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Capacité d'absorption de l'information et compétitivité

Jul 14, 2015

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UNIVERSIT DE MONTRAL

Capacit d'absorption de l'information, comptitivit et performance des PME exportatrices: une tude empirique

par Charles Franklin Edmond Ramangalahy cole des Hautes tudes Commerciales

Thse prsente la Facult des tudes suprieures en vue de lobtention du grade de Philosophi Doctor (Ph.D) en administration

05 Janvier 2001

Charles Franklin Edmond Ramangalahy UNIVERSIT DE MONTRAL Facult des tudes suprieures

Cette thse intitule

Capacit d'absorption de l'information, comptitivit et performance des PME exportatrices: une tude empirique

prsente par

Charles Franklin Edmond Ramangalahy cole des Hautes tudes Commerciales

a t value par un jury compos des personnes suivantes: - Prsident-Rapporteur: Mme Patricia Pitcher, Professeure agrge, cole des HEC - Coprsident du comit de surveillance: M. Jean-Marie Toulouse, Directeur de lcole des HEC - Coprsident du comit de surveillance: M. Pierre-Andr Julien, Professeur Titulaire de la Chaire Bombardier, INRPME - Membre du jury: M. Fernand Amesse, Professeur titulaire, cole des HEC - Examinateur externe: M. Stphane Marion, Matre de confrence, IAE Lyon III

I I

RSUM

Objectif de la thse

Cette thse sinscrit dans la thmatique des dfis de gestion lis la mondialisation des marchs et vise mieux comprendre limpact sur la performance de ltat dinformation des PME exportatrices. Nous sommes partis dune constatation gnralement rapporte dans la littrature leffet que la capacit limite de ces entreprises matriser linformation et les connaissances concernant les marchs et la gestion des activits dexportation explique en grande partie pourquoi elles sont peu engages et peu performantes sur les marchs trangers. Lobjectif spcifique que nous poursuivons est de vrifier limpact de ltat dinformation sur la performance des PME exportatrices. Ce faisant, nous postulons implicitement que ltat d'information dtermine la performance des PME exportatrices.

Cadre thorique et hypothse de recherche

La poursuite de lobjectif de recherche ci-dessus mentionn soulve trois principales questions ayant successivement trait la conceptualisation et loprationnalisation de ltat dinformation, de la performance et de la relation entre ltat d'information et la performance.

Lanalyse de la littrature pertinente nous a conduit soutenir que le concept de capacit d'absorption est le concept le plus satisfaisant pour cerner l'tat d'information dune entreprise. Dans ce sens, nous disons quune entreprise est dautant mieux informe quelle possde une grande capacit dabsorption de linformation. Une analyse des rcents travaux sur ce concept met en relief sa nature multidimensionnelle faisant rfrence la richesse respective des comptences, des informations, des sources d'information, des expriences et des pratiques de gestion. La littrature souligne galement la natureIII

multidimensionnelle de la notion de performance. Nous avons soutenu la ncessit de distinguer trois dimensions qui sont respectivement de nature stratgique, conomique et marketing. La dimension stratgique a trait la satisfaction des dirigeants concernant les ralisations globales de leur entreprise, la dimension conomique a trait la croissance des entreprises, et la dimension marketing aux exportations. Enfin, nous avons relev dans la littrature cinq courants thoriques qui traitent de la relation entre ltat linformation et la performance des organisations. Des cinq courants, la thorie base sur les ressources prsente lavantage doffrir un cadre propice lintgration des contributions issues des autres courants et qui permet dexpliquer dune faon satisfaisante limpact de la capacit dabsorption de linformation sur la performance.

Le modle de recherche labor pour les fins de cette thse postule que la capacit dabsorption de linformation constitue une ressource stratgique dont limpact sur la performance est caractris par le rle mdiateur de la comptitivit. Sept hypothses de recherche ont t avances. La premire est de porte gnrale et postule que les PME exportatrices sont dautant plus comptitives et performantes quelles possdent une grande capacit dabsorption de linformation. La seconde hypothse, de porte spcifique, postule que les PME exportatrices sont dautant plus performantes quelles sont comptitives. Les cinq autres hypothses, galement de porte spcifique, mettent

successivement en relation les 5 dimensions de la capacit dabsorption avec la comptitivit et la performance. Elles postulent que les PME exportatrices sont dautant plus comptitives quelles ont accs des informations et des sources dinformation riches, quelles mettent en oeuvre des pratiques de gestion riches et que leurs dirigeants possdent des comptences et des expriences riches.

Mthodologie de la recherche

La nature causale de la problmatique de recherche nous a conduit retenir une mthodologie quantitative. Un questionnaire d'enqute a donc t dvelopp puis soumis un processus de validation incluant un pr-test.IV

Pour les fins du traitement des donnes, nous avons successivement eu recours des analyses descriptives pour caractriser les entreprises chantillonnes, des analyses factorielles afin de prparer les variables ncessaires la vrification des hypothses, la mthode PLS des moindres carr partiel pour vrifier les hypothses de recherche et des analyses typologiques pour vrifier lassertion leffet que les PME exportatrices qui sont mieux informes sont plus performantes.

Rsultats de la recherche

Les rsultats descriptifs ont montr que les 110 PME exportatrices chantillonnes dans cette tude sont relativement ges, de taille moyenne et oprant majoritairement dans un secteur en croissance. Ce sont des exportateurs expriments qui vendent principalement des distributeurs/grossistes, des consommateurs finaux/entreprises et des dtaillants. Bien quelles comptent un nombre restreint demploys consacrant une part importante de leurs temps aux exportations, une proportion relativement leve de ces entreprises se sont nanmoins dotes dun service/dpartement spcifique dexportation.

Gnralement, ces entreprises sont identifies par les rpondants comme tant plus comptitives par rapport leurs concurrents. Les principales forces de ces entreprises sont lies la qualit et au caractre unique de leurs produits ainsi qu la rputation quelles ont acquise. Au plan de la performance, les dirigeants de ces entreprises sont gnralement satisfaits des ralisations des trois dernires annes. Par ailleurs, ces entreprises ont connu une croissance soutenue aux plans de lemploi, des ventes, des profits et des exportations. Enfin, elles exportent une grande part de leurs ventes, dont la profitabilit est estime gnralement suprieure celle des ventes au Canada.

Lanalyse des caractristiques des cinq dimensions de la capacit dabsorption de linformation de ces entreprises met en relief la richesse des comptences des dirigeants en matire de rseautage et de stratgie de prix; la richesse gnralement limite desV

informations auxquelles ces entreprises ont accs; la richesse de leurs sources dinformation internes et sectorielles; la richesse des expriences des dirigeants en matire dexportation directe; et la richesse prdominante des pratiques de gestion des entreprises aux plans stratgique, de la communication, de la coordination de lorganisation des exportations et de la formation.

Les tests effectus au moyen de la mthode PLS confirment la vraisemblance de toutes les hypothses de recherche que nous avons avances. Les rsultats indiquent que la performance des PME exportatrices cibles est dtermine par leur comptitivit, et que cette comptitivit est dtermine en amont par leur capacit dabsorption de linformation. Lobservation de la valeur des coefficients de causalit rvle que le pouvoir explicatif de la capacit dabsorption de linformation sur la comptitivit est suprieur celui de la comptitivit sur la performance. Les tests effectus successivement sur chacune des cinq dimensions de la capacit dabsorption de linformation ont permis de relever lexistence de relations de causalit positives et fortement significatives entre, dune part la capacit dabsorption de linformation et la comptitivit, et dautre part, la comptitivit et la performance des entreprises chantillonnes. Ces rsultats indiquent que les cinq

dimensions dgages de la littrature, cest--dire comptences, les informations, les sources dinformations, les expriences et les pratiques de gestion; constituent toutes des dimensions importantes de la capacit dabsorption de linformation des entreprises chantillonnes. Les rsultats montrent par ailleurs dune faon consistante le pouvoir explicatif prpondrant des pratiques de gestion par rapport aux autres dimensions.

Des analyses typologiques ont permis de vrifier empiriquement la vraisemblance de lassertion leffet que les PME exportatrices qui sont mieux informes sont plus performantes. La comparaison inter-groupe et intra-groupe des moyennes montre, dans le cas dune solution trois groupes, que le groupe de PME exportatrices qui possdent la plus grande capacit dabsorption de linformation est plus comptitif et plus performant. Par contre, le groupe de PME exportatrices qui affiche la plus faible capacit dabsorption de linformation est le moins performant. Les trois groupes font rfrence trois types deVI

PME exportatrices qui peuvent tre positionnes sur un continuum allant de faible fort. On trouve lextrmit infrieure du continuum des exportateurs faible capacit dabsorption de linformation qui sont relativement peu performants. On trouve lextrmit suprieure du continuum des exportateurs forte capacit dabsorption de linformation qui sont les plus comptitifs et performants. Entre ces deux types extrmes, nous avons trouv des exportateurs proactifs, innovateurs et forte croissance qui sont en phase de transition.

VI I

mes bien aims:

pouse et filles, Josiane, Daniella et Tina Ramangalahy

Parents, Rafarasoa Caroline, Ramorasata Albert et Ramangalahy Edmond

Beaux-Parents, Rasoazananaivo Marie-Odile et Rakotoarisoa Georges Frres et surs Charlys, Rachel, Roland, Dorothe, Sylvia, Christian, Bruno, Mamy et Baby

VIII

REMERCIEMENTS

Je tiens exprimer mes sincres remerciements ainsi que ma profonde gratitude tous ceux et celles qui, de prs ou de loin, mont soutenu.

Les membres de mon comit de thse messieurs Jean-Marie Toulouse, Pierre-Andr Julien (Universit du Qubec Trois-Rivires), Fernand Amesse et Ibrahim Bakr (Universit Concordia) pour le constant soutien, les judicieux conseils, la confiance, la patience et les relations privilgies quils mont permis dentretenir avec eux.

Les directeurs respectifs de la Chaire Bombardier en gestion du changement technologique de lUniversit du Qubec Trois-Rivires, de lcole de bibliothconomie et des sciences de linformation de lUniversit de Montral, du Centre dtudes en administration internationale de lcole des Hautes tudes Commerciales, de la direction du programme de doctorat conjoint de lcole des Hautes tudes Commerciales, de lAssociation des fabricants de meubles du Qubec, de lAlliance des manufacturiers exportateurs du Qubec et du Conseil canadien de la petite et moyenne entreprise pour leur soutien moral, logistique et financier pendant ma scolarit et lors de la ralisation de mon projet de thse.

Tous les professeurs du programme conjoint qui mont enseign qui, par leurs comptences, leur vision et leur intelligence, mont stimul et soutenu dans la poursuite de mes tudes.

Mon pouse et mes enfants qui mont quotidiennement soutenu et ont support avec patience et amour les caprices et les servitudes de mes tudes et de mon travail.

Et finalement au Dieu de mon Seigneur Jsus-Christ de qui je reois en abondance bienfaits jour aprs jour.IX

TABLE DES MATIRES Pages: RSUM REMERCIEMENTS TABLE DES MATIRES LISTE DES TABLEAUX LISTE DES FIGURES 1. 1.1 1.2 1.3 INTRODUCTION La problmatique de la recherche L'objectif de la thse La pertinence de la thse 1.31 Le besoin d'explorer de nouvelles voies de recherche 1.32 La pertinence pour l'avancement des connaissances 1.33 La pertinence pour les PME et leurs dirigeants 1.4 2 2.1 La structure de la thse III IX X XV XVIII 1 1 2 3 3 4 6 7

LES COMPORTEMENTS D'INFORMATION ET LA PERFORMANCE DES PME EXPORTATRICES: UNE ANALYSE DE LTAT DES CONNAISSANCES 9 Les notions de PME et de PME exportatrice 2.11 La notion de PME 2.12 La notion de PME exportatrice 9 9 10 11 11 12 15

2.2

Les caractristiques des PME et de leurs comportements dinformation 2.21 Les caractristiques globales des PME 2.22 Les caractristiques des comportements d'information 2.23 L'htrognit des PME

2.3

Une synthse des recherches empiriques concernant limpact des comportements dinformation sur la performance des PME exportatrices 16 2.31 Les rsultats de recherches spcifiques 2.32 Les rsultats d'autres recherches 16 21

3

LABORATION DU CADRE CONCEPTUEL, DU MODLE ET DES HYPOTHSES DE RECHERCHE

24X

3.1

Le concept d'information 3.11 Les courants dinterprtation de la notion d'information 3.12 La ncessit de distinguer entre les notions dinformation et de connaissance 3.13 La notion dinformation riche

24 24 26 29

3.2

Les fondements thoriques de l'impact de ltat d'information sur la performance des organisations 3.21 Les contributions relevant de la thorie de la contingence 3.22 Les contributions relevant de la thorie dcisionnelle 3.23 Les contributions relevant de la thorie entrepreneuriale 3.24 Les contributions relevant de la thorie de lapprentissage organisationnel 3.25 Les contributions relevant de la thorie base sur les ressources 3.26 Une synthse des contributions 32 33 36 41 44 52 56 60 63 65 67 68 71 74 77 80 81 82 84 85 86 88

3.3 3.4

La capacit dabsorption de linformation: une perspective satisfaisante dinterprtation de ltat dinformation dune organisation Llaboration du modle et la formulation des hypothses de recherche 3.41 Lhypothse relative limpact de la comptitivit sur la performance 3.42 Les hypothse relatives limpact des dimensions de la capacit dabsorption sur la comptitivit 3.421 Lhypothse relative limpact de la richesse des comptences 3.422 Lhypothse relative limpact de la richesse des informations 3.423 Lhypothse relative limpact de la richesse des sources dinformation 3.424 Lhypothse relative limpact de la richesse des expriences 3.425 Lhypothse relative limpact de la richesse des pratiques managriales a) la poursuite dune stratgie proactive b) Lorganisation des activits dexportation c) La pratique dune veille proactive d) Lefficacit de la communication interne e) Lefficacit de la coordination f) Le recours la formation

XI

4 4.1 4.2 4.3

MTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE Considrations pistmologiques et mthodologiques Le niveau et les units d'analyse Les dfinitions oprationnelles des variables 4.31 La variable dpendante: la performance des PME exportatrices 4.311 Les indicateurs de performance des PME exportatrices 4.312 Une analyse des modalits doprationnalisation de la performance 4.32 La variable mdiatrice: la comptitivit des entreprises 4.33 La variable indpendante: la capacit dabsorption de linformation 4.331 La richesse des informations 4.332 La richesse des sources information 4.333 La richesse des comptences des dirigeants 4.334 La richesse des pratiques managriales 4.335 La richesse des expriences des dirigeants

90 90 91 92 92 93 95 98 100 100 101 102 103 105 106 106 107 111 111 111 112 113 114 117 117 120 122 124 126 129 130 131 133XI I

4.4 4.5 4.6 5 5.1

La mthode de collecte des donnes Le traitement des donnes La validation et la structure du questionnaire denqute PRSENTATION DES RSULTATS Les rsultats descriptifs 5.11 Lchantillon final 5.12 Les caractristiques des entreprises 5.13 La comptitivit des entreprises 5.14 La performance des entreprises 5.15 La capacit dabsorption de linformation 5.151 La richesse des comptences lexportation des dirigeants 5.152 La richesse des informations lexportation 5.153 La richesse des sources dinformation 5.154 La richesse des expriences des dirigeants 5.155 La richesse des pratiques managriales 5.16 La rcapitulation des rsultats descriptifs

5.2

La rduction des variables sous-tendant les construits du modle de recherche 5.21 La rduction des variables mesurant la comptitivit 5.22 La rduction des variables mesurant la performance

5.23 La rduction des variables mesurant la capacit dabsorption de linformation 5.231 La rduction des variables mesurant la richesse des comptences des dirigeants 5.232 La rduction des variables mesurant la richesse des informations lexportation des entreprises 5.233 La rduction des variables mesurant la richesse des sources dinformation des entreprises 5.234 La rduction des variables mesurant la richesse des expriences des dirigeants 5.235 La rduction des variables mesurant la richesse des pratiques managriales des entreprises 5.24 La rcapitulation des rsultats de la rduction des variables 5.3 La vrification des hypothses de recherche 5.31 Des prcisions dordre mthodologique 5.32 La vrification de lhypothse gnrale 5.33 La vrification des hypothses relatives limpact des dimensions de la capacit dabsorption 5.331 La vrification de lhypothse relative limpact de la richesse des comptences 5.332 La vrification de lhypothse relative limpact de la richesse des informations 5.333 La vrification de lhypothse relative limpact de la richesse des sources dinformation 5.334 La vrification de lhypothse relative limpact de la richesse des expriences des dirigeants 5.335 La vrification de lhypothse relative limpact de la richesse des pratiques managriales 5.34 La rcapitulation des rsultats de la vrification des hypothses de recherche 5.4 La classification des PME exportatrices chantillonnes 5.41 Des prcisions dordre mthodologique 5.42 Une typologie de PME exportatrices 5.43 La rcapitulation des rsultats de lanalyse typologique 164 167 168 170 175XIII

134 135 136 138 139 140 142 144 145 148 150 151 153 156 159 161

6 6.1 6.2 6.3 6.4 6.5

CONCLUSION ET DISCUSSIONS Lobjectif et le contexte de la recherche La synthse des rsultats de la recherche Les contributions de la recherche Les limites de la recherche Les avenues pour les futures recherches

177 177 179 181 185 193

BIBLIOGRAPHIE ANNEXE A: Questionnaire denqute

195

XIV

LISTE DES TABLEAUX

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25

Frquence dimplication du personnel dans le processus informationnel Mthodes utilises dans le processus informationnel par les PME Synthse de recherches spcifiques sur limpact des comportements dinformation sur la performance Une synthse dautres rsultats de recherche Critres de dfinition de la richesse de linformation Synthse des contributions sur la relation entre ltat dinformation et la performance des organisations Les indicateurs de la comptitivit des PME exportatrices Les comptences considres importantes par les PME exportatrices Les informations considres importantes par les PME exportatrices Les sources dinformation considres importantes par les PME exportatrices Multidimensionnalit de la richesse dune source dinformation Quelques modalits doprationnalisation de lexprience Organisation des activits dexportation dans les PME Indicateurs de performance des PME exportatrices Critres et chelles utiliss pour mesurer la performance Critres et chelles de mesure utiliss pour mesurer la comptitivit Variables, attributs et chelles utiliss pour mesurer la richesse des sources dinformation Variables, attributs et chelles utiliss pour mesurer la richesse des comptences lexportation des dirigeants Variables, attributs et chelles utiliss pour mesurer la richesse des pratiques managriales Variables, attributs et chelles utiliss pour mesurer la richesse des expriences des dirigeants Quelques caractristiques gnrales des entreprises Perception de la position concurrentielle de leur entreprise par les rpondants Satisfaction des dirigeants concernant les ralisations de leur entreprise au cours des 3 dernires annes Indicateurs de croissance et dexportation pendant les 3 dernires annes

14 15 17 22 30 57 66 69 72 75 77 78 83 94 98 99

Variables, attributs et chelles utiliss pour mesurer la richesse des informations 101 102 103 104 106 113 114 115 116XV

26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47

Profitabilit des exportations par rapport aux ventes canadiennes pendant les 3 dernires annes Rsultats descriptifs de la richesse des comptences lexportation des dirigeants Rsultats descriptifs de la richesse des informations lexportation Rsultats descriptifs concernant la richesse des sources dinformation Rsultats descriptifs de la richesse des expriences des dirigeants Rsultats descriptifs de la richesse des pratiques de gestion Rsultats de lanalyse factorielle des variables de comptitivit Rsultats de lanalyse factorielle des variables de performance Rsultats de lanalyse factorielle des sous-dimensions de comptence lexportation Rsultats de lanalyse factorielle des sous-dimensions dinformation lexportation Rsultats de lanalyse factorielle des sous-dimensions de sources dinformation lexportation Rsultats de lanalyse factorielle des sous-dimensions dexprience Rsultats de lanalyse factorielle des sous-dimensions de pratiques de gestion Racine carr de la VME (diagonale) et coefficients de corrlation entre les construits Racine carr de la VME (diagonale) et coefficients de corrlation entre les construits relativement lhypothse gnrale Racine carr de la VME (diagonale) et coefficients de corrlation entre les construits relativement la troisime hypothse Racine carr de la VME (diagonale) et coefficients de corrlation entre les construits relativement la quatrime hypothse et la performance Racine carr de la VME (diagonale) et coefficients de corrlation entre les construits relativement la cinquime hypothse Racine carr de la VME (diagonale) et coefficients de corrlation entre les construits relativement la sixime hypothse Racine carr de la VME (diagonale) et coefficients de corrlation entre les construits relativement la septime hypothse Rsum des rsultats de la vrification des hypothses de recherche Rsultats de lanalyse de la variance pour des solutions comportant 2 6 groupes

117 119 121 123 125 127 132 133 136 137 139 140 141 147 149 151 154 157 160 162 164 169XVI

48 49

Rsultats dtaills de lanalyse typologique 5 groupes Rsultats dtaills de lanalyse typologique 3 groupes

171 173

XVI I

LISTE DES FIGURES

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15

Rsultats de l'analyse en PLS de l'impact des comportements d'information sur la performance Le modle de recherche Impact des dimensions de la capacit dabsorption sur la comptitivit et la performance des PME exportatrices Impact de la capacit dabsorption sur la comptitivit et la performance des PME exportatrices Impact de la richesse des comptences sur la comptitivit et la performance Impact de la capacit dabsorption sur la comptitivit et la performance aprs exclusion de la dimension cognitive Impact de la richesse des informations sur la comptitivit et la performance Impact de la capacit dabsorption sur la comptitivit et la performance aprs lexclusion de la dimension informationnelle Impact de la richesse des sources dinformation sur la comptitivit et la performance Impact de la capacit dabsorption sur la comptitivit et la performance aprs lexclusion de la dimension rticulaire Impact de la richesse des expriences sur la comptitivit et la performance Impact de la capacit dabsorption sur la comptitivit et la performance aprs exclusion de la dimension exprientielle Impact de la richesse des pratiques de gestion sur la comptitivit et la performance Impact de la capacit dabsorption sur la comptitivit et la performance aprs exclusion de la dimension managriale Valeurs du coefficient dagglomration selon le nombre de groupes 162 163 168 157 158 159 161 149 152 153 154 155 20 64 146

XVIII

1

INTRODUCTION

Nous consacrons cette introduction clarifier la problmatique, l'objectif et la pertinence de cette recherche aux plans thorique et pratique.

1.1

La problmatique de la recherche

Les pays dont les petites et moyennes entreprises (PME) sont activement impliques dans les changes internationaux bnficient d'une forte position concurrentielle1 (Ali et Swiercz, 1991; Bernard et Torre, 1993). On peut expliquer en partie ce phnomne en raison de limpact reconnu des exportations sur la croissance conomique, le dveloppement de la production et la cration d'emploi (Kaynak, 1992), mais galement en raison de la comptitivit et capacit dinnovation accrues des entreprises. On comprend alors pourquoi un peu partout dans le monde, les chercheurs, les associations industrielles, les gouvernements et les organisations internationales unissent leurs efforts pour trouver des moyens de soutenir plus efficacement l'exportation par les PME. C'est du moins ce qui est observ au Canada et au Qubec o les ministres respectifs en charge du commerce international ont annonc la mise sur pied dun vaste programme visant laccroissement des exportations par les PME (Revue Entreprendre, 1996).

Cependant, des obstacles non ngligeables peuvent entraver latteinte des objectifs viss. Tout d'abord, plusieurs recherches rcentes indiquent que ce ne sont pas toutes les PME qui sont intresses ou qui ont la capacit de dvelopper leurs activits ltranger (Czinkota et Ronkanen, 1990; Julien et al. 1997; Thouverez-Brochot, 1994). En second lieu, la

renaissance des PME observe dans la majorit des pays industriels demeure fragile cause de l'intensification de la concurrence qui a suivi l'ouverture des marchs, mais galement en raison des mutations structurelles en cours (Julien, 1994). Enfin, la littrature sur la globalisation (Lapointe, 1995; Madhok, 1996; Porter, 1990) enseigne que le succs des entreprises repose sur leur capacit matriser linformation et le savoir lis des marchs de

plus en plus complexes et turbulents. Or, il se trouve que les recherches (Christensen, 1991; Houle 1994; Johanson et Valhne, 1993; Kaynak et al. 1987; Thurik, 1993; Seringhaus, 1993; Weaver et Pak, 1990;) indiquent que les PME sont faiblement engages et peu performantes sur les marchs trangers cause, en grande partie, de leur capacit limite acqurir l'information et les connaissances sur les marchs et la gestion des activits l'tranger.

Malgr le large consensus leffet que l'accroissement des exportations par les PME repose sur le dveloppement de leur capacit d'information, on dnombre peu dtudes empiriques dans le domaine. Par ailleurs, les recherches existantes sont souvent critiques en raison des dficiences releves aux plans thorique et mthodologique. Les connaissances ont peu progress depuis le dbut des annes quatre-vingt alors que Johanson et Vahlne (1977) ainsi que Reid (1981) soulevaient qu'une des voies les plus prometteuses pour comprendre et soutenir l'exportation des PME consiste tudier leur capacit dinformation. C'est ce dont nous nous proccupons dans le cadre cette thse.

1.2

L'objectif de la thse

Partant des limites voques brivement ci-dessus (que nous aborderons plus en dtail plus loin dans cette partie), cette thse a pour objectif de vrifier dans quelle mesure les PME exportatrices mieux informes sont plus performantes. Ce faisant, nous postulons

implicitement que ltat dinformation des PME exportatrices dtermine leur performance. Cette assertion a une implication importante sur le choix de la mthodologie retenir pour les fins de cette tude.

La rsolution de la problmatique de recherche formule ci-dessus soulve trois principales questions qui sont de nature thorique et mthodologique. La premire question consiste savoir comment dfinir et mesurer ltat dinformation d'une PME exportatrice. Dans le mme ordre d'ide, la troisime question consiste savoir comment dfinir et mesurer la performance d'une PME exportatrice. La seconde question, mitoyenne aux deux premires,1 Il faut garder l'esprit ici que la dfinition oprationnelle donne une PME varie d'un pays un autre.

2

concerne la conceptualisation et la mesure de la relation de causalit postule entre ltat dinformation et la performance d'une PME exportatrice. C'est ces trois questions que nous consacrons les trois prochaines parties de cette thse. Mais auparavant, nous traitons de la pertinence de cette thse.

1.3

La pertinence de la thse

Nous avons prcdemment soulev quelques points qui clarifient la pertinence de cette recherche. Nous allons ici pousser un peu plus loin et d'une faon plus structure la rflexion sur cette question.

La pertinence de cette recherche sanalyse en trois points: a) rpondre au besoin d'explorer de nouvelles voies de recherche face aux nouvelles conditions auxquelles les entreprises doivent faire face, b) contribuer l'avancement des connaissances sur l'exportation par les PME partir d'une perspective informationnelle, et c) apporter sur le plan pratique des lments de rponse pouvant contribuer au dveloppement de la capacit d'exportation des PME.

1.31 Le besoin d'explorer de nouvelles voies de recherche

Cette thse s'inscrit dans la thmatique des dfis de gestion lis la mondialisation de l'conomie et vise mieux comprendre l'impact de ltat linformation sur la performance des PME exportatrices.

Rcemment, Nol (1991) ainsi que Christensen (1991) soulevaient l'urgence d'envisager de nouvelles voies pouvant permettre aux PME d'acclrer leur processus d'internationalisation. Selon ces auteurs, l'intensification de la concurrence, le raccourcissement du cycle de vie des produits, les pressions croissantes au raccourcissement du dlai de rentabilisation des dpenses en recherche et dveloppement font en sorte que les PME doivent, pour demeurer

Filion (1990) fournit une rflexion intressante sur cette question.

3

concurrentielles et survivre, tendre leurs marchs au-del des frontires nationales sans pour autant prendre le temps pris par le pass par les firmes multinationales pour le faire. Pour sa part, Strandskov (1993), souligne que les changements qui affectent les conditions internationales de production et de commercialisation requirent de la part des entreprises de nouvelles stratgies, de nouvelles mthodes de gestion ainsi que le dveloppement de leur capacit d'organisation.

Ces appels au changement interviennent alors que plusieurs tudes (Christensen et Lindmark, 1991; Denis, 1990, Miesenbock, 1988) rapportent l'inconsistance des connaissances ainsi que l'absence de thories concluantes ncessaires pour soutenir efficacement les efforts d'exportation des PME. Il nous faut donc la fois sortir des sentiers battus, innover et demeurer le plus rigoureux possible dans notre dmarche. C'est ce quoi nous allons nous appliquer, en recourant a) au concept de capacit d'absorption de l'information pour cerner l'tat d'information des PME exportatrices; b) la thorie base sur les ressources comme cadre de rfrence de faon tirer avantage des contributions pertinentes en gestion et conceptualiser la relation entre l'tat d'information et la performance des PME exportatrices sur une base thorique claire et solide; et c) une interprtation multidimensionnelle des concepts de performance et de capacit d'absorption de l'information.

La pertinence de cette thse au plan thorique tient en ce qu'elle vise contribuer l'avancement des connaissances sur l'exportation par les PME en s'intressant une problmatique juge importante mais qui a t peu sinon mal tudie ce jour. Sa pertinence sur le plan pratique tient en ce qu'elle permettra de recueillir des lments de rponse en rapport avec les dfis informationnels et organisationnels auxquels les dirigeants et entrepreneurs font face pour initier ou soutenir l'expansion des activits de leur entreprise l'tranger. Nous abordons ces deux points plus en dtail ci-aprs.

1.32

La pertinence pour l'avancement des connaissances

4

Les travaux de synthse sur l'exportation par les PME soulignent l'inconsistance des connaissances disponibles actuellement, l'absence d'une thorie concluante ncessaire l'laboration de programmes de soutien efficaces, la dficience au plan thorique et mthodologique des travaux et enfin, la ncessit d'explorer de nouvelles voies de recherche (Bamberger et Evers, 1993; Christensen, 1991; Christensen et Lindmark, 1991; Miesenbock, 1988; Denis, 1990; Strandskov, 1993).

Une analyse de littrature montre que les efforts de recherche sur les PME exportatrices ont t concentrs autour de trois principaux axes de rflexion: les stades d'exportation, les obstacles et les stimuli l'exportation et enfin les caractristiques organisationnelles de ces entreprises. Depuis quelques annes, nous assistons une multiplication des recherches visant comprendre les caractristiques surtout et dans une moindre mesure limpact des comportements d'information des PME. La majorit des tudes empiriques se situent un niveau descriptif. Les rsultats accumuls ce jour nous enseignent relativement bien sur les informations, les sources d'information, les comptences que ces entreprises considrent importantes et/ou utilisent frquemment pour exporter mais galement sur les caractristiques du processus informationnel quelles mettent en uvre. Par contre, nous avons rpertori seulement cinq tudes empiriques traitant spcifiquement de l'impact des comportements d'information sur la performance des PME exportatrices. Ces tudes ont t ralises respectivement par Denis et Depelteau (1985), Kleinschmidt et Ross (1986), Seringhaus (1993), Boutary (1998) et par Julien et Ramangalahy (1999). Toutefois, aucune dentre elles traite proprement parler de l'tat d'information des PME. proccupations en entamant cette recherche est de combler ce vide. Une de nos principales

Par ailleurs, on note que les travaux entrepris sur les comportements d'information des PME exportatrices semblent ignorer ou du moins ne tirent pas profit des progrs raliss dans plusieurs domaines de connaissance, autres que le marketing, qui peuvent aider la comprhension de l'tat d'information et de son impact sur la performance des PME. Il sagit spcifiquement des progrs raliss en entrepreneuriat, en apprentissage organisationnel, dans le domaine de la prise de dcision et relativement la thorie base sur les ressources. Notre seconde proccupation dans ce projet consiste intgrer ces contributions pertinentes de5

faon enrichir et asseoir cette recherche sur une base thorique solide. La thorie base sur les ressources a t lobjet d'importants dveloppements thoriques ces dernires annes (Miller et Shamsie, 1996) et offre un cadre propice l'intgration des connaissances accumules dans divers domaines (Mahoney et Pandian, 1992). notre connaissance, elle na pas t teste dune manire explicite au contexte des PME. La ralisation de cette recherche permettra donc de vrifier la pertinence des thses postules par les tenants de cette thorie au contexte des PME.

Le concept de capacit d'absorption de l'information, dvelopp par Cohen et Levinthal (1990, 1994) pour comprendre la capacit dinnovation et dapprentissage des organisations, offre une perspective nouvelle et intressante pour cerner l'tat d'information d'une entreprise. Historiquement, ce concept a t essentiellement utilis pour comprendre la capacit des grandes entreprises acqurir et intgrer de nouvelles technologies. Une dernire contribution de cette recherche au plan thorique sera de tester la pertinence de ce concept un tout autre domaine, soit l'explication de la performance des PME exportatrices.

1.33 La pertinence pour les PME et leurs dirigeants

Face l'ouverture des marchs et l'internationalisation de la concurrence, les dirigeants sont appels dvelopper une vision plus globale des affaires et changer les faons d'oprer de leur entreprise (Strandskov, 1993). Les PME doivent, pour demeurer comptitives (Christensen, 1991; Nol, 1991), acclrer leur pntration des marchs trangers pour rpondre efficacement aux dfis que soulvent lintensification de la concurrence et le raccourcissement du cycle de vie des produits.

L'intrt de cette recherche pour les PME et leurs dirigeants dcoule pour une part essentielle de l'approche thorique que nous avons prsente antrieurement. Le recours au concept de capacit d'absorption de l'information ainsi que l'interprtation multidimensionnelle que nous retenons permettront d'apporter des lments de rponse aux dfis organisationnels engendrs par les changements voqus prcdemment. Plus spcifiquement, les rsultats de cette6

recherche fourniront des lments de rponse au sujet des comptences, des informations, des sources d'information, des expriences et des pratiques de gestion qui peuvent contribuer efficacement et dune faon durable au soutien de l'effort d'exportation de ces entreprises.

En second lieu, les dirigeants des PME qui seront chantillonnes pourront comparer la position relative de leur entreprise au plan de la capacit dabsorption de linformation, de la comptitivit et de la performance. Les rsultats qui seront obtenus relativement aux

dimensions cognitive, informationnelle, rticulaire, exprientielle et managriale de la capacit d'information permettront ventuellement de dgager des pistes qui contribueront lenrichissement des rflexions concernant le besoin d'amliorer les programmes gouvernementaux de soutien l'exportation par les PME (Kotabe et Czinkota, 1992; Moini, 1992; Naidu et Rao, 1993) ainsi que le besoin d'ajuster les programmes de formation en gestion internationale l'intention des dirigeants des PME (Bell et al. 1992; Monye, 1995).

1.4

La structure de la thse

Cette thse est structure en quatre parties. Dans la premire partie, nous analysons l'tat d'avancement des connaissances concernant ltude de l'impact des comportements d'information sur la performance des PME exportatrices et leurs implications pour la conduite efficace de ce projet. Nous parlons dans cette partie de comportement d'information dans la mesure o nous n'avons recens aucune tude traitant de l'tat dinformation des PME exportatrices. Auparavant, nous dfinissons la notion de PME exportatrice et considrons les caractristiques des PME et leurs comportements d'information afin den cerner les implications pour la poursuite de cette recherche.

Dans la deuxime partie, nous laborons le cadre thorique et formulons les hypothses de recherche visant vrifier l'impact de la capacit dabsorption de linformation sur la performance des PME exportatrices. Nous clarifions au dbut les notions d'information et de connaissance. Nous procdons par la suite une synthse des contributions issues de cinq grands courants thoriques afin de cerner les diverses perspectives dinterprtation de ltat7

dinformation et de dvelopper un cadre gnral permettant de comprendre limpact de ltat dinformation sur la performance des organisations. Nous dmontrerons que le concept d'absorption de l'information est, l'tat actuel d'avancement des connaissances, le concept le plus satisfaisant pour cerner l'tat d'information d'une entreprise. Nous compltons cette partie par l'laboration du modle et la formulation des hypothses de recherche. Pralablement l'laboration du modle de recherche, nous identifions les dimensions de la capacit d'absorption de l'information.

Nous consacrons la troisime partie llaboration de la mthodologie prconise. Nous traitons plus spcifiquement de loprationnalisation des variables, de la mthode de collecte et de traitement des donnes et du processus de validation du questionnaire denqute.

La quatrime partie de cette thse prsente les rsultats obtenus. Elle est divise en quatre sections qui relatent successivement les caractristiques globales, la comptitivit, la performance et la capacits dabsorption de linformation des entreprises chantillonnes. La deuxime section rapporte les rsultats de la rduction des variables qui sous-tendent les construits du modle de recherche. La section suivante fait tat des rsultats de la vrification des hypothses de recherche. La dernire section relate les rsultats de la classification des entreprises chantillonnes.

Nous concluons cette thse en rcapitulant puis en discutant des rsultats, des contributions, des limites et des avenues possibles pour les futures recherches.

8

2

LES COMPORTEMENTS D'INFORMATION ET LA PERFORMANCE DES PME EXPORTATRICES: UNE ANALYSE DE LTAT DES CONNAISSANCES

Nous consacrons cette deuxime partie faire tat de lavancement des recherches concernant la vrification empirique de l'impact des comportements d'information sur la performance des PME exportatrices. Comme nous lavons mentionn antrieurement, nous parlons cette tape-ci de comportements dinformation dans la mesure o aucune recherche empirique publie ce jour traite de ltat dinformation des PME.

Au pralable, nous clarifions les notions de PME, de PME exportatrice ainsi que leurs caractristiques dans le but de dceler des pistes pouvant ventuellement aider, au plan conceptuel et mthodologique, dans latteinte des objectifs de cette recherche.

2.1

Les notions de PME et de PME exportatrice

Nous traitons tout d'abord des caractristiques des PME dans le but de dgager les implications ventuelles pour l'tude de la problmatique dont fait lobjet cette recherche.

2.11 La notion de PME

Deux types de critres, quantitatifs et qualitatifs, sont gnralement utiliss pour dfinir une PME (Filion, 1990). Les critres qualitatifs rfrent gnralement l'indpendance de la proprit et de la gestion. Les critres quantitatifs ont trait divers indicateurs se rapportant la taille de l'entreprise tel que l'effectif du personnel, le montant du chiffre d'affaires, la valeur des actifs, etc. Les modalits d'oprationnalisation des critres quantitatifs diffrent souvent selon les pays, les secteurs conomiques, les programmes gouvernementaux, les tudes. Elles font ainsi l'objet de dbats et critiques plus ou moins soutenus (voir par exemple ce sujet Filion, 1990 et Hertz, 1982). Les travaux de Filion (1990) sur cette question suggrent

9

qu'il n'y a pas priori une bonne (ou une mauvaise) dfinition mais que la pertinence d'une dfinition doit tre considre en rapport avec son contexte de rfrence.

Au Qubec, les chercheurs retiennent gnralement l'indpendance de la gestion et de la proprit ainsi que les critres quantitatifs proposs en 1986 dans le Rapport du ministre dlgu aux PME. Pour le secteur manufacturier, une PME est une entreprise qui compte moins de 200 employs. Pour les fins de cette recherche, nous nous intressons

exclusivement aux PME manufacturires et dfinissons une PME comme tant une entreprise de proprit et de gestion indpendante ayant moins de 200 employs.

2.12 La notion de PME exportatrice

Diffrentes notions sont utilises dans la littrature pour dsigner les entreprises qui ont tendu leurs activits de production et/ou de vente au-del des frontires nationales. titre d'exemple, Bartlett et Ghoshal (1989) distinguent entre les firmes multinationales (dont les filiales l'tranger agissent comme des entits locales avec une relative autonomie et indpendance), les firmes mondiales (dont les filiales sont gres d'une faon intgre partir de la maison-mre qui considre le march mondial comme un ensemble intgr) et les firmes internationales (entreprises poursuivant une stratgie mitoyenne misant sur le transfert et l'adaptation des connaissances et du savoir-faire de la maison-mre aux marchs trangers).

De rcentes tudes, notamment celles sur les nouvelles PME dites de classe mondiale (Cavusgil et Knight, 1997; Kandasaami, 1998; McDougall et al. 1994), mais galement celles sur les PME exportatrices font tat du fait que ces entreprises sont impliques dans diverses formes d'activits l'tranger (Bell et al. 1992; Baird et al. 1994; CNUCED, 1993 Kaynak, 1992; Su et Poisson, 1998). L'exportation constitue nanmoins la forme essentielle de leur implication l'tranger. Quelques dfinitions avances par divers auteurs permettent de clarifier ce que nous entendons par PME exportatrice. Miesembock (1988) ainsi que Young et al. (1989) prcisent que lexportation fait rfrence la vente des produits/services au-del des frontires nationales et quelle peut soprer sous deux principales formes: indirecte et10

directe. La forme indirecte de lexportation implique le recours une maison de commerce qui assure lintgralit de la mise en march. Par contre, la forme directe requiert une plus grande implication de lentreprise exportatrice et saccompagne par consquent dun niveau de risque plus lev. Elle est caractrise par le recours ou non des intermdiaires tels des agents, des reprsentants, des distributeurs comme moyen pour desservir la clientle cible.

Pour les fins de cette thse, nous entendons par PME exportatrice: une entreprise de proprit et de gestion indpendante, de petite ou de taille moyenne qui a tendu au-del des frontires nationales, via des intermdiaires ou non, la vente de ses produits.

2.2

Les caractristiques des PME et de leurs comportements d'information

Au-del de leur aspect descriptif, les lments que nous dgagerons dans cette partie de lanalyse serviront de base l'interprtation de diffrentes notions et concepts que nous retiendrons ultrieurement pour apprhender l'tat d'information des PME exportatrices. titre d'exemple, la mise en place d'une unit oprationnelle (service ou dpartement dexportation) est identifie comme un facteur important expliquant la capacit d'une organisation reprer, assimiler et mettre en valeur une nouvelle information. Or, le faible degr de formalisation des structures en contexte des PME, se manifestant notamment chez les PME exportatrices par la propension limite instaurer un dpartement ou service spcifique d'exportation, fait en sorte qu'il est plus adquat d'interprter la notion d'unit oprationnelle en termes de mobilisation de ressources plutt quen termes de formalisation des structures.

2.21 Les caractristiques globales des PME

Plusieurs chercheurs qui se sont appliqus tablir les particularits des PME ont dmontr que celles-ci ne constituent pas des formats petite chelle de la grande entreprise

11

(Baird et al. 1994; Lang et al. 1997; Welsch et Young, 1982). Nous analysons ci-aprs ces caractristiques et leurs implications en rapport avec la poursuite de cette recherche.

La centralisation de la gestion autour d'un nombre restreint de dirigeants ayant un impact dterminant sur la dynamique et la performance de l'entreprise, combine la formalisation peu pousse de la structure d'organisation constituent les deux traits distinctifs des PME les plus frquemment rapports dans la littrature. Il sen suit que pour bien comprendre la PME et sa dynamique, il est ncessaire de tenir compte des dirigeants. S'intressant plus particulirement la gestion stratgique, d'Amboise (1985) prsente cinq traits distinctifs des PME: la taille restreinte du domaine d'activit et du march, la disponibilit limite de ressources et des comptences, la nature essentiellement qualitative de l'information stratgique possde, le style non explicite et non systmatique de la gestion et, le caractre familial prdominant de la gestion. Crawford et Ibrahim (1985) soulignent pour leur part que la planification stratgique dans les PME est non structure, sporadique, incrmentale, informelle et ractive. Concernant les systmes d'information, Lang et al. (1997) rapportent que les PME se distinguent des grandes entreprises parla carence ou encore la faible sophistication de leurs systmes d'information, la concentration des responsabilits de la recherche d'information entre les mains d'un ou de deux membres de l'organisation, la disponibilit limite des ressources pouvant tre affectes cette fin et, la quantit ainsi que la qualit limites des informations disponibles. Selon Blili et Raymond (1993), les PME exploitent un systme d'information peu dvelopp, utilisant essentiellement des applications administratives et qui est sous-utilis en regard de son impact sur la prise de dcision et sur l'efficacit de l'organisation. Ces diverses caractristiques suggrent que nous apprendrons peu de nouvelles choses si nous fondons l'tude des comportements dinformation des PME sur les processus et structures formels.

2.22 Les caractristiques des comportements d'information

12

Les recherches entreprises ces vingt dernires annes ont essentiellement port sur l'tude des pratiques des PME en matire de recherche d'information et d'utilisation des sources d'information. Nous procdons ci-aprs une synthse des principaux travaux. Les recherches empiriques indiquent que les PME limitent gnralement leurs activits de recherche d'information lenvironnement immdiat d'opration et plus spcifiquement au march, la concurrence et la technologie (Brusch, 1992; Daft et al. 1988; Johnson et Kuehn, 1987; Smeltzer et al. 1988). Les principales raisons voques pour expliquer de telles pratiques rsident dans la rapidit de l'accs mais galement dans l'impact (ou utilit) plus grand des informations en question. Johnson et Kuehn (1987) rapportent que les dirigeants des PME consacrent plus de temps rechercher des informations sur les opportunits de croissance et les marchs, et quils recourent plus frquemment des contacts directs et verbaux. Fann et Smeltzer (1989) notent que les informations sont souvent acquises d'une faon trs informelle au moyen d'observations et de discussions auprs de contacts externes. Les dirigeants utilisent davantage des sources personnelles, orales et informelles (Brusch, 1992; Daft et al. 1988; Smeltzer et al. 1988; Specht, 1987) qui, en plus d'tre faciles d'accs, sont perues plus crdibles et permettent la vrification immdiate des informations recueillies. Les sources d'information les plus utilises comprennent les clients, les revues d'affaires, les fournisseurs, les employs/subordonns, les vendeurs/reprsentants, les pairs/amis, les concurrents, les journaux, les banquiers et les comptables (Cooper et al. 1991; Fann et Smeltzer, 1989; Hartman et al. 1994; Johnson et Kuehn, 1987). Les recherches effectus ce jour ont permis de cerner les informations et les sources d'information considres importantes ou qui sont les plus frquemment utilises par les PME. Aussi, nous pouvons anticiper que peu de progrs seront raliss dans le futur en rapport avec la comprhension des comportements d'information et de leurs impacts sur la performance de ces entreprises si nous continuons concentrer les efforts de recherche sur l'tude de la perception de limportance ou encore sur la frquence dutilisation des informations et des sources d'information dans la mesure o de telles initiatives mneront des rsultats qui sont la fois relativement bien connus et bien documents.

Les tudes empiriques rapportent galement que la gestion du processus informationnel est peu dveloppe et peu formalise (Brusch, 1992; Raymond et Lesca, 1995). La collecte,13

l'analyse et la diffusion de l'information gravitent autour du propritaire-dirigeant qui agit d'une faon plus ou moins claire. Ces observations sont confirmes par les rsultats rapports par Julien et al. (1995) concernant les pratiques de veille technologique des PME manufacturires (tableaux 1 et 2 ci-aprs). Les activits de veille gravitent autour du propritaire dirigeant, qui est assist par un nombre restreint de cadres, impliquent rarement l'utilisation de techniques complexes et prospectives (Marteau et Lesca, 1986). Lorsque les activits impliquent des personnes autres que le dirigeant, la diffusion est assure au moyen de mcanismes d'ajustement mutuel.

Tableau 1: Frquence d'implication du personnel dans le processus informationnel dans les PME (N=324)Moyenne (1) cart-Type 3,91 1,14 3,67 1,43 3,17 1,39 3,23 1,22 2,95 1,44 0,28 0,95 Notes: Source: Julien et al. (1995), page 53. (1) Mesure selon une chelle de Likert allant de 1= Trs rarement 5= Trs souvent. Personnel impliqu dans le processus Dirigeants Cadres techniques Cadres administratifs Cadres de production Personnel de vente Autres employs

Le tableau 2 montre quun ventail relativement diversifi des mthodes sont utilises (contacts, runions, lectures et tudes spcifiques). Toutefois, les activits de recherche, d'analyse et de diffusion de l'information sont essentiellement opres sur une base informelle. Le faible degr de formalisation des pratiques informationnelles ne doit pas tre cependant interprt comme un facteur d'inefficacit soulignent Marteau et Lesca (1986) ainsi que Boutary (1998) . Confirmant cela, plusieurs tudes empiriques ont montr qu'une relation positive prvaut entre les pratiques d'information (informelles et peu dveloppes) des PME et leur performance (Cooper et al. 1991; Daft et al. 1988; Dollinger, 1985; Orpen, 1993). L a prdominance du caractre informel de la collecte, du traitement, de l'utilisation et de la diffusion de l'information suggre qu'il y a peu d'intrt, pour lavancement des connaissances, axer les efforts de recherche sur l'tude du processus informationnel en tant que tel pour saisir l'tat d'information des PME.

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La lecture que nous en faisons de lensemble des travaux rapports prcdemment nous conduit soutenir que nous avons intrt orienter les futures recherches sur ltude de la richesse des informations, des sources d'information, des comptences et des pratiques de gestion qui sous-tendent le processus informationnel dans les PME. Tableau 2: Mthodes utilises dans le processus informationnel par les PME (N=324)Pourcentage d'entreprises utilisant les mthodes (1) Collecte Analyse Diffusion 84 32 63 22 36 76 36 39 30 7 19 21 Na 26 Non applicable Na Na Na Na Na Na 63 42 Na 83 9 27 Na Na Na Na 40 41 Na

Types de mthodes utilises Modes de contact: Direct de personne personne Via une tierce personne Par tlphone Lectures: Rapports et mmos internes Rapports externes Revues spcialises Journaux Runions de travail: Informelles Formelles changes lectroniques Ralisation d'tudes: Recherche documentaires Consultation de banques de donnes Traitement informatique tudes formelles Notes: (1) Chiffres arrondis l'unit prs.

Na Na Na Na 10 Na 24 Na Source: Julien et al. (1995), page 51.

2.23 L'htrognit des PME

Malgr la porte gnrale des caractristiques releves prcdemment, il nous faut cependant garder lesprit que les PME constituent un univers d'entreprises htrognes (Grandinetti et Rullani, 1994; Julien, 1990).

Cette htrognit a t constat au niveau des comportements d'information de ces entreprises. Les rsultats de ltude de Julien et al. 1996 sur la veille technologique dans les PME manufacturires montrent par exemple que les pratiques informationnelles de ces entreprises ne sont pas homognes et quelles peuvent tre classes selon plusieurs configurations correspondant divers degr de complexit et d'intensit des pratiques.

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Elle a t galement observe parmi les PME exportatrices (Amesse et Zaccour, 1991; Baird et al. 1994; Bijmolt et Zwart, 1994; Julien et al. 1997). ce sujet, Garnier (1982) ainsi que Cavusgil (1984) soulvent que les PME exportatrices sont souvent considres tort comme formant un groupe homogne alors que le bon sens suggre la ncessit de les catgoriser. Une tude de cas ralise par Julien et al. (1997) montre par exemple lexistence de trois types de PME exportatrices: les exportateurs professionnels, les exportateurs en transition et les exportateurs opportunistes. Ces trois types dexportateurs se distinguent entre eux aux plans de la stratgie, de l'engagement des dirigeants, des ressources mobilises, des pratiques informationnelles et, de la performance l'exportation. Les rsultats de ces tudes suggrent la ncessit de considrer lhtrognit des PME pour bien comprendre la relation pouvant exister entre l'tat d'information et la performance de ces entreprises.

2.3 Une synthse des recherches empiriques concernant l'impact du comportement d'information sur la performance des PME exportatrices

Bien que les premires publications sur l'exportation par les PME datent du dbut des annes soixante (Miesenbock, 1988), c'est beaucoup plus rcemment, stimul probablement par les travaux de Johanson et Valhne (1978) et de Reid (1981), que nous avons vu la publication de travaux portant sur les comportements d'information des PME exportatrices.

Pour les fins de la prsente analyse, nous avons identifi deux groupes de travaux de recherche. Le premier groupe fait rfrence des tudes menes dans le but spcifique de vrifier l'impact des comportements d'information sur la performance des PME exportatrices. Le second regroupe des travaux dans lesquels les auteurs comparent plutt la performance des entreprises chantillonnes en relation avec plusieurs variables, dont entre autres, les comportements d'information.

2.31 Les rsultats des recherches spcifiques

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Malgr le nombre important et croissant d'auteurs qui souscrivent la thse de l'impact critique de la capacit d'information sur la performance des firmes exportatrices, on dnombre peu de recherches empiriques systmatiques et rigoureuses sur le sujet. Sur la base d'un inventaire des publications des vingt dernires annes, nous avons recens seulement cinq tudes spcifiques. Il s'agit respectivement des tudes ralises par Kleinschmidt et Ross (1986), Seringhaus (1993), Denis et Depelteau (1985), Boutary (1998) et par Julien et Ramangalahy (1999). Nous les rsumons ci-aprs (tableau 3) puis analysons les rsultats rapports par chacune d'elles.

Tableau 3: Synthse de recherches spcifiques sur l'impact des comportements d'information sur la performanceAuteurs Denis et Depelteau (1985) chantillon d'tude 51 PME qubcoises Dimensions du comportement d'information tudis Utilisation de sources publiques et prives, participation des missions et foires et expriences l'exportation Utilisation de l'information et des sources externes Expertises en marketing d'exportation, utilisation des sources d'information et pratiques de recherche marketing Comportements de traitement de l'information Recherche d'information, utilisation des sources et comptences l'exportation Indicateurs de performance Croissance de la part des exportations Rsultats obtenus en relation avec la performance Impact marqu de la participation des foires et missions, mais faible du nombre de sources utilises et de l'exprience l'exportation. Absence d'indications claires en rapport avec l'impact des comportements d'information Forte relation avec les expertises en marketing mais inconsistance de la relation avec la frquence des recherches marketing Sensibilit et engagement plus marqus pour la gestion de l'information, ouverture sur l'extrieur et orientation sur les besoins Rle mdiateur de la comptitivit; impact significatif de la comptitivit, de l'utilisation des sources d'information et des comptences l'exportation sur la comptitivit

Kleinschmidt et Ross (1986) Seringhaus (1993)

85 PME canadiennes 123 PME canadiennes et autrichiennes 92 PME franaises

Part et croissance des exportations Part des exportations dans les ventes totales

Boutary (1998)

Part des exportations

Julien et 366 PME Ramangalahy qubcoises (1999)

Rputation internationale; part, croissance et profitabilit des exportations

L'tude de Seringhaus (1993) a pour but de comparer l'utilisation des sources d'information, les activits de recherche marketing d'exportation et l'expertise en marketing d'exportation de17

123 entreprises canadiennes et autrichiennes de haute technologie. Le modle de recherche postule l'existence de relations d'influence, entre d'une part, l'utilisation des sources d'information, les expertises en marketing d'exportation et la recherche en marketing et, d'autre part, la performance l'exportation. Par expertises, l'auteur entend des comptences informationnelles relies essentiellement la segmentation des marchs. Les activits de recherche marketing font rfrence diffrents types d'informations recherches. Enfin, la performance est mesure par la part des exportations dans les ventes totales. Les rsultats rapports font tat de l'existence de relations significatives entre la performance et les expertises en marketing d'exportation. Par contre, les relations observes entre la

performance et les deux autres dimensions des comportements d'information ne sont pas significatives. Ces rsultats suggrent que plus les PME exportatrices possdent des comptences l'exportation, plus elles sont performantes.

L'tude de Denis et Depelteau (1985) a pour objectif de vrifier l'impact de l'utilisation des sources d'information sur l'expansion et la diversification des exportations. Les 31 entreprises chantillonnes dans l'tude ont t spares en deux groupes composs respectivement de nouveaux exportateurs et d'exportateurs expriments. Pour chaque groupe, trois niveaux de performance sont distingus (faible, modr et rapide). La performance est mesure par le taux de croissance des exportations des cinq dernires annes. Les rsultats obtenus indiquent qu'une relation positive existe entre d'une part, le nombre de sources d'information utilises, la participation des foires et des missions commerciales ainsi que l'exprience l'exportation, et d'autre part, la performance des entreprises. Autrement dit, plus les PME exportatrices tendent leurs sources d'information et recourent frquemment aux foires et missions, plus elles sont performantes. Les rsultats d'analyses complmentaires menes par ces auteurs confirment l'influence importante de la participation des foires mais non celle du nombre de sources utilises.

La recherche mene par Kleinschmidt et Ross (1986) vise cerner linfluence des informations et sources d'information sur la russite des PME exportatrices dans le secteur de haute technologie. Quinze catgories dinformation ont t retenues pour les fins de l'tude. La performance est mesure par la part des exportations dans les ventes totales et le taux de18

croissance des exportations. Les rsultats rapports par ces auteurs ne fournissent aucune indication claire au sujet de la relation entre les comportements d'information et la performance. On y apprend plutt que l'utilisation de l'information et des sources

d'information est troitement lie aux problmes rencontrs par les entreprises ainsi qu leur stratgie.

Boutary (1998) rapporte les rsultats de sa thse de doctorat qui a pour objectif d'tudier l'impact du traitement de l'information sur la performance des PME exportatrices franaises. Les rsultats rapports montrent que les PME exportatrices performantes, c'est--dire qui exportent pour une part leve de leur chiffre d'affaires, se distinguent par le fait qu'elles sont plus sensibles l'information. Elles sont abonnes des revues spcialises nationales et trangres, connaissent et frquentent davantage les organismes privs et publics, allouent des ressources financires la gestion de l'information, et peroivent l'importance de la veille. Elles sont plus engages dans une dmarche de gestion de l'information, plus conscientes du lien entre la qualit de la gestion de l'information et les rsultats, allouent des ressources l'achat d'informations aux fins des activits internationales, considrent important de recruter des spcialistes en gestion de l'information, mettent jour rgulirement les informations acquises, et responsabilisent la gestion de l'information. Enfin, elles privilgient des systmes d'information ouverts axs sur la satisfaction des besoins. En gros, ltude de Boutary met en relief limportance de lattitude des dirigeants et de lallocation des ressources dinformation en relations avec les activits dexportation

Ltude de Julien et Ramangalahy (1999) postule que la comptitivit joue un rle mdiateur dans l'explication de la relation entre les comportements d'information et la performance des PME exportatrices. Trois dimensions ont t distingues pour cerner les comportements d'information: la perception des informations, l'utilisation des sources d'information et, les connaissances globales et capacits exporter. La comptitivit est mesure par les avantages concurrentiels possds en matire de connaissance des marchs, de prix, de promotion, de produits et de gestion du marketing. La performance est mesure par la rputation

internationale, la part des exportations dans les ventes totales, le taux de croissance et la profitabilit des exportations par rapport aux ventes locales. La technique d'analyse causale19

par les moindres carr (PLS, Partial Least Square) a t utilise pour tester le modle de recherche.

Figure 1: Rsultats de l'analyse en PLS de l'impact des comportements d'information sur la performance (N=366)CA PIN FO CO MPM AR CAPEXPOR CONEX PO .63 .70 .83 .59 CO MP TEN CES CO MPTEN CES r = .82 r = .82 V ME= .54 V ME= .54

SEGMENT.65 .75

PRODUIT

PROMOT

.73

.58 *** .73

.27 ***

.77 .08 C OMP TITIVI T C OMP TITIVI T r = .86 r= .86 VME= .55 VME= .55 R 22=.18 R = .18 .32 *** PERFO RMANC E PERFO RMANC E r = .85 r= .85 VME= .58 VME= .58 R 22=.10 R = .10 .71 .68 .85

M A RP ROD CONCU R COND OPER

ENV ER PU CROISEX P PROFEXP INTENS EX

IINFO RMA TION S NFORMATIO NS r = .69 .51 r= .69 V ME= .44 V ME= .44 R 22=.33 .71 R = .33 .40 *** .82

.77

.79

.20 ***

MARKET

DISTRIB

IND US AID E CRITES .59 .72

SOURCES SOURC ES r= .76 r = .76 V ME= .52 VME= .52 R 22=.16 R = .16

***: p 0,001

Des relations de causalit significatives sont rapportes, d'une part, entre la comptitivit et la performance, et d'autre part, entre les comptences ainsi que l'utilisation des sources d'information et la comptitivit des PME exportatrices chantillonnes. Ces rsultats indiquent tout dabord que les PME exportatrices sont d'autant plus performantes qu'elles sont comptitives. Par ailleurs, plus elles possdent des comptences et capacits exporter, et utilisent les sources d'information, plus elles sont comptitives. Par contre, la perception des informations n'affecte pas la comptitivit des entreprises chantillonnes. Ce dernier rsultat, bien qu'tant non anticip, n'est pas anormal. En effet, le bon sens suggre que ce n'est pas le fait de percevoir qu'une information est importante (ou non) mais plutt l'accs des informations riches, comme nous le verrons plus loin, qui affecte la comptitivit.20

Des tests complmentaires ont t effectus pour vrifier si des relations de causalit directe significatives prvalent entre les comportements d'information et la performance. Les auteurs voulaient ainsi vrifier limpact sur les rsultats de lexclusion du construit de comptitivit du modle de recherche. Les rsultats obtenus sont moins concluants car seul le coefficient de causalit li aux comptences est significatif. Ces derniers rsultats sont comparables ceux rapports par Seringhaus (1993) et nous aident comprendre, en partie, pourquoi la majorit des recherches menes par le pass ont fourni des rsultats peu convaincants. Une des raisons possibles tient en ce que les analyses effectues reposent implicitement sur le postulat l'effet que les comportements d'information ont un impact direct sur la performance. ce jour, ltude de Julien et Ramangalahy (1999) est manifestement celle qui rend le plus clairement compte de l'existence d'une relation de causalit, si causalit il y a, entre les comportements d'information et la performance des PME exportatrices.

2.32 Les rsultats d'autres recherches

Contrairement aux prcdentes, les trois autres recherches (Samiee et al. 1993; Cavusgil, 1984c; Houle, 1994) que nous analysons ci-aprs n'ont pas pour objectif spcifique de vrifier l'influence des comportements d'information sur la performance de PME chantillonnes (tableau 4). Nous les avons considres dans la mesure o elles tendent indirectement indiquer que des liens existent entre les comportements d'information des entreprises cibles et leur performance.

Samiee et al. (1993) ont compar les caractristiques ainsi que l'utilisation des sources d'information par les exportateurs proactifs (innovateurs) et ractifs. Les rsultats rapports montrent que les exportateurs proactifs, cest--dire qui exportent pour une plus grande part de leurs ventes et des lots beaucoup plus grands, se diffrencient par le fait qu'ils recourent davantage aux sources d'information secondaires, telles les revues d'affaires, les organismes gouvernementaux, les chambres de commerce ainsi que les rapports d'tude nationale. Par ailleurs, ils exploitent un plus grand nombre de sources d'information.21

Tableau 4: Une synthse dautres rsultats de rechercheAuteurs Samiee et al. (1993) Cavusgil (1984c) Houle (1994) chantillon d'tude 123 PME amricaines 71 entreprises amricaines 64 PME qubcoises Dimensions du comportement d'information tudis Utilisation des sources secondaires Recherche en marketing Connaissance, utilisation des informations et des sources d'information Indicateurs de performance Part des exportations Part et profitabilit des exportations (degr d'internationalisation) Part des exportations aux tats-Unis (degr d'implication internationale) Rsultats obtenus en relation avec la performance Plus grande utilisation des sources dinformation Intensification des recherches, diversification des sources et dveloppement d'un systme d'information Plus grande connaissance et utilisation des sources et information sur les marchs

Cavusgil (1984c) a compar les activits de recherche marketing de firmes exportatrices selon le stade d'internationalisation (exprimental, actif et engag). Les rsultats indiquent que plus les entreprises sont internationalises, plus leurs exportations sont profitables. Cette relation n'a pas t cependant vrifie lorsque la part des exportations est utilise comme critre de mesure de la performance. Il est ressorti par ailleurs que les exportateurs performants accordent plus d'importance la recherche d'information, recherchent des informations plus spcifiques, et exploitent un ventail plus large de sources d'information. Houle (1994) a compar la connaissance ainsi que l'utilisation des informations et des sources d'information par les PME exportatrices selon leur degr d'implication internationale. Le degr d'implication a t mesur par la part des exportations. Les rsultats obtenus rvlent que les PME qui exportent pour une plus grande part de leurs ventes connaissent mais surtout utilisent davantage les informations sur les marchs trangers ainsi que les sources d'information l'exportation.

Les huit recherches que nous avons rpertories prsentent quatre points communs mettant en relief quatre types de faiblesse. Au plan du champ d'intrt, aucune d'elles ne traite de l'tat d'information des entreprises cibles. Elles traitent plutt de leurs comportements

d'information. Au plan conceptuel, except dans les tudes respectives de Seringhaus (1993) et de Julien et Ramangalahy (1999), ces recherches ne prsentent pas un cadre explicite permettant de comprendre comment les comportements d'information influencent la22

performance. Au plan mthodologique, ces recherches fondent l'tude des comportements d'information sur la perception ainsi que l'utilisation des informations et des sources d'information. Or, plusieurs travaux dans les domaines de la prise de dcision (Cyert et March, 1963; O'Reilly, 1982; Simon, 1945), de l'apprentissage organisationnel (Argyris, 1992; Cohen et Levinthal, 1990), de la thorie des organisations (Daft et Lengel, 1984; 1986), du marketing (Maltz et Kholi, 1996; Menon et Varadarajan, 1992), et des sciences de l'information (Taylor, 1982, 1986), pour ne citer que ceux-l; enseignent que l'efficacit et la performance des organisations dpendent, non de la perception ou de l'utilisation des informations et sources d'information mais plutt de la richesse de celles-ci. Le bon sens

suggre ici par ailleurs que le fait de percevoir une information (ou source d'information) importante n'indique pas pour autant l'accs rel cette information (ou la source d'information). Au plus, la perception nous informe sur l'intrt accord ou limportance dune information (ou dune source d'information) donne. De mme, le fait qu'un dirigeant recherche frquemment une information (ou utilise frquemment une source d'information) n'indique pas que l'information acquise ce titre (ou la source utilise) soit riche. Enfin au

plan des rsultats, ces recherches n'ont pas russi dmontrer d'une faon convaincante linfluence dterminante des comportements d'information sur la performance des PME exportatrices, l'exception de celle de Julien et Ramangalahy (1999).

Les rflexions ci-dessus suggrent la ncessit de fonder sur des bases conceptuelles et mthodologiques plus solides l'tude de l'impact des comportements d'information sur la performance des PME exportatrices. Innovation et rigueur devront caractriser les futures recherches si nous dsirons enrichir la comprhension de l'influence de l'tat d'information sur la performance de ces entreprises. Les rsultats limits rapports ce jour nous conduisent soutenir la ncessit d'innover dans les pratiques de recherche et de tirer profit des progrs raliss dans d'autres domaines de connaissance pertinents qui sont ngligs ou ignors pour le moment. Les besoins d'innovation se situent au moins deux niveaux: a) faire passer lobjet de la rflexion de l'tude des comportements d'information vers celle de l'tat d'information, b) tenir compte du rle mdiateur de la comptitivit.

23

3

LABORATION DU CADRE CONCEPTUEL, DU MODLE ET DES HYPOTHSES DE RECHERCHE

Notre proccupation dans cette partie est triple. Dans un premier temps, nous voulons tout dabord clarifier les notions d'information et de connaissance qui sont souvent rarement dfinies et confondues. Cette clarification est essentielle au plan thorique mais elle est galement ncessaire la comprhension de l'interprtation multidimensionnelle du concept d'absorption de l'information que nous retiendrons pour cerner ltat dinformation des PME exportatrices. Par la suite, nous laborons sur les fondements thoriques permettant de cerner et de structurer la relation entre l'tat dinformation et la performance de ces entreprises. Pour ce faire, nous faisons une analyse synthse des contributions issues de cinq grands courants thoriques en gestion sur les diverses perspectives dinterprtation de ltat dinformation et de son impact sur la performance et dmontrons par la suite que le concept d'absorption de linformation est le concept le plus satisfaisant pour cerner l'tat d'information d'une entreprise dans le contexte actuel du dveloppement des connaissances. Nous compltons cette partie avec llaboration du modle et des hypothses de recherche.

3.1

Le concept d'information

Bien qu'il soit largement utilis dans la littrature, le concept d'information est rarement dfini d'une faon claire notent plusieurs auteurs (Glazer, 1991; Leboulch et Le Floch, 1993; Lesca et Lesca, 1995). Avant de dfinir cette notion, il est pertinent de faire tat des diffrents courants d'interprtation de l'information.

3.11 Les courants d'interprtation de la notion d'information

La littrature permet de distinguer trois principales perspectives d'interprtation de la notion l'information, par rapport auxquelles nous pouvons rattacher toutes les utilisations qui

24

en sont faites dans la littrature en gestion: statistique, symbolique et smantique. Nous les considrons successivement ci-aprs.

Dans la conception statistique ou mathmatique (Brilloin, 1971; Shannon et Weaver, 1949), l'information est une donne quantifiable dont l'intrt rside dans la frquence d'occurrence. Une sparation nette est ici faite entre le contenu et le contenant de Linformation. La proccupation porte exclusivement sur l'aspect physique de linformation. Une telle

conception est notamment vhicule par Shannon et Weaver (1949) qui soutiennent que le concept d'information n'a rien voir avec la signification quil vhicule. Il ne considre pas le message lmentaire mais plutt le caractre statistique d'un ensemble de messages. L'information est dissocie de la connaissance qu'elle est susceptible d'apporter en tant dpouille de toute valeur smantique. On ne s'intresse point sa matire mais seulement sa forme souligne Zeman (1965).

La conception symbolique de l'information (Feldman et March, 1991) repose sur l'ide que la prise de dcision dans les organisations constitue un terrain d'application des valeurs sociales et d'exercice de l'autorit permettant l'expression de comportements en rapport avec des principes idologiques tels la rationalit. L'activit informationnelle reprsente un lment des rituels organisationnels assurant la prennit d'attitudes juges efficaces et socialement adquates en matire de prise de dcision. La capacit utiliser adquatement de

l'information est vue comme une dmonstration de la comptence et de la probit sociale de la personne qui la possde et qui en fait usage. Le dcideur comptent est celui qui fonde la lgitimit de ses actes sur l'usage adquat de l'information. Dans ce contexte, la possession et le contrle de l'information ainsi que de ses sources constituent les assises de la comptence et de la confiance reconnues un cadre. Dtenir de l'information est une bonne chose en soi. Un cadre (ou une organisation) qui dtient plus dinformations est considr meilleur, suprieur compar aux autres.

Dans l'approche smantique, lintrt porte sur le potentiel descriptif et dapprentissage de l'information. Mise en relief dans la thorie de la communication, l'information est ici synonyme de signal impliquant un metteur, un rcepteur et un mdium; et dont la valeur est25

spcifique au contexte et attribue par le rcepteur. Nonaka (1994) soutient que la conception smantique sintresse la qualit de l'information, la nouvelle comprhension2 (meaning) qu'elle apporte. Cette nouvelle comprhension, spcifique au contexte de chaque

organisation, fournit une nouvelle base d'interprtation des vnements, rendant ainsi perceptibles (comprhensible) des faits jusqu'alors non perus (non compris). Feldman et March (1991) reprennent l'ide de signal et dfendent quun signal qui a de la valeur permet de prendre de meilleures dcisions et de diffuser moindre cot l'information. C'est la conception smantique que se rapportent ce que Minnerath (1982) appelle des informations contenu slectif, Mc Kay (1969) des informations contenu structurel, Lesca et Lesca (1995) des informations d'anticipation, et Julien (1996) des informations structurantes ou riches.

Pour notre part, c'est la conception smantique que nous rattachons l'utilisation que nous faisons de la notion d'information pour le reste de ce travail en raison de sa pertinence la problmatique. Selon Le Grand Robert de la langue franaise (1985), un signal est un ensemble organis de donnes (ou message) produit ou transmis pour servir d'indice et faire ragir le rcepteur. Aussi, pour qu'une information constitue un signal, il faut quelle soit constitue dun ensemble structur de donnes portant sur un sujet prcis.

3.12 La ncessit de distinguer entre les notions d'information et de connaissance

Les notions d'information et de connaissance sont souvent utilises d'une manire indiffrente dans la littrature, incluant les auteurs qui traitent de l'apprentissage dans une perspective informationnelle. La ncessit de les distinguer est importante pour la poursuite de cette recherche.

Si nous admettons que l'information contribue l'amlioration des connaissances, comme le soutiennent par exemple les tenants de l'approche informationnelle de l'apprentissage organisationnel (tels Argyris, 1976, 1993; Cohen et Levinthal, 1990, 1994; Huber, 1991;2 Dans la mesure o le terme "meaning" est utilis dans une perspective smantique, il nous semble plus appropri de le traduire par nouvelle indication, nouveau message ou encore par nouvelle comprhension plutt que par l'quivalent textuel, soit "sens".

26

Nonaka, 1994), il rsulte que nous ne pouvons pas conceptuellement considrer ces deux notions comme tant quivalentes considrant que la connaissance drive donc d'une certaine transformation de l'information. Nonaka (1994) et Huber (1991) sont parmi les rares auteurs avoir clairement soulev la ncessit d'oprer une telle distinction. Selon Huber (1991), l'information dsigne un ensemble structur de donnes vhiculant un sens (ou signal) alors que la connaissance est un produit gnr par le traitement (interprtation) de l'information. la diffrence de l'information qui peut tre acquise, la connaissance doit tre dveloppe. Pour Nonaka (1994), tout comme c'est le cas pour Argyris (1993), l'information constitue un intrant ncessaire l'initiation et la formalisation de l'apprentissage. Lauteur dfinit l'information comme tant un flux de messages (ou de signaux) et la connaissance comme une croyance vrifie concernant l'action humaine et qui est fonde sur un flux d'information. Il dcoule de cette dfinition formule par Nonaka que toute connaissance est fonde sur une base, plus ou moins complexe, d'informations.

Nous retrouvons cette ide d'une superposition de la connaissance sur l'information dans la dfinition donne respectivement par Malchup (1983) et Dretske (1981)3 la notion d'information. Nous compltons la distinction entre ces deux notions, sur la base de la position dfendue par Nonaka (1994), en prcisant quune information porte sur un fait (ou ensemble de faits) d'une complexit plus ou moins grande alors quune connaissance porte un processus d'activit. Nous utiliserons alors la notion d'information pour signifier un ensemble structur de donnes fournissant des indications sur la nature ou l'volution d'un fait, d'un phnomne donn4, et la notion de connaissance pour dsigner un ensemble de savoirs ou de savoir-faire ayant trait la ralisation d'une activit.

La distinction entre les notions d'information et de connaissance ou plus exactement le fait que la connaissance soit un produit du traitement de l'information prsente, plusieurs gards, un intrt au plan thorique. Tout d'abord, comme mentionn ci-dessus, toute connaissance

3

Cits par Nonaka (1994), l'information est un flux de message qui alimente, change ou structure la connaissance selon Malchup (1983) et un bien pouvant produire la connaissance selon Dretske (1981). 4 Glazer (1991) dfinit l'information comme tant des donnes organises se rapportant un contexte donn et vhiculant par consquent une signification.

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est fonde sur une base plus ou moins complexe d'informations5.

La nuance que nous

apportons ici est essentielle la comprhension de la pertinence de distinguer une dimension informationnelle de la capacit d'absorption. En second lieu, le fait de concevoir la connaissance comme un produit du traitement de l'information permet de conceptualiser le processus d'apprentissage d'une faon relativement simple. On retrouve cette

conceptualisation implicite dans les travaux de Cohen et Levinthal (1990) sur le concept de capacit d'absorption de l'information. Nous rsumons en deux assertions le processus. La premire assertion tient en ce que l'apprentissage rsulte dun processus cumulatif de traitement de l'information pouvant s'oprer dans le cadre d'une exprience pratique ou thorique. Le seconde assertion tient en ce que le traitement consiste dans un processus d'association, de fertilisation croise d'une information nouvellement acquise avec des informations dj disponibles. Cohen et Levinthal (1990) dfendent ce sujet que

lapprentissage est dautant plus fertile (cest--dire quil produit de nouvelles connaissances) qu'un lien de continuit existe entre la nouvelle information et les informations dj existantes au pralable, que l'effort d'association est intense et, que les connaissances disponibles au pralable sont riches. Les connaissances pralables jouent deux fonctions. En amont du processus de traitement, elles agissent en quelque sorte comme un filtre de slection des informations potentiellement utiles (pertinentes). Tout au long du processus, elles

interviennent comme des leviers qui facilitent la production de nouvelles connaissances.

Le fait de distinguer entre les notions d'information et de connaissance nous aide galement comprendre la pertinence de la thse soutenue par Argyris (1992) au sujet des attributs des informations qui favorisent lapprentissage. Selon cet auteur, la prcision, la clart, la cohrence et la congruence une situation donne caractrisent les informations qui favorisent l'apprentissage. Considrant que le dveloppement d'une nouvelle connaissance rsulte de l'association d'une nouvelle information aux informations dj disponibles, il en dcoule que le processus d'association sera d'autant plus difficile que la nouvelle information est vague, ambigu, incohrente et non congruente la situation en prsence. Enfin, l'antriorit du traitement de l'information par rapport au dveloppement d'une nouvelle5

Anderson et Staszewski (1989) font explicitement rfrence cette ide d'une superposition structurelle de la connaissance sur l'information lorsqu'ils crivent: La connaissance est de l'information acquise travers l'exprience et emmaganise d'une faon plus ou moins permanente dans la mmoire long terme.

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connaissance nous aide comprendre que des facteurs cognitifs, dimportance variable peuvent faire obstacle la transfrabilit et l'appropriation relle de l'information. Une information donne n'est vritablement transfrable, appropriable que si lacqureur (individu ou organisation) possde les connaissances appropries son traitement ou mieux encore sa mise en valeur car l'information en question risque autrement de s'avrer inutile. Ces obstacles expliquent, en partie, pourquoi certaines informations peuvent tre dfinies comme des ressources stratgiques au sens des tenants de la thorie base sur les ressources.

3.13 La notion d'information riche

Diffrents attributs sont utiliss dans la littrature pour qualifier les informations dont les entreprises ont besoin pour tre comptitives et performer. Les auteurs parlent

indiffremment soit de la qualit, de la richesse, de la valeur ou encore de l'utilit de l'information (tableau 5). Daft et Lengel (1984, 1986), qui les auteurs attribuent

gnralement le dveloppement de la thorie sur la richesse de l'information et des sources (media) d'information, soutiennent qu'une information riche fournit une comprhension nouvelle substantielle dans un dlai donn. Ils prcisent que la richesse rfre au potentiel d'apprentissage vhicul par une information. Autrement dit, une information est riche si elle permet d'apprendre quelque chose de nouveau dans un certain dlai sur un sujet donn.

Plusieurs tudes rcentes soulignent que la richesse d'une information n'est pas dfinie priori, mais qu'elle est fondamentalement attribue, perue par la personne (ou lorganisation) qui en fait l'acquisition ou l'usage. ce titre, Taylor (1982) soutient que l'utilit (ou la valeur) dune information n'est pas inhrente, intrinsque mais quelle est attribue par l'utilisateur et quelle dpend de son contexte. Un utilisateur aura tendance considrer qu'une information a de la valeur (ou est utile) dans la mesure o celle-ci vhicule des indices (signaux ou messages) pertinents ayant rapport aux activits et problmes de son environnement. Taylor (1982) combine implicitement ici l'approche interprtative (Weick, 1969) et l'approche contingente pour dfinir la valeur d'une information.

29

Divers travaux issus de diffrents courants de discipline supportent la thse de la subjectivit et de la contextualit de la richesse (ou de l'utilit ou de la qualit ou encore de la valeur) de l'information. On peut numrer ici, titre d'illustration, en sciences de l'information, les travaux de Badenoch et al., (1995), de Choo et Auster (1993), de Clark et Augustine (1990), de Katzer et Fletcher (1992) et de Taylor et Farrel (1995). Nous avons en sciences de la communication les travaux de Carlson et Zmud (1994) et Zmud (1978), En marketing, nous avons les travaux de Deshpande et Zaltman (1984), de Maltz et Kholi (1996) et de Menon et Varadarajan (1992).

Tableau 5: Critres de dfinition de la richesse (qualit, l'utilit, valeur) de l'informationNotions utilises Qualit perue de l'information Information propice l'apprentissage Qualit perue de l'intelligence Valeur, utilit, qualit perue de l'information Auteurs O'Reilly (1982) et Zmud (1978) Argyris (1992) Maltz et Kholi (1996); Menon et Varadarajan (1992) Badenoch et al (1995); ; Clark et Augustine (1990); Taylor (1986); Taylor et Farrel (1995) Daft et Lengel (1984, 1986) Domaine de discipline Communication Prise de dcision Apprentissage organisationnel Marketing Critres de dfinition Pertinence, opportunit, exactitude et fiabilit. Prcision, clart, cohrence, pertinence et disponibilit Exactitude, pertinence, clart, opportunit, intrt, pertinence, validit et caractre innovateur Prcision, intelligibilit, actualit, fiabilit, validit, accessibilit, facilit d'utilisation, qualit technique, opportunit, intelligibilit, crdibilit, applicabilit, simplicit, exactitude, et pertinence Potentiel d'apprentissage

Sciences de l'information

Richesse de l'information