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GUIDE CURIOSITÉS GÉOLOGIQUES Pays bigouden Sylvain Blais Michel Ballèvre Pierrick Graviou Joël Rolet du
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Curiosités géologiques du Pays bigouden

Mar 22, 2016

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Le Pays bigouden présente une grande variété de roches et de paysages : le granite de Pont-l'Abbé, si bien exposé de la Pointe de la Torche à l'embouchure de l'Odet, la baie d'Audierne avec son cordon de galets et ses nombreux étangs littoraux, et surtout — une rareté en Bretagne — des témoins d'un océan disparu. Autant de sites remarquables que ce guide des curiosités géologiques du Pays bigouden vous invite à parcourir. Ce patrimoine naturel vous permettra de retracer l'histoire géologique du Pays bigouden, histoire qui voit la création d'un océan puis sa disparition lors de la formation d'une chaîne de montagne aujourd'hui érodée. Le long du littoral comme au fil des sentiers, ce choix de sites sera prétexte à un dépaysement dans le lointain passé, où les âges se comptent en millions d'années. Bon voyage en compagnie de ce guide, qui se conclut par quelques pages sur les milieux naturels de la région.
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Page 1: Curiosités géologiques du Pays bigouden

GUIDE

CURIOSITÉSGÉOLOGIQUES

Paysbigouden

Sylvain BlaisMichel BallèvrePierrick GraviouJoël Rolet

du

e Pays bigouden présente une grande variété de roches et de paysages  : le granite de

Pont-l’Abbé, si bien exposé de la Pointe de la Torche à l’embouchure de l’Odet, la baie d’Audierne avec son cordon de galets et ses

nombreux étangs littoraux, et surtout — une rareté en Bretagne — des témoins d’un océan disparu.Autant de sites remarquables que ce guide des curiosités géologiques du Pays bigouden vous invite à parcourir.Ce patrimoine naturel vous permettra de retracer l’histoire géologique du Pays bigouden, histoire qui voit la création d’un océan puis sa disparition lors de la for-mation d’une chaîne de montagne aujourd’hui érodée. Le long du littoral comme au fil des sentiers, ce choix de sites sera prétexte à un dépaysement dans le lointain passé, où les âges se comptent en millions d’années.

Bon voyage en compagnie de ce guide, qui se conclut par quelques pages sur les milieux naturels de la région.

Préface de Serge Duigou

L

19 € ISBN 978-2-84398-386-3

• Sylvain BlaisMaître de conférences à l’université de Rennes 1, il a consacré une partie de sa carrière à la formation des futurs enseignants en Sciences de la Vie et de la Terre. C’est un spécialiste des roches volcaniques. Après avoir longtemps travaillé, principalement en Finlande, sur des roches très anciennes, il a consacré la fin de son activité scientifique à l’étude des îles de Polynésie française.

• Michel BallèvreProfesseur à l’université de Rennes 1, il effectue des recherches au carrefour de deux disciplines, la tectonique et la pétrologie. Il s’intéresse en particulier à la genèse des chaînes de montagne, qu’elles soient actuelles à l’image de la chaîne alpine, ou anciennes comme la chaîne hercynienne.

• Pierrick GraviouIngénieur géologue au BRGM, il travaille depuis plusieurs années sur la valorisation du patrimoine géologique national auprès d’un large public. Après s’être notamment intéressé aux particula-rités géologiques de Mayotte, du Trégor-Goëlo et de la Guadeloupe, il participe ici à la présentation de quelques curiosités sud-armoricaines.

• Joël RoletMaître de conférences à l’université de Bretagne occidentale, il est spécialisé dans l’étude de la déformation des roches. Il a principalement travaillé sur la partie armoricaine de la chaîne hercynienne et sur le rift est-africain.

Dans la même collection :Curiosités géologiques du Trégor et du GoëloCuriosités géologiques de la Presqu’île de Crozon

22 sites géologiques remarquables

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Échelle des temps géologiques

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CURIOSITÉSGÉOLOGIQUES

Paysbigouden

Sylvain BlaisMichel BallèvrePierrick GraviouJoël Rolet

du

BRGM ÉditionsÉditions Apogée

Page 4: Curiosités géologiques du Pays bigouden

Sommaire• Préface 5• Avant-propos 7

• LE payS bIGOUdEn ET SES paySaGES GÉOLOGIQUES 11• LES GRandES famILLES dE ROChES

ET LEUR GEnèSE 16• L’hISTOIRE GÉOLOGIQUE RÉGIOnaLE 28• LES fORmaTIOnS GÉOLOGIQUES dU payS bIGOUdEn 42• dES pIERRES ET dES hOmmES 54

• LES SITES GÉOLOGIQUES REmaRQUabLES N° 1 • L’orthogneiss de Pors-Poulhan 62N° 2 • Le contact de la plage du Gored 64N° 3 • Les micaschistes du port de Penhors 66N° 4 • La serpentinite du Moulin de Pontalan 68N° 5 • Les rochers de Saint-Kodelig 70N° 6 • Le cordon de galets actuel de Stang-ar-Liou 72N° 7 • L’ancien cordon de galets de Ru-Vein 74N° 8 • Les prasinites de Tréogat 76N° 9 • L’orthogneiss de Languidou 78N° 10 • Le filon de quartz de Minven 80N° 11 • La leyptynite de Prat-ar-Hastel 82N° 12 • Les dunes de Tronoën 84N° 13 • Les sculptures naturelles de Saint-Guénolé 86N° 14 • Le granite porphyroïde de l’île Kruguen 88N° 15 • Les cuvettes circulaires de Men-Meur 90N° 16 • Les rochers de la pointe de Goudoul 92N° 17 • Les filons de la pointe de Kergall 94N° 18 • La rivière de Pont-l’Abbé 96

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SommaireN° 19 • Le tombolo de l’Île-Tudy 98N° 20 • Le granite porphyroïde de la pointe de Combrit 100N° 21 • Le granite déformé du Moulin-Neuf 102N° 22 • Les enclaves de gneiss de Penvélet 104

• LES mILIEUx naTURELS dU payS bIGOUdEn 107

• annExES

• Lexique 114• Quelques mots de toponymie bretonne 117• Pour en savoir plus 118

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Statue marquant la limite nord du Pays bigouden au niveau de Pors-Poulhan

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Des vingt communes que compte le Pays bigouden, certaines sont tournées vers la mer, tandis que les autres sont enracinées dans les terres. Pays de pêcheurs et pays de paysans, pays de la mer et pays de la terre, le Pays bigouden porte en lui cette dualité bretonne, sur le plan social et culturel bien sûr, mais aussi géographique et

géologique. Ainsi, c’est l’océan la frontière naturelle de ce Pays bigouden à l’ouest et au sud, alors que l’Odet et l’anse de Combrit en sont la limite orientale. Au nord en revanche, cette limite reste beaucoup plus floue, bien qu’aux confins de Plozévet une statue faisant face à l’océan est accompagnée d’un texte

sans équivoque : ici finit le Pays bigouden !

Pour Pierre-Jakez Hélias : « La Bigoudénie c’est bien simple… Cela fait une sorte de plateau qui s’élève doucement à partir de l’arc de sable et de galets qui borde la baie d’Audierne pour culminer à cent cinquante mètres par les hauteurs de Plogas-tel–Saint-Germain et

retomber, au nord, sur la vallée du Goyen, la rivière d’Audierne. Plus on s’éloigne du littoral plat et dénudé, plus les vallonnements se font sensibles, la végétation dense, plus le paysage est ponctué de bois de pins, de bouquets d’arbres autour des fermes et des chapelles, des châtaigneraies aux abords des manoirs.

À l’est une coulée de verdure dérobe la rivière de Pont-l’Abbé qui s’épanouit dans un estuaire semé d’îles feuillues. Plus loin, une ligne de futaies signale les douces rives de l’Odet. De l’autre côté s’étend le pays bleu (bro glazik), celui de Quimper. C’est déjà l’étranger. »

Pour découvrir cette Bigoudénie à la manière de Pierre-Jakez Hélias, une montée au sommet du phare d’Eckmühl s’impose, ou mieux, une découverte par la voie des airs. Une vaste surface aplanie apparaît alors, façonnée au cours d’une longue période d’érosion* d’une ancienne chaîne de montagnes. À l’ouest, cette surface s’ennoie progressivement sous la mer pour dessiner le grand croissant de sable et de galets de la baie d’Audierne, tandis que vers le sud, elle se termine par une côte rocheuse ponctuée de petits ports de pêche. Aujourd’hui, elle est faiblement incisée par un réseau hydrogra-phique constitué, si l’on excepte l’Odet, par des fleuves très courts qui s’écoulent vers le sud ou vers l’ouest.

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Le Pays bigoudenet ses paysages géologiques

Le phare d’Eckmühl : un belvédère pour une découverte panoramique du Pays bigouden.

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La côte sauvage de Plozévet, au niveau de Pors Poulhan, expose des orthogneiss*, anciens granites* métamorphisés qui jalonnent la grande faille* hercynienne connue sous le nom de cisaillement* sud-armoricain (voir site n° 1). Il s’agit donc de roches d’origine mag-matique qui arment les reliefs qui constituent

les contreforts du haut Pays bigouden depuis la Pointe du Raz à l’ouest, jusqu’à Quimper et au-delà à l’est. Cette zone atteint ainsi une centaine de mètres d’altitude, parfois creusée par les quelques cours d’eau qui la parcourent : le Goyen près d’Audierne, le Steir et l’Odet près de Quimper. Mais vers le sud, à partir de la

plage du Gored, la falaise s’abaisse très vite lorsqu’apparaissent les micaschistes* de Penhors, moins résis-tants à l’érosion que les granites (voir site n° 2). Les roches affleurent alors sur un estran* très plat et les falaises basses ne sont plus formées que de sables dunaires et de cordons de galets anciens (voir site n° 7).

• La côte rocheuse de Plozévet

La côte rocheuse de Plozévet.

• Le cordon littoral de la baie d’Audierne

Le cordon de sable et de galets de la baie d’Audierne, connu localement sous l’appel-lation bretonne de Ero Vili — la chaussée de galets — est sans conteste l’un des traits les plus originaux de

la géomorphologie actuelle du Pays bigou-den (voir site n° 6). Ancré vers le sud sur les célèbres rochers de la Torche et coiffé par les dunes de Tronoën (voir site n° 12), il disparaît progressivement au

nord à l’approche de l’estran rocheux de Penhors. Ce cordon est mobile, et les divers auteurs qui l’ont décrit font souvent référence aux fortes tempêtes d’hiver qui modifient sa morphologie. C’est

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une barrière naturelle qui arrête l’écoulement de nombreux ruisseaux vers la mer. Ces derniers

Le cordon littoral de la baie d’Audierne.

alimentent ainsi toute une série d’étangs, marais, polders, ou zones humides plus

ou moins envahies par les eaux marines : les paluds.

Des rochers granitiques bien présents dans le paysage arment toute la pointe de la Torche ainsi que le littoral de Saint-Guénolé, au nord du port de pêche. Ces rochers résultent de l’altération* du granite de Pont-l’Abbé, façonné par la mer au cours des périodes de haut niveau marin, mais éga-lement par les agents atmosphériques (vent, pluie, gel, embruns), avant d’être dégagés

• Les rochers de la Torche et de Saint-Guénolé

Les oreilles de lapin, exemple d’altération des rochers de Saint-Guénolé.

de leur enveloppe sableuse d’altération. Ils prennent alors des allures animales qui

Le Pays bigoudenet ses paysages géologiques

ont depuis longtemps éveillé l’imagination des promeneurs (voir site n° 13).

• Le platier rocheux de Penmarc’h à Loctudy

La côte méridionale du Pays bigouden, entre la pointe de Penmarc’h et Loctudy, constitue le plus souvent un platier rocheux qui émerge parfois en mer sous

forme d’une multitude d’îlots granitiques, comme au large de Saint-Pierre et de Kérity. Dans son ensemble, cette côte montre une série de festons

dont les saillies sont armées par le granite de Pont-l’Abbé alors que les rentrants, plus fragiles, sont occupés par des cordons sableux parfois interrompus

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Comme leur nom l’indique, les roches magmatiques sont is-sues du refroidissement d’un magma* engendré en profondeur à partir de la fusion de roches préexistantes. Dans certains cas, ce refroi-dissement s’effectue lentement à quelques kilomètres sous la surface de l’écorce terrestre, au cours de la remontée du magma. Des cristaux germent alors progressivement pour donner naissance à des roches dans lesquelles les minéraux, imbriqués les uns dans les autres, sont visibles à l’œil nu. Ces roches, dites plutoniques*, sont donc entièrement cristallisées. C’est par exemple le cas des granites — consti-tués de cristaux de quartz, de feldspath* et de mica* — mais également des grano-diorites, des diorites* et autres gabbros*. Dans d’autres circonstances, le magma parvient à l’air libre après un

séjour plus ou moins long dans une chambre magmatique*. Il est alors émis sous forme de coulées de lave* ou de projections se figent rapidement, ce

• Les roches magmatiques

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Lave en fragments soudés du Puy de Lemptegy

(Puy de Dôme).

Coulée de lave cordée de l’île de la Réunion.

Granite et gabbro : Deux roches plutoniques à composition chimique différente (Trégastel, Côtes-d’Armor).

qui empêche ou limite le développement des cristaux dans ces roches comme les rhyolites ou les basaltes*, qualifiées de volcaniques.

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Les grandes familles de rocheset leur genèse

Filons de dolérite intrusifs dans un massif granitique (Plougrescant, Côtes-d’Armor).

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Enfin, il existe des roches magmatiques dites microgrenues qui cristallisent sous la surface, mais à faible profondeur, le plus souvent sous forme de filons. À ce niveau relativement superficiel, le magma refroidit donc assez vite, ce qui conduit à la formation de roches comme les microgranites ou les dolérites*, généralement

constituées de cristaux de petite taille, parfois invisibles à l’œil nu.

Mais qu’il s’agisse des roches plutoniques, des roches volcaniques ou des roches microgre-nues, leur composition chimique est toujours dictée par la nature du magma initial. Les magmas acides, c’est-à-dire riches en silice mais pauvres en

Classification des roches magmatiques en fonction de leur composition chimique et de la profondeur de leur mise en place.

Familles de roches magmatiques

Roches acides(riches en silice) Roches intermédiaires Roches basiques

(pauvres en silice)

Roches de surface(volcaniques) Rhyolite Dacite Andésite Basalte

Roches de demi-profondeur (filoniennes) Microgranite Micrograno-

diorite Microdiorite Dolérite

Roches de profondeur (plutoniques) Granite Granodiorite Diorite Gabbro

fer et en magnésium, engendrent des roches claires, comme les granites ou les rhyolites. À l’opposé, les magmas basiques donnent des roches sombres, plus ou moins riches en fer et en magnésium, mais pauvres en silice. C’est par exemple le cas des gabbros ou des basaltes.

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La pointe de Goudoul (Lesconil)

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L’histoiregéologiquerégionale

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Sur le plan géologique et géographique, le Pays bigouden appartient au Massif armoricain, ce dernier ne représentant que la partie affleurante d’une ancienne chaîne de montagnes qui s’est développée dans l’ensemble de l’Europe : la chaîne hercynienne. L’histoire géologique du Pays bigouden est donc indissociable de l’évolution de cette chaîne, en particulier de son segment armoricain. De sa longue histoire au cours des temps géologiques, le Massif armoricain reste marqué par les nombreux événements qui ont constitué son sous-sol, mais également modelé ses paysages. Cette histoire se lit aujourd’hui dans sa carte géologique, véritable puzzle qui, lorsqu’il est décrypté, permet de retracer les grandes étapes qui ont graduellement conduit à la physionomie actuelle de la région.

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Manche

0 40 kmN

Roches magmatiques hercyniennes Roches métamorphiques

Sédiments paléozoïques

Roches magmatiques cadomiennes

Sédiments précambriens

Sédiments mésozoïques

Failles majeuresRoches icartiennes

Bassinde Paris

Atlantique

Pays bigouden

Carte géologique simplifiée du Massif armoricain

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L’histoire géologique régionale

Les premiers témoins de l’histoire géologique du Massif armori-cain et de la France

métropolitaine sont datés aux environs de deux milliards d’années. Aujourd’hui métamor-

• Les roches les plus anciennes de France

Gneiss œillés d’âge icartien : les roches les plus anciennes de France, datées à 2 milliards d’années (Trébeurden, Côtes-d’Armor).

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phisés, ces témoins sont constitués d’anciens granites intrusifs dans des formations volca-niques et sédimentaires par conséquent plus anciennes, mais dont l’âge est inconnu. Ils sont uniquement visibles de manière fragmentaire depuis le Trégor jusqu’au Cap de la Hague, en passant par les îles anglo-normandes.

• La formation d’une première chaîne de montagnes

Cette histoire armo-ricaine s’interrompt alors pendant une longue période au cours de laquelle aucun événement géologique n’est enregistré, avant de reprendre à nouveau dans le Trégor et dans le Goëlo, ainsi que dans

le Cotentin. Il y a 600 à 700 millions d’années, ces régions sont en effet le siège d’une impor-tante activité magma-tique, de phénomènes métamorphiques et d’événements tecto-niques qui attestent de la formation d’une

chaîne de montagnes : la chaîne cadomienne. Après une phase de déformation intense de la croûte terrestre et la constitution d’importants reliefs, cette chaîne s’érode progressivement. Vers la fin du Précam-brien, les sédiments qui proviennent du démantèlement des reliefs s’accumulent sous forme de conglo-mérats, de grès et d’argilites. Ces derniers sont alors soumis à de nouvelles déformations et à la mise en place d’importantes intru-sions granitiques qui marquent la fin du cycle orogénique cadomien, il y a 540 millions d’années.

Coulée de lave sous-marine, témoin de la formation de la chaîne cadomienne il y a 540 millions d’années (Paimpol, Côtes-d’Armor).

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• L’ouverture d’un domaine océanique

À cette époque, le Mas-sif armoricain devait se situer en marge septentrionale d’un vaste continent — le Gondwana — intégrant en particulier l’Afrique où les géologues ont retrouvé les mêmes étapes de cette histoire précoce : roches datées à 2 milliards d’années et formation d’une chaîne de montagnes il y a 600 à 700 millions d’années.

Durant le Cambrien et surtout au cours de l’Ordovicien, cette marge nord-gondwa-nienne s’étire, la croûte continentale s’amincit et se fragmente, plusieurs domaines océaniques s’ouvrent. Cette ouverture ainsi que l’affaissement

des marges continen-tales entraînent une importante remontée du niveau marin sur les reliefs cadomiens largement érodés, ce qui se traduit par une sédimentation sableuse de plateforme à l’origine des grès armoricains. Sur ces plateformes continen-

tales, le niveau de la mer va alors fluctuer jusqu’au Dévonien, baissant de manière importante au cours de certains épisodes, dits de régression, remontant pendant les périodes de trans-gression. Sur les fonds marins, d’épaisses séries sédimentaires gréseuses et schis-teuses se déposent, souvent riches en fossiles, bien conser-vées dans le domaine centre-armoricain. C’est à cette époque q u ’a p p a r t i e n n e n t les étapes les plus anciennes de l’histoire géologique du Pays bigouden. Au cours de l’amincissement de la marge, des magmas prennent naissance

Répartition des principales plaques tectoniques à la surface du globe au cours de la fragmentation du Gondwana (Ordovicien).

Dalle de grès armoricain (Camaret, Finistère).

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au sein du manteau puis remontent dans la croûte continentale où ils sont modifiés avant d’y cristalliser. C’est le cas des granites qui sont à l’origine des orthogneiss de Langui-dou et qui se sont mis en place à l’Ordovicien, il y a environ 480 millions d’années (voir site

serpentinites, gabbros et prasinites (voir sites n° 4 et n° 8). Cette étape, connue dans toute l’Europe, conduit à la dislocation progressive du Gondwana, isolant quelques domaines insulaires dont l’un s’appellera désormais Armorica.

• La fermeture du domaine océanique

La deuxième étape de l’histoire géologique du Pays bigouden est marquée par la disparition progressive de cet océan, au cours d’un phénomène de subduction de son plancher. Ce dernier, parfois accompagné de matériaux d’origine continentale, est ainsi enfoui dans les pro-fondeurs du manteau où il est soumis à des températures élevées et à de fortes pressions. Les roches qui consti-tuent ce plancher sont

n° 9). Sensiblement à la même période, l’extension de la croûte finit par aboutir à la formation d’un véritable océan dont les fonds se retrouvent aujourd’hui à l’état de reliques, accompa-gnées de fragments de manteau, au niveau de la baie d’Audierne :

Micaschistes à glaucophane, épidote et grenat de l’Île de Groix, témoins d’une croûte océanique hercynienne.

Répartition des principales plaques tectoniques à la surface du globe au cours de

la fragmentation du Dévonien.

L’histoire géologique régionale

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• E t demain ?

L’histoire géologique se poursuit inexorable-ment, dans le Massif armoricain comme sur le reste de la planète. Ainsi, en examinant le déplacement actuel des plaques, il est possible de prédire la fermeture de la Méditerranée dans quelques millions d’an-nées, avec pour consé-quence la poursuite de l’affrontement entre le continent européen et

le continent africain. La collision entre ces deux continents actuel-lement impliqués dans la formation des Alpes risque donc de se propa-ger vers l’ouest et vers le nord, affectant alors vraisemblablement le socle armoricain. Mais d’ici là, le réchauffement climatique annoncé aura probablement conduit à accélérer de manière significative

la remontée du niveau marin et aura modifié par conséquent la physionomie de notre littoral. L’échelle de temps de ces deux phénomènes est cepen-dant sans commune mesure : le mouvement des plaques se mesure en millions d’années, les variations du climat en millénaires.

Position de la ligne de rivage il y a 22 000 ans, lors du dernier épisode glaciaire.

Page 19: Curiosités géologiques du Pays bigouden

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La présentation des particularités géologiques du Pays bigouden fait souvent référence à des structures conjuguées de cisaillement (C) et de schistosité (S) qui méritent quelques explications.

En fin de cristallisation des magmas, lorsque ces derniers se mettent en place sous contrainte, par exemple le long d’une faille active, des structures se développent dans les roches : d’une part, des plans de schistosité (S) qui correspondent à un aplatissement de la matière et qui affectent la totalité de la roche ; d’autre part, des plans de cisaillement (C) qui marquent des ruptures au sein de la roche et qui sont séparés les uns des autres de quelques millimètres ou de 1 à 2 centimètres. Ces structures apparaissent lorsque la roche passe d’un état visqueux où se forment les plans d’aplatissement à un état cassant où sont générés les plans de rupture et les fractures. C’est pour cette raison que l’association des deux types de plan se produit en fin de cristallisation du magma, avant que la roche ne soit totalement refroidie.

À une autre échelle, le cisaillement sud-armoricain est une faille qui affecte le Massif armoricain sur toute sa longueur, soit sur plusieurs centaines de kilo-mètres, et probablement sur toute l’épaisseur de la croûte (30 à 35 kilomètres).

Elle s’est formée à la suite de la convergence entre Gond-wana et Armorica, lorsque l’affrontement, d’abord direct et frontal, est devenu oblique. D’importantes fractures cou-lissantes ont alors affecté le socle, recoupant les grands chevauchements* antérieurs. C’est le cas du cisaillement sud-armoricain le long duquel les roches sont intensément déformées sur une zone de plusieurs centaines de mètres de largeur et où les structures C-S marquent les roches granitiques. Ici, la mesure des angles entre ces structures et leur direction ont permis d’établir que le cisaillement principal avait un sens de mouvement dextre, et que les fractures associées, par exemple à la bordure nord du massif granitique de Pont-l’Abbé, avaient un mouvement senestre.

Schéma de détail d’une roche granitique affectée par un cisaillement dextre.

Schéma de détail d’une roche granitique affectée par un cisaillement senestre (d’après P. Jégouzo).

Un marqueur du mouvement le long des failles : les structures C-S

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• L’unité inférieure de Plonéour-Lanvern

En position méridionale et limitée au sud par le granite de Pont-l’Abbé, l’unité inférieure de l’édifice affleure depuis Saint-Jean-Trolimon jusqu’à Gouesnac’h.

Le Groupe de Nerly, situé à la base de cette unité, est constitué par des paragneiss et des micaschistes qui résultent de la transfor-mation de sédiments. On y observe également des roches claires (leptynites) et sombres

(amphibolites*), ces dernières représentant d’anciennes roches volcaniques basaltiques qui se seraient mises en place en domaine océanique. Les roches qui constituent cette unité sont notam-ment observables à la frontière orientale du Pays bigouden, dans l’anse de Combrit et sur les deux rives de l’Odet (voir sites n° 20 et n° 22). Elles ont subi une forte déformation par aplatissement qui

se traduit par un débit en plaquettes et une foliation* à fort pendage. Trois épisodes successifs de métamorphisme y ont été identifiés, notamment à partir de l’observation des miné-raux rencontrés dans les roches : le premier épisode témoigne de l’enfouissement tecto-nique des différentes unités ; le deuxième marque le début de leur remontée dans les zones superficielles

Les gneiss et micaschistes de Nerly, déformés et en partie fondus à proximité du contact avec le granite de Pont-l’Abbé.

de l’écorce terrestre ; le troisième, plus récent, correspond à un méta-morphisme thermique qui s’est développé au contact du granite de Pont-l’Abbé.

L’orthogneiss de P l o n é o u r- L a n ve r n forme une bande de 1 à 2 kilomètres de large. C’est un ancien granite à deux micas, à grain généralement fin à moyen. Sa défor-mation résulte d’un

mouvement cisaillant sénestre, oblique au grand cisaillement sud-armoricain. Au niveau de sa bordure nord se développe un faciès fin, filonien, anciennement exploité à Tréguennec (voir site n° 11).

Page 21: Curiosités géologiques du Pays bigouden

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L’unité de Tréogat surmonte l’orthogneiss de Plonéour-Lanvern et affleure selon une bande de 3 à 4 kilo-mètres de large depuis Trunvel jusqu’à Saint-Jo-seph. Deux formations m é t a m o r p h i q u e s constituent cette unité : les micaschistes de Trunvel à la base et les prasinites de Tréogat au sommet. Ces deux formations semblent en continuité stratigraphique et la transition s’effectue progressivement sous forme d’alternances métriques à centimé-triques de micaschistes et de prasinites.

Les micaschistes de Trunvel qui appa-raissent à la base de l’unité sont de couleur brune à verdâtre et présentent une miné-ralogie à muscovite*, biotite* et grenat. En remontant dans la série, ils sont rapidement remplacés par des roches gneissiques et par des leptynites. Dans leur ensemble, ces roches représentent une ancienne formation sédimentaire et vol-cano-sédimentaire. Sur le plan métamorphique, les minéraux qui les composent permettent de définir deux épisodes ayant affecté le Groupe

Les prasinites de Tréogat, jadis utilisées comme matériau de construction.

de Nerly : le premier, en-registré en profondeur ; le deuxième, marquant la remontée des séries dans des zones plus superficielles.

Les prasinites de Tréogat affleurent principalement au nord de l’étang de Trunvel et dans la région de Tréogat où elles sont interprétées comme d’anciennes coulées de lave basaltique (voir site n° 8). Il s’agit de roches vertes finement foliées, présentant un débit régulier en lits centimé-triques à décimétriques déformés en immenses plis. Ici encore, les observations minéra-logiques permettent de conclure à l’existence de deux stades successifs de métamorphisme, analogues à ceux qui ont été mis en évidence dans les roches précé-dentes.

• L’unité de PeumeritContrairement aux formations géologiques précédentes consti-tuant de véritables ensembles cohérents, l’unité de Peumerit se

présente comme un assemblage de roches de nature et d’origine diverses.

Les serpentinites affleurent essentiel-lement au nord de la ferme de Ty Lann, dans la tranchée de la route qui mène de Tréogat

• L’unité de Tréogat

Les formations géologiquesdu Pays bigouden

Page 22: Curiosités géologiques du Pays bigouden

La chapelle de Saint-Vio.

Page 23: Curiosités géologiques du Pays bigouden

Des pierreset des hommes

Page 24: Curiosités géologiques du Pays bigouden

Des pierreset des hommes

Sur le littoral, les galets à l’origine utilisés dans l’architecture tradi-tionnelle, le furent également pour des raisons beaucoup moins nobles. Dès 1942, l’armée alle-mande à la recherche de grandes quantités de matériaux lui per-mettant notamment la réalisation du mur de l’Atlantique se mit à exploiter de manière intensive les galets constituant l’important cordon littoral de la baie d’Audierne. En 1943, un concasseur permettant de broyer ces galets est installé à Tréguennec, au lieu-dit Prat-ar-

après la guerre, jusqu’en 1948, afin de contribuer à la reconstruction de la ville de Brest. À l’origine, le cordon littoral s’étendait sur une longueur de 12 kilomètres, une largeur de 100 mètres et une hauteur de 5 mètres. Fortement entamé par les extractions, le cordon ne constitue donc plus aujourd’hui la barrière naturelle isolant l’intérieur des terres du domaine maritime (voir site n° 6).

• L’exploitation du cordon de galetsde la baie d’Audierne

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Hastel. Des wagonnets les acheminaient depuis la plage jusqu’au sommet de l’immense construction en béton dans laquelle ils étaient déversés. Les galets broyés étaient alors transportés jusqu’aux différents chantiers par chemin de fer. La base sous-marine de Lorient a également été construite avec les galets de Tréguennec et on estime à un million de tonnes la quantité extraite en trois ans par 400 ouvriers encadrés par une cinquantaine de soldats. Cette exploitation s’est même quelque peu poursuivie

Concasseur utilisé lors de la seconde guerre mondiale pour broyer les galets.

Page 25: Curiosités géologiques du Pays bigouden

La pointe de la Torche, immortalisée par François Bourgeon dans sa bande dessinée Les Yeux d’étain de la ville glauque.

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Blockhaus écroulés sur la plage et témoignant du recul du rivage au

cours des dernières décennies.

• La Pointe de la Torche et les dunes de sable

Lieu touristique incontournable du Pays bigouden, la pointe de la Torche s’avance dans l’océan, marquant la limite entre la baie d’Audierne au nord et la Pointe de Penmarc’h au sud (voir site n° 12). Elle est aujourd’hui immortalisée dans une bande dessinée de François Bourgeon, Bigouden d’adoption, auteur de la célèbre série des Passagers du Vent. Lors de la dernière guerre mondiale, cette pointe et les dunes envi-ronnantes ont constitué un lieu stratégique pour les Allemands qui y ont construit plusieurs blockhaus. Aujourd’hui, ces forte-resses se retrouvent sur la plage, plus ou moins immergées à marée haute, témoignant de la remontée du

Culture de plantes bulbeuses dans les terrains sableux de Tronoën.

niveau marin et d’une importante érosion du littoral en quelques dizaines d’années seulement. Paradis des surfeurs, ce site très fré-quenté est également réputé pour la culture des plantes à bulbes (tulipes, jacinthes, jon-quilles) installées dans les dunes sableuses et particulièrement spectaculaires aux mois de mars et avril.

Page 26: Curiosités géologiques du Pays bigouden

Rocher de la pointe de la Torche.

Page 27: Curiosités géologiques du Pays bigouden

Les sitesgéologiquesremarquables

Page 28: Curiosités géologiques du Pays bigouden

sitesgéoLogiques

remarquabLes

OCÉANATLANTIQUE

3 km

7

Quimper

Pont-l'Abbé

Loctudy

Guilvinec

Plonéour-Lanvern

Combrit

Plozévet

Penmarc'h

Pouldreuzic

PAYSBIGOUDEN

Landudec

Peumérit

Tréogat

Saint-JeanTrolimon

Plomeur

Treffiagat

Plobannalec-Lesconil

Île-Tudy

Tréméoc

Plogastel-Saint-Germain

Tréguennec

Plovan

Pors-Poulhan

Penhors

Kerguellec

Saint-Guénolé

Pointe de Combrit

Phare d'Eckmühl

Pointe de la Torche

N

O utre le cordon de galets qui dessine la concavité de la baie d’Audierne et que l’on peut observer par exemple au

lieu-dit Stang-ar-Liou (voir site n° 6), le site de Ru-Vein permet de découvrir et d’observer un deuxième cordon. Ce dernier, en position haute par rapport au cordon qui se situe sur la plage, est également plus ancien. Il témoigne d’une époque où le niveau de la mer était plus élevé que le niveau actuel.

Pour s’y rendre

À partir de Plovan, suivre la direction de la mer jusqu’au lieu-dit PratKergoë. Tourner à gauche vers Ru-Vein et laisser la voiture sur l’aire de stationnement située face à l’océan. Remonter alors vers le nord sur le haut de l’estran puis prendre à droite quelques dizaines de mètres avant le poste de sauvetage pour atteindre l’ancienne carrière.

L’ancien cordonde galets de ru-Vein

Ancien cordon de galets situé dans la partie supérieure de la falaise littorale.

Vue générale du site de Ru-Vein.

74

Page 29: Curiosités géologiques du Pays bigouden

Des enclaves magmatiqueset des enclaves sédimentaires

site n° 7

C’est au sommet de la petite falaise de couleur ocre qui limite l’estran ainsi qu’au niveau du front de taille de l’ancienne carrière de Ru-Vein qu’il est possible d’observer le cordon de galets ancien. Formant une sorte de relief allongé depuis l’étang de Nérizellec jusqu’à Crumuni, il est situé à quelques mètres au-dessus du cordon actuel (voir site n° 6) et devait être beaucoup

Cette disposition bien particulière des galets est due à l’action du gel au cours d’une période glaciaire qui a succédé à la formation de ce cordon, il y a au moins 20 000 ans.

Sur l’estran, à marée basse, il est parfois possible d’observer un niveau induré de plage ancienne situé en avant du cordon de galets actuel

et émergeant sous ce dernier.

Galets redressés à la verticale sous l’action du gel.

Front de taille de la carrière abandonnée, ouverte dans l’ancien cordon, en arrière de l’estran actuel.

À voir également!!!!!!!!!

!!!!

plus épais que ce dernier. Il s’est donc formé au cours d’une ou de plusieurs périodes où le niveau de la mer était sensiblement plus élevé et où la ligne de rivage se situait plus à l’est.

Dans la carrière, il est possible d’obser-ver localement des concentrations de galets en position verticale, incompatible avec un dépôt dans un environnement marin.

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Page 30: Curiosités géologiques du Pays bigouden

sitesgéoLogiques

remarquabLes

OCÉANATLANTIQUE

3 km

13

Quimper

Pont-l'Abbé

Loctudy

Guilvinec

Plonéour-Lanvern

Combrit

Plozévet

Penmarc'h

Pouldreuzic

PAYSBIGOUDEN

Landudec

Peumérit

Tréogat

Saint-JeanTrolimon

Plomeur

Treffiagat

Plobannalec-Lesconil

Île-Tudy

Tréméoc

Plogastel-Saint-Germain

Tréguennec

Plovan

Pors-Poulhan

Penhors

Kerguellec

Saint-Guénolé

Pointe de Combrit

Phare d'Eckmühl

Pointe de la Torche

N

P onctuant l’ensemble du littoral situé entre le port de Saint-Guénolé et la plage de Pors-Carn, ces rochers parfois étranges

ont alimenté l’imagination populaire et la créa-tivité artistique depuis de nombreuses généra-tions. Mais qu’il s’agisse du Tire-bouchon ou du Rhinocéros, de la Baguette de Pain, des Oreilles de Lapin ou de la Tortue, leur forme résulte tou-jours de phénomènes d’altération et d’érosion en grande partie guidés par la déformation qui affecte ici le granite.

Pour s’y rendre

Signalés depuis le centre deSaint-Guénolé, les rochers les plus démonstratifs sont facilementaccessibles à partir du Rocher du Préfet, depuis le sentier piétonnier qui suit le littoral en direction du port ou de la plage de Pors-Carn.

Les sculpturesnaturelles de saint-guénolé

La Baguette de Pain.

Les rochers du Trou de l’Enfer à Saint-Guénolé.

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Page 31: Curiosités géologiques du Pays bigouden

Cisaillement et schistosité à l’origine de la forme des rochers

site n° 13

Dans toute la partie occidentale de Saint-Guénolé, le granite de Pont-l’Abbé n’apparaît pas comme une roche homogène, mais présente au contraire une déformation plus ou moins marquée (voir site n° 14). Cette déformation se traduit essentiellement par des bandes de cisaillement (C) et une schistosité discontinue (S) orien-tées respectivement à 30° et 60° par rapport au nord, parfaitement visibles au niveau du Rocher du Préfet. Une telle déformation hétérogène, observable depuis le sud de Saint-Guénolé jusqu’à la pointe de la Torche, crée des directions privilégiées de faiblesse dans la roche. C’est donc à ce niveau que le granite va être attaqué de préférence par les agents d’altération et d’érosion (eaux de ruissellement, em- bruns, etc.).

Les rochers ainsi sculptés sont parfois spectaculaires et montrent clairement ces directions tecto-niques, contrairement à ce que l’on observe dans le granite non déformé, pourtant confronté aux mêmes phénomènes de transformation phy-sico-chimique (voir site n° 16). Certains de ces rochers, situés dans les zones les plus hautes de l’estran, prennent parfois une allure de champignon, leur base semblant avoir été érodée ou creusée. Il s’agit en fait d’encoches

de pédogénèse qui résultent de l’altération des roches par l’acide humique contenu dans les sols, avant que ces derniers ne soient décapés par l’érosion marine.

Les ports de pêche font partie intégrante du Pays bigouden, notamment ceux du Guilvinec et de Saint-Guénolé où le retour des bateaux de pêche vers la fin de l’après-midi constitue un véritable spectacle.

La Tortue.

Le Tire-Bouchon.

À voir également!!!!!!!!!

!!!!

87

Page 32: Curiosités géologiques du Pays bigouden

sitesgéoLogiques

remarquabLes

OCÉANATLANTIQUE

3 km

18

Quimper

Pont-l'Abbé

Loctudy

Guilvinec

Plonéour-Lanvern

Combrit

Plozévet

Penmarc'h

Pouldreuzic

PAYSBIGOUDEN

Landudec

Peumérit

Tréogat

Saint-JeanTrolimon

Plomeur

Treffiagat

Plobannalec-Lesconil

Île-Tudy

Tréméoc

Plogastel-Saint-Germain

Tréguennec

Plovan

Pors-Poulhan

Penhors

Kerguellec

Saint-Guénolé

Pointe de Combrit

Phare d'Eckmühl

Pointe de la Torche

N

L a rivière de Pont-l’Abbé, dans laquelle la mer remonte jusqu’au centre de la cité, débouche sur un vaste estuaire qui forme

avec l’anse du Pouldon une petite mer inté-rieure parsemée d’îles, fréquentée par les oi-seaux, notamment à marée basse. Pour la dé-couvrir, le chemin piétonnier qui la suit en rive droite depuis la ville jusqu’au menhir mouillé de Penglaouic et au-delà offre de nombreux points de vue.

Pour s’y rendre

Depuis le centre-ville de Pont-l’Abbé, se diriger vers le port puis suivre en rive droite lechemin de grande randonnée qui mène au boutd’environ3 kilomètres au pied du menhir de Penglaouic.

La rivière de Pont-l’abbé

Le schorre*, domaine des plantes halophiles, entaillé par un ruisseau.

Vue aérienne de Pont-l’Abbé.

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Page 33: Curiosités géologiques du Pays bigouden

La remontée des eauxà la fin d’une période glaciaire

site n° 18

Dénommés « rias* » en Galice, « abers* » dans le Léon et « rivières » en Cornouaille, ces fleuves côtiers qui sont typiques des côtes armoricaines, coulent dans des vallées envahies régulièrement par la mer. La rivière de Pont-l’Abbé en consti-tue un bel exemple avec une influence de la marée qui se manifeste quotidiennement à plusieurs kilomètres de son embouchure.

Il y a seulement 20 000 ans, alors que les calottes glaciaires recouvraient encore l’Europe du Nord, le niveau de la mer était beaucoup plus bas qu’aujourd’hui, le littoral par conséquent plus éloigné et les cours d’eau dont la pente était plus forte tendaient à s’encaisser dans leur lit. Depuis la fin des temps glaciaires, des sédiments fins se sont progressivement accumulés dans ces cours d’eau, produits

par l’érosion fluvia-tile mais également apportés par la mer qui y pénètre à chaque marée. De grandes étendues vaseuses connues sous le nom de slikke* se sont ainsi

formées, s’élevant peu à peu de part et d’autre du chenal de marée, colonisées dans les parties les plus hautes par une végétation de schorre. Aujourd’hui, le menhir de Penglaouic témoigne de ces varia-tions du niveau marin au cours du temps.

Érigé sur la terre ferme au cours du Néolithique il y a quelques milliers d’années, à une époque où le niveau de la mer devait être bien plus bas que le niveau actuel, il est partiellement immergé à chaque marée haute.

La rivière peut également se découvrir à partir de l’extrémité sud de l’Île Chevalier que l’on rejoint en voiture après avoir traversé la digue qui relie l’île

au continent. Poursuivre jusqu’au bout de la route ; elle mène au parking du lieu-dit Pen-ar-Hoat où un chemin piétonnier permet d’atteindre la rivière en une centaine de mètres.

Le menhir de Penglaouic, partiellement immergé

à marée haute.

La slikke, étendue vaseuse à marée basse.

À voir également!!!!!!!!!

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Page 34: Curiosités géologiques du Pays bigouden
Page 35: Curiosités géologiques du Pays bigouden

107

Les milieuxnaturelsdu Pays bigouden

Page 36: Curiosités géologiques du Pays bigouden

Fortement dépendantes de la nature des terrains et de leurs habitats, la flore et la faune montrent une diversité d’autant plus riche que les milieux naturels sont variés et contrastés. Dans le Pays bigouden, les étangs litto-raux, les dunes côtières et l’estuaire de la rivière de Pont-l’Abbé peuvent en témoigner.

108

Les étangs protégés par le cordon de galets au sud de la baie d’Audierne sont des sites d’intérêt patrimonial majeur. Coincés entre les dunes et les landes à ajoncs, ils communiquent régulièrement avec la mer par des ouvertures naturelles dans le cordon de galets et pré-sentent une multitude de milieux favorables à la biodiversité. Les

étangs, notamment ceux de Trunvel (Tréo-gat) et de Kergalan (Plovan) présentent d’importantes ceintures

de phragmites. C’est le domaine du butor étoilé qui, présent toute l’année, mais de nature discrète, laisse entendre

• Les étangs littoraux du sud de la baie d’Audierne

L’étang de Trunvel.

Vue sur les étangs en arrière du cordon de galets (baie d’Audierne).

Page 37: Curiosités géologiques du Pays bigouden

Les milieux naturelsdu Pays bigouden

Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus).

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Sternes pierregarin (Sterna hirundo).

• Les dunes blanches et les dunes grises

Formant les premiers reliefs qui dominent la plage, les dunes blanches sont en partie colonisées par les oyats, accompagnés parfois par le panicaut de mer. Elles se poursuivent dans l’intérieur des terres par les dunes grises qui doivent leur nom à la maigre

Les dunes de Tronoën.

son chant sourd et nocturne en fin d’hiver. Plusieurs couples de busards des roseaux nichent dans le secteur,

souvent en maraude au-dessus de ces grandes étendues plus ou moins humides qui accueillent également

nombre de passereaux : rousserolles effarvattes, phragmites des joncs, bruants des roseaux et autres mésanges à moustaches. À Trunvel, une station de baguage ouverte au public de juillet à octobre per-met, depuis vingt ans, d’étudier les migrations. La sterne pierregarin s’y reproduit sur des îlots artificiels tandis que les brèches dans le cordon de galets constituent des sites de nidification très appréciés des gravelots à collier interrompu. Ces petits limicoles déposent leurs œufs à même le sable, dans de petites dépressions à peine marquées, ce qui rend leurs pontes très vulnérables.