne et ses lende-mains, Perrin, 2004. Voir aussi Pierre Broué, Staline et larévolution : le cas espagnol, Fayard, 1996.

[41] Jean-Jacques Marie, Staline, Fayard, 2001.

[42] Churchill écrit à ce sujet : « L'offre des Soviétiques fut defait ignorée. Ils ne furent pas mis à peser sur la balancecontre Hitler et furent traités avec une indifférence, pourne pas dire un dédain, qui marqua l'esprit de Staline. Lesévénements se déroulèrent comme si la Russie soviétiquen'existait pas. Nous avons après-coup terriblement payépour cela. » (The Second World War, vol. 1, p. 104).

[43] Les déportations massives et brutales sont décrites parAnne Applebaum, Goulag, op. cit.

[44] Jean-Jacques Marie, Staline, op. cit., ou encore Simon S.Montefiore, Staline, La Cour du Tsar Rouge, op. cit., dé-crivent avec précision les faits et gestes de Staline durantles premières heures et les premiers jours de l'invasion.

[45] Anthony Beevor, Stalingrad, Le Livre de poche, 2003, etle film de Jean-Jacques Annaud du même nom qui en estinspiré. Aussi Montefiore, La Cour du Tsar Rouge, op. cit.

[46] Jean-Jacques Marie, Peuples déportés d'Union Soviétique,Casterman, 1996.

[47] Alexandra Kwiatkowska Viatteau, 1944, Varsovie insur-gée, Complexes, 1984.

[48] Dès le début de l'invasion de l’URSS, par l'intervention desEinsatzgruppen, exécutants de la Shoah par balles.

[49] Voir le tableau des pertes humaines de la guerre.

[50] Guy Hentsch, Staline négociateur. Une diplomatie deguerre, Éditions de la Baconnière, 1967, p. 292

[51] Arkadi Vaksberg, Staline et les Juifs, Robert Laffont, 2003.

[52] en français, la traduction la plus correcte retenue parl'Académie Française est « Père des peuples » (voirla réponse au discours de réception de Hélène Carrèred'Encausse, ainsi que ses ouvrages), sans diminutif, bienque l'on trouve parfois, sous des plumes françaises le di-minutif « petit », confusion avec d'autres surnoms histo-riques (le « petit père Combes »). La propagande veillait :ni la Pravda, ni le PCF n'utilisaient de diminutif, mêmechaleureux, pour parler de Staline de son vivant. Ses titreset surnoms se voulaient au contraire grandiloquents, acco-lant souvent l'épithète « génial » au « père des peuples ».

[53] Roy Medvedev, Le Stalinisme, 1971

[54] Jean-Jacques Marie, Les Derniers Complots de Staline,Complexe, 1997.

[55] (en) Zhores A. Medvedev, The unknown Stalin : His Life,Death, and Legacy, New York, Overlook, 2005, p. 6

[56] Diane Ducret, Emmanuel Hecht, Les derniers jours desdictateurs, L'Express/Perrin, 2012, p. 221

[57] (en) Simon Sebag Montefiore, Stalin : The Court of theRed Tsar, New York, Alfred A. Knopf, 2004, p. 189

[58] Paranoïaque, il a l'habitude de les faire goûter.

[59] Alexandre Rybine, Aux côtés de Staline, in Sotsiologit-cheskoe Issledovanie n° 3, 1988, p. 50

[60] Simon Sebag Montefiore, op. cité, p. 633

[61] L'Histoire en questions

[62] Memorandum dans Lavrentii Beria, 1953, in Moskva,Fond Demokratia, 1999

[63] Norman Lebrecht, « Prokofiev, la dernière victime de Sta-line », La Scena Musicale, Montréal, La Scène musicale,vol. 8, no 9, 4 juin 2003, p. 48-49 (ISSN 1486-0317 et1206-9973, lire en ligne)

[64] Hélène Carrère d'Encausse, Le malheur russe, essai sur lemalheur en politique, Paris, Fayard, 1988.

[65] L'enquête sociologique réalisée en Russie en mars 2015,« (ru) Как Вы лично в целом относитесь к Сталину ? »

[66] Winston Churchill, discours du 21 décembre 1959 àl'occasion du 80e anniversaire de la naissance de Staline.

[67] Quelques exemples donnés dans Jean-Jacques Marie, Sta-line, Fayard, 2001.

[68] Voir Tamara Kondratieva, Bolcheviks et jacobins, Payot,1989, sur la façon dont les acteurs de la révolutiond'Octobre ont interprété son évolution au prisme du pré-cédent de la Grande Révolution.

[69] Staline. Aperçu historique du bolchevisme, Plon, 1935.

[70] Comment les Russes jugent ceux qui ont dirigé leur paysau XXe siècle.

[71] Goulag, une histoire, tr. Grasset, 2005

[72] Voir par exemple la correspondance entre l'écrivainMikhaïl Cholokhov et Staline, publiée par Nicolas Werthdans Le Livre noir du Communisme, p. 193.

[73] Moshe Lewin, Le siècle soviétique, Paris, Fayard-LeMonde diplomatique, 2003, p. 515.

[74] C'est en 1928 que la forêt de Katyń a été allouée au com-missariat du Peuple aux Affaires intérieures. Le NKVDy dispose d'une spacieuse datcha de repos près des rivesdu Dniepr. Les 100 hectares qui l'entourent vont devenir,au fil des années de terreur stalinienne, un gigantesque os-suaire. Trois cents fosses communes y ont été creusées.Plus de 8 000 Russes et ressortissants de l'Union sovié-tique y ont été ensevelis par le NKVD.

[75] Stéphane Courtois, « Tout le symbole du mensonge tota-litaire », Le Figaro, 1er avril 2009. g g

[76] Stephen G. Wheatcroft, Victims of Stalinism and the SovietSecret Police : The Comparability and Reliability of the Ar-chival Data. Not the Last Word, source : Europe-Asia Stu-dies, Vol. 51, no 2 (mar. 1999), pp. 315–345, donne leschiffres suivants : pendant la période 1921–53, le nombrede condamnations pour raisons politiques s’établit commesuit, 4 060 306 condamnations ; 799 473 peines de mort ;2 634 397 en camps et prisons ; 413 512 exilés ; 215 942autres. En outre, sur la période 1937–52, il y a eu 14 269753 condamnations non politiques, dont 34 228 peines de

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morts, 2 066 637 condamnations à 0–1 an, 4 362 973condamnations à 2–5 ans, 1 611 293 condamnations à 6–10 ans, et 286 795 condamnations à plus de 10 ans.

[77] Steven Rosefielde. Documented Homicides and ExcessDeaths : New Insights into the Scale of Killing in theUSSR during the 1930s. Communist and Post-CommunistStudies, Vol. 30, No. 3, pp. 321–333, 1997. University ofCalifornia

[78] Vadim Erlikman, Poteri narodonaseleniia v XX veke :spravochnik, Moscou 2004, Russkaia︠︡ panorama, 2004(ISBN 5-93165-107-1)

[79] Simon Sebag Montefiore, Stalin : The Court of the RedTsar (ISBN 0753817667), p. 649 : « Perhaps 20 millionhad been killed ; 28 million deported, of whom 18 millionhad slaved in the Gulags. »

[80] Dmitri Volkogonov, Autopsy for an Empire : The SevenLeaders Who Built the Soviet Regime, 139 : « Between1929 and 1953 the state created by Lenin and set in mo-tion by Stalin deprived 21.5 million Soviet citizens of theirlives. » p. (ISBN 0684834200)

[81] Alexander N. Yakovlev, Anthony Austin et Paul Hollan-der, A Century of Violence in Soviet Russia, Yale Uni-versity Press, 2002, 234 : « My own many years and ex-perience in the rehabilitation of victims of political terrorallow me to assert that the number of people in the USSRwho were killed for political motives or who died in pri-sons and camps during the entire period of Soviet powertotaled 20 to 25 million. And unquestionably one must addthose who died of famine more than 5.5 million during thecivil war and more than 5 million during the 1930s. » p.(ISBN 9780300103229, lire en ligne)

[82] Robert Gellately. Lenin, Stalin, and Hitler : The Age ofSocial Catastrophe. Knopf, 2007 (ISBN 1400040051) p.584 : « More recent estimations of the Soviet-on-Sovietkilling have been more 'modest' and range between tenand twenty million. »

[83] Stéphane Courtois. The Black Book of Communism :Crimes, Terror Repression. Harvard University Press,1999. p. 4 : « U.S.S.R. : 20 million deaths. » et JonathanBrent, Inside the Stalin Archives : Discovering the NewRus-sia. Atlas & Co., 2008 ((ISBN 0977743330)) Introductiononline (PDF file) : « Estimations on the number of Sta-lin’s victims over his twenty-five year reign, from 1928 to1953, vary widely, but 20 million is now considered theminimum. »

[84] Steven Rosefielde. Red Holocaust. Routledge, 2009.(ISBN 0415777577) p. 17 : « We now know as wellbeyond a reasonable doubt that there were more than 13million Red Holocaust victims 1929–53, and this figurecould rise above 20 million. »

[85] Norman Naimark. Stalin’s Genocides (Human Rights andCrimes against Humanity). Princeton University Press,2010. p. 11 : « Yet Stalin’s own responsibility for thekilling of some fifteen to twenty million people carries itsown horrific weight... »

[86] Robert Conquest, The Great Terror : A Reassessment, 40thAnniversary Edition, Oxford University Press, 2007, inPreface, p. xvi : « Exact numbers may never be knownwith complete certainty, but the total of deaths caused bythe whole range of Soviet regime’s terrors can hardly belower than some fifteen million. »

[87] Moshe Lewin, op cit, p. 515.

[88] Life, 1er janvier 1945 lire en ligne

[89] Svetlana Alliluyeva Only One Year Harper & Row, c1969,p. 382

[90] Lettre de la famille Kaganovitch au journal Nedyelya No5,1991 - site de la revue Revolutionary Democracy

[91] Jean-Jacques Marie, Staline

[92] Sur le suicide de Nadia, l'ensemble du début du livre deSimon Sebag Montefiore, Staline. La Cour du Tsar Rouge,Éd. des Syrtes, 2005, le plus complet aussi sur la vie et lamort des autres membres de sa famille.

[93] Sur le suicide de Nadejda Allilouieva, on peut égalementconsulter les mémoires de Krouchtchev, qui se fonde surl'audition du chef du service de protection de Staline,Vlasik, et qui attribue le geste de Nadejda à une jalou-sie morbide : Н. С. ХРУЩЁВ, Воспоминания, Личноезнакомство со Сталиным, p. 51-53

[94] Staline, Jean-Jacques Marie, Fayard 2001

[95] Jean-Jacques Marie, Staline, Fayard, 2001.

[96] En particulier un petit-fils, Evgueni Djougachvili, colo-nel en retraite, qui s’est manifesté en juillet 2009 en assi-gnant un journal de Moscou auquel il reproche d'offenserla mémoire de son grand-père en affirmant qu'il a ordon-né en 1939 l'exécution des officiers polonais prisonniersà Katyń. Evgueni Djougachvili, le petit-fils de Staline of-fensé

[97] Eric Hobsbawm, L'Âge des extrêmes. Histoire du court XXe

siècle, 1914-1991, Complexe, 2003, p. 504.

[98] Simon Sebag Montefiore, Staline - La cour du tsar rouge,Éditions des Syrtes, 2005, p. 23, parle de « banquets im-périaux ».

[99] Staline. La Cour du Tsar Rouge

[100] Cité dans Le fantôme de Staline de Vladimir Fédorovski,éditions du Livre de Poche, p. 104

7 Voir aussi

7.1 Bibliographie

7.1.1 Œuvres

Les œuvres complètes de Staline sont disponibles en russesur internet (ru) Сталин И.В. Сочинения

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7.1 Bibliographie 21

Les œuvres complètes de Joseph Staline. Treize volumes In-8 re-liés en vinyle pour l'édition anglophone, sept volumes brochéspour l'édition francophone.

Treize volumes de ces œuvres ont été publiés en russe de1946 et 1952. L'édition fut interrompue avant la parutionaux États-Unis de trois volumes supplémentaires en 1967.En français, elles ont fait l'objet d'une traduction sous ladirection de G. Cogniot et J. Fréville. Sept volumes sontparus en 1953 (Paris, éditions sociales). Une réimpressionparut au Nouveau bureau d'édition entre 1975 et 1980sous la direction de Jean-Patrick Kessel.

• Anarchisme ou socialisme ?, 1907

• Le Marxisme et la question nationale et coloniale,1913

• Les Principes du léninisme, 1924

• Les Questions du léninisme (2 tomes)

• Le Marxisme et les problèmes de linguistique, 1950

• Les Problèmes économiques du socialisme enU.R.S.S., 1952

• Le Matérialisme dialectique et le matérialisme histo-rique

• L'Homme le capital le plus précieux, suivie de pourune formation bolchevik

• La Jeunesses communiste

• Lénine

• Sur la grande guerre de l'Union Soviétique pour lesalut de la patrie

• Après la victoire pour une paix durable

• Pour une vie belle et joyeuse

• Histoire de la révolution Russe (4 tomes)

• Histoire du parti Communiste (Bolchevik) de l'URSS

• Manuel d’économie politique / Académie des sciencesde l'URSS, 1956

7.1.2 Aspects généraux

• Antoine Auger, Dimitri Casali, Staline et son temps,Éditions Mango, 2004, (ISBN 978-2-7404-1855-0).

• Roman Brackman, Gérald Messadié, Staline, agentdu tsar, L'Archipel, 2003, 418 p., (ISBN 978-2-84187-462-0).

• Hélène Carrère d'Encausse, Staline, l'ordre par laterreur, Flammarion, Paris, 1998, (ISBN 978-2-08-081073-1).

• Robert Conquest, Staline, Odile Jacob, 1999, (ISBN978-2-7381-0174-7).

• Isaac Deutscher, Staline, Gallimard, Paris, 1973,(ISBN 978-2-07-029696-5).

• Jean Elleinstein, Staline, Fayard, Paris, 1984, 575 p.

• (en) Ian Grey, Stalin, Man of History, Weinfeld &Nicolson, 1979, 547 p. (ISBN 978-0-349-11548-1)

• Richard Lourie, Moi, Staline, Noir sur blanc, 2003,(ISBN 978-2-88250-126-4).

• Ernst Nolte La Guerre civile européenne (1917-1945) : national-socialisme et bolchevisme, Paris,Édition des Syrtes, 2000. Traduit de l'allemand parJean-Marie Argelès ; préface par Stéphane Courtois.Réédition : Paris, Librairie Académique Perrin, col-lection « Tempus », 2011.

• Jean-Jacques Marie, Staline, Fayard, Paris, 2003,(ISBN 978-2-213-60897-6).

• Roy Medvedev, Staline et le stalinisme, Albin Mi-chel, Paris, 1979 (nouvelle édition : Albin Michel,2000, 277 p.).

• Edvard Radzinsky, Joseph Staline, Le Cherche Midi,698p., 2011 (ISBN 978-2749117027)

• Robert Service (trad. Martine Devillers-Argouarc'h,préf. Robert Service), Staline [« Stalin : A Biogra-phy »], Paris, Perrin, 2013 (1re éd. 2004), 732 p.(ISBN 978-2-262-03455-9)

• Boris Souvarine, Staline. Aperçu historique du bol-chévisme, Plon, Paris, 1935 (nouvelle édition revuepar l'auteur : Champ Libre, Paris, 1978 ; réédité parles éditions Ivrea, Paris, 1992), (ISBN 978-2-85184-076-9) Voir la liste des éditions.

• Boris Souvarine, Sur Lénine, Trotski et Staline(1978-79), éditions Allia, 1990

• Robert C. Tucker, Staline révolutionnaire : 1879-1929, essai historique et psychologique, Fayard, Pa-ris, 1975, 436 p.

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22 7 VOIR AUSSI

• Adam Ulam, Staline, l’homme et son temps. I. Lamontée. II. Le pouvoir, Calmann-Lévy et Gallimard,Paris, 1977 (1re éd. originale : Stalin. The Man andhis Era, New York, 1973).

• Dimitri Volkogonov, Staline : triomphe et tragédie,Flammarion, Paris, 1991, 539 p.

• Nicolas Werth, La terreur et le désarroi. Staline etson système, Perrin, 2007, 614 p.

• Nicolas Werth et Mark Grosset, Les Années Staline,Éditions du Chêne, 2007, 255 p.

• François Kersaudy, Staline, Perrin, 2012, 275 p.

7.1.3 Aspects particuliers

• Pierre du Bois de Dunilac, « Mythe et biographie :le cas de Staline », Cadmos (cahiers trimestriels del'Institut universitaire d'études européennes de Ge-nève et du Centre européen de la culture), No.17/18,1982, p. 80-98.

• Pierre du Bois de Dunilac, « Stalin : genesis of amyth », Survey. A journal of East and West studies,Vol.28, no 1, 1984, p. 167-180

• Georges Bortoli, Mort de Staline, coll. L'Histoire quenous vivons, Paris, Éditions R. Laffont, 1973, 311p., ill. (surtout de photos).

• Oleg Khlevniouk, Le Cercle du Kremlin. Staline etle Bureau politique dans les années 1930 : les jeuxdu pouvoir (traduit du russe par Pierre Forgues etNicolas Werth), Seuil, coll. Archives du commu-nisme, Paris, 1996.

• Général Walter G. Krivitsky, J'étais un agent deStaline, éditions Champ Libre, 1979, (ISBN 978-2-85184-099-8).

• Nikita Khrouchtchev, Rapport secret sur Staline auXXe Congrès du P.C. soviétique, suivi du Testamentde Lénine, éditions Champ Libre, 1970, (ISBN 978-2-85184-204-6).

• Domenico Losurdo, Staline : histoire et critique d'unelégende noire, Aden, 532p, 2011 (ISBN 978-2-8059-0063-1)

• Jean-Jacques Marie, Derniers complots de Staline,1953, Éditions Complexe, 1997, (ISBN 978-2-87027-475-0).

• Rapport sur le culte de la personnalité et sesconséquences, présenté au XXe congrès du Par-ti communiste d'Union soviétique, dit Le rapportKhrouchtchev, traduction et présentation par Jean-Jacques Marie, Éditions du Seuil, 2015, ISBN 978-2021170542.

• Simon Sebag Montefiore, Staline : la cour du tsarrouge, Éditions des Syrtes, Paris, 2005, (ISBN 978-2-84545-112-4).

• Simon Sebag Montefiore, Le Jeune Staline, ÉditionsCalmann-Lévy, 2008, (ISBN 978-2-7021-3926-4).

• Boris Souvarine, L'U.R.S.S. en 1930, présenté parCharles Jacquier, éditions Ivrea, 1997, (ISBN 2-85184-257-2[à vérifier : ISBN invalide]).

• Arkady Vaksberg, Staline et les Juifs, Laffont, 2003,(ISBN 2221093739).

• Alexandra Viatteau, Staline assassine la Pologne,1939-1945, Seuil, 1999, (ISBN 2020231719).

• Alexandre Zinoviev, Le Héros de notre jeunesse,L'Age d'Homme, 1984, (ISBN 2825105392)

• Andrew Nagorski. La Bataille de Moscou, Ed. deFallois. 2008 (ISBN 9782877066549)

• Lilly Marcou, Staline, vie privée, Calmann-Lévy,1996, 342 pages (ISBN 2702125891)

• David E. Murphy, Ce que savait Staline : L'énigme del'opération Barberousse, éd. Stock, coll. Les Essais,457p., 2006, (ISBN 2234058279)

• Orlando Figes, Les Chuchoteurs. Vivre et sur-vivre sous Staline, éd. Denoël, 2009, (ISBN9782207260852)

7.2 Filmographie

• 1949 : La Chute de Berlin, film de Mikhaïl Tchiaou-reli, joué par Mikheil Gelovani.

• 1985 : Staline de Jean Aurel, documentaire inspiréde la biographie pionnière de Boris Souvarine.

• 1987 : Le Repentir de Tenguiz Abouladze, persiflagede la dictature personnelle.

• 1989 : À l’époque de Staline (In the time of Sta-lin) de Phillip Whitehead, documentaire avec en-viron 8 heures d'interviews avec 22 témoins vi-vants (en 1989) de l'époque stalinienne, entrecou-pées d'images d'archives filmées pour la plupart à laKrasnogorsk.

• 1990 : Stalin (TV) de Jonathan Lewis et Tony Cash,Thames Productions, mini-série documentaire entrois parties (1- Revolutionary, 2- Despot, 3- Gene-ralissimo) avec Ian Holm comme narrateur.

• 1992 : Staline (en) (téléfilm) d'Ivan Passer

• 2007 Staline le tyran rouge documentaire M6 deMathieu Schwartz, Serge de Sampigny et Yvan De-meulandre

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7.4 Liens externes 23

• 2010 : Une exécution ordinaire de Marc Dugain,avec André Dussollier dans le rôle de Staline, etMarina Hands.

Personnage secondaire

• 1955 : Ernst Thälmann – Sohn seiner Klasse, film deKurt Maetzig, joué par Gerd Jaeger.

7.3 Articles connexes

• Censure des images en Union soviétique

• Monument à Staline (Prague), Prix Staline

• Socialisme, Communisme, Marxisme, Léninisme,Marxisme-léninisme

• Histoire du communisme

• Stalinisme

• Collectivisation en Union soviétique

• Famines soviétiques de 1931-1933, Holodomor

• Procès de Moscou, Grandes Purges

• Pacte germano-soviétique, Front de l'Est (SecondeGuerre mondiale)

• Bloc de l'Est, Guerre froide

• Histoire de la Géorgie

• Liste de lieux nommés d'après Staline

7.4 Liens externes

• Le testament de Lénine

• Staline (Trotsky)

• Staline et Chostakovitch

• Chronologie de Joseph Staline sur KronoBase

• Notices d’autorité : Fichier d’autorité internationalvirtuel • International Standard Name Identifier •Bibliothèque nationale de France • Système univer-sitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès• Gemeinsame Normdatei • Institut central pour leregistre unique • Bibliothèque nationale de la Diète• Bibliothèque nationale d'Espagne • WorldCat

• Portail de l’URSS

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• Portail du marxisme

• Portail du communisme

• Portail de la Seconde Guerre mondiale

• Portail de la politique

• Portail de la guerre froide

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24 8 SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE L’IMAGE

8 Sources, contributeurs et licences du texte et de l’image

8.1 Texte• Joseph Staline Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Staline?oldid=120178959 Contributeurs : Hashar, Yann, Marc Girod, Med,

Ryo, Alvaro, Vargenau, Sorw, Hemmer, Orthogaffe, Traroth, Ellisllk, Céréales Killer, Treanna, Aurelienc, Kelson, Pontauxchats, Ske, Em-manuel, ( :Julien :), Alno, Dilbert, Moala, JeLuF, HasharBot, Abrahami, Traeb, Serged, Raph, Gem, Hippietrail, Jusjih, Koyuki, Memfa,Ratigan, Alphonse Wagner, Robbot, NicoRay, Caton, Sebjarod, Denis Dordoigne, Dhenry, Archeos, Fafnir, Jastrow, Archibald, Sanao,Phe, Marc Mongenet, MedBot, Sam Hocevar, Bilou, Oblic, Anarkman, Phe-bot, Turb, JB, Bibi Saint-Pol, Yoplait, Pemelet, ADM, ~Pyb,Soig, Ollamh, Urban, Hégésippe Cormier, Xate, Revas, Touriste, Pantxoa, Kassus, Goliadkine, Jean-no, Escaladix, Notafish, Forrest, MaraDauffer, Artocarpus, Star Trek Man, Jef-Infojef, Diligent, Darkoneko, Remi~frwiki, Poleta33, Schwarzer Stern, Poulpy, PivWan, Ec-ceAngelo, Pixeltoo, Miniwark, Orthopedix, Baronnet, Rama, Nicolas Ray, Sigismund, Deansfa, Popo le Chien, Leag, Nyro Xeo, Mme-nal, Bob08, Mogador, Neuceu, Eden2004, Revolution, Tomas7, Pseudomoi, Sherbrooke, Island, BrightRaven, Padawane, YolanC, Muad,L'amateur d'aéroplanes, Xfigpower, Pallas4, Švitrigaila, DocteurCosmos, Oliv~frwiki, Bpestieau, Gede, Elg, Chobot, PhiX, Stéphane33,Kmlz, Ayack, Gribeco, GôTô, Fimac, RobotE, Taguelmoust, Bokken, Fredtoc, Like tears in rain, Zetud, Ælfgar, Romanc19s, David Berar-dan, ArséniureDeGallium, Probot, Kilom691, Inisheer, Nkm, Yelkrokoyade, Pok148, Gzen92, TwoWings, Miuki, CBD, Zwobot, Lafcadio,Record, Solensean, Chevalme, RobotQuistnix, N'importe lequel, FlaBot, Necrid Master, ComputerHotline, Cæruleum, Ultrogothe, Clic-souris, EDUCA33E, YurikBot, Pingos, Arnsy, Horowitz, Eskimbot, Zelda, Medium69, Tieum512, Guillom, Jerome66, Naevus, AvatarFR,Baveuxsale, Litlok, Toutoune25, Bouette, Felipeh, Coldom, Huster, Sammyday, Alphabeta, Schiste, Chaps the idol, Loveless, Steff, Éné-wiki, Le serbe, TCY, Le gorille, HDDTZUZDSQ, Lady Laide, Amzer, Messire Hephgé, Atilin, Robynson, Julianedm, Le bibliographe,ChloeD, Baruch, MelancholieBot, Peter 111, Heureux qui comme ulysse, Cr697, MarcPan, Sum, Mith, Tython, Polmars, Pautard, Sins WeCan't Absolve, Actorstudio, Keats, Apollon, ObiWan Kenobi, Noar, Kormin, Blidu, Lebob, Erasoft24, Darunia, Anamorphose, Spirzouf,Paskalo, Schmit, Cédric Boissière, Démocrite, Thidras, Xofc, Didisha, Esprit Fugace, Serein, Emericpro, SashatoBot, Malost, Michel Bou-tet, Webmasterrca, Malta, Epsilon0, Barbe-Noire, Lehalle, Moumousse13, Ahbon ?, Xtream~frwiki, Futbol, Itzcoalt, Despointes, Ton1,Aeleftherios, Liquid-aim-bot, Arglanir, GaMip, Grondin, Pieyre, Linan, Baboben5, Bananaflo, Galpha, Baalshamin, Rhadamante, NicoV,Pradigue, Daniel*D, Acer11, Everhard, David47, Thijs !bot, Bourrichon, Chaoborus, Grimlock, Myrmy, Attis~frwiki, En passant, Escarbot,Alkashi, Caspi Waltch, Kyle the bot, Kyliiolos, Bruxellensis, Cyril-83, Bombastus, Fantafluflu, Nayher, Lempereurmol, Laurent Nguyen,Kropotkine 113, Brejnev, Rémih, Redmlm, Flying jacket, Le Pied-bot, Pj44300, JAnDbot, Kzo, Clem23, Fm790, Berlioz, Épiméthée,IAlex, Julien 31, Eurytos, Cristao, Auxerroisdu68, Moumine, Nono64, Sebleouf, RS1981, Alchemica, Soljen, Dfeldmann, BetBot~frwiki,Simon Villeneuve, CommonsDelinker, Erabot, FR, Fabriced28, Tiffer~frwiki, Médomé, Difuta, Numbo3, G4bs, Hillgentleman, M-le-mot-dit, Le.Grand.pensif, Le Friousel, Diderot1, Analphabot, Tejgad, Jordan Girardin, LuRobby, Salebot, Bot-Schafter, Zorrobot, Levochik,Tépabot, Costock, Sachem, Boris Christ, Tontolculo, Isaac Sanolnacov, Yf, Hautevienne87, AlnoktaBOT, Cheep, Peiom, TXiKiBoT, Ka-MiKaZe666, Bapti, VolkovBot, Wikifrédéric, Tognopop, Theoliane, Manuel Trujillo Berges, Vincent.giersch, Chapoetanglet, Jean-LouisSwiners, AmaraBot, Langladure, BiffTheUnderstudy, BenjiBot, Cardinal1984, Ptbotgourou, Docteur Saint James, AlleborgoBot, Krokodyl,Gz260, Ice Scream, Pimskrabo, Galoric, Napall, SieBot, YonaBot, Louperibot, Shakki, Andoni, Skiff, Baudouin de Lille, William Jexpire,Iafss, JLM, Axalis, Aquilae, Kyro, Wanderer999, OKBot, Black31, Patrick Rogel, Alecs.bot, Vlaam, Glützenbaum, Eutvakerre, Lilyu,Heurtelions, Ian S, WikiBotas, Hercule, Vassagolaine, BenoniBot~frwiki, Jean-Jacques Georges, Anatole Coralien, DumZiBoT, DeepBot,SniperMaské, Ndapeussi, GLec, ToePeu.bot, Flot2, Alphos, Bastien Sens-Méyé, Ir4ubot, DragonBot, Sardur, Orphée, Kurzon, Restefond,Fanfwah, Maximus0970, Kolossus, Quentinv57, Chrono1084, BOTarate, Aruspice, M0tty, Alexandre, Alexbot, Sam1144, Susuman77,Olybrius, Sebrider, Rourou 123, Sefarade, Colindla, Pmiize, Copiste, HerculeBot, WikiCleanerBot, Maurilbert, SilvonenBot, ZetudBot,Linedwell, Ggal, Pichegru, Verykool, Gugus15, Elfix, Windreaver, Tisto, DarkRiketz, Fabienamnet, Numbo3-bot, CarsracBot, Géodigital,LinkFA-Bot, Jean38, Luckas-bot, Jojodesbatignoles, Cd67, Anthony-M, Celette, OMar92, Micbot, Crinou, Kumkum, Jotterbot, Groucho-Bot, Klein, Tomates Mozzarella, Moipaulochon, WPF2008, Dark Attsios, Billinghurst, Donpatchi, Lanççelot, Ale.93.12.15, OSSEDAT,Cedric Labrousse, Desirebeast, Long John Silver, DSisyphBot, Pic-Sou, Penjo, Asavaa, Nimayo, ArthurBot, Almabot, Cantons-de-l'Est,D4m1en, Filoux12, Meissen, SassoBot, Xqbot, Polycrate de Samos, RibotBOT, Rubinbot, Geronimo355, Ytrezap, Pom445, Daxtermina-tor, Jogueux, Porci casper, Jota bola, Totoloulou, Camico, Lachine83, *SM*, LairepoNite, Franky007, Hit-Him, MastiBot, Lomita, Xi-glofre, TobeBot, Botozor, RedBot, Henri Hudson, Celyndel, Spiridon Ion Cepleanu, Gkml, AstaBOTh15, Jeff3h, ErasmusDesideriusIII, Za-rathoustra03, Goupi, MethRed, TjBot, Mozartman, Ainedeji, O-Mann, Zelectron, Esnico30, Cljf, Lebrouillard, Habura~frwiki, EmausBot,Salsero35, Austral-Boréal, Kilith, EoWinn, Crochet.david.bot, Sisqi, Chik-Chak, HRoestBot, JackieBot, Frejacvac, Saber68, Bechoulas,Franz53sda, A.Schneider83, Les3corbiers, LD, WikitanvirBot, Septagoch, ChuispastonBot, Johannesgrillet, Prv14, Juju49, Mjbmrbot, Je-SuisKatanga, 0shamus0, SenseiAC, Porkipic, Ataman~frwiki, FeannorM, Skyreycs, MerlIwBot, Fredericknetwork, Matou91, David45230,Soaocohoa, Droit de retrait 02, OrlodrimBot, Thehelpfulbot, Roidecoeur, Sanderwan, Aieboulouloubi, Éric Messel, Athanatophobos, JackRabbit Slim’s, Jean Terres, Nochnix, Metroitendo, Denis-Paul Bourg, LeCardibot, Melancholia, Veilleur d'Argos, OrikriBot, Clio75, Guita-riste1707, Rome2, Snoopchien, Herodote75010, Dragoudin, AymerickB, Jeff Lennon, StarusBot, Spectateurengagé, Georgi1, Benji7600,AméliorationsModestes, Cherubinirules, Leperebot, Louisonze, Panam2014, Macadam1, 13foret, HunsuBot, Loic26, Antoine334, Anto-nioGramsci2011, Slt12112000, HistoryHelper, Leef-vrij-of-matrijs, Dghyusgdhjb, Vogesd, KasparBot, TGabou et Anonyme : 580

8.2 Images• Fichier:100_Korun_célébrant_le_70e_anniversaire_de_Staline.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e4/

100_Korun_c%C3%A9l%C3%A9brant_le_70e_anniversaire_de_Staline.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : http://www.cgb.fr/tchecoslovaquie-100-korun-70e-anniversaire-de-staline-1949,fwo_240423,a.html Artiste d’origine : cgb

• Fichier:1949_Mao_and_Stalin.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/88/1949_Mao_and_Stalin.jpg Li-cence : Public domain Contributeurs : http://wangjianzhong1.blshe.com/post/4644/164902 Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_183-H27337,_Moskau,_Stalin_und_Ribbentrop_im_Kreml.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/38/Bundesarchiv_Bild_183-H27337%2C_Moskau%2C_Stalin_und_Ribbentrop_im_Kreml.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 de Contributeurs : Cette image a été donnée à Wikimedia Commons par les Archives fédérales allemandes (Deutsches Bundesarchiv)dans le cadre d'un projet commun. Les Archives Fédérales allemandes garantissent l'authenticité de la photographie, grâce à l'utilisationexclusive d'originaux (positifs/négatifs) de leur Archives d'images numériques et leur numérisation. Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_183-R80329,_Josef_Stalin.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/80/Bundesarchiv_Bild_183-R80329%2C_Josef_Stalin.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 de Contributeurs : Cette image a été donnée à Wikimedia

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8.2 Images 25

Commons par les Archives fédérales allemandes (Deutsches Bundesarchiv) dans le cadre d'un projet commun. Les Archives Fédéralesallemandes garantissent l'authenticité de la photographie, grâce à l'utilisation exclusive d'originaux (positifs/négatifs) de leur Archivesd'images numériques et leur numérisation. Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Coat_of_arms_of_the_Soviet_Union_1946-1956.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/64/Coat_of_arms_of_the_Soviet_Union_1946-1956.svg Licence : Public domain Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Cette imagevectorielle a été créée avec Inkscape.

• Fichier:Coldwar.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/15/Coldwar.png Licence : GFDL Contributeurs : Tra-vail personnel Artiste d’origine : Anynobody

• Fichier:CroppedStalin1943.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9b/CroppedStalin1943.jpg Licence : Pu-blic domain Contributeurs : http://hdl.loc.gov/loc.pnp/cph.3a33351 Artiste d’origine : U.S. Signal Corps photo.

• Fichier:Delegates_VIII_Congress_of_the_RKP(b).jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/eb/Delegates_of_the_8th_Congress_of_the_Russian_Communist_Party_%28Bolsheviks%29.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Фотографиянаходится в общественном достоянии. Сканирование выполнено из книги "Пропавшие комиссары", автор - Девид Кинг, ISBN5-93882-023-5 Artiste d’origine : unknown

• Fichier:DeportaEur-WW2.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b2/DeportaEur-WW2.jpg Licence : CCBY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Spiridon Ion Cepleanu

• Fichier:Disambig_colour.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3e/Disambig_colour.svg Licence : Public do-main Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Bub’s

• Fichier:Execute_346_Berias_letter_to_Politburo.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/25/Execute_346_Berias_letter_to_Politburo.jpg Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Execute_346_Politburo_passes.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/14/Execute_346_Politburo_passes.jpg Licence : Public domain Contributeurs : [1] Artiste d’origine : Politburo of the Central Committee of the All-Union CommunistParty (Bolsheviks)

• Fichier:Execute_346_Stalins_resolution.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/15/Execute_346_Stalins_resolution.jpg Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Fairytale_bookmark_gold.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/66/Fairytale_bookmark_gold.svgLicence : LGPL Contributeurs : File:Fairytale bookmark gold.png (LGPL) Artiste d’origine : Caihua + Lilyu for SVG

• Fichier:Fairytale_bookmark_silver.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a0/Fairytale_bookmark_silver.svg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : File:Fairytale bookmark silver.png (LGPL) + Travail personnel Artiste d’origine : Hawk-Eye

• Fichier:Flag_map_of_Georgia.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b6/Flag_map_of_Georgia.svg Li-cence : CC BY-SA 4.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Giorgi Balakhadze

• Fichier:Flag_of_the_Soviet_Union.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a9/Flag_of_the_Soviet_Union.svgLicence : Public domain Contributeurs : http://pravo.levonevsky.org/ Artiste d’origine : СССР

• Fichier:Gtk-dialog-info.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b4/Gtk-dialog-info.svg Licence : LGPLContributeurs : http://ftp.gnome.org/pub/GNOME/sources/gnome-themes-extras/0.9/gnome-themes-extras-0.9.0.tar.gz Artiste d’origine :David Vignoni

• Fichier:Heinkel_He_111_during_the_Battle_of_Britain.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/82/Heinkel_He_111_during_the_Battle_of_Britain.jpg Licence : Public domain Contributeurs : This is photograph MH6547 from thecollections of the Imperial War Museums (collection no. 4700-05) Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:JStalin_Secretary_general_CCCP_1942_flipped.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/72/JStalin_Secretary_general_CCCP_1942_flipped.jpg Licence : Public domain Contributeurs :

• JStalin_Secretary_general_CCCP_1942.jpg Artiste d’origine : JStalin_Secretary_general_CCCP_1942.jpg :• Fichier:Joseph_Stalin,_1918,_Tsaritsyn_front.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/16/Joseph_Stalin%

2C_1918%2C_Tsaritsyn_front.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Scanned from : "Сталин. К шестидесятилетию со днярождения." Москва, Правда, 1940. Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Joseph_Stalin_Signature.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e9/Joseph_Stalin_Signature.svg Li-cence : Public domain Contributeurs : Digitalization by uploader Artiste d’origine : Joseph Stalin, digitalization by Connormah

• Fichier:Mensevikii.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/0d/Mensevikii.jpg Licence : Public domain Contri-buteurs : http://labourhistory.net/stockholm1917/sk021.php Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Oeuvres_de_Staline_en_anglais_et_en_français.jpeg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/98/Oeuvres_de_Staline_en_anglais_et_en_fran%C3%A7ais.jpeg Licence : CC BY-SA 4.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine :Leef-vrij-of-matrijs

• Fichier:Potsdam_conference_1945-2.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7b/Potsdam_conference_1945-2.jpg Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Rank_insignia_of_маршал_Советского_Союза.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5a/Rank_insignia_of_%D0%BC%D0%B0%D1%80%D1%88%D0%B0%D0%BB_%D0%A1%D0%BE%D0%B2%D0%B5%D1%82%D1%81%D0%BA%D0%BE%D0%B3%D0%BE_%D0%A1%D0%BE%D1%8E%D0%B7%D0%B0.svg Licence : CC BY 3.0Contributeurs : various images of the real thing Artiste d’origine : F l a n k e r

• Fichier:Red_flag_waving.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c5/Red_flag_waving.svg Licence : Public do-main Contributeurs : Original PNG by Nikodemos. Artiste d’origine : Wereon

• Fichier:Red_star.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/34/Red_star.svg Licence : Public domain Contribu-teurs : Own work. The color is taken from Soviet flag red star Artiste d’origine : Zscout370 and F l a n k e r

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26 8 SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE L’IMAGE

• Fichier:Russian_Premier_Stalin_talks_with_gestures_to_his_Foreign_Minister_Molotov_at_the_Palace,_Yalta,_Crimea,_Russia._-_NARA_-_197000.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/0f/Russian_Premier_Stalin_talks_with_gestures_to_his_Foreign_Minister_Molotov_at_the_Palace%2C_Yalta%2C_Crimea%2C_Russia._-_NARA_-_197000.jpgLicence : Public domain Contributeurs : U.S. National Archives and Records Administration Artiste d’origine : Inconnu ou non renseigné

• Fichier:Society.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5b/Society.svg Licence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs :own work based on Image:Society.png by MisterMatt originally from English Wikipedia (en:Image:Society.png) Artiste d’origine :MesserWoland

• Fichier:Stalin_1894_Colour.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d3/Stalin_1894_Colour.jpg Licence : Pu-blic domain Contributeurs :

• Stalin_1894.jpg Artiste d’origine :

• derivative work : Militaryace (<a href='//commons.wikimedia.org/wiki/User_talk:Militaryace' title='User talk:Militaryace'>talk</a>)• Fichier:Stalin_in_exile_1915_Colour.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/bb/Stalin_in_exile_1915_

Colour.jpg Licence : Public domain Contributeurs :

• Stalin_in_exile_1915.jpg Artiste d’origine :

• derivative work : Militaryace (<a href='//commons.wikimedia.org/wiki/User_talk:Militaryace' title='User talk:Militaryace'>talk</a>)• Fichier:Stalins-death-mask1.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/db/Stalins-death-mask1.jpg Licence :

CC BY 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Wojciech Bijok• Fichier:The_Commissar_Vanishes_2.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/bd/The_Commissar_

Vanishes_2.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://www.tate.org.uk/tateetc/issue8/erasurerevelation.htm Artiste d’origine :Inconnu.

• Fichier:Voroshilov,_Molotov,_Stalin,_with_Nikolai_Yezhov.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/91/Voroshilov%2C_Molotov%2C_Stalin%2C_with_Nikolai_Yezhov.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://www.tate.org.uk/tateetc/issue8/erasurerevelation.htm Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Yalta_summit_1945_with_Churchill,_Roosevelt,_Stalin_tight_crop.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b0/Yalta_summit_1945_with_Churchill%2C_Roosevelt%2C_Stalin_tight_crop.jpg Licence : Public domain Contributeurs :Photograph from the Army Signal Corps Collection in the U.S. National Archives. Photo # : USA C-543. Crop uploaded as en:Image:Big3.jpg by en:User:SecretAgentMan00 on November 20 2004. Artiste d’origine : Not given.

• Fichier :КПСС.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/fe/%D0%9A%D0%9F%D0%A1%D0%A1.svg Li-cence : CC0 Contributeurs : Combo of http://openclipart.org/detail/151021/marx-engels-lenin-by-worker and File :КПСС.png Artisted’origine : Kosogorsky Yaroslav, and others.

• Fichier :Позвольте_нам_бороться_за_мир.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4d/%D0%9F%D0%BE%D0%B7%D0%B2%D0%BE%D0%BB%D1%8C%D1%82%D0%B5_%D0%BD%D0%B0%D0%BC_%D0%B1%D0%BE%D1%80%D0%BE%D1%82%D1%8C%D1%81%D1%8F_%D0%B7%D0%B0_%D0%BC%D0%B8%D1%80.jpg Licence : CC BY-SA 4.0Contributeurs : Travail personnel (dessin d'après des photos de calicots disparus dans le style du “Réalisme socialiste soviétique”, pourillustrer cet article) Artiste d’origine : Spiridon Ion Cepleanu

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