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M H E N R I D E L A S S U S
DOCTEUR EN THtlLOME
LA C O N J U R A T I O N
A N T I C H R T I E N N ELe Temple Maonnique
v o u l a n t s'lever sur les ruines de
l'glise Catholique
Les puissances de l'enfer ne pivaa-dront pas contre Elle
( M A T T H , XV I. 1 8 )
TOME III
Socit Saint-Augustin
Descle, De Brouwer et C"LILLE, 41, Rue du Metz
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Biblio!que Saint Librehttp://www.liberius.net
Bibliothque Saint Libre 2008.
Toute reproduction but non lucratif est autorise.
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LA CONJURATION ANTICBRETIEME
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NIHIL OBSTAT :
Insulis, die 11 Novembris 1910.
H . Q U I L L I B T , s. th. d.
libroTum censor.
IMPRIMATUR
Cameraci, die 12 Novembris 1910.
A. M A S S A B T , vie. gen.
Domus Pontificiae Antistes.
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III
SOLUTION DE LA QUESTION
LE MONDECIEL ET TERRE
ET SON NIGME
I. L'UVRE DE L'AMOUR TERNEL
E T LA CHUTE
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CHAPITRE LU
L'UVRE DE L'AMOUR TERNEL.
Depuis le XVIII sicle, la conjuration antichrtienne a fait
porter son principal eifort sur la Fran
ce, fille ane de l'Eglise. C'est donc l que nousavons d
l'observer principalement. Mais comme cetteconjuration s'tend toute
la terre, nous avons dbien souvent faire des incursions dads les
autresparties du monde pour y suivre ses agents.
Leurs derniers actes ont introduit sur la scne unpersonnage
nouveau qui semble bien appartenir lepremier rle. Les Francs-Maons
nous ont conduits9ux Juifs, puis les Juifs nous ont mis en
prsencede Satan.
Si donc nous dsirons avoir une ide complteet approfondie de la
conjuration antichrtienne, c'estlui que nous devons maintenant
tudier. Qui est-il?
Que veut-il? Comment se met-il en rapports avecles hommes et
quelle fin?
Cette tude une fois faite nous aurons cherchersi, en opposition
l'action satanique, il n'existe pasune autre action extra-naturelle
pour la combattre;et si nous trouvons qu'elle existe, nous aurons
a
demander qui doit appartenir la victoire.Ces questions nous
appellent dans les hautes r-L'glise et le Temple. 48
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7.54 SOLUTION DE LA QUESTION
gions de la philosophie et de la thologie. Que noslecteurs ne
s'effraient point, et par crainte de ne
pas comprendre, ne sautent pas au-dessus de cespages. Nous
serons assez clair, croyons-nous, pourqu'ils puissent suivre sans
effort et trouver dans cettetude un intrt d'autant plus captivant
qu'il estd'ordre plus lev.
L'explication de la prsence du dmon clans notremonde et de
l'action funeste qu'il y exerce appellentla question pralable du
mal et de ses origines, etla question du mal n peut tre rsolue que
dans laconnaissance de l'tre, de l'tre surnaturel commede l'tre
naturel.
L'tre est, je ne puis le nier : j'ai conscience de monexistence
et j'ai la vue et le contact des mille etmille objets, qui
m'entourent, qui agissent sur moiet sur qui j'exerce mon
action.
Je suis, mais il y a cent ans, je n'tais pas. J'taismoins qu'un
grain de sable perdu au fond des mers.
Comment suis-je? Je ne puis me l'expliquer que parl'action d'un
autre tre, antrieur mon existenceet qui m'a produit comme moi-mme
je produis. Etcomme toutes les choses qui m'entourent, la terreet
le ciel eux-mmes, ont commenc, ma raison conclut un premier Etre,
existant, Lui, par Lui-mme,par consquent ternel. Un tel Etre peut
seul tirer
toutes choses de l'absence ternelle afin qu'ellessoient avec
Lui.
La raison qui ne veut pas s'aveugler elle-mme nepeut se dfendre
de remonter ainsi de l'tre contingent et born qu'elle est et dont
elle constate .laprsence hors d'elle, l'Etre ncessaire, portant
en
soi la raison de son. tre.
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L ' U V R E DE L'AMOUR T E R N E L 755
Existant en Lui-mme, ayant en soi le principede l'tre, il peut
en tre la source ternelle.
Pourquoi a-t-il voulu que nous fussions avec Lui?On ne peut en
donner d'autres raisons que celle-ci : Il a voulu voir des images
de son essence, carc'est cela que nous sommes. Il a voulu faire
dborder hors de Lui les ides qui sont en Lui et transmettre son
bonheur.
Bonum est diffusivum sui, a dit saint Thomas d'A-quin aprs
ristote. Le bien aime se rpandre, sanature est de se donner. Par
consquent le Bien infini, l'Etre infini a un dsir infini de se
communiquer. L'Aptre saint Jean, inspir par Dieu, a "donnde Dieu
cette dfinition : Dieu est amour, Beus eha-
ritas est. C'est donc dans l'amour qui est en Dieu,
qui est Dieu, que se trouve Te motif de la crationet le principe
de toute crature.Dieu se connat infiniment pour infiniment s'ai
mer. Connatre, aimer, c'est la vie des intelligences.Se
connatre, s'aimer, c'est dans l'Etre infini la vieabsolue. Aussi
Dieu est-il appel dans les Saintes
Ecritures : le Dieu vivant (1). La vie en Dieu, il nous l'a rvl,
c'est la gnration du Verbe etla spiration de l'Amour, relations
ineffables, d'oles trois Personnes qui constituent la nature
divine.
Dans les transports de leur mutuel amour, les troisPersonnes
divines ont appe' du nant des personnesnouvelles pour voir en elles
la rptition de leur bonheur (2). Elles nous ont fait don de l'tre,
de la vieet de l'intelligence pour nous aimer et tre aimes de
1. Le mot Dieu, par lequel on d:nomme l'Infini, drived'un Verbe
grec qui signifie : Vivre.
2. Les seules intelligences, les seu'es personnes, sont capables
de bonheur; mais si les cratures matrielles ne sontpoint faites
pour tre heureuses, elles le sont pour contribuer au bonheur des
tres spirituels.
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756 SOLUTION DE LA QUESTION
nous, pour se procurer cette gloire accidentelle etiverser en
nous quelque chose de leur bonheiur. Tel
est le mystre de la cration : Explosion de l'Amourde Dieu, comme
dit M. de Saint-Bonnet, dbordementde l'amour infini. Dieu est bon,
il est entran parsa nature se donner. Tel est le mot de l'nigmequi
se pose devant l'esprit de l'homme, lorsqu'il rflchit sur ce qu'il
est, sur ce qu'est l'univers.
M. Blanc de Saint-Bonnet commence le livre posthume dit par la
pit fraternelle sous ce titre
L'amour et la chute, par ces paroles : L e christianisme
aujourd'hui s'eflaoe des esprits
dans ses deux grandes notions ; l'Amour qui est lavie de Dieu et
la chute qui compromet la vie del'homme* Cet oubli, qui produit
tous nos maux, me
nace de laisser crouler la civilisation. Si la pensede la chute
de l'homme et de l'amour que Dieu luiporte pouvait rentrer dans les
esprits, tout en Europe changerait de face . Tous les crivains qui
ontcompris la Rvolution, qui voudraient en dlivrerle monde,
s'efforcent de restaurer la pense de lachute. Le
divinSauveur Jsus
s'estcharg lui-mme
de restaurer la pense de l'amour en manifestantles feux de son
sacr Cur.
Dieu ne pouvait satisfaire sa Bont dans le don del'existence un
tre unique, comme il ne pouvaitpuiser sa beaut dans une seule image
de son essence. Il a donc multipli ses cratures et il en amultipli
les espces (species, image). Dieu, dit saintThomas d'Aquin, a amen
les ides l'tre pour corn-muniquer aux cratures sa bont et la
reprsenteren elles (1). Il a produit des natures multiples et, 1.
Summa T. Pars I, Q. XLVI, Dans les ditions or
dinaires, cette question ne contient que trois articles.
Dans
le ' manuscrit 138 de la bibliothque du Mont Cassin, ils'en
trouve un' autre qui est reproduit dans l'dition des uvres de saint
Thomas, publie par Lon XIII : De la subordination des choses.
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L'UVRE DE L'AMOUR TERNEL 757
diverses afin que ce qui manque Tune d'elles pourreprsenter sa
divine Bont ft suppl en une autre.
Il ajoute : Il y a distinction formelle pour les tresqui sont
d'espce diffrente; il y a distinction matrielle pour ceux qui ne
diffrent qu'au point de vuenumrique. Dans les choses incorruptibles
(tes pursesprits) il n'y a qu'un individu pour chaque espce.
L'innombrable multitude des anges prsente donc desdegrs infinis de
perfection toujours plus hauts, de
beaut toujours plus parfaite, de bont toujours
pluscommunicative.- Purs esprits et tres matriels ne sont point
letout de la cration, Dieu a aussi produit les tresmixtes que nous
sommes, animaux raisonnables ^composs de corps et d'me. L'ensemble
de ces tres forme
le monde. Celui qui vit ternellement, dit la SainteEcriture, a
tout cr en mme temps (1). Les pursesprits, tres simples,-non
composs, eurent ds cetinstant leur perfection. Les tres matriels
n'existrent d'abord que dans leurs lments et avec leslois qui
devaient les rgir pour les amener former
la multitude des corps : ce qui donna naissance autemps (2). Les
tres anims ne purent apparatreque lorsque la matire fut arrive au
point de pouvoir se prter la formation de leurs corps. Ils
1. Eccli. XVIII, 1. Deus simul ab initio teinporis utrumquede
nihilo oondidit creaturam, spiritalem et corporalem,angelicam
videlicet et m-undanam et deinde humanam quasi
communem ex spiritu et corpore consiLutam (4 Concile do'Latran,
chap. 1.)2. La dure de Dieu, si Ton peut ainsi dire, est appele
:
Eternit; la dure dans le monde des corps est appele :Temps; la
dure dans le monde des cratures purement spirituelles est appele :
vum. Le temps est successif,l'vum ne Test point, c'est comme un
instant, mais Uninstant anglique qui peut correspondre une dure
cor
porelle indtermine; l'ternit n'a point de commencement.Elle a t
dfinie par Boce : La possession parfaite, la fois totale et
prsente, d'une vie interminable,
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758 SOLUTION DE LA QUESTION
n'existrent d'abord que dans le principe de leurespce qui se
dveloppa en indiyidus par des gnra
tions successives.Ainsi naquit le monde : Le monde a t fait
parLui, dit saint Jean (1) , Mettant au singulier cetteexpression
le monde , l'Aptre marque qu'il n'ya qu'un seul monde, c'est--dire
qu'il ne se trouvedans la cration aucune partie qui soit trangre
auxautres.
Mais dans cette unit, quelle multiplicit et quellediversit I Ne
parlant que des anges, Daniel (2) s'crie : Mille milliers le
servent et une myriade demyriades se tiennent debout devant Lui, le
Seigneurdes armes , le Seigneur de toute la hirarchie desdivers
ordres d'tres.
Commentant cette parole, saint Thomas dit : Lesanges forment une
multitude qui dpasse toute multitude matrielle . Il s'appuie sur ce
que saint Denysl'Aropagite dit au chapitre XIV de la Hirarchie
cleste : Elles sont nombreuses les bienheureuses phalanges des
esprits clestes; elles dpassent la mesureinfime et restreinte de
nos nombres matriels (3).
Or, formant une espce lui seul, chacun de cesesprits reflte,
pour ainsi dire un point de l'infini, il estune image diffrente de
la perfection divine, un resplendissement spcial de la divine
Beaut. Quelleimagination pourrait se figurer la splendeur
croissante de ces miroirs de la divinit qui, partant des
confins du monde humain, vont, montant toujoursen groupes rangs,
jusqu'au trne de l'Eternel? Quipourrait aller par la pense-de l'un
l'autre jusqu'
1. Joan. I, 10.2. Dan. VII, 10.3. Qui considre les millions
d'toiles que la main de Dieu
a jetes dans l'espace, peut-il s'tonner de la multitude
desesprits clestes qui, eux, peuvent le glorifier par eux-mmes
?
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L'UVRE DE L'AMOUR TERNEL 759
celui qui tient le sommet de cette hirarchie et reoitla premire
et la plus clatante irradiation de la gloire
de Dieu! 0 profondeur inpuisable de la sagesseet de la science
de Dieu, s'crie saint Paul. De Luipar Lui et pour Lui, sont toutes
choses. A Lui, lagloire dans tous les sicles (1)!
Mais voici qui est plus accablant notre espritet plus mouvant
notre cur. L'Amour n'a pointtrouv son apaisement dans la cration,
quelque ineffable que soit ce don de l'tre, et de la vie dansl'tre,
et de l'intelligence dans la vie! Aprs avoirfait des cratures les
images de sa perfection, Dieua voulu en faire des amis et pour cela
les lever
jusqu' Lui. Ne nous tonnons point. Dieu est amour,
et sa charit descend comme un torrent qui renversetous? les
obstacles, ceux qui viennent de l'Infini etceux qui viennent de la
nature du fini.
C'est ici le mystre des mystres de l'Amour :ce don de Dieu nous,
nous levant jusqu' Luipour nous aimer et tre aim de nous! Comment
en
donner, je ne dis point la connaissance adquate, maisune ide
suffisante pour nous inviter l'abandonamoureux de notre me l'Ami
divin.
Comment Dieu se donne-t-il nous? Comment lepossdons-nous? De
quel amour sommes-nous appels l'aimer?
Disons d'abord avec saint Thomas que Dieu esten toutes ses
cratures comme la cause est dans soneffet. Il est, Lui, cause
premire, la cause initialeet la cause persistante, la cause
cratrice et la causeconservatrice de tout ce. qui est. Il est de
plus dansses cratures par son essence, c'est--dire par l'ideque
chacune d'elles ralise. Il y est enfin par sa
-. 1. Ad Rom. XI, 33 34.
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760 SOLUTION DE LA QUESTION
1. Pages 19-22.
puissance qui, aprs les avoir crs, les maintientdans 1 tre qu'il
leur a donn et se fait le premier
principe de leur activit.Dans les intelligences Dieu est, ou du
moins peuttre, selon un autre mode : comme l'objet connu encelui
qui connat et l'objet aim en celui qui aine.Mais ceci ne constitue
pas un mode spcial de prsence distinct du mode gnrai. En donnant
lacrature raisonnable de le connatre et de l'aimer,
Dieu ne fait que la mouvoir sa fin selon que sanature le
demande, comme il fait dans les autrescratures.
Un mode de prsence vraiment spcial serait celuiqui produirait un
effet d'un ordre en dehors, au-dessus de l'ordre naturel.
Or, ce mode existe. Dieu dans son amour infini l'ainvent, Fa
fait tre et il nous en a rvl l'existence.
Disons en quoi il consiste.L'usage normal de notre raison nous
fait arriver
la connaissance de Dieu et cette connaissance pro
duit en nous l'amour. C'est une connaissance abstraite, par le
raisonnement, de la vue des tres et deleur contingence. Elle en
laisse dsirer une autre :la vue directe du Souverain Etre lui-mme.
Commenous l'avons expliqu aux premires pages de celivre (1), cette
vue n'est naturellement possible aucune crature existante ou
produire. Mais on la
conoit comme possible si, sur la nature cre, Dieuvenait greffer,
pour ainsi dire, une participation dela nature divine. Participant
cette nature, l'homme,l'ange, pourraient en produire les actes :
voir Dieuet aimer Dieu, comme Dieu se voit et s'aime.
Dieu a daign nous informer que son amour est all
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L'UVRE DE L'AMOUR TERNEL 761
jusque-l. Par le don de la grce sanctifiante, il nousa rendus
participants de la nature divine. Dieu,
par Jsus-Christ Notre-Seigneur, dit l'Aptre saint Pierre, a fait
les trs grands et les trs prcieux donsqu'il nous avait promis; par
eux, il nous a rendusparticipants de sa nature divine (1) .
Quelle est l'uvre propre de la nature divine? C'estd'engendrer
le Verbe et de spirer l'Amour. Cette uvre est si absolue que les
termes en sont des Per
sonnes : le Pre, le Fils, et le Saint-Esprit. Si vraiment nous
sommes rendus participants de la naturedivine, cette participation
qui est la grce sanctifiante doit amener en ntre me comme un cho
dela gnration du Verbe et de la procession de l'Esprit. Qu'il en
soit et qu'il en sera ainsi,, cela nous
est encore affirm : Voyez, nous dit l'Aptre saintJean de la part
de Dieu, voyez quel amour le Prea pour nous, de vouloir qu'on nous
appelle enfantsde Dieu, et que nous le soyons en effet... Oui,
mesbien-aims, nous sommes, ds ' maintenant, les enfants de Dieu.
Mais ce que nous serons un jour neparat pas encore. Nous savons que
lorsqu'il viendra dans sa gloire, nous lui serons semblables,
parceque nous le verrons tel qu'il est. Et qui a cette esprance en
Lui devient saint comme Dieu est saint (2).
Nous verrons Dieu tel qu'il est, et ela parce quenous lui
serons, parce que nous lui sommes semblables;, et lui tant
semblables, nous sommes lgitimement appels ses enfants, nous sommes
vraimentses enfants. Nous le sommes ds maintenant, parceque dj nous
possdons la grce sanctifiante qui nousfait participer la nature
divine. Dj cette natureparticipe produit en nous ses actes, les
actes des
1. II Petr. I, 4.2. I Joan, III, 2.
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762 SOLUTION DE LA QUESTION
Vertus thologales, la foi, l'esprance et la charitqui nous font
atteindre Dieu en Lui-mme et qui aprs
le temps de l'preuve deviendront vision, possession,amour
batifique.La production de ces actes, sur la terre comme au
ciel, est et sera, disions-nous ci-dessus, comme uncho en nous
de la gnration du Verbe et de la.procession de l'Esprit. Saint
Thomas le fait comprendre dans les huit articles de la
soixante-troisime
question de la premire partie de sa Somme intitule :De la
mission des Personnes divines.
Il y a eu mission visible de la seconde Personnede la Sainte
Trinit par le Pre dans l'Incarnation.
Et il y a eu mission visible de la troisime Personne par les
deux autres en diverses circonstan
ces.Outre ces missions visibles, il y en a d'invisibles
en chacun de nous et tout instant de la vie chrtienne. Et c'est
par elles que Dieu est en nous autrement qu' titre de caase et
d'exemplaire, comme ilest dans toutes ses cratures,feeonla diversit
de leurs
natures. La mission le fait habiter en nous d'autrefaon. De mme
qu'en Dieu, le Fils est engendr parle Pre et que l'Esprit procde du
Pre et du Fils;en nous, chrtiens, et en gnral dans toutes
lescratures intelligentes ornes de la grce sanctifiante,rendues par
l participantes de la nature divine, lePre de qui procde le Fils,
envoie le Fils, le Pre etle Fils, de qui procde l'Esprit, envoient
le Saint- >Esprit, et cela non pas une fois, mais -dans tous
lesactes de la vie surnaturelle qui sont foi et charit;mission du
Fils dans l'acte de Foi, mission de l'Es-prit-Saint dans l'acte de
charit, comme au ciel, lavision intuitive sera produite par la
mission du Verbe,
et l'amour batifique par la mission de l'Amour divin.
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L'UVRE DE L'AMOUR TERNEL 768
D'o il rsulte que les trois Personnes divines habitent en nous
comme en elles-mmes, agissent en
nous comme en elles-mmes. C'est ce que Notre-Sei-gneur avait
promis : Si quelqu'un m'aime, rpondaux avances de mon amour, Nous
viendrons en luiet Nous ferons en lui notre demeure (1). Et
nonseulement elles y habitent, mais elles y ont leursrelations et
ces'relations ont leur rpercussion dansnos mes, dans nos
intelligences et dans nos curs
surnaturaliss par la grce. Nous parlons de mission, au sujet du
Fils, dit saint Augustin (2), en raison des dons qui touchent
l'intelligence . On peutdire mme chose, au sujet du Saint-Esprit,
en raisondes dons du cur : il embrase les facults affectivesd'un
amour surnaturel, comme le Fils illumine l'in
telligence des clarts de la Foi.C'est l en nous le commencement
d'une vie vrai
ment divine qui se dploiera dans les cieux; l, lafoi, sera
vision et l'amour, batitude, par le mmemode, par le retentissement
de la vie divine ennous.
Toute vie prend son origine en une naissance. Unevie nouvelle ne
peut sortir que d'une nouvelle gnration. C'est ce qu' fait en nous
le saint baptme. Il nous a fait entrer dans cette vie suprieure,
spcifiquement et gnrquement- distincte de lavie naturelle. C'est la
ncessit que Notre-Seigneuravait ainsi exprime : En vrit, en vrit,
je vous
le dis, nul, s'il ne renat de l'eau et du Saint-Espritne peut
entrer dans le royaume de Dieu (3), l oDieu est vu et aim comme il
se voit et s'aime. Lapremire naissance nous a rendus participants
de lanature humaine, la seconde, de la nature divine.
1. Joan, XIV, 23.2. De Trinit. IV, ch. XX.3. Joan, III, 5.
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764 SOLUTION DE LA QUESTION
La cration s'explique par le dsir de Dieu quiest entran, si on
peut le dire, par la splendeur
de son Verbe, vouloir son clat reparatre dansdes esprits crs son
image. Le don du surnatureltrouve son explication dans la saintet
de Dieu. Ellefait l'union divine, elle appelle les cratures
uneunion participe : Sanctus, sanctus, sanctus, Dominus
Deus Sabaoth. Saint, saint, saint est' le Dieu desarmes. Il est
trois fois saint en lui-mme par la
Trinit de ses Personnes; et il est saint dans lamultitude des
esprits ordonns, hirarchiss commeune arme, qu'il appelle l'union
sanctifiante, s'unir lui surnaturellement. Cette union exige une
rgnration en Lui, il est assez puissant pour la produire,
quoiqu'elle demande une vertu plus haute que
celle exige pour la cration. Aussi la Trs SainteVierge, pleine
de la grce divine, a exhal son admiration et sa joie dans ces mots
: Fecit mhi magna quiPOTENS est et SANCTUM nomen ejus. Il a fait en
moide grandes choses Celui qui est puissant et dont lenom est
saint. Par la saintet nous entrons dans l'infini sans nous y
confondre, nous pntrons dans le
sein de Dieu sans nous y perdre, conservant notreindividualit,
notre'' personnalit, tout en tant uni la Divinit, de telle sorte
qu'elle produit en nous cequ'elle produit en Elle-mme. Voil la
grande chosequi merveillait la Trs Sainte Vierge et lui faisait
jeter ce cri : Magnificat anima mea Dominum et
exultavit spiritus meus in Deo salutari meo.L'union surnaturelle
Dieu, aussi bien chez les
anges que chez nous, a deux degrs : la prparationet la
jouissance, la grce et la gloire. Par la grcenous sont donnes les
arrhes de la dotation quin'est dlivre qu' l'heureuse, issue de
l'preuve
laquelle la prparation nous soumet.
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L ' U V R E DE L'AMOUR T E R N E L 765
Car Dieu veut respecter la libert de ses cratures,et cette
volont l'oblige ne rendre dfinitif le don
du surnaturel qu'aprs acceptation reconnaissante etamoureuse.Les
Personnes divines qui veulent habiter en nous,
frappent d'abord, par les appels de la grce, laporte de notre
cur. Elles veulent tre accueilliesen amies avant de produire en
nous les grandes chosesque nous avons dites. Elle nous offrent leur
amiti, Vos amici mei estls (1), il faut que nous leur donnions la
ntre, que nous entrions en commerce avecElles, en commerce d'amour.
Si cette offre doit treaccepte, elle peut tre repousse, refus qui
seraitune offense et une offense d'une culpabilit infinie,le terme
de l'injure tant Dieu.
Cette injure fut-elle faite l'infinie Bont?1. Joan, XV, 14.
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CHAPITRE LUI
LA CHUTE
I. - AU CIEL
Le chapitre prcdent a pu paratre une digression, un hors-d'uvre,
il n'en est rien, il a dit cequ'il tait ncessaire de dire pour
prparer l'esprit l'intelligence, de tout ce qui va suivre.
Donc, ds leur cration (1), Dieu a appel l'innombrable multitude
des anges contracter avec Lui
une alliance d'amiti telle que, s'ils taient fidles,elle les
amnerait jouir de la vue de son Etre, le contempler face face,
pntrer dans sa vieintime et y participer. Sa Bont les prvint
d'amour; eux incombait le devoir de rpondre cetteavance.
Qu'en fut-il?L'archange saint Michel et ceux des anges
quicoutrent sa voix, s'ouvrirent avec enthousiasme etgratitude au
don divin. Lucifer et les anges qui suivirent son exemple opposrent
un refus la munificence divine.
1. Contiens in eis naturam et largiens gratiam. (S. Aug.De
natura et gratta.)
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LA CHUTE
Comment cola put-il tre?Les anges, dans la supriorit de leur
intelligence,
voyaient, comprenaient l'excellence du don qui leurtait offert
mieux que nous ne pouvons le faire.Comment un don si excellent, un
don rellement
divin jusque dans son objet, peut-il tre mpris? Cefait, le plus
dconcertant qui ait t et qui sera jamais, nous fait descendre au
fond de la misre del'tre contingent, et-il la sublimit de celui
qui, parl'excellence de sa nature, tait au fate de la hirarchie
anglique.
En transmettant l'tre aux cratures intelligentes,Dieu y met le
dsir du bonheur. Cette impulsionles emporte et les dirige vers
Dieu, le souverain bien,lorsqu'elles accueillent en elles, par* une
libre corres
pondance, le rayon de l'amour divin; elle les livreau ma],
lorsqu'elles prfrent cet amour l'aveuglemouvement de
l'amour-propre. A ce dsir du bonheurDieu ajouta la Grce,
c'est--dire une attraction d'ordre surnaturel se superposant
l'attraction d'ordrenaturel vers le Souverain Bien.
La vie prsente est donne l'homme, et le premier instant a t donn
l'ange pour que la crature fasse cder en elle le moi l'amour; pour
quele moi, renonant , l'gosme, se donne au souverainBien. En se
donnant ainsi, loin de s'anantir, lemoi, par la merveille de la
personnalit, entre lui-
mme en la* possession du Bien; il en est pntrcomme on est pntr
par la joie, comme le corpsest pntr par l'air qu'il respire et dont
il est envelopp. Mais le fini, dont la nature tient du nant,peut
demeurer strile; et malgr l'impulsion divine,devenir l'oppos de
l'Amour, tomber dans l'tat contraire Dieu, dans l'tat de celui qui
refuse de sedonner, de celui qui n'aime pas. Cet gosme est
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768 SOLUTION DE LA QUESTION
possible pour l'tre ayaut la libert d'user, comme ilvoudra, du
don sacr de l'existence et du pouvoir
de se refuser l'Amour (1).Ce fut, hlas I la conduite de nombre
d'anges, c'estaussi la conduite de nombre d'hommes. Crs
pourl'ternelle Flicit, ils s'en dtournrent, et s'en dtournent pour
courir leur ruine. Ce mouvementd'indpendance de la crature est nomm
superbia (2),
aump au-dessus J3ia force, et dans notre languesuffisance, tat
de celui qui croit se suffire. La suffisance ou l'orgueil
n'est-elle pas dans, ceux qui ensont atteints le sentiment d'une
force exagre quiprtend tout trouver en soi-mme?
Saint Thomas d'Aquin dit (3) que tous les angessans exception,
sous la motion de Dieu, ont accom
pli un premier acte bon qui les portait vers Dieucomme auteur de
la nature. Il leur restait de faireun second acte d'amour plus
parfait, l'acte de charit, l'acte d'amour surnaturel. La grce les y
invirtait, elle les poussait se tourner vers Dieu en tantqu'il est
l'objet de la Batitude.
Saint Michel et ceux des anges qui l'imitrent parun
rejaillissement de la grce reue, firent hommagede tout leur tre
Dieu; par un acte d'amour, ilsunirent leur volont au don que Dieu
leur offrait, etpar cet acte ils arrivrent leur fin
surnaturelle.
Les autres se renfermrent en eux-mmes, et Dieune put faire
parvenir la vie surnaturelle dans cescurs orgueilleux; il ne
pouvait violer inutilementleur libert. A cause de leur nature
purement spirituelle, leur volont fut fixe dans le mal par
cepremier acte. Il leur fut fait sur-le-champ selon leur
1. Blanc de Saint-Bonnet : L'amour et la chute,
2. Inithim omnis peccate superbia. EcclL, X, 15.3. S. T., Pars
I, Q. LXIII, art. 5.
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L A CHUTE 7f9
boix. Pendant que les esprits dociles la vocationsurnaturelle
entraient dans le ciel de la gloire, jouis
saient immdiatement de la vue de. Dieu.en Lui-mme, dans le
mystre des Processions divines quiconstituent son Etre; eux
abandonnaient mme, leciel de la grce et taient relgus pour
toujoursdans les rgions infrieures, dans la ghenne de Tenter,
chtiment de leur orgueil.
A leur tte se trouvait Lucifer, le plus parfait desanges et, par
suite, de tous les tres crs. C'estsa suggestion et son exemple. qui
entranrent lesautres. Se voyant au sommet de la cration, il
nevoulut point regarder au-dessus de lui, chercher saperfection et
sa batitude dans l'union une naturesuprieure lui, il voulut les
trouver en lui-mme. Il
se renferma donc dans sa nature, voulant se contenterde jouir de
ses facults naturelles. Esprit superbe et malheureux, vous vous
tes
arrt en vous-mme; admirateur de votre proprebeaut elle vous a t
un pige (1). C'tait nonSeulement ingratitude, mais rvolte contre
Dieu qui
il appartient de dterminer la fin de chacun de sescratures.On ne
doit point lui attribuer, comme l'observe
saint Thomas, l'espoir insens de dtrner l'Etre suprme, ou de
s'asseoir de haute lutte sa droitecomme son gal (2). Il n'eut que
le dsir d'tre semblable Dieu (3), c'est--dire de pouvoir poser
com-
1. Bossuet, Elvations, IV seroaine, 2 Elvation.2. L'ange qui
connat Dieu, non comme nous par rai
sonnement, mais, comme l'observe saint Thomas, d'une
connaissance ncessaire et infaillible qui lui vient de la
connaissance qu'il* a de lui-mme, reproduction de la naturedivine,
relle et exacte, quoiqu'infiniment distante du divinexemplaire, ne
pouYait avoir une telle ide. 3. Je suis semblable au Trs-Hau+. Is.
XIV, 13, 14.
L'glise et le Temple. 49
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770 SOLUTION DE LA QUESTION
me se suffisant lui-mme, comme n'ayant nul besoin d'tre
perfectionn par rien en dehors de lui
Dieu s'est dfini : Je suis celui qui suis . Dansson.orgueil,
Lucifer dit : Je suis ce que je suis. Dieun'attend d'aucune nature
suprieure la sienne unsurcrot de perfection; je veux en cela tre
commeLui. A moi aussi il suffit d'tre ce' que je suis parma propre
nature et de m'y complaire. Le dmon ne s'est pas tenu dans la vrit
, dit l'Aptre
saint Jean (1). La vrit est que mme sa nature illa tenait de
Dieu et elle le rendait dpendant de Lui.
L'orgueil le poussa d'autant plus dans cette voieque Dieu, en
lui offrant l'tat surnaturel, lui faisaitconnatre ses desseins sur
la nature humaine. Lucifervit que pour entrer en union avec Dieu et
recevoir
en cette union la vie surnaturelle, il devait s'incliner devant
un tre infrieur lui en l'une desdeux natures dont devait se
composer sa personne,le Fils de Dieu fait Homme devenu le Chef de
toutela cration (2); et mme devant la Femme qui, cooprant
l'Incarnation du Verbe, mriterait de par
tager sa royaut sur l'univers, ciel et terre (3).1. Joan, VIII,
44.2. Primogenitus omnis creatura. Golos. I, 15, 16, 17.In omnibus
Ipse primatum tenens. Eph. I, 20, 21, 22.Pacificans... sive quae in
clis sunt. Cooss. I, 20.Origne dit que Jsus a pacifia les cieux en
obtenant aux
bons anges, le don des dons, c'est--dire, la vie surnaturelle.
Il clis quidem non pro peccato sed pro munere oblatusest (Hom. 2,
Supra caput, 1 et 2, Levit.)
3. Dieu ayant introduit une seconde fois sur la scnedu monde,
son FUs premier-n, il dit : Que tous les anges l'adorent 1 Cette
seconde introduction, cette nouvelle prsentation faite par le Pre,
se rfre visiblement son Fils plac dans un second et nouvel tat, car
consquent son Fils incarn. Croire au Fils de Dieu fait homme,esprer
en lui, l'aimer, le servir, l'adorer, telle fut la
condition du salut. Les deux testaments nous disent quela
prcepte s'adressa aux ange3 comme aux hommes : il e3t
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L A CHUTE 771
La faute de Lucifer, le crime de son orgueil tAdonc prcisment de
rpudier le surnaturel; et la
tentation qu'il fit subir aux anges qui taient au-dessous de
lui, aprs y avoir succomb lui-mme,peut donc tre appele, en toute
proprit de terme,la tentation du naturalisme. Retenons cette
constatation, elle nous servira de flambeau dans la suitede cette
tude, car nous verrons cette mme tentation se reproduire au paradis
terrestre, puis au d
sert o Jsus se retira aprs son baptme; et c'est elle aussi que
la chrtient est soumise depuis lequinzime sicle, par la
Franc-Maonnerie, la Jui-verie et le dmon.
Dans le ciel, cette tentation occasionna ce quela Sainte
Ecriture appelle : Le grand combat. Et
factum est prlium magnum in clo. Michel et sesanges combattirent
contre le Dragon, et le Dragon etses anges combattirent; mais ils.
ne purent vaincre (1).
C'est la mme guerre qui se poursuit ici-bas et quichez nous se
prsente sous cet aspect : L'antagonis
me entre deux civilisations . Pour faire comprendrece qu'elle
fut au ciel, et comment sur la terre, elle apour adversaires non
pas seulement des hommes contre des hommes, mais aussi des humains
contre les
crit dans l'un et dans l'autre : Et adorent eum omnesangeli
ejus.
Satan frmit l'ide de se prosterner devant une nature infrieure
la sienne, l'idce surtout de recevoir lui-mme de cette nature si
trangement privilgie, un surcrot actuel de lumire, de science, de
mrite et une augmentation- ternelle de gloire et de batitude. Se
jugeant bless dans la dignit de sa condition native, il se
retranchadans les droits et les exigences de Tordre naturel.
CardinalPie III Instruction Synodale. Voir, Somme thologique,P. I,
Q. LXIV, a. I, ad IV. Suarez parle de mme : Demalig. ang. L. VII,
C. XIII, n. 13 et 18.
1. Apoc, XII, 7.
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772 SOLUTION DE. LA. QUESTION
dmons. Nous n'avons pas lutter seulementcontre la chair et le
sang, mais contre les prince*,
contre les' puissances, contre les dominateurs de temonde de
tnebrvs, contre Us esprits mauvais rpandus dans Tairi> (1), il
est ncessaire de dire Tordre, la hirarchie et la subordination que
Dieu a tablis entre ses cratures.
Nous voyons au plus bas de la cration les chosesinanimes qui
n'ont que l'existence; au-dessus d'elleselles qui participent, des
degrs divers, l'nergie vitale;-puis les animaux raisonnables, et au
sommet les pures intelligences. Nous savons, par notrepropre
exprience, que les tres infrieurs sont sousla dpendance des tres
suprieurs. Dieu en crant
l'homme a dit : Qu'il domine sur les poissons dela mer, sur les
oiseaux du ciel, sur les animaux domestiques et sur toute la terre
; et cette dominationnous l'exerons.
Proportion garde, il en va de mme au
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LA CHUTE 77S
toute constitution hirarchique, des degrs de perfection rsultent
ls degrs de subordination. Le
dernier ordre de l'arme riglique est lev Dieupar les augustes
puissances des degrs plus sublimes.Quel est le nombre, quelles sont
les facults des divers "ordres, cfue farment les "-esprits clestes?
C'estce qui n'est exactement connu que par Celui quiest l'adorable
principe de leur perfection. La premire hirarchie est rgie par le
souverain initiateur
lui-mme, et elle faonne les esprits subalternes la plivine
ressemblance. Elle ne se livre pas sureux aux excs d'un tyrannique
pouvoir, mais s'an-ant vers les choses d'en-haut avec une
imptuositbien ordonne, elle entrane avec amour vers le mmebut les
intelligences moins leves. Il faut estimer,
c'est toujours saint Denys qui parle, que la hirarchie suprieure
plus proche par son rang du sanctuaire de la divinit, gouverne la
seconde par desmoyens mystrieux; son tour la seconde, qui renferme
les Dominations, les Vertus, les Puissances, conduit la hirarchie
des Principauts, des Archangeset des Anges; et celle-ci rgit la
hirarchie humaineafin que l'homme s'lve et se tourne vers Dieu
ets'unisse lui." Et ainsir par divine harmonie et justeproportion,
tous s'lvent, l'un par l'autre, vers Celui qui est le souverain
principe et la fin de toutebelle ordonnance. II est appel le
Dominateur suprme, parce qu'il attire tout . Lui comme un cen
tre puissant, et parce qu'il commande tous lesmondes et les rgit
avec une pleine et forte indpendance, en mme temps qu'il est
l'objet du dsir etde l'amour universels. Toutes choses subissent
son
joug par une naturelle inclination et tendent instinctivement
vers Lui, attires par les charmes puissants
de son indomptable et suave amour (1).1. S. Denys l'aropagite :
De la hirarchie cleste, Passim.
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774 SOLUTION DE LA. QUESTION
C'est donc une loi d la nature universelle, qu'entre les
cratures il existe une hirarchie 'base sur
l'ingalit de leur participation la perfection suprme, sur la
supriorit ou l'infriorit de la naturequi leur: est chue.
Les tre3 d'une nature infrieure, d'une pcrfec'ionmoindre sont
subordonns 'ceux qui sont d'jme nature suprieure. Les anges d'un
rang pins lev exercent donc sur ceux qui sont au-dessous d'eux ce
quesaint Thomas appelle une Prlatio, une suprmatied'autorit t de
puissance.- Cette pr!ature appartenait, sur toute la hirarchiedes
tres, au plus sublime de tous les anges, celui qui avait reu le nom
de Lucifer, de porte-lumire raison du rle qui lui tait dvolu
dans
Je ciel et que FAropagite explique. ainsi : Toutegrce
excellente, tout don parfait vient d'en haut etdescend du Pre de3
lumires. Il est une source fconde et un large dbordement de clarts
qui comblede sa plnitude tous les esprits,
Lucifer, plac a premier rang, recevait donc les
premiers flots de ce fleuve de lumire et de vie quidcoule de
Dieu et de lui, ils se rpandaient dans lessphres infrieures. De l
son nom de "Lucifer, transmetteur de la lumire.
Il et bien voulu conserver la prlature qui le rendait si
glorieux, et c'est pour la maintenir en sapossession qu'il livra
bataille. Saint Augustin, quiappelle Satan : Perversus mi amor, dit
que dans sonpch il a aim le pouvoir qui lui tait propre.
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L A CHUTE 775
de commettre, une nouvelle distinction s'tait tablieentre les
purs esprits; les uns taient surnaturaliss,
tes autres ne l'taient point. Or, le surnaturel faisaitentrer
les premiers dans une rgion inaccessible auxseconds, leur donnait
une dignit et des prrogativesauxquelles ceux-ci ne pouvaient plus
atteindre. Nousen avons la preuve dans la louange que la
SainteEglise dcerne une crature humaine, mais extra-ordinairement
surnatura'ise l'humanit de l'Homme-
Dieu : Exultata est super choros angeorum. Noussavons de pilus
que la Trs Sainte Vierge, la Mredn Christ a t couronne Reine des
anges.
Lucifer, voyant cela, voulait quand mme mainteniret affirmer la
suprmatie que l'excellence de sa naturelui donnait sur les autres
anges. Ceux-ci rsistrent,
et le cri Quis ut Deus exprime bien le genre decette rsistance.
Il marque une opposition fondamentale aux suggestions naturalistes
que Satan rpandait dans les rangs de la milice cleste pour
conserversa domination sur ses frres.
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CHAPITRE LIV
LA CHUTE
II. SUR LA TERRE.
. Le fait prhistorique que nous venons de rapporterd'aprs les
Saintes Ecritures et les rvlations divines,est aussi un fait
historique, parce qu'il est entr dansla trame des vnements de ce
monde. Sans lui ilsne peuvent s'expliquer, en lui ils trouvent leur
lumire.
Depuis que l'humanit existe, il y a lutte, il. y acombat, combat
dans le cur de chaque homme, combat entre les bons et les mchants,,
combat du naturalisme contre le surnaturel, de l'gosme humaincontre
l'Amour infini. Ce combat n'est donc que lacontinuation de celui
qui s'est livr entre les pursesprits l'origine du monde, et chez
nous comme
dans le ciel, c'est Lucifer qui mne la bataille et s'ilrencontre
encore saint Michel comme adversaire, notre tte, il voit surtout
Marie qui a pris prs de#Dieu la place qu'il a laisse vide par son
pch, leplus formel qui soit : peccatum aversio a Deo.
Le pch de Lucifer et de ses anges leur enleva,
avons-nous dit, la prlature, c'est--dire la prminenceet cette
sorte de juridiction qui en dcoule, sur les
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LA CHUTE 777
anges qui leur taient infrieurs. Leur enleva-t-elele pouvoir
qu'ils avaient sur le monde matriel ? Saint
Paul a dcid la question. Il les appelle encore aprsleur chute :
les vertus des cieux . Saint Denys,dans son livre des Noms divins
(ch. IV), dit d'une ma.nire gnrale que ls dons accords la nature
an-glique ne sont nullement changs chez les dmons,mais y demeurent
dans leur intgrit.
Saint Thomas d'Aquin prcise cette vrit. Il observe qu'aprs sa
chute, le dmon.est encore appel chrubin , mais non plus sraphin .
C'est quele mot chrubin signifie plnitude de science,tandis que
sraphin signifie qui brle du feude la charit. La science est
compatible avec le pch, mais non la charit.
Ils gardent ainsi leur puissance; c'est ce qu'observe Bossuet.
Ils continuent, dit-il, tre appels Vertus des Cieux , pour nous
montrer qu'ilsconservent encore dans leur supplice la
puissancecomme le nom qu'ils avaient par-leur nature. Dieapouvait
justement les priver de tous les avantages
naturels, c'est toujours Bossuet qui parle, il a mieuxaim faire
voir, en les leur conservant, que toutle bien de la nature tournait
en supplice ceux quien abusent contre Dieu. Ainsi l'intelligence
leur estdemeure aussi perante et aussi sublime que jamais;et la
force de leur volont mouvoir les corps, parcette mme raison, leur
est reste comme des dbris
de leur effroyable naufrage. Au livre III du trait de la Trinit,
chapitre IV,
saint Augustin nous dit que toute la nature corporelle est
administre par Dieu avec le concours desanges. Dans sa rponse
Baldad, Job parlant dela puissance de Dieu, l'appelle : Celui sous
qui
se courbent ceux qui portent le monde (1). Saint1. Job IX, 13.
Traduction de Bossuet.
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788 SOLUTION DE LA QUESTION
Satan tait l'veil. Il vit Jsus natre dans retable de Bethlem et
vivre obscur dans l'humble bourga
de de Nazareth. Les prodiges qui avaient entour sonberceau ne
lui avaient point chapp, mais trenteannes passes l'atelier d'un
charpentier dans lasoumission et l'obissance, l'humilit et la
pauvret, ne lui parurent point pouvoir tre les prmicesde celui qui
devait renverser son empire (1).
Quand il le vit sortir de sa retraite ; quand il entendit les
paroles de Jsus annonant que le royaume deDieu tait proche; quand
il vit le Prcurseur se refuser baptiser Jsus par cette raison qu'il
n'tait pasdigne de dnouer les courroies de ses sandales et direque
Lui baptiserait dans l'Esprit-Saint; quand surtoutil fut tmoin de
la descente du Saint-Esprit et qu'il
entendit la voix du Pre cleste dclarer : Celui-ciest mon Fils
bien-aim ! il commena se demander
tre nature, car, par l'ingalit dont il parle, il prouvefu'il a
la nature humaine; et par l'galit qu'il affirme,il dclare possder
la. nature divine.
(Saint Lon, Pape, 7e Sermon sur la Nativit).
1. Dieu est prsent partout, il connat tout ce qui sefait et tout
ce qui se dit, parce qu'il est en toutes ses cratures comme
principe de leur tre et de leur activit. Iln'en est pas de mme des
anges, bons ou mauvais. L'angeest dans un lieu selon que par sa
volont il appliqre celieu l'action de sa vertu. Il s'y trouve non
pas circonscrit,comme le sont les corps, mais dfini de telle manire
qu'iln'est pas dans un autre. De sorte que bien des actes de Jsus
"OU concernant sa personne ont pu chapper Satan. Il
est vrai, que ce qu'il n'a point connu par lui-mme, ila pu le
connatre par un ou plusieurs dmons qu'il auraitdlgus prs du divin
Sauveur pour tre instruits de toutce qui le concernait.
Au surplus, comme l'observe saint Augustin [Cit de Dieu,IX, 21),
le Christ n'a t connu des dmons qu'autant qu'ill'a (voulu, et il ne
l'a voulu qu'autant qu'il l'a fallu... Quandil crut bon de se
cacher Un peu plus profondment, le prince
des tnbres douta de Lui et Le tenta pour savoir s'il tait
leChrist
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LA TENTATION DU CHRIST 789
s'il ne s'tait point tromp _ jusque-l, et si ce Jsusn'tait point
ce Fils de la Femme qui lui avait t mon
tre au jour de sa premire victoire comme devant lui 'enlever
l'empire et lui craser la tte.Il voulut s'en assurer; et Dieu le
permettant,
raison des leons qui en rsulteraient pour nous (1),il put
essayer sur Jsus ses suggestions et ses prestiges comme il l'avait
fait au paradis terrestre et dansles cieux (2).
On sait le rcit de l'Evangile. Aprs son baptmeJsus se retira
dans le dsert, s'abstenant de toutenourriture durant quarante
jours. Le voyant presspar la faim selon la faiblesse de la chair
qu'il avaitprise, Satan profita de cette occasion pour le
tenter,pour dcouvrir ce qu'il lui importait de savoir, par
une preuve tout fait dcisive. Dmon Christumaggressus est,
potissimum ni exploraret utrum vereFilins Dei esset, dit Suarez
(3). C'est surtout poursavoir s'il tait le Fils de Dieu que le dmon
s'attaqua au Christ .
Sa premire parole manifesta sa pense : Si tues le Fils de
Dieu... Montrant les pierres arrondiesen forme de pain qui
jonchaient le sol, comme il avait
1. Ne nous persuadons pas, chrtiens, qu'il et t permis Satan de
tenter le Sauveur s'ans quelque haut conseilde la Providence
divine. (Bossuet, Sermon sur le dmon.1er dim. de Carme.)2. Il n'est
pas indigne de notre Rdempteur, dit saint
Grgoire le Grand, d'avoir voulu tre tent, parce qu'il taitvenu
en ce monde pour tre mis mort. Il tait juste aucontraire qu'il
vainqut ainsi nos tentations par les siennesde mme qu'il tait venu
triompher de notre mort par samort... Le Fils de Dieu a pu tre tent
par suggestion; mais
amais la dlectation n'a pntr dans son me. Aussi cettetentation
du diable a-t-elle t tout extrieure et nullementau dedans de Lui.
(Sermon sur l'vangile du 1er dimanchede carme.)
3. In tertiam partem divi Thomae. Q. XLI, art. I, com. IL
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780 SOLUTION DE LA QUESTION
les Terrions agiter ce monde avec la mme facilit-que nous
tournons une petite boule .
Sommes-nous soumis leur empire, comme le sontles tres matriels?
L'espce humaine tient le dernier rang dans la hirarchie des esprits
et de cefait elle doit recevoir la lumire et l'inspiration aubien
par le ministre des anges. De fait, nous avonschacun notre ange
gardien qui remplit prs de nouscet office. Le dmon a-t-il conserv
sa prlature surnous ? Notre race a t dote, ds la cration, dansla
personne d'Adam, notre chef, de la grce sanctifiante, qui fait
entrer dans Tordre surnaturel. Or,nous avons vu que le surnaturel
tablit entre lestres une hirarchie d'ordre suprieur soustrayant
Adam et ses descendants l'empire du dmon.Il en conut d'amers
sentiments. La jalousie qui
s'tait veille en lui lorsque l'Homme-Dieu avaitt prsent ses
adorations s'exaspra. C'est uneenvie furieuse, dit Bossuet, qui
anime les dmonscontre nous. Ils voient qu'tant bien infrieurs
par
nature, nous les passons de beaucoup par la grce .Et ailleurs :
L'inimiti de Satan n'est pas d'unenature vulgaire; elle est mle
d'une noire enviequi le ronge ternellement. Il ne peut souffrir
quenous vivions dans l'esprance de la flicit qu'il aperdue, et que
Dieu, par sa grce, nous gale auxanges; que son Fils se soit revtu
d'une chair humai
ne pour nous faire des hommes divins. Il enragequand il considre
que les serviteurs de Jsus, hommes misrables et pcheurs, assis dans
des trnes augustes, le jugeront la fin des sicles avec les angesses
imitateurs. Cette envie le brle plus que ses flammes (1).
1. I e r sermon de Carme.
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LA CHUTE 781
Et c'est pourquoi il s'eftorce de nous entraner sa suite dans le
pch qui fait perdre la prrogative
que la grce nous donne sur lui.Au premier jour, voyant ce qu'est
la nature lumai-ie, une seule espce dans la multitude des
individusqu'avec le temps elle devait embrasser, il se ditque s'il
parvenait faire dcheoir du rang o lagrce l'avait plac, celui en qui
l'espce entire taitalors contenue, il rcuprerait sur elle l'empire
quele droit de nature lui donnait, il deviendrait le prince,le chef
de l'humanit. A l'envie se joignit donc l'ambition pour le porter
tenter auprs de nos premiersparents la sduction qu'il avait exerce
sur les anges ;s'il venait les persuader, la race entire
tomberaitsous son empire.
Comme il avait fait aux anges, Dieu avait fait Adam et Eve le
don de la grce sanctifiante, prlude et prparation de la gloire.
Avant de les y admettre il fallait qu'ils s'en montrassent dignes.
Del, la ncessit de l'preuve au paradis terrestre comme au paradis
cleste. L comme ici, Dieu voulut;
Dieu, devait, peut-on dire, demander sa cratureson consentement
au r^aete d'amiti qu'il voulait contracter avec, e'ie pour
l'ternit. Les termes du commandement, ou de la prohibition, fait
Adam et Eve, tels qu'ils sont formuls dans le texte
biblique,indiquent avec une clart suffisante une loi, luneclause se
rfrant la conservation ou la pertede l'tat paradisiaque et des
privilges qui le constituaient. Ne comedas... quocumque enim dfc
corne-d-eris... mort? morieris. Il s'agissait pour l'hommede rester
en possession ou de perdre le don de Fimrnor-tait, et, comme la
suite du rcit le prouve, les autresdons qui lui taient connexes. La
nature de l'homme
compos d'un corps et d'une me demandait que l'acte
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782 SOLUTION DEJ LA QUESTION
duquel dpendait sa destine ft la fois intrieuret extrieur, un
acte pleinement dlibr et en mmetemps un acte extrieur. C'est ce qui
eut lieM : Vottft,ne mangerez point de ce fruit, sinon vous
mourrez.
Four oprer sa sduction, Satan se prsenta dans Itfjardin sous la
forme du serpent. Dieu, dans le paradis*se montrait l'homme et
conversait avec lui soufcune figure visible; il en tait de mme des
anges. Evene fut donc pas surprise d'entendre parler un ser
pent. Qu'tait ce serpent? Il en est qui traduisentle mot hbreu
sraphim par serpent volant ettincelant . Peut-tre Adam et Eve
avaient-ils l'habitude de voir les anges clestes sous cette
forme.
Il vint donc prs de l'arbre de la science du -bienet du mal et
il demanda Eve : Est-ce que Dievi
aurait dit : Vous ne mangerez pas de tout arbredu jardin? La
femme rpondit : Nous mangeonsdu fruit des arbres du jardin. Mais du
fruit de l'arbre,qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous
n'enmangerez point et vous n'y toucherez point de peurque vous ne
mouriez. Le serpent dit la femme : Non, vous ne mourrez point. Mais
Dieu sait quele jour o vous en mangerez^ vos yeux s'ouvrirontet
vous serez comme Dieu, connaissant le bien etle mal. Vous serez
comme Dieu. Voil la tentation,"la tentation renouvele de celle qui
a sduit les an*ges. Etre comme Dieu, se suffire soi-mme.
Quelletentation pour l'gosmel Adam y succomba caiime-y
avaient succomb les anges qui se laissrent flatterpar l'orgueil.
Vous serez comme Dieu, connaissantpar vous-mme le bien et le mal.
Trouvant dans l'usage de vos facults naturelles le progrs qui vous,
mnera la perfection laquelle votre nature prtend,vous arriverez jau
bonheur, un bonheur semblable
celfui dont Dieju jouit, un bonheur qui ne sera- niomjruhti ni
dpendant.
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L A CHUTE 783
Comme les mauvais anges, Adam et Eve se laissrentconvaincre.
On le voit, sur la terre comme au ciel, l'essencede la tentation
fut le naturalisme. Ce fut pour avoirl'orgueil de dire, la suite
des anges rebelles : comme Dieu, je me suffirai, qu'Adam franchit
la dfensede manger du fruit funeste. Hlas ! son orgueil le
fittomber non seulement dans l'tat de nature, mais encore dans
l'tat de nature corrompue. Lui et Eve sevirent, tout' coup, non des
Dieux, mais des tresde chair!
De plus, ils se virent soumis' Satan. Quiconquese livre au pch,
dit saint Jean, est l'esclave dupch (1) , et quiconque prte
l'oreille Satan retombe sous sa suprmatie dont la grce l'avait
exemp
t. Lucifer put ds lors se promettre sur la" terre unempire
semblable celui qu'il avait conserv auxenfers sur ceux qui
l'avaient suivi dans son apostasie.Il domina sur tous les enfants
d'orgueil (2).
De fait,' jusqu' l'avnement de Notr-Seigneur Jsus-Christ, le
genre humain tout entier (3), l'ex
ception d'un tout petit peuple dpositaire de la promesse, vcut
dans le naturalisme o Adam l'avait en-
1. Joan, YIII, 34.2. Dernire' parole de Dieu Job.3. On ne
rflchit pas assez aux consquences ren
fermes dans les lois de l'espce. Certainement, il y a
quelque chose en moi qui n'tait pas n. Adam, puisque jesuis un
individu ; maie il n'y a rien eu d'essentiel en Adamqui ne soit en
moi. Car lui-mme tait l'espce, avant d'treindividu. Tous les hommes
qui naissent d'Adam, dit saintThomas, peuvent tre considrs comme un
seul homme,puisqu'ils ont tous la' mme nature. La science, qui
ne
Sent pas se rendre compte du prodige de l'espce, au seine la
nature, pour les plantes et pour les animaux, comment
sonderait-elle, pour l'homme, la loi de solidarit, laquelle se
rattachent la fois la rversibilit du mrite etle pch originel 1
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'7M SOLUTION DE LA QUESTION
tran et sons le joug du dmon par lequel il s'taitlaiss sduire.
Satan se fit lever des temples et
dresser des autels sur tous les lieux de la terre et ils'y fit
rendre un culte aussi impie qiie superstitieux.Combien de fois le
peuple lu lui-mme se laissa-t-ilentraner, par lui, au point de
sacrifier Moloch
jusqu' ses enfants (1)1Aujourd'hui encore, partout o l'Evangile
n'a point
t .prch, partout -o le tabernacle se, trouve encoreabsent,
Lucifer et ses dmons. rgnent," Les missionnaires du XVIIe sicle ont
t bien surpris lorsque,partis de la France lgrement sceptique
d'alors, ilsont dbarqu dans les Indes orientales et se sont"trouvs
au milieu des manifestations diaboliques lesplus tranges. Les
voyageurs comme les missionnaires
de nos ' jours sont tmoins des mmes prodiges. M.Paul Verdun a
publi tin livre : Le diable dans lesmissions (2). Des faits sans
nombre qu'il a recueillis,dans les relations de voyages et de
sjours, sous lesplaces des ples comme sous les feux de
l'Equateur,dans les forts des sources de l'Amazone, aussi bien
que sr les b'ords'du Brahmapoutre, dans les pagodesdes.villes
chinoises et sous les huttes des sauvagesde l'Ocanie, partout o le
christianisme ne s'estpoint implant, les populations croient, et
non sansraison, la puissance des dmons dans les idoles,les pierres
et les arbres consacrs son culte. Lesapparitions et possessions
sont chez eux choises fr
quentes, connues et admises de tout le monde. Danstous ces pays
il existe des sorciers. Pour le devenir,
1. Toutes les religions paennes, aprs comme avant lavenue du
Christ, procdent de la magie ou y aboutissent,et celle-ci, dans la
diversit de ses formes et de ses' pratiques, apparat comme une dans
son essence et se manifeste
comme, le culte de Satan.2. 2 vol. in-12, chez Delhomme.
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LA. CHUTK 785
il faut subir des preuves cruelles qui dpassent debeaucoup les
pratiques les plus pnibles de la mortification chrtienne. Dans la
plupart de ces initiations, une manifestation du dmon montre qu'il
accepte le candidat comme sien, il en fait un possdou il l'enlve.
Ces sorciers ont pour serviteur au pomrmatre un dmon familier
qu'ils font agir, revtud'une apparence de bte. Ils peuvent donner
certains objets - amulettes, ftiches une vertu bien
faisante ou nuisible. La nature de ces objets est indiffrente;
c'est leur conscration au dmon qui leurdonne leur vertu. Partout,
les sorciers hassent etcraignent les missionnaires catholiques et
partout lesmissionnaires chassent les dmons. Les envoys
desmissionnaires, de simples chrtiens, des vierges, desenfants mme
ont le mme pouvoir. Ces faits constatsde nos jours, confirment non
seulement les rcits del'Evangile, mais encore ceux des paens de
l'antiquitet ceux de nos pres du moyen ge. Ils confirmentgalement
ce que la doctrine catholique nous enseigne sur le pch originel et
sur ses suites.
L'glise et le Temple50 1
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LA TENTATION RENOUVELE
CHAPITRE LV
I. - LA TENTATION DU CHRIST
Ds que la mchancet du dmon nous eut empoisonn du venin mortel de
son envie, dit le Pape saint
Lon (1), le Dieu tout-puissant et clment, dont lanature est
bont, la volont, puissance, et l'actionmisricorde, indiqua d'avance
le remde que sa pitdestinait gurir les humains; et cela dans les
premiers temps du monde, quand il dclara au serpent quede la Femme
natrait, quelqu'un d'assez fort pour
craser sa tte pleine d'orgueil et de malice. Il annonait par l
que le Christ viendrait en notre chair lafois Dieu et homme, et
que, n d'une Vierge, sa naissance condamnerait celui par qui la
source humaineavait t souille, ifprs avoir tromp l'homme parsa
fourberie, le dmon se rjouissait de le voir dpouill des biens
clestes; il se rjouissait d'avoir trouv quelque consolation dans sa
misre par la compagnie des prvaricateurs, et d'avoir t cause
queDieu, ayant cr l'homme dans un tat si honorable,avait chang ses
dispositions son gard. Il a doncfallu, bien-aims frres, la
merveilleuse conomie d'unprofond dessein pour qu'un Immuable et
dont la vo-
1. 2e sermon sur la Nativit.
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LA TENTATION DU CHRIST 787
lont ne peut cesser d'tre bonne, accomplt, au moyend'un mystre
plus cach, les premires vues de son
amour, et pour crue l'homme, entran au mal parl'astuce et la
mchancet du dmon, ne vnt pas prir, contrairement au but crue Dieu
s'tait propos.
Au temps marqu par la divine sagesse, Dieu aexcut ce dessein de
sa misricorde, manifest l'heure mme de l'offense et de la chute. Il
envoyason Fils rparer la faute de notre pre. Chez les hommes la
justice faiblit quand elle se fait misricorde;dans la Rdemption
elle demeure intacte : Dieu pardonne, mais la justice a
satisfaction puisqu'un Dieu-Homme se substitue aux coupables et
expie poureux.
Dieu de Dieu, lumire de lumire, vrai Dieu d'Unvrai Dieu, Il prit
la condition d'esclave et apparut auxdmons comme aux hommes dans
l'humilit de lachair, dans une chair semblable celle du pch*
etainsi reconnu homme par tout ce qui a parti delui (1).
1. Rom. VIII, 3, et Phil. II, 7.Il y a autant de danger dire
qu'il n'y a pas en
Jsus-Christ une nature semblable la ntre, qu' nierqu'il soit gal
en gloire son Pre. C'est sur l'autoritdivine qu'est appuye notre
foi, et c'est une doctrine divineque nous professons. Elles sont
vraies, ces paroles queJean, rempli du Saint-Esprit, a fait
retentir : Au commencement tait le Verbe, et le Verbe ta^t en Dieu
et leVerbe tait Dieu ... Ce que le mme prdicateur ajouteest
galement vrai : Le Verbe a t fait chair, il ahabit parmi nous, et
nous avons vu sa gloire, comme lagloire du Fils unique du Pre .
Dans l'une et l'autre nature, le Fils de Dieu est donc le mme,
prenant ce qui estde nous sans rien perdre de ce qui lui est
propre; renouvelant l'homme dans l'homme, il restait en
lui-mmeimmuable... c'est pourquoi, lorsque le Fils unique de
Dieu
confesse qu'il est infrieur son Pre, auquel il se ditgal, il
montre qu'il a vritablement en Lui l'une et l'au-
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788 SOLUTION DE LA QUESTION
Satan tait l'veil. Il vit Jsus natre dans retable de Bethlem et
vivre obscur dans l'humble bourga
de de Nazareth. Les prodiges qui avaient entour sonberceau ne
lui avaient point chapp, mais trenteannes passes l'atelier d'un
charpentier dans lasoumission et l'obissance, l'humilit et la
pauvret, ne lui parurent point pouvoir tre les prmicesde'celui qui
devait renverser son empire (1).
Quand il le vit sortir de sa retraite; quand il entendit les
paroles de Jsus annonant que le royaume deDieu tait proche; quand
il vit le Prcurseur se refuser baptiser Jsus par cette raison qu'il
n'tait pasdigne de dnouer les courroies de ses sandales et direque
Lui baptiserait dans l'Esprit-Saint; quand surtoutil fut tmoin de
la descente du Saint-Esprit et qu'il
entendit la voix du Pre cleste dclarer : Celui-ciest mon Fils
bien-aim! il commena se demander
tre nature, car, par l'ingalit dont il parle, il prouvequ'il a
la -nature humaine; et par l'galit qu'il affirme,il dclare possder
la nature divine.
(Saint Lon, Pape, 7* Sermon sur la Nativit),
1. Dieu est prsent partout, il connat tout ce qui sefait et tout
ce qui se dit, parce qu'il est en toutes ses cratures comme
principe de leur tre et de leur activit. Iln'en est pas de mme des
anges, bons ou mauvais. L'angeest dans un. lieu selon que par sa
volont il applique celieu l'action de sa vertu. Il s'y trouve non
pas circonscrit,comme le sont les corps, mais dfini de telle manire
qu'iln'est pas dans "011 autre. De sorte que bien des actes de Jsus
ou concernant sa personne ont pu chapper Satan. Il
est vrai, que ce qu'il n'a point connu par lui-mme, ila pu le
connatre par un on plusieurs dmons qu'il auraitdlgus prs du divin
Sauveur pour tre instruits de toutce qui le concernait.
Au surplus, comme l'observe saint Augustin {Cit de DieuyTX, 21)
, le Christ n'a t connu des dmons qu'autant qu'ill'a voulu, et il
ne l'a voulu qu'autant qu'il l'a fallu... Quandil crut bon de se
cacher un peu plus profondment, le princedes tnbres douta de Lui et
Le tenta pour savoir s'il tait leChrist
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LA TENTATION DU CHRIST 789
s'il ne s'tait point tromp jusque-l, et si ce Jsusn'tait point
ce Fils de la Femme qui lui avait t mon
tre au jour de sa premire victoire comme devant lui 'enlever
l'empire et lui craser la tte.Il voulut s'en assurer; et Dieu le
permettant, ,
raison des leons qui eh rsulteraient pour nous (1),il put
essayer sur Jsus ses suggestions et ses prestiges comme il l'avait
fait au paradis terrestre et dansles cieux ( 2 ) .
On sait le rcit de l'Evangile. Aprs son baptmeJsus se retira
dans le dsert, s'abstenant de toutenourriture durant quarante
joiurs. Le voyant presspar la faim selon la faiblesse de la chair
qu'il avaitprise, Satan profita de cette occasion pour le
tenter,pour dcouvrir ce qu'il lui importait de savoir, par
une preuve tout fait dcisive. Dmon Christumaggressus est,
potissimum nt exploraret utrum vereFilms Dei esset, dit Suarez (3).
C'est surtout poursavoir s'il tait le Fils de Dieu que le dmon
s'attaqua au Christ .
Sa premire parole manifesta sa pense : Si tu
es le Fils de Dieu... Montrant les pierres arrondiesen forme de
pain qui jonchaient le sol, comme il avait
1. Ne nous persuadons pas, chrtiens, qu'il et t permis Satan de
tenter le Sauveur sans quelque haut conseilde la Providence divine.
(Bossuet, Sermon sur le dmon.1er dim. d e Carme.)
2. Il n'est pas indigne de notre Rdempteur, dit saint
Grgoire le Grand, d'avoir voulu tre tent, parce qu'il taitvenu
en ce monde pour tre mis mort. Il tait juste aucontraire qu'il
vainqut ainsi nos tentations par les siennesde mme qu'il tait veau
triompher de notre mort par samort... Le Fils de Dieu a pu tre tent
par suggestion; mais
jamais la dlectation n'a pntr dans son me. Aussi cettetentation
du diable a-t-elle t tout extrieure et nullementau dedans de Lui.
(Sermon sur l'vangile du 1er dimanchede carme.)
3. In tertiam partem divi Thomae. Q. XLI, art. I, corn. IL
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790 SOLUTION DE LA QUESTION
montr Eve le fruit dfendu, il lui proposa de faireun miracle qui
prouverait sa diyinit : changer lespierres en pains. Il ne
remarquait point que ce miracle, s'il tait fait, prouverait
prcisment le contraire, car l'apaisement de la faim pouvait tre
obtenupar, des moyens naturels et humains, et vouloir se leprocurer
en appelant son aide la puissance divine,c'tait manquer au respect
d Dieu. Peut-tre levoyait-il et alors sa proposition tait
doublement ma*
licieuse. On sait quelle fut la rponse de Jsus; elleexprimait
son respect pour son Pre et pour la Paroledont Dieu a fait la rgle
de notre conduite, nous,enfants des hommes et au Verbe incarn
lui-mme.D'autre part, elle laissait le tentateur dans l'ignorance
relativement sa Personne.
La seconde tentation trahit visiblement le troublede Satan. Dans
son extrme dsir d'atteindre le butpoursuivi, il aurait accept de
savoir, au prix de sapropre humiliation, si Notre-Seigneur tait
vraimentle Fils de Dieu. Si Jsus, se prcipitant du haut dutemple,
comme il le demandait, les anges fussent
venus le soutenir, il'aurait reconnu par l, pensait-il, qu'il
tait le matre souverain de la cleste hirarchie, mais sa honte et sa
confusion. Car ilet t cruel pour lui de voir Jsus tombant du hautdu
temple comme s'il descendait du ciel, port parles bons anges, qui
sont les ministres de Dieu dansle chtiment qui lui est inflig,
devant la foule qui
remplissait les parvis du temple, et le prsenter danscette pompe
cleste et cette majest qui et forc lesadorations des spectateurs.
Jsus, comme il l'avaitfait la premire fois, dissipa d'un mot tir
des SaintesEcritures cette tentation que Satan avait crue
biensduisante.
Il ne se tint point encore pour satisfait; et usant de
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L A TENTATION DU CHRIST 791
nouveau de la puissance surhumaine des esprits, matres de la
pesanteur-et de l'espace, il transporta Jsus
sur la cime d'une haute montagne. Lorsqu'on ditque l'Homme-Dieu
fut transport par le diable sharune montagne leve ou dans la cit
sainte, observesaint Grgoire, pape, l'esprit rpugne le croire etles
oreilles humaines s'effraient de l'entendre affirmer. Nous
reconnatrons cependant que cela n'estpas incroyable, si
nous'comparons d'autres faits
celui-ci. Certes, le dmon est le chef de tous leshommes iniques
et tous les impies sont les membres de ce chef. Est-ce que Pilate
ne fut pas unmembre du diable? Ne furent-ils pas les-membres
dudiable, les Juifs qui perscutrent Jsus-Christ et lessoldats qui
le crucifirent? Aussi, quoi d'tonnant
si le Christ s'est laiss transporter par le dmon, lui-mme sur
une montagne, puisqu'il a bien vofuTu souffrir d'tre crucifi par
les membres du dmon (1).
Les deux premires tentations n'ajvaient pu rsoudrela question
qui tourmentait le Prince de ce monde.Il comprit qu'il serait
inutile de continuer pousser
ses tentatives dans le mme sens. Aussi, la troisime tentation il
ne dit plus : Si vous tes le
1. Sermon gur le 1 dimanche de Carme.Saint Augustin, dans son
commentaire sur le Psaume
LXIII, V. 7, dit aussi :Le Christ, comme homme, s'est mis porte
des intentions
perverses des juifs, et comme homme il a souffert qu'ils
s'emparassent de Lui, En effet, on n'aurait pu s'emparer deLui,
s'il n'et t homme, ni le voir s'il n'et t homme,ni le frapper s'il
n'et t homme, ni le crucifier et le mettre mort s'il n'et t homme.
C'est donc comme hommequ'il s'est expos toutes ces souffrances, mi
ne pouvaientavoir prise sur lui s'il n'et t homme. Mais si Lui,
n'avaitt homme, l'homme n'et pas t dlivr. Cet homme apntr le fond
des curs, c'est--dire le secret de leurcur, offrant au regard (!es
-hommes, son humanit, ne
faisant point paratre sa divinit; cachant sa nature deDieu, par
laquelle il est l'gal du Pre.
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192 SOLUTION DE LA QUESTION
SUIs de Dieu . Laissant cette question qu'il sentaitne pouvoir
rsoudre, il poursuivit ton autre dessein.
Depuis l catastrophe du paradis terrestre, il rgnait en matre
sur l'humanit Avilie et dgrade;mais il tremblait pour son empire
toutes les foisqu'il se rappelait la prdiction du Seigneur :
uneFemme et son Fils t'craseront la tte. Inquiet, ilne cessait
d'pier les enfants des hommes, particulirement ceux qui lui
paraissaient les plus intelligents et les plus forts, pour les
pendre son service. Jamais son- attention n'avait t veille suraucun
coirime sur celui-ci, jamais personne ne luiavait paru devoir jouer
dans le monde un aussi grandrle. Il le voit entrer dans la carrire
et commencerune uvre qui, sans doute et vm l'extraordinaire vir
tualit du personnage, aura sur le cours du monde,sur la
direction du genre humain, une influence quine peut tre estime. Il
se dit qu'il doit, pour conserver son empire, s'emparer de cette
force. Donc,aprs avoir fait montre de sa puissance en transportant
Jsus sur le pinacle du Temple, il opre un
prestige qui doit le sduire, s'il n'est qu'un homme,et le mettre
son service. Du haut de la montagneo il l'a transport, il lui fait
voir tous les royaumesdu monde et leur gloire, et il dit : Je te
donneraitoute cette puissance et la gloire de ces empires; carcela
m'a t livr et je le donne qui je iveux. Celam'a t livr. Hlas ! oui,
par Adam et par son pch.
Je le donne qui je veux. Non. La puissance deLucifer dpend tout
entire d'une simple permissiondivine. Tout cela je te le donnerai,
si tu te prosternes el tu m'adores. Tu le vois, je suis le matre
dumonde. Je connais ton gnie. Je te donnerai le gouvernement de
l'univers, sous ma Suzerainet, si tu,
me prtes foi et hommage.
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LA TENTATION DU CHRIST 79S
Sans doute que la prdication de Jean-Baptiste annonant que le
royaume de Dieu tait proche avait
engag Lucifer prendre ses mesures pour maintenir sur la terre
l'empire dont il jouissait depuis tantde sicles. Un homme lui tait
ncessaire pour luttercontre l'envoy de Dieu, comme lui-mme l'avait
faitau ciel contre l'archange Michel, pour maintenir surla terre le
rgne du naturalisme et empcher le royau^me de Dieu, c'est--dire le
surnaturel d'en prendre
possession. Il voulut voir si Jsus ne serait pointcet homme. Il
s'efforce de l'blouir, d'exciter en Luil'amour du monde et de ce
qui est dans le monde :la concupiscence de la chair, -la
concupiscence desyeux et l'orgueil de la vie (1), en un mot de le
plonger dans le naturalisme et par lui d'y maintenir tous
les peuples. La parole de Dieu prononce par l'Hom-me-Dieu, avec
l'autorit qui lui appartenait, lui enleva sa chimre : Retire-toi,
Satan. Car. il est crit;,tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu ne
servirasque lui seul.
Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu ne serviras
que lui seul . C'tait ce que venait rapprendre larace d'Adam,
celui qui avait la mission de le rtablirdans sa dignit premire
d'enfant de Dieu destin l'ternelle Batitude que procure la vie
surnaturelle.
La tentation de Nbtre-Seigneur fut l'un des grandsmystres de sa
vie. Les hommes taient devenus auparadis terrestre les sujets de
Satan et les esclaves
de la nature. Il importait que Notre-Seigneur, enentreprenant
l'uvre que son Pre lui avait confie d'introduire de nombreux fils
dans la gloire , vainqut d'abord l'ennemi qui s'tait assujetti
l'humanit et avait born son ambition la vie prsente et la
jouissance des biens de ce monde. Il pourrait alors,
- 1. Joan, II , 16 .
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79 SOLUTION DE LA QUESTION
nouvel Adam, chef de l'humanit rgnre, lui procurer une bndiction
plus prcieuse que celle perdue
l'origine.Quand Jsus eut achev- sa mission d'Evangliste,au lundi
de la Grande Semaine o il devait accomplirson autre mission, celle
de nous racheter, les aptresAndr et Philippe prsentrent Jsus des
Gentilsvenus Jrusalem pour la solennit de Pques et quiavaient
tmoign le dsir de voir le Messie. A leur
demande Jsus tressaille. Il voit en eux et dansleur dmarche
comme les prmices et le gage dela conversion du monde paen, qui
sera le fruit desa mort, qu'il vient de montrer prochaine. Cette
pense l'meut. On dirait comme un prlude de la terribleagonie qui
devait se produire trois jours plus tard
au jardin des Oliviers. Il s'crie : Mon me esttrouble. Et que
dirai-je? Pre, sauvez-moi de cetteheure! Mais c'est pour cela que
je suis venu. Pre,glorifiez votre nom . Et il vient une Voix du
ciel : Je l'ai glorifi et de nouveau je le glorifierai .La foule
s'tonne. Jsus dit : Ce n'est pas pourmoi que cette voix s'est fait
entendre, c'est pourvous... Maintenant, c'est le jugement de ce
monde,maintenant le prince de ce monde va tre jet dehors.
Jsus, de concert avec le ciel, annonait ainsi laruine de
l'empire de Satan et l'inauguration du royaume nouveau, du Royaume
du Christ, du Royaumedes Cieux, qui allait tre fond sur cette
ruine, parsa mort sur la croix.
Ainsi allait tre restaui l'ordre surnaturel, auquelseraient de
nouveau convis juifs et gentils, toutela race d'Adam rachete par le
sang de l'Homme-Dieu.
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LA TENTATION DE LA CHRTIENT
CHAPITRE LVI
II. TENTATIVES DIVERSES
Mors et vita duelo conflixere mirando. La mort etla vie se sont
livres sur le calvaire un combat auquel les .anges assistaient
pleins d'admiration. Dansce combat, l'auteur de la vie meurt, mais
dans samort il est vivant et par sa mort il rgne. Duxvtes mortuus
rgnt vivus . La ranon a ' paye,la Rdemption est accomplie, le pch
du monde estt' et le prince de ce monde est vaincu, son rgneest
fini en principe, mais il faut que le royaumequ'il s'Itait fait
soit reconquis, c'est le magnum pr-lium du ciel1 qui va se
poursuivre sur la terre dans
les mmes conditions. Souvent l'Eglise paratra expirante;
toujours dans sa mort apparente, elle puisera une nouvelle1
vie.
Le duel se livre d'abord entre chaque me et sontentateur. La
Rdemption est universelle, le divinSauveur a mrit le salut de tous
les hommes, mais
la justification continuera dpendre de la volontde chacun. Les
mrites du Christ ne seront appli-
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796 SOLUTION DE LA QUESTION
cfujs aux individus qu'avec leur consentement et leurcoopration
(1). Le surnaturel redevenu l'apanage der
l'humanit doit, comme toujours, tre accept parchacun de ses
membres. Avant cette acception, suppose dans l'enfant, effective
chez l'adulte, le fils dIA-dam est encore * sous le joug de Satan,
et il y rentre par lia rpudiation volontaire de l'tat de grce,soit
en commettant des actes condamns par la morale chrtienne, ce qui
lui fait perdre l'amiti de Dieu,
soit par ltet rsolution de se cantonner dans la natureseule par
l'indiffrence religieuse. C'est la loi quia t promulgue ds le
commencement au ciel etsur la terre. Elle n'a point chang, elle n'a
pu changer avec la Rdemption. La nouvelle source de vieque la lance
du soldat romain a fait couler du Cur
de Jsus en croix est ouverte tous, mais elle nedonne ses eaux
qu' ceux qui viennent les y ptai-ser.
Ce qui est vrai pour les individus, l'est pour -lespeuples.
Appels par la voix des Aptres, juifs etgentils se rendirent un un
cette source, et leur
agg1
opration foima le corps de l'Eglise.Pour reconqurir son empire,
Satan s'attaqua aucorps social comme il s'attaque aux
personnesC'est ce qui avait t dit au commencement et ce
quedemandait la Sagesse divine : Inimicitias ponaminter semen tuum
et sevnen illius. Aprs avoir annonc la Rdemption du genre humain
par le Filsde la Femme, Dieu avait fait voir la lutte qui
devait
1. La baptme est confr aux enfants des parents quile demandent
pour eux; eux ensuite de ratifier ce quia t fait. C'est ainsi que
les choses s'taient passesau ciel et au paradis terrestre : les
anges et nos premiersparents reurent la grce sanctifiante au moment
de leur
cration, ils dr.rent ensuite consentir a'i doa qui leur avaitt
fait.
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LA TENTATION DE LA C H R T I E N T 797
1. Le tableau qui suit est emprunt au livre de CharlesStanton
Devas; matre s arts de l'Universit d'Oxford:
L'Eglise et le Progrs du monde, traduit de l'anglais par
ledominicain Folghera.
suivre entre les deux cits, l'une race du serpent,l'autre race
de la Femme bnie.
Le mot hbreu employ par la Gense pour marquer les attaques du
serpent dsigne bien les deuxgenres d'assaut que l'Eglise n'a cess
d'avoir subir : les perscutions et les hrsies. Ce mot marque une
haine s'exerant la fois et par la ruseet par la cruaut. C'est bien
l les deux guerres quel'histoire n'a cess de voir s'alterner, ou
mme seconfondre, depuis -les premiers jours jusqu' ceux onous
sommes.
Satan suscita d'abord la perscution des empereursromains qui
dura trois sicles et fit tant de milliers de martyrs. Ne pouvant
touffer l'Eglise dans?son sang, il eut recours d'autres moyens de
des
truction (1).Presqu'aussitt aprs le rgne de Constantin,
nous-
arrivons lau pontificat du pape Glase I e r en l'andu Christ
493. Comme la situation est sombre! Laconversion de l'empire, un
sicle auparavant, semble lavoir t strile, et te catastrophe parat
immi
nente, L'Orient tout entier est aux mains de chrtiens infidles
au concile cumnique de Chalcdoi-ne; l'Occident est sous la
domination des Ariensqui rejettent le concile cumnique de Nice;
lePape lui-mme est sujet d'un souverain Arien. Et comme si une
seule hrsie ne suffisait pas, le Plagia-nisme se propage dans le
Picenum avec la connivencedes vques. Dans le Nord de l'empire
dmembr,les Bretons d'abord infests par le Plagianisme
sontmaintenant dpossds par les Saxons paens. Le
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798 SOLUTION DE LA QUESTION
clerg catholique est opprim dans les royaumes ariensde
Bourgogne, d'Aquitaine, d'Espagne, et le culte ca
tholique est momentanment aboli .par les Vandalesariens
d'Afrique. L'Orient presqu'entier prend partipour le patriarche de
Constantinople Acace dans sonschisme, et adhre l'hrsie monophysite,
tandis?que, en dehors de l'empire, l'hrsie oppose, le
Nes-torianisme, fait de scandaleux progrs.
Est-ce l un cas isol? Cent quinze ans plus tt,,alors que saint
Grgoire de Nazianze allait inaugurer sa prdication Constantinople
(378), la situation ne semblait-elle pas dsespre arec l'AriA-nisme
grandissant et les schismes de plus en plusnombreux? Et plus tard,
aux dbuts du pontificatde saint Grgoire-le-Grand, l'Eglise ne
semblait-elle
pas"menace d'une fin prochaine? Les derniers ves^tiges de la
civilisation romaine s'croulaient devantl'invasion des Lombards en
Italie; en Orient et enOccident, famines, pestes, tremblements de
terne; lesBretons chrtiens sont massacrs, rduits en esclavage,
chasss dans les montagnes dsertes par leurs
ennemis paens; l'Arianisme est encore le matre enEspagne et dans
une grande partie de l'Italie. Riend'tonnant que saint Colomban et
il n'tait pasle seul crt la fin du monde.
Si nous partageons en trois priodes chronologiquesl'histoire
entire de l'Eglise, les temptes que noua
venons de dcrire se rapportent la premire, maisles deux autres
ne sont pas moins agites. Dans laseconde (636-1270), l'Eglise se
vit plusieurs reprises menace de destruction : au VIIIe sicle par
lesArabes; au IX e , les Normands; au X, les empereursgermaniques.
La troisime priode, la plus prochede nous, est marque par trois
grands faits, dont
chacun, suivant les principes des probabilits histo-
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LA TENTATION DE LA CHRTIENT 7i*U
riques, aurait d tre fatal l'Eglise. D'abord, leGrand Schisme :
durant trente-sept ans, les fonde
ments mmes sont branls, le principe de l'obissance est discrdit,
quoique, par contre, la bonnefoi, et qui plus est, la saintet se
montrent dans lesdeux obdiences comme pour attester une
autoritdivine, encore qu'en guerre avec elle-mme. Ensuite,clate le
Protestantisme : les catholiques sont victimes de calomnies et
d'insultes indescriptibles, bien
tt suivies de pillage, de destructions, de
massacres.L'Angleterre en 1540 ressemble un pays ravag :les uvres
d'art et les trsors du savoir, amasss pardes sicles disparaissent.
La France voit ses glisesdtruites par centaines, ses prtres et ses
religieuximmols par milliers ; les princes catholiques sont
dclars indignes de commander, et la religion catholique est
outrage par d'horribles sacrilges. D'unseul coup, au milieu de cet
ouragan degosme et defanatisme, les deux tiers de son empire
semblent irrmdiablement perdus pour l'Eglise. Enfin le jansnisme
triomphe pendant le dix-huitime sicle : lagrande Eglise de France
en est infeste jusqu'auxmoelles; Joseph II, l'archiduc de Toscane,
le roi deNaples sont la veille de rompre avec le Saint-Sige;des
ovques et des professeuzs discutent ouveitementdes doctrines
catholiques; \es jsuites, en championsde Rome contre le
Protestantisme et le Jansnisme,sont perscuts outrance en Portugal,
en Espagne,
en France, Napes, et la menace d'un schisme con-.traint le Pape
supprimer cette garde d'lite l'heure mme o il ien a le plus
pressant besoin. Paisvient la Rvolution qui renouvelle les
massacres despremiers sicles.
Ce tableau est bien lugubre, mais le revers n'est-il pas
consolant? A chacune de ces dates, le Matre
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SOO SOLUTION DE LA QUESTION
intervient. Constantin succde Diocltien; les quatrime, cinquime
et sixime sicles finissent par
trois conversions qui sont trois clatantes bndictions : celle de
saint Augustin, celle de Clovis, celle des Anglo-Saxons; la
dsolation des sicles suivants aboutit Hildebrand et aux Croisades;
le zledes Dominicains, des Franciscains, le rayonnementde la Somme
thologique de saint Thomas d'Aquinsont, pour ainsi dire, la rponse
de Dieu la tyran
nie impriale et l'hrsie albigeoise; la blessuredu grand schisme
est peine ferme, et voici FiaAngelico, la fleur de l'art chrtien,
et Thomas Kem-pis, la fleur de la mystique chrtienne; aprs Luther
et Calvin apparat la vraie Rforme, uvre duConcile de Trente, et de
nouvelles missions s'ten
dent l'Orient et l'Occident, amenant l'Eglise despeuples plus
nombreux que ceux qui l'avaient dserte.
Dans cette lutte gigantesque, observons-le, c'est toujours la
France qui a fourni le champ de bataille leplus disput et le plus
illustre. Clovis bat les Ariens,
Charles-Martel les Arabes, Charlemagne les Lombards,Montfort
crase l'Albigisme, saint Louis plante lacroix devant Tunis, les
Guise et la Sainte-Ligue triomphent de la mort, et aujourd'hui,
parmi les missionnaires, ce sont ceux qui sont sortis du cur de
laFrance, qui poussent le plus loin les conqutes del'Eglise dans
les pays infidles. Qu'il est vrai ce
mot de l'histoire : Gesta Dei per Francosl
C'est aussi en France que se voit le front de bataille d une
autre guerre plus intime qjue celle quivient d'tre dcrite.
Les autres combats furent divers, partiels et rela
tivement parlant, de courte dure. C'tait le corps
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LA TENTATION DE LA CHRTIENT 801
L'glise et le Temple
corps de deux gants qui, aprs un effort dans unsens essaient de
renverser leur adversaire dans une
pousse contraire. Ce qui nous reste dcrire, c'estla lutte
continue parce qu'elle doit tre dcisive ; c'estla lutte profonde
qui atteint les sources mmes de lavie spirituelle dans l'individu
comme dans la socitet dans l'Eglise. Son objet est celui qui fut
d'aborden litige entre les anges, puis entre nos premiersparents et
le serpent : naturalisme contre surnaturel.
Ds les premiers jours du christianisme, ce combat se livra dans
le fond des mes, mais au X L V Esicle, Satan crut le moment venu de
transporter cedrame intime sur la grande scne du monde et d'enfaire
l'auguste tragdie que nous offre l'histoire despeuples chrtiens en
ces derniers sicles.
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LA TENTATION DE LA CHRTIENT
CHAPITRE LVII
IIL TENTATION FONDAMENTALE ET GNRALE
I. DE LA RENAISSANCE A LA RVOLUTION
On vient de le voir, Satan essaya d'abord d'touffer l'Eglise
dans le.sang. Il n'y put russir. Quand lespaens eurent mis fin la
perscution sanglante, onvit l'enfer faire ses plus grands
efforts'pour obtenir
qpie se dtruise par elle-mme cette Eglise crue l'attaque des
ennemis du dehors avait affermie. Il suscita les hrsies. Par elles,
il dtachait du corpsmystique du Christ des membres plus ou moins
nombreux, et mme des populations. Mais il arrivaitque ce que
l'Eglise perdait d'un ct, elle le regagnait de l'autre, et que, mme
les brebis gares aprs
plus ou moins de dtresse, revenaient au bercail.Il conut alors
un autre dessein plus digne de son
infernal gnie. Tout en continuant susciter des sectes, les
diverses confessions protestantes suivies dujansnisme, il se dit
que son triomphe serait assuret pour toujours, s'il parvenait
former dans le sein
mme de l'Eglise une socit d'hommes qui resteraient mls aux
catholiques, comme le levain es1
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LA TENTATION DE LA CHRTIENT 803
ml la pte, pour y produire une fermentationsecrte qui mettrait
se dvelopper, s'il le fallait,
une suite de sicles, mais qui aboutirait infailliblement chasser
du corps de l'Eglise l'esprit surnaturel pour y substituer l'esprit
naturaliste. Il remporterait ainsi sur la terre le mme triomphe,
maisplus complet, que celui qu'il avait obtenu au cielpar 4 la
sduction du tiers de la milice cleste. Il,esprait arriver par cet
empoisonnement lent, insen
sible, ignor, une dissolution complte du royaumede Dieu sur la
terre.
Les deux premires parties de cet ouvrage ontdcrit ce travail
obscur de la Franc-Maonnerie, carc'est elle qui est dans la
chrtient le ferment naturaliste. Il suffit pour s'en .convaincre de
relire ce
qu'elle a dit elle-mme d'elle-mme et de considrer ses uvres.
Nous l'avons vu natre dans les catacombes de Ro- 'me au XlVe
sicle. Je ne contredis point ceux quiont vu des socits secrtes au
sein de l'Eglise avantcette poque. Elles existaient, elles donnrent
leur
aide aux diverses hrsies. Mais ce n'est qu'au XIVe
sicle que se forma la socit qui eut pour but desubstituer la
religion naturelle la religion chrtienne, non dans un pays ou dans
un autre, mais danstoute la chrtient, et qui a poursuivi ce bat
imperturbablement jusqu' ce jour, aprs avoir cru arriver au terme
de ses efforts par la Rvolution.
Depuis les Huma