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RHONE MEDITERRANEE CORSE Fascicule 1 : Dynamique et fonctions de la ripisylve GUIDE TECHNIQUE N° 1 SEPTEMBRE 1998 BASSIN RHONE MEDITERRANEE CORSE LA GESTION DES BOISEMENTS DE RIVIERES
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BASSIN RHONE MEDITERRANEE CORSE GUIDE TECHNIQUE N 1 · BASSIN RHONE MEDITERRANEE CORSE LA GESTION DES BOISEMENTS DE RIVIERES Fascicule 1 : Dynamique et fonctions de la ripisylve.

Oct 27, 2020

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RHONE MEDITERRANEE CORSE

Fascicule 1 :Dynamique et fonctions de la ripisylve

GUIDE TECHNIQUE N° 1

SEPTEMBRE 1998

BASSIN RHONE MEDITERRANEE CORSE

LA GESTION DES BOISEMENTSDE RIVIERES

Page 2: BASSIN RHONE MEDITERRANEE CORSE GUIDE TECHNIQUE N 1 · BASSIN RHONE MEDITERRANEE CORSE LA GESTION DES BOISEMENTS DE RIVIERES Fascicule 1 : Dynamique et fonctions de la ripisylve.

Conception et rédaction :Mireille Boyer 1

Ouvrage réalisé en collaboration avec :Hervé Piégay 2

et avec l'appui de :Charles Ruffinoni 3

Anne Citterio 2Corinne Bourgery 4Philippe Caillebote 4

Comité de pilotage :Laurent Gasnier (Agence de l'Eau RMC)Catherine Petit (Agence de l'Eau RMC)Anne Cambon (Région Rhône-Alpes)Jean-Luc Carrio (D.D.A.F. de la Loire)

Elisabeth Cresson (Fédération de pêche du Rhône)Maurice Desagher (Conseil Général du Vaucluse)

Jacques Noël (Syndicat de la Moyenne Vallée de l'Ognon)Philippe Raignier (Agence de l'Eau RMC- délégation Besançon)Serge Rouvière (Syndicat Mixte d'Aménagement du Vidourle)

Francis Trocherie (Diren Rhône-Alpes)

Photographies :Mireille Boyer

saufpage 12 (2 photos de gauche) collection RTM Savoie

pages 15 et 22 Charles Ruffinonipages 24 (2 photos haut de page) et 29 Hervé Piégay

page 34 René Rosouxpages 35 et 36 Pascal Médard 5

Schémas (hors références bibliographiques) :Mireille Boyer et Hervé Piégay

1 Concept. Cours. d'EAU - chemin du Tilleret - 73230 Vérel-Pragondran2 CNRS/UMR5600 - 18, rue Chevreul - 69362 Lyon Cedex 073 C. Ruffinoni - 715, chemin de la Croix de Lauzerte - 82200 Moissac4 CFPF - BP n°7 - 26780 Châteauneuf-du-Rhône5 BEFENE - 34210 Félines-Minervois

Bureau d'étudeGestion et Restauration

des cours d'eau

Concept.

Cours.

d' EAU.

ChambérySAVOIE

Mireille BOYER, ingénieur-conseil

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GUIDE TECHNIQUE N° 1BASSIN RHONE MEDITERRANEE CORSE

LA GESTION DES BOISEMENTSDE RIVIERESFascicule 1 :

Dynamique et fonctions de la ripisylve

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SOMMAIRE

INTRODUCTION

DEFINITIONS

DYNAMIQUE VEGETALE ET COMPOSITION DES RIPISYLVES

• Composition floristique des boisements spontanés et naturels

• La dynamique végétale dans les ripisylves

• Le problème des espèces envahissantes

• Evolution historique de la ripisylve- Données concernant le paysage originel des cours d'eau du climat tempéré- Le développement récent des ripisylves

• L'intérêt patrimonial des ripisylves

ROLES DE LA RIPISYLVE ET DU BOIS MORT

• Effets sur l'écoulement des eaux et la stabilité des berges- Effets des embâcles de bois- Effets de la ripisylve- L'évaluation des risques hydrauliques liés à l'absence d'entretien

• Influences sur la qualité des eaux et la vie aquatique- Effets de la ripisylve sur la qualité physique et chimique des eaux- Fonctions de la ripisylve et du bois mort pour la vie aquatique et conséquences au niveau de l'entretien

• Importance pour la faune terrestre- Les différents habitats- Les impacts de l'entretien sur la faune

• Fonctions paysagères

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

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INTRODUCTION 3

L'état des cours d'eau évolue au gré de leurdynamique fluviale et végétale. Les activitéshumaines développées sur leurs marges peuventégalement modifier cet état. L'entretien est doncsouvent nécessaire pour maintenir les rivièresdans un état compatible avec l'ensemble de cesactivités, tout en prenant en compte la préservationdes milieux.

Ces opérations de gestion courante peuventcomprendre de nombreux types d'intervention :

le curage des alluvions du lit,le faucardage de la végétation herbacéeaquatique et semi-aquatique,les coupes sélectives de la végétation ligneuseet vivante présente en berge,l'élimination sélective des débris végétauxaccumulés sur les berges ou dans le lit (boismort),l'élimination complète des déchets humains detoutes tailles et de tous types.

Le présent guide ne traite pas de tous cesaspects mais exclusivement de la gestionde la végétation ligneuse vivante et du boismort.

Cette gestion concerne, pour des linéairesimportants, des cours d'eau de dimensionsmodestes situés en zone rurale ou forestière.Mais il ne s'agit pas simplement de couper desarbres, de brûler des branches ou de supprimerdes barrages de bois. La réalisation de travauxsur des terrains en grande majorité privés, l'utilitéde ces travaux pour la collectivité qui les engage,l'impact possible sur la vie du cours d'eau rendenten effet indispensable la mise en œuvre d'uneréflexion approfondie et d'une démarchecohérente.

L'objet de ce guide est donc de fournir les élémentstechniques et méthodologiques pour mettre enplace des programmes d'entretien répondant àces exigences et correspondant à des plans degestion de la ripisylve et du bois mort, explicitantdes objectifs d'entretien.

L'originalité de la démarche développée dans cetouvrage est de définir un entretien adapté auxenjeux locaux et par conséquent différent toutle long de la rivière : "Faut-il entretenir tel ou telsecteur de rivière et, si oui, à quel niveau ?"constituent les principales questions auxquellesrépond le plan de gestion.

Le guide est partagé en deux volumes :

le premier fascicule s'intéresse auxconnaissances actuelles sur la ripisylveet sur ses nombreux rôles, car cetteconnaissance est obligatoire pour la mise enplace d'une gestion sectorisée. Il comprendà la fois des textes de vulgarisation et desarticles plus approfondis faisant le point surl'état de la connaissance scientifique. Cepremier tome apporte un nouvel éclairagesur certains sujets souvent connussuperficiellement et des réponses, ou despistes de réflexion, aux interrogations les plusfréquentes concernant la ripisylve : quellessont les spécificités écologiques de cetteforêt ? quels rôles joue-t-elle dans lefonctionnement général des cours d'eau ?quels sont ses effets sur l'écoulement descrues ? etc. En fonction de ses propresinterrogations, le lecteur pourra doncsélectionner dans ce volume les élémentsrecherchés ;

le second fascicule propose uneméthode pour définir un plan de gestionet s'appuie sur un exemple d'application. Ilnécessite d'être parcouru entièrement pourcomprendre la démarche présentée. Desefforts importants ont été entrepris pourtenter de normaliser le vocabulaire employé,les relevés de terrain ou les symboles utilisés,afin qu'ils puissent être utilisés partout et entoute circonstance. De même, les principesméthodologiques développés dans cet ouvragepeuvent être utilisés pour tous les types derivières où la définition d'objectifs sectorisésa un sens. Ils sont particulièrement adaptés àla gestion des petites et moyennes rivières.La gestion de la végétation en ville ou le longdes grandes rivières aménagées pose en effetdes problèmes très spécifiques et exige desréponses adaptées et individuelles évoquéesmais non développées ici.

Enfin, il faut noter que ce nouvel outilméthodologique, qui ne demande qu'à être enrichipar ses utilisateurs, a déjà été testé sur plusieursbassins versants. Il a montré sa pertinence etson utilité aussi bien pour le maître d'ouvragequi définit la politique d'entretien à l'échelle ducours d'eau, que pour le technicien de rivièrequi détermine concrètement les travaux à réaliser.

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DEFINITIONS

Ripisylve :Ripa - signifie la rive, c'est-à-dire un espacemarquant la limite entre le milieu aquatiqueet le milieu terrestre. La rive s'étend au-delàde la berge et constitue un espace d'interfaceplat,Sylva - signifie la forêt.

La ripisylve est une formation végétale naturelleet riveraine d'un milieu aquatique ; elle forme unliseré étroit ou un corridor très large.

Bois mort :Le bois mort d'origine anthropique ou naturellecomprend des troncs isolés, des branches, desarbres entiers ou des accumulations de débrisvégétaux de dimensions hétérogènes, façonnéespar les crues. L'embâcle de bois au sens strictdésigne un barrage obstruant le cours d'eau.

Au sein de la ripisylve, on peut distinguerdeux types de boisements :

le boisement de berge correspond aucouvert végétal situé près du lit mineur quiest fréquemment soumis aux crues et participedirectement à la qualité physique du milieuaquatique,

la forêt de plaine alluviale (ou "forêtalluviale") est un compartiment terrestre del'hydrosystème, localisé sur ses marges etcomposé de groupements végétaux multiples,dominés par des groupements arborés. Il estpossible d'observer, au sein de la forêt, deszones prairiales ou des bras secondaires duchenal.

Les forêts alluviales sont des écosystèmesforestiers et naturels liés à la présenced'une nappe phréatique peu profonde etinondés de façon régul ière ouexceptionnelle (Pautou, 1984). Leur existence,leur composition floristique et leur extensionspatiale sont dépendantes des écoulements

superficiels et phréatiques. C'est un ensemblequi peut être vaste et qui se subdivise en sous-systèmes écologiques souvent très spécifiquespar leurs caractères structuraux (compositionfloristique, organisation spatiale, ...), et leursexigences en eau et en substrat (granulométriedes sols, teneur en matière organique).

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La ripisylve est une forêt naturelle, riveraine d'un cours d'eau ou plusgénéralement d'un milieu humide (lacs, marais) ; elle peut correspondre àun liseré étroit comme à un corridor très large. Sa composition floristiqueet sa morphologie sont liées aux inondations plus ou moins fréquentes et/ouà la présence d'une nappe peu profonde. En bordure de cours d'eau, ondistinguera la forêt alluviale ou forêt de lit majeur et le boisement de berge,situé à proximité du lit mineur. Ces boisements de berge sont ceuxgénéralement gérés par les maîtres d'ouvrage dans le cadre des programmesd'entretien des rivières.

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L'abondance des lianes, la Clématite vigne blanche (Clématisvitalba), la Douce amère (Solanum dulcamara), le Houblon(Humulus lupulus), le Lierre (Hedera helix), … est uncaractère typique des ripisylves. Cette profusion reflètela grande richesse et l'humidité des sols et offrevisuellement une ambiance tropicale. Dans certainssecteurs très domestiqués, les espèces indigènes cèdentsouvent la place à des espèces favorisées ou introduiteset très compétitrices comme le Robinier (Robiniapseudoacacia) ou l'Ailante (Ailantus glandulosa).

Ces formations présentent une grande richesseet une originalité floristique, structurale etécologique (Carbiener, 1970). J. Girel, G. Pautou et A.Païs ont ainsi recensé près de 70 unités végétalesdifférentes sur 9 km de rivières lors du levé de la cartede la végétation de la basse plaine de l'Ain (Roux et al.,1986). Les communautés prairiales mésohygrophiles duHaut-Rhône peuvent regrouper jusqu'à 50 espèces (Pautouet Décamps, 1985 ; Pautou et al., 1985). Ces forêtsconstituent ainsi un réservoir génétique de premièreimportance (Scher et Scharzschild, 1989).

La diversité floristique des forêts alluvialesLes marges végétales des rivières de plaine alluvialeprésentent des successions végétales d'une grande diversité.Elles sont soumises à un rajeunissement périodique maistoujours partiel et abritent ainsi une mosaïque végétalecomposée d'unités aquatiques, semi-aquatiques etterrestres.

Les groupements pionniers à bois tendres sont dominéspar les Saules (Salix alba, Salix purpurea, Salix eleagnos, Salixviminalis, ...), Peupliers (Populus alba ou Populus nigra) etAulnes (Alnus glutinosa ou Alnus incana). Les stades pré-mâtures à bois durs sont dominés avant tout par le Frêne(Fraxinus excelsior ou Fraxinus angustifolia), celui-ci cédantsa place dans les plaines alluviales intra-alpines à desrésineux comme l'Epicéa (Picea abies) ou le Pin sylvestre(Pinus sylvestris). Le Chêne (Quercus robur, Q. pubescensou Q. ilex) apparaît dans les unités les plus évoluées.

Les marges de ces rivières abritent également des arbustesde sous-bois typiques d'unités déjà évoluées tels que leCamerisier à balais (Lonicera xilosteum), les Prunus, leCornouiller sanguin (Cornus sanguinea), le Troëne (Ligustrumvulgare), l'Aubépine monogyne (Crataegus monogyna), …

5DYNAMIQUE VEGETALEET COMPOSITION DES RIPISYLVESComposition floristiquedes boisements spontanés et naturelsLes ripisylves sont composées d'essences ligneusesà bois tendre, comme les saules, les peupliers,les aulnes, ou à bois dur comme le frêne, le pinsylvestre, les érables et les chênes, etc. La plupartde ces espèces ligneuses se rencontrent danstous les peuplements forestiers des bords decours d'eau et ne présentent pas de caractèresde rareté.

Sous climat méditerranéen, les corridors forestiersalimentés par une nappe à faible profondeur

forment des structures remarquables du paysage.Par ailleurs, dans les espaces alluviaux naturels,l'imbrication des nombreux stades de végétation,allant des stades pionniers aux stades les plusévolués, et la grande variété de milieux engendréepar celle-ci, constituent le caractère remarquabledes ripisylves. L’origine de cette diversitéécologique et les conditions de sa permanenceou de sa discontinuité sont des problèmescomplexes à étudier.

La dynamique végétale dans les ripisylves

Dans les larges corridors boisés des plainesalluviales, la dynamique d'érosion - sédimentationexplique l'existence d'une mosaïque degroupements de végétation d'âges divers ainsique l'interpénétration de la forêt alluviale et duchenal actif. Une telle dynamique naturelle estaussi caractéristique des cours d'eau de petitetaille qui peuvent divaguer mais sur un espaceplus limité.

La ripisylve est ainsi renouvelée et rajeunienaturellement grâce aux crues et aux phénomènesd'érosion et de transport qui exportent les débrisvégétaux vers l'aval. Pour s'exprimer, cesmécanismes naturels exigent toutefois que l'espace"tampon" susceptible d'être soumis à l'érosionsoit relativement large. Or la pression humainesur les terres riveraines ne le permet que troppeu souvent.

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Les processus d'évolution des ripisylves peuvent êtreenvisagés selon quatre points de vue :

1. selon leur natureLes phénomènes physiques concernent surtoutl’influence de l’eau. L’eau du chenal, en période decrue, balaie les litières, érode les sols et définit la zoneinondable. Les fluctuations de la nappe conditionnentla disponibilité en eau et l'aération des sols. L’eau agitdonc comme un facteur limitant écologique. Elle seratout à la fois un obstacle, un frein ou un élémentfavorable. Ces processus physiques sont incontrôlablesdans un chenal naturel ; ils pèsent de manièreimpérieuse sur l’occupation et la physionomie deszones basses.Les phénomènes chimiques et/ou biotiques sont liésà la nature et à l'évolution des sols : richesse enéléments nutritifs et pH conditionnent ledéveloppement de la végétation.

2. selon leur origineLes processus allogènes, ou externes au milieu lui-même, concernent surtout les dépôts ou reprisesd’alluvions récentes. Ils représentent une des entréesdu système de la vallée et réalisent avec les apportsde limons fins les conditions d’installation descommunautés pionnières.Les processus autogènes, ou internes au milieu lui-même, se réalisent par une évolution “sur place”. Ilsapparaissent dès que les groupements pionniers cèdentla place aux forêts de bois tendre (saulaies, aulnaies)avec les phénomènes de compétition entre espèceset l'enrichissement des sols.

3. selon leur réversibilitéLes phénomènes réversibles se rencontrent surtoutdans les zones basses, à haute énergie, où pèse lacontrainte de l’eau. Les déplacements du chenal, lasédimentation et l’érosion ne sont jamais définitivementétablis dans la zone de remaniement : tout peuplementn’y est que temporaire, toute situation n’y est queprovisoire.

Les processus régulant l'évolution des ripisylves

Les phénomènes irréversibles concernent les zonesmises hors d’eau avec une différenciation durable dessols et l'évolution quasi définitive de la végétation versles stades évolués à bois durs.

4. selon leur vitesseLes différents processus agissent simultanément dansl’ensemble de la vallée, mais chacun à son rythme propre.Ainsi opposera-t-on :

l’épisode violent mais bref comme la crue, qui déplacerale chenal, créera ou abandonnera un méandre.Davantage que les crues exceptionnelles, ce sont lescrues fréquentes qui jouent un rôle essentiel sur lamorphologie du lit et le "rajeunissement" des milieux,l’épisode discret mais persistant, comme l’installationde la chênaie, étendue sur plusieurs dizaines dedécennies et agissant en quelque sorte comme unbruit de fond.

Les modes d’exploitation des milieux alluviaux peuventlargement perturber ces processus naturels en modifiantles rapports qualitatifs et quantitatifs entre les espèceset la dynamique de colonisation des "trouées". Laconstruction d’infrastructures (routes, voies de cheminde fer, digues, barrages, terrains de camping et/ou degolf, urbanisation, …) influence aussi, de façon brutale etdurable, les évolutions naturelles. Les recherches actuellessur les processus de succession végétale portent sur lacompréhension de ces effets, afin de donner auxgestionnaires des outils pour la gestion globale desterritoires alluviaux.

La structure du paysage riverain est en effet unbon indicateur, sur des pas de temps de quelquesdécennies, pour mettre en évidence lesdysfonctionnements du cours d'eau. Sacompréhension est également indispensable pourmettre en place des plans de gestion préservantla richesse et la diversité naturelle des milieuxalluviaux.

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Sur une rivière qui dispose d'un espace de liberté suffisant et dont le débitn'est pas régulé, la ripisylve ne nécessite aucune intervention particulièrepour se maintenir ou se développer.

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nappe

u.f.1. u.f.2. u.f.3. u.f.4. u.f.5.

groupements pionniers groupements à bois tendre

stade climacique : stade ultimede la végétation indépendantdu cours d'eau.

succession végétale (u.f.1 à u.f.5)

groupements à bois dur

processusinternes :- différenciation des sols- compétition entre

espèces végétales

u.f. : unité fonctionnelle

processusexternes :crues

inondation etérosion de surface

inondation et érosion de berge inondation

évolution réversible(plusieurs décennies)

évolution irréversible(plusieurs siècles)

Le schéma ci-dessus résume les différentsprocessus mis en jeu et leurs interactions dansl’espace et dans le temps. La mosaïque riveraineest composée d'une multitude d'unitésfonctionnelles (aulnaie, peupleraie, cariçaie, ...)de différents âges. Chacune d'elles s'inscrit dansune succession végétale.

Si l'on prend l'exemple d'un banc de galets avecdes groupements pionniers à graminées, unitéprimitive d'une succession végétale (UF1), celui-ci est progressivement colonisé par une saulaiearbustive (UF2), une saulaie-peupleraie noire(UF3) puis une peupleraie blanche (UF4), etc. Lecortège floristique se modifie en même tempsque le milieu (accroissement de l'épaisseur deslimons de débordement, abaissement relatif du

toit de la nappe phréatique). Les stades de cettesuccession écologique peuvent être soumis à desrégressions (UF3=>UF1) en raison desphénomènes d'érosion qui peuvent affecter l'unité :érosion de surface durant les périodesd'inondation ou érosion de berge conduisant àla destruction totale de l'unité.

Généralement, les actions humaines en matièred'entretien touchent prioritairement le cortègefloristique et non son support physique. Ellespeuvent ainsi favoriser la régénération de telleou telle espèce et modifier la composition desgroupements végétaux. L'essartage (déboisementtotal avec suppression des souches et "griffage"des sols) constitue lui, un mode d'entretienparticulier en déclenchant artificiellement unenouvelle succession végétale (UF1=>UFn).

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La ripisylve peu étendue dans cette zone de gorges est essentiellementconstituée de massifs de saules arbustifs, d'aulnes et de peupliers, sedéveloppant en priorité près de l'eau. Les peuplements forestiersriverains visibles sur cette photographie (juin 1996), et qui avaienttotalement disparu après la forte crue de 1981 (Q100 ≈ 2000 m3/s),se sont reconstitués spontanément et rapidement depuis (Boyer, 1997).

Cette deuxième photographie est prise peu de temps après la première(février 1997) et juste après une nouvelle crue (Q40 ≈ 1400 m3/s).Les hauteurs d'eau comme les vitesses ont été très importantes etbeaucoup d'arbres ont été arrachés. Les sols une nouvelle fois décapés,ne peuvent se différencier et forment des substrats neufs, pauvres ettrès filtrants, où la végétation pionnière va de nouveau s'installer. Onobserve également que la strate basse ou arbustive a beaucoup mieuxrésisté aux forces d'arrachement que la strate arborée haute.

Les successions végétales dans les boisements alluviaux

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Implantation "discrète" de la Renouée du Japon.Sur cette rivière de Franche Comté, la Renouée du Japon est apparuedepuis moins de 10 ans. La colonisation du cours d'eau a démarré enaval de ce site et sur un affluent dont le lit a été profondément remaniésur un secteur d'environ 1 km.

Le problème des espèces envahissantes

De telles espèces prennent un caractèreenvahissant dès lors qu’elles sont :

à caractère colonisateur ou pionnier,à croissance rapide et fort taux de germination,à mode de reproduction basé sur une puissanteémission de graines à grand pouvoir dedispersion et/ou une forte capacité à semultiplier de façon végétative,souvent émettrices de substances toxiques.

Certains milieux sont plus sensibles que d’autresaux invasions, tels les milieux fortement perturbés.Du fait de la dynamique fluviale, les réseauxhydrographiques sont des cibles privilégiées desinvasions. Les foyers de propagation sont toujourslocalisés sur des sites remaniés tels que lesremblais, les décharges ou les enrochements etdémontrent que les activités humaines, ou lesaménagements, jouent un rôle prépondérant dans

la propagation des espèces envahissantes le longdes rivières. Le débroussaillage des berges ou lestravaux d'entretien des boisements de rive peuventégalement favoriser leur propagation.

Les espèces envahissantes les plus agressives ou"dominantes" sont (Planty-Tabacchi, 1993) : lesJussies (Ludwigia sp.), l’Elodée du Canada (Elodeacanadensis), le Myriophile brésilien (Myriophylumbrasiliense), le Chiendent des eaux (Paspalumpaspaloides), le faux Indigo (Amorpha fructicosa), leBuddleia (Buddleia sp.), l'Impatience géante(Impatiens glandulifera), l’Erable negundo (Acernegundo), le Robinier (Robinia pseudo-acacia), laRenouée du Japon (Polygonum ou Reynoutria sp.),les Lampourdes (Xanthium sp.), l'Ambroisie(Ambrosia) fortement allergène, les Solidages(Solidago sp.), les Onagres (Oenothera sp.).

Certaines espèces exotiques, introduites volontairement ou accidentellement,ont la faculté de se multiplier au détriment des espèces indigènes, notammentdans les espaces remaniés par les activités humaines. Elles conduisentrapidement à une banalisation floristique des berges. Elles sont peu efficacespour le maintien des berges et ne peuvent assurer les nombreux rôles positifsdes peuplements végétaux naturels (épuration, ombrage, abris pour la faune,valorisation du paysage, ...).

Le phénomène d'invasion des rivières par desespèces exotiques a pris depuis quelques annéesune ampleur très importante et peut être

considéré comme un élément modifiantdurablement les paysages ripicoles et limitant ladiversité biologique des rives.

L’élimination totale des plantes envahissantes exotiques est aujourd'huitotalement illusoire. Il est donc préférable de composer avec leur présenceet de prendre des mesures préventives pour éviter leur propagation le longdes rivières, avant d'engager des programmes de lutte longs et coûteux.

Invasion de la Renouée du Japon.Sur ce cours d'eau urbain et très artificialisé de Rhône-Alpes, la Renouéedu Japon a trouvé les conditions idéales à son installation et recouvremaintenant les berges sur plusieurs kilomètres.

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Le premier moyen de lutte et le plus efficacepour éviter la propagation des Renouées asiatiquessur les rivières est de conserver les boisementsriverains naturels et de limiter l'artificialisationdes berges et du lit. Une fois ces plantes installées,leur éradication paraît à l'heure actuelleimpossible par des traitements chimiques oumécaniques.

Plusieurs types de traitements ont été essayés :les traitements chimiques nécessitent une grandeprudence. En effet, la seule matière active efficacedes marques commerciales actuellement homologuéespour le traitement des berges est le glyphosate quimanque totalement de sélectivité et peut détruire laflore locale indigène. De plus, la pulvérisation répétéede produits chimiques sur de grands linéaires deberges soulève de nombreuses interrogations àpropos des impacts sur la vie aquatique et pourlesquelles il est aujourd'hui difficile de répondre,le recours au traitement mécanique par des fauchesrépétées nécessite de longues années d'applicationspour être efficace. Le principe de ce traitement estd'épuiser progressivement les réserves souterrainesde la plante et d'éviter la montée en graines. Combinéavec une revégétalisation du site par des espèces

concurrentes, ce traitement peut permettre de recréerun couvert végétal plus naturel. Il nécessite cependantune grande prudence de mise en œuvre pour ne pasfavoriser la propagation de la plante à partir des tigescoupées. Les traitements mécaniques seront d'autrepart plus efficaces au niveau des tronçons de rivièrepeu artificialisés alors qu'ils seront beaucoup plusdifficiles sur les autres, car les conditions favorablesau développement de cette plante restenttoujours présentes. Le pâturage des berges par dubétail peut remplacer les fauches mécaniques.

D'autres essais de lutte ont été conduits mais n'ont pasdonné de résultats positifs : arrachage des rhizomes,couverture du sol par un géotextile, essais de dévitalisationdes rhizomes par des traitements individuels, … Desrecherches sont également en cours pour utiliser la luttebiologique.

Pour engager un programme de lutte contre ces plantes,une surveillance continue de l'évolution des berges descours d'eau est indispensable. Cartographier les sitesd'implantation de ces plantes, mettre au point unprogramme de lutte, engager puis suivre ce programmeet ses effets, nécessite de longues années et la présenceconstante d'un technicien.

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Depuis plusieurs années, cette plante a suscité une fortemobilisation des différents gestionnaires des espacespublics. Elle est donc un bon exemple pour montrer lesperspectives et les limites de la lutte contre les espècesexotiques envahissantes. La Renouée du Japon (Reynoutriajaponica Houtt.; Polygonum cuspidatum, Siebold et Zucc.)est une plante herbacée pérenne originaire d'Asie etappartenant au genre appelé Reynoutria ou Fallopia(anciennement Polygonum). Ce genre comprend quelquesespèces autochtones européennes mais surtout deuxespèces géantes exotiques, R. japonica et R. sachalinensis.

Les principales caractéristiques biologiques de la Renouéedu Japon sont les suivantes (Schnitzler, 1997) :

présence de rhizomes (tiges souterraines) pouvantvivre de longues années et à partir desquels la plantese développe très tôt en saison (supplantant ainsi lesautres) et se multiplie (la dissémination de la Renouéeest souvent due au transport de ses rhizomes lorsdes travaux de terrassements ; des fragments derhizomes ou de tiges aériennes sont en effet suffisantspour régénérer des massifs entiers),unité structurale des massifs (toutes les tiges d'unmassif sont interconnectées par les systèmesracinaires),feuillage abondant produisant un fort ombrage au solet une grande quantité de litière, qui élimine lavégétation concurrente,gigantisme des individus aussi bien au niveau dessystèmes aériens que souterrains, qui peuvent s'étendresur plusieurs mètres de profondeur,prolongation de la période de croissance par ledécalage de la floraison et de la fructification en find'été,

floraison très attractive pour les insectes du fait deson caractère tardif (fin août-septembre) et grandeproduction de graines (plusieurs milliers sur une mêmetige),production de substances toxiques provoquant desnécroses sur les plantes concurrentes,réparation rapide des dommages physiques à partirdes réserves souterraines.

Ces stratégies de croissance et de reproduction confèrentà ces plantes une grande capacité d'adaptation et decolonisation, qui, conjuguées à l'absence de prédateursou de concurrents directs en France, expliquent leurcaractère envahissant. Elles se développent plusparticulièrement dans les milieux perturbés offrant unerésistance moindre à l'envahissement. L'artificialisationdu lit et des berges et la disparition des ripisylvesexpliquent très souvent l'apparition de cette plantesur les rivières (les Renouées s'installent souvent enpremier lieu sur les enrochements).

Les premiers individus ont été introduits en France, il ya une cinquantaine d'années, comme plantes ornementales.La Renouée du Japon est aujourd'hui très implantée surles rivières des régions du nord-est et sud-ouest :Champagne-Ardenne, Alsace-Lorraine, Franche-Comté,Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon. Safréquence plus rare en montagne est vraisemblablementdue à sa grande sensibilité au gel (limite altitudinaled'environ 1400 m) et son absence des zonesméditerranéennes est due aux étés trop secs. Les solscalcaires ou trop longtemps engorgés lui sont égalementpeu favorables.

Les moyens de lutte

Un exemple : la Renouée du Japon

Caractéristiques écologiques

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eaux chargées en matières en suspension

dépôts de sédiment organique et minéral

bois mort

A

B

C

D

E

embâcle de bois initial colmaté par les matièresen suspension.

engraissement de l'embâcle initial par de nouveauxapports de bois provoquant l'inondation desmilieux riverains et l'exhaussement du chenal.

élargissement et approfondissement des annexesfluviales, mort des espèces de bois durs et essordes espèces de bois tendre, alluvionnement enzone riveraine.

rupture de l'embâcle à la suite d'une crue.

reconstitution par érosion latérale et verticaled'un nouveau chenal.

A :

B :

C :

D :

E :

10 Evolution historique de la ripisylve

Données concernant le paysage originel des cours d'eaudu climat tempéré

La référence historique constitue une sourcetrès riche de données pour comprendre le rôledes activités humaines et la part de l'évolutionnaturelle sur les changements observés dans lespaysages de rivière. L'un des impacts les plusmarquants du développement des sociétésoccidentales a, par exemple, été la sévèreréduction de la quantité de bois mort présent à

la fois sur les sols forestiers et dans les milieuxfluviaux associés. En Europe, les paysagestotalement naturels ont disparu depuis troplongtemps pour être connus précisémentaujourd'hui. Mais ils peuvent être étudiés à partirdes données historiques disponibles sur d'autrescontinents.

Les cours d'eau du nord-ouest des Etats-Unis :une référence de l'état naturel

Les rivières de petite et moyenne taille du nord-ouestdes Etats-Unis ont un fonctionnement qui a été peualtéré jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Les pionniers quiont mis en valeur le bassin de la Columbia ont laissé desarchives écrites qui sont aujourd'hui une source

inestimable permettant de comprendre quel était lefonctionnement originel des cours d'eau du climattempéré. Ce fonctionnement ne peut pas être appréciéavec autant de finesse en Europe, du fait de l'anciennetédes activités humaines sur les cours d'eau.

Diagramme schématique décrivant les changementsgéomorphologiques affectant la Red River à la suitede la formation et de la destruction naturelles d'unembâcle de bois (d'après Triska, 1984).

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11Les rivières de haute énergie, tout comme les rivièresde plaine, qu'elles s'écoulent sur des alluvions ou qu'ellessoient contrôlées par des affleurements du substratum,étaient caractérisées par de grosses accumulationsde bois (Sedell et Luchessa, 1982). Ces mêmes auteursont recensé dans les archives au moins 27 rivières desétats d'Orégon et de Washington dont le lit au XIXesiècle était totalement bloqué par des embâclessur tout ou partie de leur linéaire.

Les descriptions les plus anciennes des rivières du nord-ouest américain, réalisées par les armées britanniques etdes Etats-Unis, font état de vallées si marécageuses queles convois suivaient le bord des versants. Voyager surles interfluves et non dans les talwegs était une pratiquecommune.

Ces paysages originels ont disparu au milieu du XIXesiècle avec l'essor de l'industrie forestière lié audéveloppement des voies de chemin de fer et de l'activitéminière en Californie dans les années 1860 (Sedell etLuchessa, 1982). Dans le nord-ouest des Etats-Unis, ledéveloppement de l'activité forestière dépendant de laprésence de voie d'acheminement, la plupart des coursd'eau ont été nettoyés pour permettre le flottage desbois. En 1883, un journal du Comté de Columbia (Orégon)annonce ainsi que tous les cours d'eau de taille moyenneont été nettoyés afin de permettre au bois de transiterpar la voie d'eau au moment des crues.

Dans les grandes rivières de plaine, le rôle écologiquedes embâcles de bois est encore peu connu dans lamesure où ils ont été systématiquement enlevés depuisplus d'un siècle à cause des gênes qu'il causait à lanavigation. Triska (1984) démontre néanmoins que le boismort était fortement présent dans les grandes rivièresaméricaines avant la colonisation européenne. Ilconstituait un agent de transformation du lit de

grands cours d'eau (tels que la Red River en Louisiane)et de leurs marges en créant des lacs (voir le schémaci-contre).

Son travail repose sur des archives datant de la période1827-1920 (Paxton, 1829 ; Long 1841 ; Abert, 1845 etWoodruff, 1873). La Red River est le principal affluentméridional du Mississippi (1200 km de long, 236000 km2

de bassin versant, débit moyen instantané de 705 m3/s,largeur moyenne actuelle 215-365 m). Le secteur de"Great Raft" s'étendait sur près de 400 km. Il s'agissaitd'un tronçon de la rivière caractérisé par une très forteconcentration d'embâcles de bois flottés. Le plus grandbarrage s'étendait en continu sur près de 225 kmde long ; la longueur maximale des fûtsstructurants l'ouvrage atteignait 30 à 36 mpour un diamètre maximal de 1,75 m.

Sedell et Froggatt (1984) ont également montré que laWillamette River (474 km de long, 29138 km2 de bassinversant, 108 m de largeur, module de 348 m3/s), un affluentde la Columbia, était également une rivière fortementobstruée au XIXe siècle par des bois flottés. L'enlèvementdes embâcles par le corps des ingénieurs de l'armée desEtats-Unis ne commença pas avant 1868. Les trappeursdes années 1820 et les naturalistes de la fin du XIXesiècle ont ainsi décrit avec précision les paysages de fondde vallée. A cette époque, la rivière avait une plained'inondation très large (1,6 à 3,2 km) etentièrement boisée. Chaque année de nouveauxchenaux s'ouvraient alors que des anciens étaientobstrués par des embâcles de bois. Un rapport dusecrétariat à la guerre note en 1875 que la rivière avaitde multiples lits, tous étant obstrués par des embâcles"trop nombreux pour être comptés". Les arbrescouchés en berge étaient tout aussi abondants(un tous les 1,6 m de berge contre un tous les300-400 m aujourd'hui).

Le développement récent des ripisylves

La ripisylve, révélatrice des pratiques socioculturelles du monde rural

Les ripisylves sont des formations végétalesrécentes en France. On enregistre en effet depuisle début du siècle un reboisement des lits mineurset majeurs, non seulement des grands cours d'eaufrançais (Rhône, Loire) et de leurs principauxaffluents (Allier, Ain, Drôme, ...), mais égalementdes cours d'eau de taille plus modeste. Au débutdu siècle, les boisements étaient très exploités,souvent peu denses, voire clairsemés etgénéralement très peu larges. Les cultures oules prés venaient communément jusqu'au borddu cours d'eau.

Mais cette situation traduisait alors plus le soucid'exploiter au maximum les terres dans uneFrance encore très rurale jusqu'à la secondeguerre mondiale, que celui d'entretenir les coursd'eau. La rivière était d'ailleurs une ressourceessentielle pour la population : elle servait àl'alimentation de nombreux moulins ou scieries,

à l'irrigation et l'amendement des prés, à lafourniture de bois de chauffage, à la pêche, aubétail, etc. Tous ces besoins contribuaient àl'exploitation régulière des boisements riverainset à la limitation de leur extension latérale. Maisl'exode rural va provoquer peu à peu l'abandonde ces pratiques et l'extension et la densificationdes boisements riverains. Le bois dans les rivièresapparaît donc comme un élément nouveau dupaysage.

La situation actuelle résultant de cet abandonde l'exploitation des rives n'est cependant pastoujours aussi préoccupante que l'image qui enest souvent donnée. Ces espaces riverainssont en effet rarement totalementabandonnés et le développement desripisylves constitue bien souvent unbénéfice pour le fonctionnement natureldu cours d'eau.

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Le même cours d'eau dans les Bauges (Savoie) en avril 1910 et avril 1998.

La même vallée dans les Bauges (Savoie) en 1933 et 1998.

En montagne, les activités traditionnelles et la vie en autarcie d'unepopulation rurale nettement plus importante qu'aujourd'hui, concouraientà limiter l'extension des espaces boisés sur les versants ou le long descours d'eau. Sur le secteur du haut, le cours d'eau alimentait ainsitrois moulins successifs. Sur celui du bas, les prairies descendaientjusqu'au bord du torrent et les alpages occupaient une grande partiedes sommets et des versants. En 1875, on dénombrait en Savoie pasmoins de 804 moulins à meules ; il en restait en 1968, seulement 60(Source : Amis des Moulins Savoyards). L'eau était utilisée pour irriguerles prés et les cultures et remplacer la force animale (scierie, moulin,battoir).

La régression des espaces boisés en montagne a été considérée, il ya un siècle, comme l'élément essentiel à l'origine des crues dévastatricessubies en aval. Après la forte crue de 1899, un projet de périmètrede restauration des terrains en montagne incluant les deux cours d'eauci-dessus avait donc été proposé. Il prévoyait de reboiser tous les vallonsdu bassin versant (387 ha). Bien que ce projet n'ait pas été réalisé,ce reboisement s'est produit en grande partie spontanément à la suitede l'exode rural (Boyer, 1998).

La ripisylve, indicatrice des modifications du fonctionnementphysique des cours d'eau

Parallèlement à l'évolution du monde rural, ledéveloppement de la ripisylve peut égalementêtre mis en relation étroite, sur certains bassinsversants aménagés, avec la suppression des cruesles plus fréquentes et/ou la réduction du transportsolide grossier. Ces petites crues assurent eneffet le rajeunissement périodique de la végétationet le maintien de la capacité du chenald'écoulement. Leur suppression permet doncune explosion végétale souvent spectaculaire etqui nécessite d'être contenue artificiellement

(essartement, pâturage, …). La réduction dudébit solide, bloqué au niveau des ouvrages, agitde manière voisine en provoquant l'enfoncementdu lit des rivières et en réduisant la fréquencedes débordements.

De manière plus générale, les transformationsmorphodynamiques, d'origine naturelle ou non,se traduisent par des changements rapides auniveau de la végétation riveraine.

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Le lit de la Chasse vers 1905 et en 1996 (même endroit)

La situation dans le bassin du Rhône

Alors que les ripisylves occupaient originellement lesmarges des rivières du climat tempéré, rares sont cellesqui existent encore au XVIIIe siècle en Europe. C’estainsi que le cadastre napoléonien révèle que les litsmajeurs de l’Ardèche et de l’Ouvèze étaient labourésjusqu’aux abords du lit mineur dans la première moitiédu XIXe siècle (Piégay, 1995). Si tous les systèmes fluviauxenregistrent un reboisement de leurs marges au coursde l’époque contemporaine, la chronologie de cetteévolution et ses causes diffèrent cependant d’un systèmeà l’autre.

Trois grands ensembles se distinguent : les cours d’eaudes plaines intra-alpines, les cours d’eau de piémont, lestronçons de rivière localisés à l'aval de barrages.

1. Les premiers présentent une recolonisation végétaleprécoce. En 1733, l’espace riverain du Giffre, actuellementoccupé par la forêt, est déjà semi-naturel ; il est représentésur la Mappe sarde comme une lande arbustive, uneformation relativement ouverte. C’est en fait la politiqueconduite par les Sardes au XVIIIe siècle et qui imposaitle maintien d’arbres en berges dans le but de limiter ladivagation du lit, puis la politique forestière française dela fin du XIXe siècle qui permirent le développement dece corridor boisé précoce et original à l’échelle de laFrance.

2. Les cours d’eau de piémont n’ont enregistré unerecolonisation végétale de leur lit majeur qu’après 1945.Tel est le cas de l’Ain, de l’Ardèche, de l’Ouvèze, duRoubion ou encore de la Drôme et du Vidourle. Cettetendance régionale pourrait être liée aux transformationsqui ont touché le monde rural au cours des trenteGlorieuses. L’agriculture qui associait traditionnellementculture et élevage et qui s’étendait sur l’ensemble desterroirs, y compris les moins productifs, comme les margesfluviales soumises à de fréquentes inondations, se spécialiseet se reconcentre sur les meilleures terres. Parallèlement,le bois de chauffe est progressivement abandonné en tantque combustible domestique au profit du fuel. Ces deuxévolutions synchrones expliquent l’abandon de ces margespar l’homme et leur évolution spontanée vers la forêt.

La colonisation végétale ne touche pas seulement le litmajeur. Elle est également observée dans le lit mineur detoutes les rivières étudiées. Deux principales raisons, leplus souvent indissociables, expliquent ce phénomène :

i) le boisement du lit majeur observé sur les rivières depiémont s’est propagé en lit mineur. Les arbres qui sedéveloppent sur les marges du chenal influencent sagéométrie et modifient notamment la rugosité des berges,facilitant ainsi l’installation de jeunes arbres dans la bandeactive. Un tel ajustement des structures biologiques aux

Entre ces deux époques, la confluence de la Chasse et du Verdon s'estdéplacée, puis lors de la forte crue de 1994, le Verdon a entaillé lecône de déjection de la Chasse (ces deux observations permettentd'expliquer l'enfoncement de son lit). La Chasse, qui, elle, n'a pas connu

de très forte crue depuis 1926, a vu son lit se reboiser et se rétrécir(Koulinski et al, 1997). On peut également noter une régression desprairies et des cultures sur le bassin versant au profit de la forêt(spontanée ou issue des travaux RTM du début du siècle).

La confluence Chasse-Verdon vers 1930 et en 1996.

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Les successions végétales en Basse et Moyenne Durance

100 à 150 ans

40 ans

10 ans

1 à 5 ans

Chênaie mixte

Peupleraie noire

Aulnaie-Peupleraie noire

Saulaie-Peupleraie noire

Bidenttrifolié

Piedde Coq

Lampourde

Cannede Ravenne

Cannede Provence

Argousier

Tamaris

Mélilotblanc

Renouéepersicaire

Saule pourpre

Peuplier noir(stade arbustif)

Achefaux-cresson

Cressonde fontaine

Roselièreà massettes

Roselière à roseaux

Jonçaie

Scirpaie

Zones à charas,potamots, élodées,

spirogyre

Peupleraie blanche

Fourrés à ronces, cornouiller, aubépine…Pelouse à brachypode

Bancs de limondominants

Bancs de sabledominants

Eaux courantesvives

Eauxstagnantes

Eaux courantescalmes

Bancs de galetsdominants

14 nouvelles contraintes hydrauliques s’arrête néanmoins aumoment où un nouvel équilibre forêt - chenal est trouvé,

ii) la végétalisation peut s’expliquer par une modificationnaturelle du régime hydrologique à l’échelle de plusieursdécennies, voire d’un siècle. La colonisation arborée dulit majeur de l’Ubaye date ainsi des années 1910-1920,soit 30 à 40 ans seulement après le début du reboisementvolontaire du bassin versant par les services RTM. Lavégétalisation de la Drôme est postérieure mais pourraitcorrespondre à une réduction : i) des pics de crue après1925 ii) de la charge de fond à la suite du reboisementvolontaire d’une partie du bassin et de la construction deplusieurs milliers de petits barrages sur les affluents lesplus actifs.

3. L'aménagement des cours d'eau pour la productionhydroélectrique ou pour la fourniture d'eau à usage agricole

et urbain a sévèrement modifié l'hydrologie de certainesrivières à fond caillouteux ainsi que le transport de lacharge de fond. C'est le cas, par exemple, des vieux Rhônedepuis 1953 (date de mise en service de Donzère-Mondragon) et de la Durance court-circuitée depuis laréalisation du réservoir de Serre-Ponçon et du canal deProvence en 1959. La réduction du périmètre mouilléfavorise le développement des ligneux pendant la périodevégétative et la réduction du transport solide diminue lescontraintes exercées sur la végétation en place. Il enrésulterait un envahissement complet du lit vif si lescahiers des charges de la Compagnie nationale du Rhôneet d'E.D.F. ne prévoyaient un essartage régulier. Lestronçons de cours d'eau où cette politique n'est pas miseen œuvre, comme à l'aval des réservoirs du Drac entrele réservoir de Saint-Georges-de-Commiers et le confluentde la Romanche, donnent une image de ce que peuventêtre les lits fluviaux soumis à la dynamique végétale.

La Durance en aval de Serre-Ponçon : un exemple de transformation rapidedes milieux alluviaux et de l'évolution des groupements végétaux

Le régime hydrologique de la Durance a été profondémentmodifié à partir des années 60 (mise en service dubarrage de Serre-Ponçon) et des aménagements pourla production électrique et l'irrigation de la Provence.Le débit moyen annuel était d'environ 180 m3/s avecdes étiages sévères de 30 à 40 m3/s ; le débit régulé leplus fréquent est aujourd'hui de quelques m3/s seulement.La suppression des petites crues, la rétention du transportsolide au niveau des barrages, l'enfoncement du lit surcertains secteurs ont complètement modifié lessuccessions végétales et provoqué une forte progressiondes groupements arborés. Actuellement, une vingtainede groupements ont été identifiés par les botanistes et

plus de 50 espèces remarquables ont été recensées dansl'espace alluvial de la Durance. Le schéma des successionsvégétales actuelles est présenté ci-après (S. Caux dubureau d'études Césame, comm. pers. ; Gallois-Montbrun,1983).La proportion relative des différents groupements s'estmodifiée avec une progression de ceux situés dans lehaut de la succession au détriment des autres. Cesmodifications des structures végétales ont eu desrépercussions nombreuses et complexes sur la fauneinféodée à ces différents milieux et sur l'écoulement deseaux (actuellement, le lit doit être essarté régulièrementpour maintenir la capacité d'écoulement des crues).

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15Les paysages riverains sont extrêmement variables et cela à des pas de tempstrès courts (quelques décennies). Ces changements sont par conséquent trèssensibles pour la population qui vit près des cours d'eau. La végétalisation dulit des rivières, communément perçue comme un facteur aggravant des crues,alors qu'au début du siècle elle a été fortement recherchée, est souvent uneconséquence normale et naturelle de l'évolution des pratiques humaines etdu fonctionnement physique des cours d'eau.

Du fait des faibles pressions anthropiques exercées sur cette rivière,de vastes étendues prairiales, des chênaies séculaires inondables etdes ripisylves denses et multistratifiées se sont développées. Toute ladiversité des strates et des espèces est présente ici (certains auteursn’hésitent pas à comparer ces zones à des systèmes tropicaux) et larichesse spécifique est exceptionnelle. Eric Tabacchi (1992) a dénombréplus de 700 espèces (soit environ le cinquième de la flore française)dans un tronçon de 2 km de cours d’eau (100 ha).

Dans cette vallée, les activités agricoles laissent peu de place à laripisylve. La diversité biologique est faible (15 espèces banales sur3,5 km de rive). Les replantations se font essentiellement en peuplierhybride de sorte que même le peuplier noir, indigène de ces grandesvallées alluviales, est quasiment inexistant ou très abâtardi par lescroisements génétiques avec ces cultivars. Le système racinaire deces peupliers n'est pas adapté au maintien des berges, qui se trouventrapidement érodées. Mais à la suite de crues dévastatrices entraînantde gros dégâts dans les terroirs agricoles, une prise de conscience esten train de s’opérer dans la plupart des grandes vallées alluviales.De plus en plus d’agriculteurs cherchent ainsi à réhabiliter les ripisylves.

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+

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niveau d'anthropisation +

+

--

espace disponible au sein duquelles connexions sont assurées(inondations, érosion, nappe haute)

valeur patrimonialede la ripisylve

espace alluvial naturel, souvent anciennement exploité et peu boisé, aujourd'hui"à l'abandon" - forêt alluviale récente (forte connexion)espace alluvial occupé par l'agriculture - ripisylve réduite à des liserés d'arbresespace alluvial occupé par des plantations de peupliers hybrides - ripisylve trèsréduite, voire inexistantetorrent de montagne naturel - développement des aulnaies (forte connexion)lit peu divagant et rives occupées par l'agriculture - boisement de bergesanciennement exploité et aujourd'hui souvent "à l'abandon" (boisement vers unnouvel équilibre)lit endigué et rives occupées par l'agriculture - boisement de berge déconnectéde la nappe sur les résidus de curageberges fixées et artficialisées et rives urbanisées ou occupées par l'agriculture -disparition de la ripisylve

5

67

3

2

4

1

16 L'intérêt patrimonial des ripisylvesPar les nombreuses fonctions écologiques, socialeset économiques qu'elles peuvent jouer, lesripisylves présentent un intérêt patrimonial certainpour la collectivité. Cette valeur patrimoniale,maximale quand ces différentes fonctions peuventêtre assurées, dépend de deux caractéristiquesessentielles :

i) l'espace potentiel sur lequel une ripisylveest susceptible de se développer,

ii) le niveau d'anthropisation du cours d'eau.

Le premier facteur est étroitement dépendantde la morphologie de la vallée et s'exprime àtravers le degré de connexion liant les milieuxriverains aux milieux aquatiques (cf. figure ci-dessous) : la connexion est maximale lorsque laripisylve est développée dans une plained'inondation. Elle se réduit d'autant plus que lecontact terre-eau s'amenuise (berges de plus en

plus hautes marquant le contact entre le litmouillé et un niveau de terrasse ou le versantde la vallée, accroissement de la distance séparantle toit de la nappe phréatique des systèmesracinaires, réduction de la fréquence desinondations).

Le second facteur contribue à modifier les typesde ripisylves que l'on observe dans les plainesd'inondations. L'homme contrôle l'extensionspatiale des corridors : il peut les détruiretotalement ou permettre au contraire unerenaturation par abandon des terrains riverains.Il peut également modifier sa compositionfloristique au point de privilégier des peuplementsmonospécifiques cultivés. Les boisements deberge ne sont pas moins soumis à l'actionhumaine. Les espèces présentes ont souvent étéfavorisées par l'homme, soit pour alimenter lebétail ou le bois de chauffe (ex : frêne), soit pouralimenter la filière bois (ex : ligne de peupliers).

Caractérisation des ripisylves en fonction de leur degré deconnexion au cours d'eau et de leur extension spatiale

1 :

2 :3 :

4 :5 :

6 :

7 :

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Des effets variables en fonction des conditions d’écoulement

Les effets des embâcles de bois sur l'écoulementdes crues dépendent de nombreux paramètreshydrauliques et topographiques.

Ils varient d'abord avec l'importance de la crue ;un exhaussement important pour une petite cruepourra, par exemple, être nul pour une crue plusimportante, où l'embâcle sera noyé.

Les répercussions du bois sur les crues dépendentégalement des hauteurs d'eau et des vitesses, desdimensions du cours d'eau, du nombre, de la tailleet la disposition des barrages de bois.Généralement, les barrages de bois augmententla rugosité du lit des rivières et donc freinentl'écoulement des eaux, provoquent unesurélévation du niveau d'eau en amont et parfoisdes débordements plus tôt pendant la crue ouplus fréquents dans l'année. Ils créent égalementdes turbulences qui peuvent être à l'origine desérosions de berge.

Enfin, un barrage de bois peut parfois, en serompant brutalement au cours d'une crue,augmenter le débit de pointe en aval.

Des impacts positifs ou négatifs selon le contexte

Plutôt qu'un enlèvement systématique, la gestionhydraulique du bois doit donc préconiser desniveaux d'intervention variables selon lavulnérabilité des différents secteurs :

l 'aval lointain peut bénéficier duralentissement des eaux dans des tronçonstrès encombrés situés en amont,l'amont lointain est indifférent à la présencedes barrages de bois dont l'impact sur la ligned'eau s'amortit rapidement,à l'amont et à l'aval immédiats, lesouvrages, ou les terrains vulnérables du faitde leur occupation, subissent les principauxeffets négatifs avec l'augmentation possibledes hauteurs d'eau ou des vitesses.

Pour la gestion hydraulique du bois, la prise encompte de l'origine des corps flottants et de leurmobilité vient compléter l'évaluation de lavulnérabilité.

Mais ce phénomène de rupture d'embâcle,s'il est souvent évoqué, n'a généralementque des effets très localisés et insuffisantspour modifier les débits de pointe au-delàde quelques dizaines ou centaines demètres. En effet, le volume stocké derrièrel'embâcle est souvent faible par rapport au débitde la crue.

De nombreuses nuances en fonction du type derivières doivent être apportées à ces donnéesgénérales. Ainsi sur les petites rivières,l'obstruction du lit pourra être totale, car le boisse déplace très peu, alors que sur des rivièresplus importantes, les crues peuvent réorienter,déplacer et redistribuer dans le chenal ou sur lesberges, les arbres arrachés. Lorsque ces mêmespetits cours d'eau présentent de forte pente, lebois peut d'ailleurs jouer un rôle important destabilisation du profil en long en formant despetits barrages naturels en marches d'escaliertrès stables. Enfin, dans les torrents ou les rivièresà fort transport solide, les effets du bois sontsouvent masqués par les effets dominants dedépôts et reprises des alluvions grossiers.

Les impacts les plus dommageables du bois sontsitués au niveau des ouvrages (pont, barrage, seuil)ou des sections canalisées et étroites, car lesarbres arrachés par la crue peuvent provoquerleur obstruction et leur dégradation partielles outotales, ou des débordements aggravés. Les travauxd'entretien peuvent alors limiter ces risquesd'embâcles en réalisant de manière préventivedes abattages ou des enlèvements de bois dansles rivières.

Mais le bois peut aussi avoir des effets positifsintéressants pour la régulation des crues :

l'encombrement du cours d'eau favorise larétention des flottants et des alluvions,une grande quantité d'embâcles répartis surun long tronçon peut ralentir l'onde de crueen augmentant de manière significative lesdébordements et concourir ainsi à ladiminution des débits de pointe en aval.

17ROLES DE LA RIPISYLVE ET DU BOIS MORTEffets sur l'écoulement des eauxet la stabilité des berges

Effets des embâcles de bois

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18 L'origine du bois dans les rivières

Les sources d'alimentation en bois desrivières sont multiples :

la ripisylve lors de l'érosion des berges,de la chute des arbres morts ou desarbres brisés par le gel ou les tempêtes,les plantations au contact direct descours d'eau, comme les peupleraies oules surfaces plantées de résineux,les forêts des versants de montagne lorsdes glissements ou éboulements deterrain,les dépôts de bois issus des activitéshumaines, dans la zone inondable.

Il est important de connaître l'origine probabledu bois transporté en crue car celle-ciconditionne le type de dispositions à prendrepour limiter, si besoin, ces apports.

Ainsi, limiter les défrichements excessifs de laripisylve qui est remplacée par des plantationsartificielles, reconstituer éventuellement desboisements naturels entre ces plantations et lecours d'eau, peuvent être des mesuresparticulièrement efficaces pour éviter les embâcles.

Par contre, le long de certains torrents demontagne, les abattages préventifs pour limiterles apports de bois auront peu d'utilité si l'essentielde ceux-ci vient de l'érosion des versants lorsdes fortes crues .

De même, sur les cours d'eau très divagants,l'abattage des seuls arbres penchés ou affouillésle long des bras en eau a peu d'utilité, dans lamesure où la crue peut emporter des surfacesboisées très importantes.

Enfin, une part parfois non négligeable deséléments structurant les embâcles a une originehumaine (rémanents végétaux, poteau béton,ferraille, …). Il est alors indispensable de changercertaines pratiques.

Les travaux d'entretien, notamment au momentdes phases de restauration, produisent de grandesquantités de bois. L'éloignement ou la difficultéd'accès de certains secteurs ne rend pas toujourspossible une valorisation économique des produitsalors abandonnés sur place. Tronçonnés en petitsbouts, ceux-ci repartiront immanquablement enaval et pourront parcourir de longues distancesavant d'être incorporés dans de nouveauxembâcles. Peu gênantes sur les cours d'eau larges,ces pratiques sont beaucoup plus embarrassantessur les cours d'eau étroits. Laissés tels quels surplace, ces bois peuvent constituer des barragesgênants. L'abandon après déplacement horsd'atteinte des plus hautes eaux constitue alorsla meilleure solution même si elle induitdes coûts ou des difficultés supplémentaires.

Le parcours du bois pendant les crues

Le parcours du bois flotté dépend de nombreuxparamètres difficiles à modéliser comme lalargeur du cours d'eau, les dimensions et formesdu bois, la rugosité des berges, la durée de lacrue, les hauteurs et vitesses d'eau en crue, lesouvrages présents sur le cours d'eau (barrage,pont, …).

L'observation de la disposition du bois mortaprès les crues montre que :

le bois s'accumule préférentiellement contretoute structure faisant obstacle auxécoulements : les ouvrages (pont, seuil, digue)mais aussi la ripisylve lorsque celle-ci a purésister aux forces d'arrachement de la crue,les arbres suffisamment grands sont à l'originede la formation des "bouchons" en constituantun premier barrage en travers du lit du coursd'eau, en amont duquel vont s'accumuler tousles débris transportés par la crue. La rapiditéde développement en hauteur et la grandedimension des peupliers (25-30 m) leur

confèrent une plus grande probabilité quechez les autres espèces de former un barrage(hauteur fréquente dans les boisements deberge 10-15 m),plus le bois a de grandes dimensions (longueur,diamètre), plus il peut modifier l'écoulementdes crues,plus un cours d'eau est sinueux et boisé, plusle transfert du bois vers l'aval est limité,pour des cours d'eau faisant moins de 5 m delarge, c'est-à-dire lorsque la largeur du coursd'eau est inférieure à la dimension dubois flotté, le transfert de bois vers l'avalest très limité. Seules les branches peuventéventuellement être exportées, mais ellesauront une grande probabilité d'êtreimmobilisées rapidement,pour des cours d'eau peu larges (<10-12 m),c'est-à-dire lorsque la largeur du coursd'eau est égale à la dimension du boisflotté, les déplacements de bois sont trèslimités et bien souvent, l'arbre arraché ou

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D’un point de vue hydraulique, la gestion du bois mort nécessite d’évaluer,secteur par secteur, les risques qu’il génère et les avantages qu’il procure enanalysant :

• à l’échelle locale : les effets du bois …

Cette première analyse permet de délimiter les secteurs où la limitation des embâclesest justifiée.

• à l’échelle du tronçon : la dynamique du bois

Ce deuxième niveau d’approche précise la longueur du tronçon à entretenirà l’amont des secteurs à risques précédemment identifiés et détermine desmodes d’entretien adaptés à l’origine du bois.

… positifs

… négatifs

Sites favorables à la régulationdes crues :rétention des flottants, dépôtsd’alluvions voire écrêtementdes crues

Evaluation des risques deruptures d’embâcle et de leurincidence sur l’aval immédiatDonnées principales à considérer :

le gabarit et la forme du lit, quidéterminent le pourcentage desection d’écoulement pouvant êtreobstrué par du bois,le rappor t vo lume d ’eauretenu/débit de crue , quiconditionne l’impact sur l’aval dela rupture d’embâcle.

S i t e s vu lnérab l e s auxinondations ou aux érosions

Eva luat ion des r i squesd’obstruction et d’aggravationdes débordements et desvitessesDonnées principales à considérer :

la hauteur d’eau et les risquesd’engravement, qui déterminentla zone inondée du lit majeur,le gabarit et la forme du lit ou desouvrages, qui déterminent lepou rcen t a g e de s e c t i ond’écoulement pouvant êtreobstrué par du bois, les vitesseset l’exhaussement de la ligne d’eaudû à l’obstruction.

Identification des sources debois :

érosion de berges,glissements de terrain,plantations de peupliers oud’épicéas,dépôts de bois,boisement de bergevieillissant, affouillé, …

Estimation de la mobilité dubois dans le chenal

Données principales à considérer :r a p p o r t l o n g u e u r d e stroncs/largeur du cours d’eau,hauteur d’eau en crue,sinuosité et rugosité du lit,zones étroites,durée de la crue.

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19tombé se retrouve, en fin de crue, à proximitéde son point de chute,au-delà d'une certaine largeur (>25-30 m),c'est-à-dire lorsque la largeur du coursd'eau est deux fois supérieure à ladimension du bois flotté, il ne semble plus

possible d'envisager une gestion sectorisée dela ripisylve ou du bois mort pour éviter laformation de barrages de bois à certainsendroits précis. Le bois flotté va en effetpouvoir parcourir des distances très grandes(plusieurs kilomètres) et très variables.

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20Les effets du bois mort sur les hauteurs d'eau en crue

Les embâcles de bois agissent à trois niveaux sur lesécoulements (Gippel, 1995) :

ils constituent des freins aux écoulements,ils modifient la distribution latérale des vitesses,ils favorisent les débordements, peuvent ralentir letemps de transfert et ainsi diminuer le pic des crues.

L'impact hydraulique du bois dans le chenal des rivièresa été évalué à partir d'équations mathématiques ou demodèles physiques. A l'échelle d'un tronçon, les travauxmontrent qu' il n'y a pas de relation simple entrel'enlèvement des embâcles et la réduction de la rugositédu chenal ; la géométrie du lit peut en effet s'ajuster auxnouvelles conditions de rugosité et rapidement ne plusévacuer qu'un débit à plein bord sensiblement identiqueà celui écoulé avant les interventions. La contribution desdébris à la rugosité du chenal dépend par ailleurs denombreux autres facteurs tels que la taille et la forme duchenal, la hauteur des écoulements, les irrégularités desberges et le tracé en plan du chenal.

Lorsque la profondeur d'eau augmente dans des chenauxfaiblement entretenus, les débris dans le chenal sontimmergés et leur rugosité se réduit. Shields et Smith(1992), Lisle (1986), Hecht et Woysher (1987) tiré deGippel et al. (1995), ont ainsi constaté que la rugositédes chenaux entretenus et celle des chenaux nonentretenus convergeaient en hautes eaux. Gippel et al.(1992) ont également observé des augmentations localesdu plan d'eau d'une rivière de plaine au moment du plein

bord (10 m3/s). Des maxima de l'ordre de 10-20 cm desurélévation ont été observés pour des obstacles de 30à 40% de la section d'écoulement. En revanche, ils notentque lorsque le coefficient d'encombrement de la sectiond'écoulement est inférieur à 10%, aucune élévation duplan d'eau amont n'est mesurable. Enfin, plusieurs travauxmontrent que les interventions conduites sur les forêtsalluviales de grands cours d'eau afin de réduire leurrugosité ont une faible influence sur les lignes d'eau encrue.

La gestion du bois mort aux Etats-Unis : une approche nouvelleLes gestionnaires nord-américains reconsidèrent la gestiondes bois flottés depuis bientôt deux décennies. Lesembâcles ont été longtemps considérés comme deséléments limitant la migration des saumons adultes dansle nord-ouest du continent et le nettoyage systématiquedes cours d'eau fut ainsi exigé et organisé par lesorganismes ayant en charge la gestion piscicole.

Depuis le début des années 1980, de nombreuses étudesscientifiques, conduites notamment par les servicestechniques du département fédéral de l'agriculture ontinfirmé ces idées et remis en cause les effets négatifs dubois mort sur les teneurs en oxygène de l'eau (Maseret al., 1988). La réintroduction du bois mort dansles cours d'eau qui ont été nettoyés est réaliséepar les gestionnaires américains et d'actuelles réflexionsvont dans ce sens en Australie.

L'objectif est avant tout une revalorisation desressources piscicoles. Plusieurs équipes de scientifiqueset d'ingénieurs (Gippel et al., 1994 par exemple) travaillentaujourd'hui pour définir des règles, notammenthydrauliques, pour la réintroduction et la gestion du boisdans le lit des cours d'eau. Plusieurs éléments issus decette recherche méritent notre attention pour améliorernos pratiques d'entretien sur les cours d'eau :1. l'impact des bois sur l'écoulement des crues dépenddavantage de leur orientation dans le chenal que de leur

position dans celui-ci ou de leur forme. Un angle inférieurà 30° par rapport à l'axe d'écoulement rend l'embâclemoins actif au niveau hydraulique,2. une perte de capacité d'écoulement est réellementobservée quand le blocage de la section d'écoulementdépasse 10%,3. la taille (diamètre et longueur des fûts) est le principalfacteur contrôlant la stabilité des débris (Bilby, 1985 ;Bryant, 1983 ; Toews & Moore, 1982). La longueur est lefacteur le plus important dans le cas des rivières dont ledébit est capable de mettre en mouvement les pièces debois (Bilby, 1985 ; Swanson et al., 1984). Le degré defossilisation et l'orientation jouent également un rôle(Grette, 1985; Toews & Moore, 1982). Bryant (1983)montre que les pièces sont stables lorsque leur orientationpar rapport à l'axe d'écoulement est inférieure à 30°. Cerésultat est important en matière de gestion et peut aiderà sélectionner les embâcles susceptibles d'être conservéssur un tronçon lorsqu'un entretien léger est décidé.

Il faut considérer en particulier quatre élémentspour comprendre l'impact hydraulique du boismort :

la dimension des débris,l'angle du bois par rapport à l'axe d'écoulement,la distance séparant les pièces de bois,la position des pièces de bois par rapport auxplus fortes vitesses.

Sur ce petit cours d'eau, l'embâcle de bois provoque pour les cruesannuelles un remous à l'origine d'un débordement plus précoce etplus fréquent sur les prés. Cette surélevation des niveaux d'eaudeviendra nulle pour des crues plus importantes lorsque l'embâclesera noyé.

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largeur moyenne du chenal

LONGUEUR DES PIECES DE BOIS (en m)

DIS

TAN

CE

DE

MO

BILI

TE

(en

m)

5 20

20

15 10

80

60

40

100bois flotté déposédans le chenalbois flottésorti du chenalbois n'ayantque pivoté en berge

érosion de berge

0 5

mètres

débris organiques flottants

débris ligneux de grande taille

troncs enracinés en berge

arbres vivantsdirection de l'écoulementbergechenal actif

10

Situation en 1975

Situation en 1978, après la crue

21

En se rompant, le tronc en grisé a provoquél'entraînement vers l'aval de nombreux petits débris,les troncs en noir, qui étaient encore tenus à la bergepar leurs racines mais situés juste en aval, ont étéarrachés,seuls quelques troncs ont bougé et parmi ceux-ci :

une grande quantité de débris a été redistribuéesur une courte distance,une grande partie du bois est sortie naturellementdu chenal et ne sera plus reprise par les crues,

la berge à été érodée sur un très court linéaire.

La situation a finalement peu évolué après la crue, le boisqui est sorti du chenal ou qui a migré vers l'aval étantremplacé par de nouveaux apports de l'amont.

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Mobilité des pièces de bois non fixéeslors de la crue de novembre 1977(Lienkaemper et Swanson, 1987)

Ces observations mettent en évidence l'importance durapport " longueur du bois / largeur du chenal"pour expliquer et prévoir le déplacement du bois. Lestroncs plus longs que le cours d'eau ne se sont pasdéplacés, alors que ce sont les débris les plus petits (et

qui occasionnent le moins de dommages) qui peuventparcourir les plus grandes distances. Ces distancesrestent par ailleurs très faibles, de l'ordre de la centainede mètres sur ce type de cours d'eau faisant une douzainede mètres de large.

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22 Les plantations artificielles en bord de rivièreLe cas des peupliers

La végétation préserve les berges de l'érosion en formantun revêtement protecteur et en les stabilisant par sonsystème racinaire. L'objectif prioritaire des gestionnairesde cours d'eau devrait donc être de privilégier et/ou demaintenir le plus possible la végétation la mieux adaptéeau milieu en préservant ou en recréant la structure et ladiversité biologique des végétaux qui composentnaturellement la ripisylve.

L'état aujourd'hui dégradé de bien des rives est laconséquence d'interventions humaines mal faites, malmaîtrisées ou guidées par des logiques ne tenant pascompte des facteurs du milieu. Ce manque de réflexionsva jusqu'à créer des dysfonctionnements, qui, in fine, vontà l'encontre même des objectifs recherchés. Les plantationsde certains clones de peupliers hybrides sur le haut dutalus de rive ou qui ont été amenés à s'y retrouver dufait du recul de celle-ci et qui sont directement menacéspar de prochaines avancées érosives font partie de cettelogique. Elles contribuent d'ailleurs injustement à la miseau banc des accusés d'une essence qui fait partie dupatrimoine naturel des corridors alluviaux, le peuplier.

Le peuplier noir (Populus nigra) et son homologueméditerranéen le peuplier blanc (Populus alba) sontnaturels, autochtones et parfaitement à leur placedans une ripisylve. Eléments importants desgroupements arborés pionniers, ils constituent avec lessaules et les aulnes les premiers stades arborés de lacommunauté de bois tendre.

Vivant longtemps, rejetant très facilement de souche,drageonnant abondamment, se marcottant naturellementfacilement, régénérant très bien par semis, le peuplierétait autrefois présent un peu partout dans les valléeset dans les ripisylves. Il est d'ailleurs considéré dansl'imagerie populaire comme un élément fondamental etindissociable des paysages de rivières.

Mais aujourd'hui très abâtardi à la suite du développementde la populiculture utilisant essentiellement des clonesde peupliers hybrides euraméricains et interaméricains,la race pure ne se rencontre plus que dans les hautesvallées des Alpes, des Pyrénées et du Massif Central.Si cette logique productive a ses raisons, les dérives quiont entraîné certains exploitants à planter à mêmele sommet de berge ont aujourd'hui desconséquences fâcheuses sur l'érosion de cesberges, la formation d'embâcles, la destructiond ' o u v r a g e s e t p l u s g é n é r a l e m e n tl'appauvrissement biologique des corridorsripicoles.

Les connaissances actuelles sont suffisantes pour ne plusinstaller des peupliers hybrides aux abords immédiatsdes cours d'eau et dans les zones humides fragiles. Lespopuliculteurs clairvoyants l'ont parfaitement compriset, tirant les leçons du passé, reculent leurs plantationspour laisser un espace suffisamment vaste pourl'implantation d'une ripisylve naturelle. Cette dernièrese montre d'ailleurs particulièrement efficace pour piégerles flottants qui, en venant s'échouer au pied desplantations de peupliers, permettraient sinon aux parasitesxylophages de trouver un terrain favorable et une ported'entrée commode.

Pour le peuplier comme dans bien d'autres exemplesde gestion des hydrosystèmes, ce ne sont pas les arbresqu'il faut incriminer, mais l'homme qui les implante sansgrande réflexion. Dans ces milieux très convoités, chacuna sa place. L'expérience et une réflexion à plus longterme sur la gestion des corridors fluviaux et des zoneshumides d'accompagnement des cours d'eau devraientpermettre de trouver un juste équilibre.

Les plantations de résineux, comme celles de peupliers, sont totalementinadaptées au maintien des berges des cours d'eau. Ils constituentsur certaines rivières, les principales espèces fournisseuses de bois.

En retrait du cours d'eau et en préservant une largeur minimalepour la ripisylve, les peupleraies posent beaucoup moins de problèmes.

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Deux ans après la crue, les Aulnes blancs (cliché de gauche),parfaitement adaptés au stress imposé par le régime hydrologique

Le cas des épiceas

Les plantations d'épicéas en fond de vallée, en formantdes litières acides, peuvent affecter la vie aquatique. Parailleurs, elles ont des effets très néfastes sur la stabilitédes berges. Des comparaisons sur quatre stations d'études(LD. Moret, 1993) entre berges plantées en épicéas etberges occupées par des feuillus mettent en évidenceune augmentation significative, allant de 33 à 116 %, dela largeur du cours d'eau pour les parcelles enrésinées.Cette augmentation est due à un accroissement desberges érodées sous couvert d'épicéas : de 2 à 12 % delinéaire érodé sous feuillus, on passe à 30 à 91 % sousrésineux. Cette forte sensibilité des berges à l'érosion setraduit par des modifications des faciès d'écoulement,dont la diversité est moindre sous couvert d'épicéas. Cesplantations ont donc des conséquences directes sur lafaune piscicole en réduisant l'habitabilité des secteursplantés.

Par ailleurs, le fort ombrage produit par ces plantationsempêche ou limite considérablement la croissance d'autresespèces végétales et donc réduit la diversité floristiquedu lit et des berges. Petit (1991) montre également quel'enrésinement des berges provoque une accélération desrecoupements de méandre, entraînant une tendance à larectification du tracé des rivières et à la transmission plusrapide des crues vers l'aval.

L'inadaptation du système racinaire des épicéasau maintien des berges, la formation d'une litièreacidifiante et l'absence de lumière consécutive aucouvert forestier rendent tout à fait inopportuneleur plantation sur les berges des rivières. L'avenirdes sujets plantés est d'ailleurs compromis à court termedu fait de la faible résistance des berges, ce qui remet encause la rentabilité économique de telles plantations.

La valorisation économique des ripisylves

Les plantations de résineux ou de cultivars de peupliersà proximité du lit mineur des rivières posent de nombreuxproblèmes d'ordre hydraulique, écologique et paysager(voir ci-avant). C'est pourquoi, ces peuplements forestiersne peuvent être assimilés à des ripisylves. Par ailleurs, laproduction de bois d'œuvre à partir d'espèces plus noblesdans les espaces soumis aux courants érosifs et aux cruesest très aléatoire du fait des risques d'affouillement desarbres et des problèmes sanitaires liés aux inondations.

Le boisement de berge se prête donc peu à une valorisationsous forme de bois d'œuvre qui reste pour l'instantanecdotique. Le plus souvent, le bois produit au niveaudes berges est valorisé très localement comme bois dechauffage, lorsque les conditions d'accès ne sont pas tropdifficiles. En retrait du cours d'eau et de ses bras vifs, lelit majeur du cours d'eau pourra au contraire être valorisépar des plantations de feuillus (frêne, aulne, merisier,érable plane, chêne, ...).

du torrent, ont bien supporté l'ensevelissement ; par contre, les Pins(cliché de droite) sont morts.

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Le bois mort est un agent essentiel de modification des formes duchenal et donc de diversification des milieux.

La chute de l'arbre et les gros blocs ont permis la création d'une zoned'affouillement et d'un couvert, particulièrement intéressants en périoded'étiage pour le poisson.

Même si tous ces arbres "pelés" par la crue sont morts, on ne peutqu'admirer l'extrême résistance de leur système racinaire qui ont surésister à une crue très violente (débit de pointe : 1400 m3/s avec deshauteurs d'eau de 4 à 6 m et des vitesses dépassant 3 à 4 m/s). Enarrière plan, on devine les massifs de saules arbustifs, qui ont parfaitementsupporté un tel événement.

Sur cette même rivière, cet Aulne glutineux (Alnus glutinosa) a étécassé par la crue mais son système racinaire, qu'on devine en partieavec ses nombreuses nodosités lui permettant de fixer l'azoteatmosphérique, a très bien résisté aux forces d'arrachement.

Dans les cours d'eau très divagant, les érosions de surface et de bergessont à l'origine de l'entraînement d'une grande quantité de bois.

Les forêts de Pins sylvestres situées sur les versants ou les terrassesanciennes constituent ici une des principales sources de bois dans lecours d'eau.

En montagne, l'éboulement des versants et les glissements de terrainapportent souvent une grande quantité de bois dans les cours d'eau.

Une part souvent non négligeable du bois incorporé dans les embâclesa une origine humaine (ici, nombreux bois façonnés abandonnés àproximité du cours d'eau et repris lors d'une crue).

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Ce Peuplier noir (Populus nigra) a cassé mais sa souche a très bienrésisté à la crue. Cet exemple montre la très bonne adaptation desessences riveraines à leur milieu.

Ce Peuplier noir (Populus nigra), qui n'a pas cassé, a retenu une jeunecépée d'aulne arrachée par la crue. C'est l'effet "peigne" joué par laripisylve, qui permet de retenir un grand nombre de corps flottants.

Le bois retenu dans la ripisylve lors des crues forme de petits barragespropices à la création de petites zones humides temporaires, sitesprivilégiés pour la reproduction de nombreux batraciens et insecteset pour l'épuration des eaux.

Barrage de bois occupant toute la largeur du cours d'eauet très peu mobile. La souche à l'origine de ce barrage aété arrachée quelques mètres en amont seulement.

Autre embâcle intéressant pour la vie piscicole et d'une très grandestabilité, compte tenu de la dimension des troncs le constituant.

Ce barrage de bois est particulièrement intéressant pour le poissonen formant des zones d'abris contre les prédateurs. (On peut remarquerégalement dans l'embâcle l'incorporation de quelques déchêts plastiques,qui eux, malheureusement, parcourent de très grandes distances !).

Sur les rivières colmatées par le calcaire, le bois mort joue un rôleimportant de support et de substrat pour la végétation et la microfaune.

Le bois émergeant au dessus de l'eau forme des perchoirs privilégiéspour les oiseaux et les insectes cherchant leur nourriture au dessusde l'eau (au premier plan la Basalmine géante (Impatiens glandulifera),espèce exotique envahissante).

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Sur les petits cours d'eau en crue, le bois ne peut souvent pas pivoteret forme des barrages tranversaux particulièrement intéressants pourla vie aquatique comme ci-dessus , ou pour le maintiendu profil en long lorsqu'ils sont suffisamment solides.

Barrages de bois très particuliers et à préserver : ceux construits parles castors (Castor fiber).

L'approfondissement du cours d'eau lié à un curage drastique aprovoqué la chute de très nombreux arbres. Le barrage formé par l'unde ceux-ci, très "opaque" aux écoulements, retient sur quelques mètresen amont les sables issus des berges érodées et provoque le colmatagedu substrat plus grossier.

Sur les petits cours d'eau non entretenus, le parcours des berges estrendu difficile, ce qui limite considérablement le développement desactivités de loisirs (ex : pêche à la mouche, randonnée, canyoning, etc.).

Dans les torrents, l'accumulation de bois ne peut souvent être séparéede celle des sédiments grossiers, dont les impacts sont en règle généralebeaucoup plus importants.

Dans les petits vallons très encaissés, le bois issu des berges ou desversants est peu mobile et lent à se décomposer. Il s'accumule doncdans le cours d'eau et rend celui-ci totalement impraticable.

Héronnière.Les grands peupliers noirs constituent des sites de nidification privilégiépour les hérons (Ardea cinirea).

Arbre abattu par un castor (Castor fiber).La préservation de surfaces suffisantes de saules et peupliers fournitun fourrage particulièrement apprécié par le castor et évite que celui-ci ne s'en prenne à des arbres de plus grande valeur.

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27Effets de la ripisylveLes effets sur l'écoulement des crues

La forêt, en augmentant la rugosité du lit, diminueles vitesses moyennes d'écoulement et ralentitla propagation des crues. Mais l'importance deces impacts va dépendre d'un grand nombre deparamètres hydrauliques et topographiques, quirendent toute généralisation un peu illusoire : ledébit de la crue, les hauteurs et vitesses d'eausur le tronçon concerné, les dimensions du litmineur et majeur, la densité de la végétation, …

Il est par ailleurs très probable que la rugositéde la végétation riveraine varie au cours de lacrue, en fonction des dépôts qui s'y feront etde la possibilité pour celle-ci d'être couchée ausol ou d'être arrachée. En outre, il faut distinguerdes effets qui pourront être localementdommageables du fait de la section d'écoulementréduite et des effets qui pourront être trèsbénéfiques à l'échelle du réseau hydrographique,en particulier sur l'écrêtement des crues.

Par ailleurs, la présence d'une ripisylve peutpermettre une forte réduction des vitesses deseaux de débordement et réduire ainsi lesdommages dans le lit majeur.

On peut cependant constater que :la strate arbustive, notamment celle forméepar les saules, apportent les "meilleursavantages" au niveau hydraulique. Très soupleet basse, elle résiste beaucoup mieux àl'arrachement que la strate arborée. Elle secouche sans casser, ni être arrachée et protègeainsi les sols riverains. Si malgré tout, cettestrate arbustive doit être entraînée par lescrues, elle ne risque pas de provoquer debouchons en aval du fait de son faible volumeet de sa souplesse. Cependant, dans le cas desrivières à faible pente, où les vitessesd'écoulement sont lentes, une strate arbustivedense peut avoir des impacts importants surles niveaux d'eau du fait du frein qu'elleoccasionne,les impacts de la strate arborée surl'écoulement des eaux augmentent avec ladensité d'arbres à l'hectare. En dessous de100 à 250 individus/ha, il est très probableque l'impact soit très faible. L'impact desstrates arborées denses est en grande partiedû à l'effet de "peigne" joué par celles-ci etprovoquant le blocage des corps flottants.

Une grande partie du bois fournie par les zones amont (érosion,glissements de terrain) est retenue dans les boisements riverains.

En formant des obstacles souples et plus ou moins perméables aux écoulementsdes crues, les formations boisées, lorsqu'elles sont suffisamment larges,constituent des milieux "tampons" entre le cours d'eau et les activitéshumaines tout à fait bénéfiques pour ces dernières. Elles forment un élémentessentiel de stabilité des berges et des rives. En diminuant la force des courantset en stabilisant les sols par ses systèmes racinaires, la ripisylve assure laprotection naturelle des terres riveraines.Par ailleurs, elle fonctionne comme une source potentielle de bois flottantslors des crues mais également comme une zone naturelle de dépôtparticulièrement efficace, aussi bien pour la rétention des flottants que pourcelle des sédiments.Enfin, la ripisylve contribue fréquemment à l'atténuation des crues.

La ripisylve, lorsqu'elle est suffisamment étendue et connectée aucours d'eau, régule les apports solides.

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Prise en compte du risque lié aux crues dans la définition de l'entretien

largeur de la ripisylve ENTRETIENINUTILE

ENTRETIENMAXIMAL largeur du lit

risque lié à l'encombrement du litpar la végétation vivante ou morte

vulnérabilitédes terrainsaux crues

-

+

+ -

28 Les effets sur les transferts d'eau

Les différences d'évapotranspiration (quantitéd'eau évaporée ou transpirée par les plantes etle sol) de la ripisylve par rapport à tout autretype de couvert végétal ou sol nu s'expliquentessentiellement par des possibilités plus grandesd'interception de la pluie (phénomène importantsurtout en hiver pendant les longs épisodespluvieux) et de prélèvements dans les réserveshydriques du sol (phénomène surtout estival).

L'évapotranspiration des ripisylves ne peutcependant être considérée comme un élémentnégatif car c'est le principal "moteur" des processusd'épuration des eaux souterraines par absorption.Sans ce mécanisme de transfert de l'eau versl'atmosphère, les éléments minéraux contenusdans les eaux du sol ne peuvent être ni prélevés,ni recyclés naturellement par la végétation.

L'évaluation des risques hydrauliquesliés à l'absence d'entretien

La notion de risque d'érosion et d'inondationassociée à l'absence d'entretien prend tout sonsens dans un contexte économique etgéographique précis. Deux facteurs doivent êtreconsidérés afin d'évaluer ce risque :

i) la largeur du lit qui contrôle la mobilité desdébris de bois et la rugosité relative de la ripisylveet du bois mort et donc l'aléa naturel,

ii) la largeur de la ripisylve qui contribue ounon à préserver les activités humaines de l'aléanaturel en jouant le rôle d'une zone tampon.

La nécessité d'entretenir la végétation riveraine et d'éliminer le bois mortpour limiter les risques d'ordre hydraulique diminue lorsque les dimensionsdu cours d'eau ou la largeur de la ripisylve augmentent.

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29Influences sur la qualité des eauxet la vie aquatique

Effets de la ripisylvesur la qualité physique et chimique des eaux

L'ombrage du cours d'eau

Les apports de matière organique

L'épuration des eaux

La ripisylve forme un écran aux rayons lumineuxet agit comme une haie modifiant les conditionsd'éclairement de l'eau et de circulation de l'air.La ripisylve atténue ainsi les variations journalièresde température de l'eau, et, en été, limite leréchauffement des eaux, notamment sur les petitset moyens cours d'eau (moins de 30 m de large).

Cette fonction est essentielle pour certainesrivières :

elle permet de limiter la croissance de lavégétation aquatique dans les cours d'eaueutrophisés,

dans les cours d'eau méditerranéens àsalmonidés, elle évite des élévations detempérature qui pourraient modifier lespeuplements piscicoles en place.

Pour avoir des effets significatifs sur la températurede l'eau, il est nécessaire que la rivière soitombragée sur plusieurs dizaines ou centaines demètres consécutifs. L'orientation du cours d'eauest également un élément important à prendreen compte pour apprécier le rôle joué par lacanopée sur l'ombrage des eaux.

La matière organique fournie par les litièresvégétales des feuillus en bord de cours d'eau peutinfluencer la qualité chimique des eaux, mais pourdes eaux courantes, l'impact est généralementmodeste et saisonnier et, dans tous les cas, sansaucune mesure avec celui dû aux apports d'origine

anthropique. Les apports organiques naturelspeuvent parfois poser des problèmes de toxicitépour la faune pisciaire, mais uniquement dans lesmilieux fermés (ancien bras déconnecté du litprincipal, mares, étangs).

La ripisylve peut jouer un rôle important dansl'épuration des eaux. Le pouvoir épurateur desripisylves repose sur :

le piégeage des sédiments fins transportés parla rivière pendant les inondations ou contenusdans les eaux de ruissellement. Ces matièressouvent riches en éléments nutritifs peuventainsi être recyclées dans les sols et par lavégétation,l'épuration des eaux souterraines au contactdes systèmes racinaires. Les éléments nutritifscontenus dans les eaux de nappe ou les eauxd'infiltration, comme les nitrates, peuvent êtreprélevés par la végétation ou éliminés par lesmicro-organismes du sol (dénitrification).

La rugosité de la ripisylve qui favorise les dépôtsde sédiments fins et le grand développement dessystèmes racinaires des espèces ligneusesexpliquent la plus grande efficacité des ripisylvespour l'épuration des eaux par rapport aux autrestypes de couverts végétaux.

L'efficacité des boisements riverains sur l'épuration des eaux dépend denombreuses conditions locales et des dimensions, de la structure et de lacomposition floristique des boisements.

Pendant les crues, la ripisylve piège les limons chargés en nutrimentsapportés par les eaux.

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30

La ripisylve agit directement sur la qualité physico-chimique des eaux. Elle agitcomme un filtre naturel important pour l'épuration des eaux, surtout au niveaudes échanges nappe rivière. Elle peut ainsi limiter considérablement lestransferts de polluants entre les terres cultivées et la rivière. La ripisylve nepeut cependant pas agir de manière significative sur la dépollution d'une rivièredéjà polluée en amont.

De nombreux paramètres climatiques, physiqueset biologiques contrôlent l'efficacité du pouvoirépurateur de la ripisylve. Les expérimentationsmontrent par exemple que :

la complémentarité et la diversité descommunautés de végétaux à bois tendre telsque les saules, l'aulne, les peupliers dans lafrange la plus proche du fleuve et des végétauxà bois dur tels que les chênes, les frênes,l'orme, l'érable dans la zone moins inondée,assurent la meilleure garantie d'obtenir unprélèvement biologique important et régulierde l'azote contenu dans les eaux de nappe,

une ripisylve dense offre la meilleure efficacitéde piégeages des sédiments fins riches ennutriments,

des berges aux pentes douces, des cours d'eausinueux augmentent l'effet de filtre joué par laripisylve,

l'épuration des eaux souterraines est significativedès les premiers mètres de boisementstraversés, mais il n'est pas possible de définirune largeur minimale valable pour toutes lesrivières et garantissant l'épuration complètedes eaux souterraines. Cette épuration dépenden effet de nombreux facteurs stationnels :profondeur de la nappe et teneurs en élémentsnutritifs, climat, type de sols, densité devégétation et espèces, …,

les eaux transportées par les drains et lesfossés et rejoignant directement la rivièretransportent une grande quantité de matièresdissoutes ou en suspension qui ne peuventplus être épurées par la ripisylve.

Rôle de la ripisylve pour l'épuration des eaux

Le rôle de la végétation pour la protection des nappesphréatiques contre les pollutions azotées diffuses et pourle recyclage des nutriments déposés en période de cruea été très bien démontré par nombre d'auteurs. Deuxprocessus principaux sont en jeux : la dénitrificationmicrobiologique et l'absorption racinaire de l'azote. C'estpar souci de simplicité qu'ils sont différenciés ici ; cesprocessus sont en fait très étroitement imbriqués etagissent rarement seuls dans la nature.

1° des micro-organismes pour dénitrifier les eaux

En période de hautes eaux et de crue, le sol saturé esten condition d'anaérobiose (absence d'oxygène). Desmicro-organismes spécifiques utilisant l'énergie contenuedans la matière organique d'origine végétale peuventalors transformer les nitrates contenus dans l'eau du solen azote gazeux transmis directement à l'atmosphère.C'est la dénitrification. Elle dépend d'un grand nombrede facteurs : la température, l'aération du sol, lesdisponibilités en carbone.

2° des ripisylves pour piéger les sédiments fins et préleverl'azote des nappes

La présence de ripisylves denses et multistratifiéesprovoque, lors des débordements de la rivière, le dépôtdes sédiments fins chargés de nutriments et recyclésensuite dans les sols.

Avant de quitter leur état d'eaux souterraines, les nappescheminent peu à peu (de quelques mètres à quelquesdizaines de mètres par jour) en direction des points basque sont les lits fluviaux où elles peuvent émerger. Ellessont ainsi amenées à traverser les zones humides et lesripisylves. Pendant la période végétative, la ripisylve prélèvedirectement les composés azotés qui migrent avec ceseaux. Les quantités prélevées dépendent de la nature,l'âge, la structure et la croissance des végétaux. Lacomparaison des capacités d'absorption de différentscouverts végétaux (ripisylve, peupleraie, prairie,roselières, …) montre que les formations boisées densessont les plus efficaces.

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Milieux étudiés

Zone riveraineBassin versant

Zone riveraine

Zone riveraineZone riveraineZone riveraineBassin versant

Bras mortZone riveraineZone riveraine

Zone riveraineZone riveraine

Couvert végétal

ripisylveripisylve

ripisylve

végétation de riveripisylve/ marais

aulnaieripisylve

végétation de riveforêt alluviale

peupliersprairiesripisylve

ripisylve, peupleraieprairie humide

Entrée N-NO3en mg/l

2 à 64,457,47,97,3165,93,50,360,3610,5

2 à 153 à 93 à 11

88 à 23

Sortie N-NO3en mg/l

0,50,940,760,10,18

0,20,50,230,130,500

0 à 10,4

0 à 10

Largeuren m

2519504716191610

18 à 4051760

50 à 380

Réduction

68 %93 %99 %98 %93 %50 %99 %70 %

10 à 60 %90 %99 %100 %100 %84 %95 %

10 à 98 %

Auteurs

Lowrance et al, 1984Peterjohn et Correll, 1984

Jacobs et Gilliam, 1985

Schnabel,1986Cooper et Thomsen, 1988

Pinay et Labroue, 1986Cooper, 1990

Fustec et al, 1991Sanchez-Perez,1992

Haycock et Pinay, 1993

Jordan et al,1993Ruffinoni, 1994

nappe

écoulements de surface

inondations

absorption racinaire (végétaux)dénitrification (bactéries)

piégeage des sédiments fins

L'épuration des eaux dans les espaces riverains

31Principaux résultats expérimentaux publiés

3° Un exemple de recherche expérimentale menée dansla plaine alluviale garonnaise

Les phénomènes qui régissent les processus de dépollutionnaturelle des eaux dans les milieux alluviaux sont complexes,fortement liés les uns aux autres et souvent dirigés pardes facteurs sur lesquels l'homme n'a pas prise, commeles mélanges d'eau de nappes et de rivières. Pour mieuxcomprendre ces mécanismes, l'évolution de l'azote déposépar des sédiments de crue et circulant avec les eaux dusol a été suivie pendant quatre années sur les rives dela Garonne, en aval de Toulouse. Les principaux résultatsobtenus sont présentés ci-après.

Processus de recyclage de l'azote

Le recyclage de l'azote, par la végétation ou pardénitrification, est deux fois moins important sur les sitesà sols sableux (30,5 g d'azote/m2/an) que sur les sites àsols limoneux (66,9 g d'azote/m2/an). Les sites à dépôtsde sédiments fins agissent comme des puits en accumulantles nutriments déposés pendant les crues. Mais les sitesà sédimentation grossière agissent probablement commedes sources en relarguant des nutriments pendant lespériodes de hautes eaux.

Les ripisylves ne peuvent donc être considérées commedes systèmes homogènes car les crues remodèlent,bouleversent et modifient constamment les interactionsentre le fleuve et sa plaine d'inondation. Il est parconséquent nécessaire de prendre en compte lescaractéristiques géomorphologiques des ripisylves pourappréhender leurs capacités de rétention et de recyclagedes nutriments.

Importance des prélèvements racinaires

L'étude de transects placés sous cinq couverts végétauxdifférents a montré que le taux moyen d'azote baisseentre l'entrée et la sortie, quel que soit le couvert végétalauquel on s'intéresse, mais que le processus est très inégalde l'un à l'autre. La dénitrification étant inexistante à laprofondeur où circule l'eau de nappe, les prélèvementssont essentiellement dus à l'absorption racinaire. Ils ontété estimés en moyenne entre janvier et août à 0,38 gd'azote/m2/j dans une jeune ripisylve, soit 38 fois plus quedans une prairie pâturée, 25 fois plus que dans une jeunepeupleraie, 2 fois plus que dans une peupleraie placée surun site élevé et 1,5 fois plus que dans une peupleraieplacée dans un secteur plus bas.

La capacité de la végétation à prélever l'azote est fonctionde la profondeur de la nappe. Au-delà de 2,5 à 3 m, ladéconnexion du système racinaire ne permet plus auxformations végétales de type prairial ou aux peupleraiesétudiées de puiser l'azote dans la nappe. Seule la ripisylve,composée de végétaux à systèmes racinaires suffisammentpuissants pour aller puiser l'eau à plus de trois mètres deprofondeur poursuit un prélèvement d'azote dans la nappephréatique, notamment pendant la période d'étiage.

Il apparaît clairement que les formations végétalespuisent directement l'azote qui circule dans leseaux de nappe. Pour le trajet de la sortie de Toulouseà la confluence avec le Tarn (75 km environ), il est ainsipossible d'estimer à 5,6 tonnes, la quantité d'azote quipourrait être prélevée quotidiennement avec desformations boisées de 50 m de large. On comprenddonc tout l'intérêt du maintien, voire dudéveloppement des ripisylves en zone alluviale.

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32 Fonctions de la ripisylve et du bois mort pour la vie aquatiqueet conséquences au niveau de l'entretien

La ripisylve joue un rôle fondamental pour toutela faune aquatique du cours d'eau. Au niveau dela rive, les racines, les débris ligneux et les feuillesconstituent un substrat et un composantimportant de l'habitat de la microfaune. Sur lesgrandes rivières, cet habitat est essentiel car ilabrite une densité et une diversité d'invertébréstrès supérieures à ceux du chenal (Cogerino,1989). La ripisylve intervient aussi directementsur la vie piscicole. Toutes les expériences etétudes menées sur le sujet mettent ainsi enévidence une chute des populations piscicolesaprès la suppression totale des boisementsriverains.

La ripisylve intervient en effet en :apportant de la matière organique à la basede l'alimentation de nombreux animaux,

créant de l'ombre, qui limite les variations detempérature et permet aux poissonsd'échapper aux prédateurs,limitant les processus d'eutrophisationnéfastes pour la vie piscicole, par ce mêmeombrage,diversifiant et augmentant les habitatspiscicoles, grâce aux apports de bois mortet aux systèmes racinaires.

Ainsi, supprimer le bois mort dans un cours d'eaupeut avoir des conséquences importantes sur lavie piscicole. Pour certains cours d'eau, l'essentieldes habitats aquatiques est structuré par le boismort. C'est le cas des cours d'eau sableux ou àfaible débit d'étiage, voire des lits artificialisés ouérodés.

Source de nourritures et d'abris, productrice de nouveaux habitats piscicoles,la ripisylve joue un rôle essentiel dans le développement de la vie aquatique.Le bois mort qu'elle fournit au cours d'eau participe aussi de manière importanteà sa qualité. La suppression de ce bois peut se traduire par une altérationdurable du peuplement piscicole. L'intégration du bois dans le chenald'écoulement est en effet un phénomène souvent relativement long, notammentpour les éléments les plus stables ou les plus intéressants pour la vie aquatiqueet dans les rivières peu boisées. La caractérisation du bois mort en fonctionde son intérêt piscicole ou des risques de dommages qu'il représente permetde mener une gestion patrimoniale du cours d'eau (voir le fascicule 2).

Rôle de la ripisylve sur la régulation de l'éclairement et de la température des eaux.Conséquences sur la vie aquatique

La température de l'eau est un facteur important quirégule la vie aquatique. De manière générale, elle évoluede façon proportionnelle à la surface de l'eau éclairée etinversement proportionnelle au débit du cours d'eau(Meehan et al., 1977 ; Beschta et al., 1987). De ce fait, lespetits cours d'eau sont plus sensibles aux changementsde température. L'ombre fournie par la ripisylve limitel'amplitude thermique ainsi que la quantité de lumièrequi atteint le cours d'eau. Elle agit alors sur la productionprimaire (Meehan et al., 1977 ; Triska et al., 1982 ; Zalewskiet al., 1993) qui se développe avec l'augmentation de latempérature de l'eau et de la lumière.

L'influence de ces deux facteurs sur les populationspiscicoles est cependant assez floue. Labibliographie apporte des avis divers qui nepermettent pas de trancher sur le bienfait ou le

méfait de l'éclaircissement modéré de la ripisylve.Sans doute, faut-il admettre qu'un trop fort ombrageapporté par les boisements riverains est rarement lepremier facteur limitant pour le développement de la vieaquatique. Par ailleurs, il est très difficile, voire laborieux,du fait de la croissance végétale, de contrôler exactementle taux d'éclairement d'un cours d'eau comme le suggèrentles observations relevées par Stracchi et al (1995).Il apparaît qu'à court terme, l'augmentation de la lumièreet de la température de l'eau favorise la production primaireet donc la ressource alimentaire des poissons. Dans lescours d'eau exposés, on constate l'éclosion précoce dufrai et un développement plus rapide des poissons (Lynchet al., 1977 ; Aho, 1976 in Triska et al., 1982 ; Beschta etal., 1987 ; Holtby, 1988 et Thorpe, 1986 in Zalewski et al.,1993?).

-

-

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Des pêches électriques réalisées sur trois grands coursd'eau français, la Drôme, le Rhône et la Loire, dans lazone à barbeaux, montrent sans ambiguïté que les secteursencombrés par du bois mort abritent un peuplementpiscicole beaucoup plus abondant et diversifié que lessecteurs sans bois (Thévenet, 1995).

Influence du bois mort sur le peuplement piscicolede la zone à barbeaux

Si l'éclaircie de la canopée favorise la production primaireet la production d'invertébrés, le cycle des nutriments sedéroule plus rapidement et la consommation des ressourcesalimentaires s'effectue sur une période plus courte (Beschtaet al., 1987). A terme, Penczak (1995) note une diminutionde la masse par hectare, de la densité et du poids moyendes individus. Cette tendance s'inverse avec la recolonisationvégétale des berges, en particulier lors des stades arbustifs.

Dans l'ensemble, les auteurs préconisent donc un degréintermédiaire de complexité de la ripisylve, notion difficileà mettre en œuvre au niveau des pratiques d'entretien. Ladensité du couvert végétal nécessaire à l'existence deconditions optimales pour la vie piscicole est en effetfonction des caractéristiques physiques et géographiquesdu cours d'eau et des espèces piscicoles présentes (Zalewski

et al. , 1993). Dans les régions aux hivers rigoureux ouaux étés très chauds, le couvert végétal qui limite lesvariations de température et conserve des habitats esttrès important pour la survie des poissons. De plus pourles espèces salmonicoles, les juvéniles préfèrent nettementles zones d'ombre (Triska et al., 1982 ; Heifetz et al., 1986).Pour limiter les risques d'élévation de température, lesboisements riverains des cours d'eau à salmonidés peuventpar conséquent être éclaircis au niveau des radiers, oùl'eau est très courante, mais restés plus denses au niveaudes mouilles, où l'eau est plus stagnante et où le couvertvégétal sert d'abris pour le poisson. Dans les cours d'eauà cyprinidés dominants, la présence des herbiers trèsbénéfique pour le développement des poissons sera aucontraire favorisée dans les sections moins ombragées(Haudry, comm. pers.).

Valeurs moyennes dans lestronçons avec bois mort

0

100

200

DROME RHONE LOIRE TOTAL

0123

4567

DROME RHONE LOIRE TOTAL

Valeurs moyennes dans lestronçons sans bois mort

Nombre total de poissons capturés par pêche (sur 50 m2)

Nombre d'espèces différentes capturées par pêche (sur 50 m2)

Ecart-type

Remarques :

le nombre de zones de pêcheayant servi à établir lesmoyennes varie de 19 à 47,chaque zone de pêche a unesuperficie de 50 m2.

33

Le bois mort et le poisson

L'importance du rôle biologique du bois mort est fonctiondu type de cours d'eau (cours d'eau à fond sableux ouà granulométrie grossière, à pente forte ou faible, àtempérature fraîche ou non, ...). Mais dans de nombreuxcas, les accumulations de bois exercent de nombreusesfonctions vitales dans le milieu aquatique.

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Relation entre la largeur du chenal,l'embâcle de bois et la superficie de la mouille associée

Le bois agit tout d'abord, en créant des pièges et desstructures de rétention pour les particules détritiquesdérivantes telles que les feuilles ou les tiges. Ces amasorganiques sont ensuite utilisés par les invertébrésbenthiques comme habitat et surtout comme ressourcetrophique. Pôles attractifs où vivent une micro etmacrofaune abondante, ces structures, en fin de chaînealimentaire, servent de garde-manger aux poissons.

Les destructions des embâcles de bois peuvent parconséquent induire des perturbations dans la dynamiquedes éléments nutritifs, qui agiront à long terme sur lesstocks piscicoles.

Les débris ligneux influencent également la diversité etla complexité de l'habitat aquatique. Par exemple, dansdes petits cours d'eau forestiers de montagne, les escaliers

de troncs augmentent la diversité des habitats enpermettant une succession longitudinale seuils-mouilles.

Les mouilles profondes associées à des embâcles offrentaux organismes une meilleure chance d'échapper auxprédateurs terrestres et permettent la coexistenced'espèces ou d'individus d'âges différents dans la colonned'eau (Sedell et al., 1988). Elles fournissent un site derepos pour la plupart des poissons en toutes saisons,surtout en période de crue hivernale ou de migration(Murphy et al., 1984). En période d'étiage, ces mouillescontiennent des quantités d'eau importantes et conserventune eau plus fraîche, servant de refuges thermiques auxpoissons durant les étés chauds (Bisson et al., 1987).Alors que sur des cours d'eau à forte granulométrie, degros blocs sont susceptibles de jouer un rôle identique,sur des cours d'eau à fond sableux, seules ces grossesstructures ligneuses peuvent générer ce type de faciès.

Volume de bois (m3)

Supe

rfic

ie d

e la

mou

ille

(m2 )

Chenal >10 m de largeur

0.5 1 10 200.11 2 50.2

1

2

5

100

200

50

10

20

Volume de bois (m3)

Supe

rfic

ie d

e la

mou

ille

(m2 )

Chenal < 6 m de largeur

0.5 1 100.110.060.03 2 50.2

50

1

0.3

2

5

10

20

100

0.5

Supe

rfic

ie d

e la

mou

ille

(m2 )

Chenal compris entre 6 et 10 m de largeur

Volume de bois (m3)0.5 1 10 200.110.060.03 2 50.2

50

0.1

1

0.5

0.2

2

5

10

20

La recolonisation des cours d'eau par la Loutre d'Europe est directementconditionnée par la reconquête d'hydrosystèmes équilibrés et dequalité.

34

Importance pour la faune terrestre

Les ripisylves forment un écosystème d'une granderichesse floristique et faunistique. Cetteimportante biodiversité est entretenue par lesrelations étroites entre le milieu aquatique et lemilieu terrestre et par la protection assurée parles formations végétales riveraines. L'effet delisière entre la ripisylve et les milieux environnantsest ainsi à l'origine du maintien de nombreusesespèces. Par effet de corridor, la ripisylve permetà certaines espèces animales de se déplacer d'unevallée à l'autre. C'est par exemple le cas de laLoutre (Lutra lutra), qui par ce biais peut recoloniserd'autres cours d'eau. L'effet "corridor" estégalement bien connu au niveau des oiseaux, quiutilisent les grandes vallées comme axes demigration.

La faune abritée au sein des corridors boisésrivulaires peut être inféodée ou non aux coursd'eau. La faune spécifique est souvent très

dépendante du type de cours d'eau déterminépar son fonctionnement physique et par lesparticularismes régionaux (endémisme du Desmandes Pyrénées (Galemys pyrenaicus) par exemple).

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Les différents habitats

Roché J. et Frochot B., 1991, ont ainsi mis enévidence sur les grands cours d'eau une zonationornithologique similaire à la zonation piscicole,où sont distinguées :

la zone à Cincle (Cinclus cinclus) avec laBergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea)et le Martin pêcheur (Alcedo atthis),

35

Les atterrissements nus ou peu végétalisés

Les annexes hydrauliques

Au sein du cours d'eau, l'intime relation entre lesmilieux terrestre et aquatique débute sur les îlotsde galets ou de graviers (Médard P, 1998). Ceslieux, fréquemment immergés, sont très convoitéspar de nombreuses espèces.

La Bergeronnette de ruisseau (Motacilla cinerea),le Chevalier guignette (Actitis hypoleucos) ypourchassent les larves d'insectes aquatiques quise nichent dans les premiers millimètres d'eau.Certaines espèces de libellules, comme le Gompheà crochets (Onychogomphus uncatus) ou laCordulie à corps fin (Oxygastra curtisi) classéesparmi les espèces d'Europe menacées, se postentau soleil sur un galet guettant le passage d'uneproie.

Les compositions florales qui s'y développentregroupent des plantes aquatiques et semi-

aquatiques comme le Lythrum salicaire (Lythrumsalicaria), la Renouée bistorte (Polygonum bistorta),la Monnoyère (Lysimachia nummularia), la Mentheaquatique (Mentha aquatica). Ces plantespermettent l 'établissement d'une richeentomofaune : longicornes, bourdons, abeillescharpentières (Xylocopa violacea), syrphes et denombreux lépidoptères s'y réunissent sans oublierles "demoiselles" représentées par un grandnombre de Caloptéryx riches en couleur.Dans les secteurs de débordement, les cruesdéposent des limons qui recouvrent des espacesouverts souvent colonisés par des plantesherbacées. Parmi elles : l'Euphorbe (Euphorbiasp), le Fumeterre (Fumaria sp), la Consoude àtubercules (Symphytum tuberosum), le Narcisse àbouquet (Narcissus tazetta), l'Aristoloche arrondie(Aristolachia rotunda) qui est la plante hôte d'unpapillon rare et menacé : la Diane (Zerynthiapolyxena).

Les bras morts et les résurgences renouvelés eneau par les crues, forment des habitats d'eaudormante et servent d'abri à des espèces moinsexigeantes. Les batraciens et les reptiles y sontaussi bien représentés que les oiseaux. Grenouillerieuse (Rana ridibunda), Rainette verte (Hila

arborea) ou méridionale (Hila meridionalis),Couleuvre à collier (Natrix natrix) ou vipérine(Natrix maura), côtoient la Poule d'eau (Gallinulachloropus), le Grèbe castagneux (Tachybaptusrificollis), le Martin pêcheur (Alcedo atthis) etquelques fois le Héron cendré (Ardea cinerea).

-

La présence du Cincle plongeur sur un cours d'eau peut être considéréecomme indicateur de bonne qualité du milieu.

-

-

-

la zone à Chevalier guignette (Actitishypoleucos) avec le Martin pêcheur (Alcedoatthis) et l'Hirondelle de rivage (Riparia riparia),la zone à Sternes avec le Petit Gravelot(Charadrius dubius), l'Oecdinème criard (Burhinusoecdicnemus), l'Hirondelle de rivage (Ripariariparia), le Martin pêcheur (Alcedo atthis) et laPoule d'eau (Gallinula chloropus),la zone à Foulque (Fulica atra) avec la Pouled'eau (Gallinula chloropus), le Grèbe huppé(Podiceps cristatus), le Cygne tuberculé (Cygnusolor), les Rousseroles (Acrocephalus sp.).

Cette zonation longitudinale permet d'identifierles potentialités écologiques des cours d'eau etd'analyser les impacts des aménagements. Lesmodifications des régimes hydrologiques ontnotamment des répercussions très importantessur les populations d'oiseaux.

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36 Les berges

Les branches basses

Les arbres morts

Les berges forment l'ultime limite entre l'eau etla terre. Fréquemment soumises au débordementet à l'érosion du courant, les racines des arbressont mises à nu, créant des rideaux tortueux,entrecoupés de cavernes sombres et humides.

Elles permettent le passage d'animaux discretscomme le Rat d'eau (Arvicola sapidus), le Ratmusqué (Ondata ziberthicus), la Musaraigne d'eau(Neomys anomalus) ou encore le Desman desPyrénées (Galemys pyreanaïcus). Cette partie dela berge est parcourue par de "lourdes" Odonatesaux teintes souvent mimétiques comme l'Aeschnepaisible (Boyeria irene), le Cordulée (Cordulegasterboltoni) dont les incessants ballets de prédationmènent à inspecter les moindres recoins, à larecherche de Trichoptères.

Certaines ruptures de niveau permettent auxblocs rocheux d'apparaître entre la terre sombredes talus et forment d'excellents perchoirs pourle Cincle plongeur (Cinclus cinclus). De nombreusesmousses et fougères s'y développent au profitdes suintements ou des éclaboussures provoquéespar le torrent. La Capillaire de Montpellier et la

Doradille des ânes (Asplenium sp.), la Sélaginelledenticulée (Selaginella denticulata) comptent parmiles plus belles variétés. C'est également dans cemilieu que subsistent les jeunes Tritons palmés(Triturus helveticus) et, un peu plus haut, enfouisdans l'humus, les Salamandres terrestres(Salamandra salamandra).

Préambule à l'effet de lisière, les branches quiflirtent avec l'eau sont d'un grand intérêt pourla faune piscicole. Certains poissons se postent

dessous en attendant la chute d'un insecte ourécupèrent les reliefs de repas laissés tomber pard'autres insectivores.

Les arbres creux, les branches mortes, les nécroseset les écailles d'écorce sont des gîtes favorablesà la faune arboricole. Les premiers à exploiterces gîtes sont les Pics qui viennent y creuser leurniche, puis viennent d'autres oiseaux, mésanges,sitelles, étourneaux, … Le maintien de certainesespèces de chauves-souris (Chiroptères) dépendde la présence de ces gîtes naturels. La Noctulecommune (Nyctalus noctula), la Noctule de Leisler(Nyctalus leisleri), l'Oreillard gris et méridional(Plecotus auritus et austriacus), mais égalementcertaines espèces très ubiquistes comme le Murinde Daubenton (Myotis daubentoni), le Murin deNatterer (Myotis nattereri) occupent à leur tourles cavités.

Certaines espèces d'odonates ont un cycle larvaire long et exigeant.D'une durée de 2 à 4 ans, cette vie aquatique demande une grandestabilité des caractéristiques physico-chimiques du cours d'eau, etnotamment le maintien d'une bonne oxygénation.

L'arbre mort encore dressé, vieillit et procuredes gîtes à une foule d'animaux. Une fois au sol,ce sont les Xylophages, les Scarabées et les Cerfsvolants (Lucanus cervus) qui l'occupent avant qu'ilne devienne humus et serve de couche à deschampignons.

Le Murin de Capacini (Myotis Capacini) est l'une des chauves-sourisinféodée aux cours d'eau oligotrophes en région méditerranéenne.Cette espèce est vulnérable et menacée d'extinction.

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37Les frondaisonsLes frondaisons les plus épaisses sont occupéespar le Loriot (Oriolus oriolus), le Rossignol philomèle(Luscinia megarhynchos), la Bouscarle de Cetti(Cettia cetti), mais également certains prédateursévoluant dans ce milieu comme la Chouettehulotte (Strix aluco) qui remplace la nuit venuel'Epervier d'Europe (Accipiter nisus). Tous deuxsont d'éminents chasseurs d'oiseaux. LeGobemouche gris (Muscicapa striata) et noir(Ficedula hypoleuca), la Fauvette des jardins (Sylvia

Les impacts de l'entretien sur la faune

Les travaux d'entretien portant sur la végétationpeuvent avoir deux types d'impacts nonnégligeables sur la vie faunistique : les premiersliés directement au dérangement ou à ladestruction d'animaux pendant la durée destravaux, les seconds liés à la destruction deshabitats.

Pendant la durée des travaux, les feux, les abattages,le dérangement des fonds ou l'élimination desembâcles peuvent ainsi détruire nombred'animaux. Des précautions spécifiques sont àprendre pour éviter de réaliser des travauxpendant les périodes de plus grande vulnérabilité

de la faune (ex : pendant les périodes denidification ou de frai).

Les types d'interventions doivent également êtredéfinis précisément pour garantir la préservationde la diversité d'habitats. Ainsi, les arbustes àbaies, les troncs creux, les branches basses, lebois mort végétalisé, etc. jouent des fonctionsécologiques importantes et doivent être préservéschaque fois que possible. Par ailleurs, la présencede certaines espèces remarquables peut conduireà imposer des consignes spécifiques et strictesd'interventions, voire à interdire touteintervention.

A la fin de chaque période de crue, apparaissentdes embâcles, enchevêtrements de bois de toutestailles mêlés à des détritus. Ils servent de gîtesau Lézard vert (Lacerta viridis), à l'Orvet fragile(Anguis fragilis), au Crapaud commun (Buffo buffo),

borin), les Pouillots, le Rouge-queue y sontlargement prélevés. Les oiseaux sédentaires,comme le Merle noir (Turdus merula), l'Accenteurmouchet (Prunella modularis), les Grives sontattirés par les arbustes à fruits, qui constituentleur alimentation habituelle : Sureau noir(Sambucus nigra), Laurier-tin (Viburnum tinus),Prunus (Prunus sp), Nerpruns et Bourdaine(Rhamnus sp, Frangula alnus), Lierre (Hederahelix), ...

Les massifs arbustifs et buissonnants

Les embâcles

Les saulaies arbustives offrent de multiplesressources pour une faune variée : site denidification pour le Chevalier guignette (Actitis

hypoleucos), ressource alimentaire essentiellepour le castor (Castor fiber), gîtes pour le gibier(chevreuil, …), etc.

au Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans).Parfois suspendus dans les arbres, après plusieurssaisons, ils peuvent servir de gîtes à des carnivorescomme la Fouine (Martes foina) ou la Genette(Genetta genetta).

La ripisylve, le boisement de berge et le bois mort révèlent une grande richessefaunistique. Des insectes aux petits mammifères en passant par les oiseaux,la faune trouve dans ces territoires situés à l'interface entre les biotopesterrestres et aquatiques, quantité d'abris et de nourritures. La préservationde cette vie animale passe avant tout par le maintien des espaces naturels lelong des cours d'eau et par la conservation des régimes hydrologiques, quientretiennent la diversité des habitats. Les travaux d'entretien ne permettentpas d'enrichir cette richesse faunistique par rapport à une situation naturelle ;réalisés sans précaution, ils peuvent par contre avoir d'importantes répercussionsnégatives.

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Fonctions paysagèresL'importance des marges boisées dans lastructuration des paysages n'est plus à démontrer.Elle est aussi bien reconnue dans les zones demontagne où les tons de verts des feuillusripicoles s'opposent aux verts plus sombres etplus contrastés de la forêt mixte de versant quedans les régions de grandes cultures où sa capacitéà structurer un paysage ouvert et monotonedevient fondamentale. Les corridors végétauxcontribuent directement à la qualité des paysages.Leur gestion et leur promotion sont importantesdans le cadre d'une politique locale orientée versle tourisme rural. Ils présentent des potentialitésrécréatives intéressantes : randonnées pédestreset équestres, VTT, aires de pique-nique, pêche,

chasse, ... Enfin, la qualité du paysage riverainparticipe aussi à la qualité du cadre de vie dansles zones urbaine et périurbaine.

L'influence paysagère de la ripisylve se situe àdeux niveaux :

d'une part, le paysage de la vallée. Desactions peuvent être engagées pour améliorercelui-ci : création d'un corridor boisé lorsquecelui-ci a disparu pour restructurer un paysagerural par ailleurs ouvert, traitement des pointsnoirs comme les décharges ou les ancienssites d'extractions, suppression de peupleraieset de plantations de résineux, etc.,d'autre part, le paysage de la rivière.

Dans les régions méditerranéennes, la ripisylve forme un codon boisécontrastant fortement avec les formations de versant et soulignantla présence du cours d'eau.

Les abords des rivières méditerranéennes, lorsque la ripisylve a étépréservée, constituent des havres de fraîcheur particulièmentappréciables.

Les rivières des champs

Dans les zones rurales ou forestières, des paysagesde proximité peuvent être modelés pour lesrendre plus attractifs et plaisants. Les travaux surles boisements de rive jouent alors directementsur ce paysage proche. L'éclaircie de la stratearbustive facilitera par exemple l'accès aux berges,alors que l'éclaircie de la strate arborée rendra

le cours d'eau plus perceptible. Bien souvent,la mise en valeur des paysages de proximiténe concernera que des secteurs ponctuelssur la rivière : franchissement d'un pont, parcoursprès d'un sentier de randonnée, lieu de pique-nique, patrimoine hydraulique remarquable, etc.

Les rivières des villes

La prise en compte de l'importance de l'imagedu cours d'eau dans les paysages urbains et laplace essentielle de la végétation dans lavalorisation de cette image sont trop souventoubliées.

En effet, l'inévitable artificialisation des coursd'eau en zone urbaine conduit fréquemment àmettre en exergue le rôle d'évacuation des crues,qu'ils devront jouer quelques jours par an, et àoublier la fonction d'agrément qu'ils devraientremplir tous les autres jours de l'année. Tropcorsetées, trop fragmentées et ayant souffert dumanque de cohérence des aménagements réalisés

au cours de plusieurs décennies et en fonctiondes opportunités, les rivières urbaines voient tropsouvent leur image détruite pour longtemps.

Les fonctions paysagères et récréatives descours d'eau urbains devraient êtreconsidérées comme des éléments dereconquête aussi essentiels que la luttecontre les crues. Tout nouvel aménagementhydraulique devrait être l'occasiond'améliorer l'image de ces rivières urbainesainsi que leur accessibilité.

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La même rivière en ville et sur deux secteurs aménagés éloignés de quelques centaines de métres.Dans le premier cas, le choix d'un aménagement très dur, s'il a résolules problèmes posés par les crues, conduit à une défiguration complètedu cours d'eau et ne laisse plus aucune latitude de valorisation pourl'avenir. Le peu de place disponible et le niveau élevé de protectiondemandé expliquent ce choix.

Dans le deuxième cas, l'aménagement offre aux habitants un nouveaupaysage rendu très agréable et accessible grâce à l'utilisation desvégétaux et à la conservation du gabarit initial du lit mineur. Cettevalorisation a été possible grâce à la place encore disponible sur lesite.

Les marges boisées des vallées améliorent la perception visuelle des reliefs etstructurent le paysage. Les opérations de mise en valeur ou de réhabilitationde ces paysages doivent s'appuyer sur l'étude conjointe de leur perceptionvisuelle actuelle et de la demande sociale. L'entretien de la végétation peutaussi concourir à la promotion du cours d'eau en facilitant les accès et laperception du cours d'eau sur les secteurs fréquentés. La préservation ou lareconstitution d'une végétation adaptée en ville est par ailleurs un élémentessentiel de mise en valeur de l'environnement.

Perception paysagère du cours d'eau

L'aspect paysager d'une rivière conditionne grandementles jugements que l'on peut porter sur celle-ci commele montrent les enquêtes d'opinion portant sur les rivières.Les éléments perçus de manière la plus évidente sont lavégétation et la nature des berges (berges enrochées,bétonnées, ...).

Si le caractère naturel des berges est perçu comme unatout important de la rivière, le "mauvais" état duboisement de berge, la végétation très dense etl'encombrement du lit par le bois mort, qui caractérisentjustement des cours d'eau naturels, sont souvent perçusnégativement. La référence sans cesse citée au passé("avant, le cours d'eau était entretenu") ne justifie pas àelle seule ce jugement, puisque, bien souvent, celui-ci peut

aussi bien être véhiculé par de jeunes personnes qui n'ontpas connu ce passé ou par des personnes qui neconnaissent pas l'histoire de la rivière. Il s'agit doncvraisemblablement d'une réaction spontanée face à unmilieu fermé et à l'impossibilité de parcourir celui-cifacilement, qui le fait apparaître comme un environnementhostile, voire oppressant dans des petites vallées.

La conséquence directe et non négligeable de cetteperception négative est qu'un cours d'eau non ou plusentretenu est un cours d'eau que l'on présente souventcomme dégradé. Mais aucun élément objectif nepermet à priori de dire qu'une rivière où denombreux arbres sont tombés, où la végétationest très dense, etc., présente un fonctionnementaltéré.

Ce cours d'eau est très entretenu et la ripisylve est réduite au minimumpour conserver le maximum de terres agricoles. Les arbres sont trèsexploités (ici, frênes tétards utilisés pour l'allumage des feux oul'alimentation du bétail). Ce cours d'eau donne une bonne représentationde l'allure des rivières de montagne du début du siècle.

Sur cette rivière naturelle et non entretenue, une belle ripisylve denseet multistratifiée s'est développée.

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40 CONCLUSIONLa ripisylve et le bois mort présent dans lesrivières jouent des rôles essentiels dans lefonctionnement naturel des hydrosystèmes. Ilsagissent en effet sur :

la régulation des transferts de matièreorganique et minérale lors des crues,l'épuration des eaux souterraines,la sauvegarde de la vie aquatique et plusparticulièrement des poissons,le maintien des équilibres physico-chimiquesdu milieu aquatique,la préservation des nombreux échanges entreles biotopes terrestres et aquatiques,la constitution de refuges et habitats pourune faune terrestre diversifiée et en particulierpour les oiseaux.

Les ripisylves constituent des boisements naturelsaux caractéristiques spatiales très particulières :faible largeur, grand linéaire et localisation àl'interface entre les milieux terrestres et

aquatiques. Ces particularités leur confèrent à lafois une grande vulnérabilité et un intérêt majeurpour :

la ressource en eau,la lutte contre les crues,la valorisation touristique ou du cadre de viedans les marges des rivières.

Elles doivent donc être préservées et disposerd'un espace suffisamment étendu le long desrivières.

La complexité et l'interdépendance des processusbiologiques et physiques mettant en cause laripisylve rendent sa gestion difficile. L'entretiendes boisements de berge en est une bonneillustration : comprendre l'utilité de cet entretienet l'adapter aux enjeux concernés nécessitentl'élaboration d'un véritable plan de gestionprésenté dans le deuxième fascicule du guide.

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DIRECTION REGIONALE DE

L ' E N V I R O N N E M E N TRHONE-ALPES

DELEGATION DE BASSIN

PREFET COORDONNATEUR DU BASSINRHONE-MEDITERRANEE-CORSE

SECRETARIAT TECHNIQUE DU SDAGE

Agence de l'EauRhône Méditerranée Corse2-4, allée de Lodz (près de l'avenue Tony Garnier)69363 LYON Cédex 07Tél. : 04 72 71 26 54Fax : 04 72 71 26 03

DIREN RHONE ALPESDélégation de Bassin RMC

19, rue de la Villette69425 LYON Cédex 03

Tél. : 04 72 13 83 15Fax : 04 72 13 83 59

r h ô n e m é d i t e r r a n é e c o r s e

Le présent guide technique développe les préconisations duSDAGE Rhône-Méditerranée-Corse en matière de gestiondes boisements de rivière. Répondant aux deux questions :"Faut-il entretenir tel ou tel secteur de rivière et, si oui, àquel niveau ?" ce guide est organisé en deux fascicules : lepremier fournit aux gestionnaires des éléments decompréhension de la dynamique et des fonctions de laripisylve. Ces éléments sont nécessaires à la définition desobjectifs et à la mise en œuvre de l'entretien, pour lesquellesune méthode est proposée dans le second fascicule.

Ce premier fascicule fait état des connaissances scientifiquessur la ripisylve, le bois mort et leurs nombreux rôles, pourlesquels sont traités successivement, sous forme de textesde vulgarisation et d'articles plus approfondis, les aspectssuivants : composition floristique et dynamique végétale,historique et intérêt patrimonial, effets sur l'écoulement deseaux et la stabilité des berges, influences sur la qualité deseaux et la vie aquatique, importance pour la faune terrestreet fonctions paysagères.

La ripisylve - et plus particulièrement le boisement de bergeet le bois mort présent dans le lit des rivières - constitue unélément essentiel de l'hydrosystème et contribue à laprotection de la ressource en eau, à la lutte contre les crueset à la valorisation du cadre de vie. Par conséquent, l'élaborationd'un plan de gestion, considérant l'ensemble des fonctionsde la ripisylve et des activités humaines liées aux cours d’eau,nécessite une approche méthodologique spécifique.